Depuis laloidu 26 juillet 1991, qui avait étendu aux citoyens de tous les pays de l'Union européenne l'accès aux fonctions publiques autrefois réservé aux seuls nationaux, on attendait les décrets permettant l'application de cette mesure aux corps et cadres d'emplois de bibliothèque (1) .
Hélas ! Une réponse ministérielle à une question parlementaire, et que nous reproduisons ci-contre, semble révéler que quatre années n'ont pas suffi pour déceler si les attributions décrites dans les statuts particuliers concernés ont quelque rapport avec l'exercice de la souveraineté ou la participation directe ou indirecte à l'exercice des prérogatives de puissance publique (2) . Certes la réponse ne concerne qu'un cadre d'emplois territorial (3) , mais elle augure mal d'un examen rapide et sérieux de la question.
A l'heure où les réseaux informatiques permettent la circulation des documents et des informations d'un bout à l'autre de la planète, les bibliothèques françaises se verraient interdire d'utiliser les compétences de dangereux collègues étrangers, au risque de provoquer la réciproque. Au moins l'Union européenne constituait-elle un espace de libre circulation des fonctionnaires. A quoi rime cette mise en cage des professionnels de la culture et de l'information oeuvrant dans le cadre du service public quand la circulation des idées et des informations ignore les frontières ? En quelle misérable province murée dans son autarcie veut-on transformer le pays qui se prétend celui des droits de l'Homme ? Si c'est cela le fruit du mariage de l'exception française avec l'exception culturelle, il y a de quoi étouffer de honte. Heureusement, les ministères passent. Espérons que les suivants sauront mettre fin à une analyse qui n'a produit depuis quatre ans qu'un si déplorable résultat.