Index des revues

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    La bibliothèque du parc à Milan

    Par Diane Canivet

    PASSANT l'après-midi dans le Parc de Milan, plus petit mais aussi plus central que notre Bois de Boulogne, vous pouvez avoir envie de prendre un rafraîchissement, surtout si la journée est belle.

    Attiré par un pavillon moderne qui offre sa terrasse, ses tables, ses parasols colorés, vous remarquerez, là où s'arrêtent les tables des consommateurs, de nombreux jeunes gens qui lisent, assis çà et là, solitaires ou par groupes. Installés sous les frondaisons, ils ont un air satisfait et détendu. Le va-et-vient de ces individus joyeux vous fera alors observer que le café occupe une partie restreinte du pavillon; et si, curieux, vous franchissez la paroi de verre qui lui fait suite, vous vous trouverez dans un petit royaume des livres.

    L'accueillante « bibliothèque de jardin » a été donnée à la ville de Milan par une Société de Ciment qui avait construit ce pavillon pour la Xe Triennale (exposition de 1955). Son but était d'offrir aux visiteurs un abri agréable, aux lignes nettement caractéristiques de ce matériau. La Bibliothèque fonctionne depuis le mois d'octobre 1955.

    Ses particularités? D'abord son emplacement et son architecture; ensuite les facilités de lecture.

    Placée sur une butte, elle en suit la forme et son plan s'évase légèrement, en colimaçon. Le secteur central surélevé est destiné au bibliothécaire, au dépôt des livres et, en partie, aux lecteurs (tables de lecture); la galerie, placée en contrebas, est meublée de fauteuils et de chaises et sa largeur, minima du côté du bar, va se développant jusqu'à la sortie qui lui est opposée. Les lecteurs qui préfèrent lire au grand air s'installent sur le terre-plein qui entoure le pavillon. La toiture est inclinée de façon à laisser le plus de jour possible au secteur surélevé (orienté au nord), alors qu'elle protège la galerie de la lumière plus forte du midi.

    Comme nous l'avons indiqué, à l'une des extrémités du pavillon se trouve le bar. Des dépôts et les installations sanitaires sont en sous-sol.

    Il est facile d'être lecteur : aucune formalité, pas de droit à verser. Heures d'ouverture largement comprises :

    Avril à Septembre de 10 à 20 heures ; Octobre à Mars de 10 à 17 heures.

    Un fichier (auteurs-analytique; collections, périodiques) renseigne le lecteur; sur une table, les nouvelles acquisitions, les numéros récents des revues. On remplit un bulletin sommaire, qui servira aux statistiques, et on emporte le livre sur le gazon. Si la fatigue vous saisit ou que le crépuscule vous surprend, vous rendez l'ouvrage en donnant votre nom. C'est tout. De quoi séduire les plus réticents.

    Les ouvrages qui intéressent la bibliothèque sont variés : romans (en français et en anglais également; et, dans un proche avenir, en allemand et en espagnol), livres pour l'enfance et la jeunesse, beaux-arts, histoire et géographie, initiation scientifique; revues de cinéma, de décoration, de littérature; et aussi certains volumes plus importants : encyclopédie italienne, histoire générale de l'art, histoire de la littérature française, du costume, etc... Le souci qui guide le choix des acquisitions est celui d'offrir au lecteur les ouvrages dont «on parle», concernant aussi bien l'actualité littéraire qu'artistique, scientifique (conquête du globe, télévision, etc.). La place pour les livres est restreinte; aussi favorisera-t-on toujours les ouvrages traitant des intérêts du jour au détriment des volumes démodés (il reste entendu qu'un certain nombre de classiques résiste avec succès aux mises-à-jour !). Les ouvrages écartés, les périodiques antérieurs à l'année en cours, vont rejoindre les fonds des bibliothèques communales de lecture publique, d'où ils peuvent un jour ressortir si quelque événement les rappelle à la curiosité du public. Comme on voit, cette petite bibliothèque se veut très vivante.

    En conclusion : cadre reposant pour les citadins, heures d'ouverture commodes, aucune restriction dans l'admission à la lecture, fonds « dynamique ». Est-il surprenant que cette initiative ait éveillé l'enthousiasme des milanais et aussi, parfois, d'un hôte de passage ?

    Vignette de l'image.Illustration
    Pianta delle zone di Soggiorno