L'une des dernières conférences du mercredi à l'École des hautes études sociales était consacrée à l'hygiène des bibliothèques. Le conférencier, M. Pelletier, a fait une inquiétante énumération de tous les dangers auxquels sont exposés bibliothécaires et lecteurs. L'auditoire se serait senti glacé d'effroi à l'annonce de tant de périls, si M. Pelletier n'eut fort heureusement pris soin d'indiquer quelques moyens de les éviter. Il a fort clairement montré les mesures à prendre dans l'intérêt du public comme des fonctionnaires. Mais il a passé rapidement sur une question des plus importantes, à ce qu'il me semble, celle de la ventilation, et mis hors de cause les architectes, au domaine desquels elle appartient sans nul doute. Il s'est plaint avec raison de l'impureté de l'air que nous respirons dans nos salles de lecture. Mais il a condamné le salutaire courant d'air, seul moyen qui nous soit offert dans l'état actuel des choses, de remplacer par un air respirable un air vicié, chargé de poussières et de gaz nocifs. Il est bien entendu qu'on ne doit faire appel à ce sauveur qu'en l'absence du public et dans l'intervalle des séances. Mais ce dont il y a lieu de se plaindre, c'est précisément que l'habitude d'ouvrir les fenêtres un temps suffisant après la sortie ou avant l'entrée des lecteurs ne soit pas plus en honneur dans nos établissements. La faute en est aux architectes qui, plus soucieux d'esthétique que d'hygiène, nous ont fait des fenêtres difficiles ou impossibles à manoeuvrer. La salle de lecture de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, par exemple, est certes une belle chose et qui fait honneur à Labrouste. Mais on n'y voit jamais plus de quatre fenêtres ouvertes ; les autres y sont fermées à perpétuité.
Extrait du Bulletin de l'Association des bibliothécaires français, 61année, janvier-avril 1912, n' 1-2 (p. 19-20)