L'hygiène est, par ignorance ou indifférence, absolument inconnue ou comprise au rebours du sens commun, dans les Bibliothèques. Celles-ci sont très dangereuses pour le public et les bibliothécaires et il s'y fait un perpétuel échange de bacilles, de microbes, par les livres, par les objets d'usage commun (crachoirs, serviettes, etc.), par la poussière. Celle-ci est particulièrement nocive pour les fonctionnaires dont l'organisme est, en outre, mis en état de moindre résistance, par l'atmosphère délétère des salles de travail, par une aération et un chauffage très défectueux, par les courants d'air, par les brusques, fréquentes et exagérées variations de température au cours d'une même journée, d'où menaces trop souvent réalisées de tuberculose pulmonaire. Il y a d'autres dangers encore, dont celui du mauvais éclairage n'est pas un des moindres.
Il serait assez aisé de remédier à ce grave état de choses, dont on ne s'occupe nullement, par de faciles - et indispensables - modifications dont les essentielles seraient la suppression du balayage à sec, de l'époussetage, du chauffage par calorifères, auquel on substituerait le chauffage central ; la désinfection par le formol et le remplacement des volumes très souvent consultés, donc très infectés ; enfin, la défense individuelle par une hygiène sévère. Et il serait nécessaire que pour la construction, l'aménagement et le fonctionnement des bibliothèques, des médecins fussent appelés à donner leur avis - ce à quoi on n'a jamais songé.
Extrait du Bulletin de l'Association des bibliothécaires français, 61 année, mai-juin 1912, n° 3 (p. 49-50)