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Les problèmes du Catalogue Général des Imprimés au British Museum

1957

    Les problèmes du Catalogue Général des Imprimés au British Museum

    Par A.-H. Chaplin

    SI j'ose vous faire un exposé un peu détaillé du problème que présente pour le British Museum la rédaction et l'édition de son Catalogue Général des Imprimés, c'est que je suppose que des problèmes analogues ont dû se présenter aux grandes bibliothèques de France, et que les comparaisons que vous pourrez faire entre nos tentatives de solution et les vôtres pourront en quelque mesure vous être utile.

    Je dois tout d'abord préciser de quel genre de catalogue il est question. Je n'ignore pas que chaque bibliothèque de quelque importance a besoin de toute une série de catalogues : catalogues classés par auteurs et par matières ; catalogues se référant à des périodes ou à des genres déterminés, catalogues de collections spéciales. Je m'occupe ici du catalogue- base, instrument essentiel à l'exploitation de n'importe quelle bibliothèque, le répertoire général de son contenu.

    Chez nous, au British Museum, ce répertoire, le Catalogue Général Alphabétique, est un organisme dont la vie a duré déjà plus de cent ans. C'est un organisme toujours croissant, toujours en train de changer et de se développer. Il a passé par des phases importantes, parmi lesquelles on peut signaler l'achèvement, en 1905, de la première édition imprimée ; le commencement, en 1930, d'une seconde édition, et, aujourd'hui, l'abandon de celle-ci, remplacée par le nouveau projet d'une édition photographique. Ces éditions enregistrent des étapes dans la vie du catalogue : aucune d'elles ne marque un nouveau départ intégral - nous sommes toujours en présence du même catalogue.

    Tout comme les autres organismes, notre catalogue a ses maladies ; il est passé par des crises ; il souffre à cause des efforts qu'il doit faire pour s'adapter aux changements de circonstances. En effet, pendant toute sa vie, il a présenté un problème - problème qui commence enfin à prendre la forme de cette question fatale qui se pose à tout être qui a vécu beaucoup d'années : est-ce qu'il est toujours capable de s'adapter à des conditions nouvelles, ou est-ce que le jour approche où il devra faire place à un nouveau catalogue, construit selon d'autres principes ?

    Avant de regarder de plus près les problèmes que soulève ce catalogue, nous devons nous faire une représentation de ses attributs physiques. Je ne parle pas en premier lieu du catalogue dans ses formes éditées, tel qu'il se trouve sur les rayons des autres bibliothèques, mais du catalogue tel qu'il existe, continuellement mis à jour et continuellement consulté, dans notre salle de lecture. Ce catalogue ne prend pas, comme dans la plupart des bibliothèques, la forme d'un fichier. Je dois demander à ceux d'entre vous qui n'ont pas visité notre bibliothèque d'imaginer une vaste rangée de volumes, dont les dimensions dépassent 40 centimètres de haut sur 30 de large, et dont chacun est composé de plus d'une centaine de feuillets de papier bien solide, dans une reliure de cuir. Des fiches de papier, portant les notices des livres, sont attachées à ces feuilles, mais de telle façon qu'elles puissent facilement se détacher et changer de place pour admettre les nouvelles fiches. Cette possibilité est assurée en appliquant de la colle seulement aux bords supérieur et inférieur des fiches ; les deux bouts ne sont pas collés, de sorte qu'un coupe-papier étroit, inséré dans le sens de la longueur, peut détacher la fiche sans l'abimer. Quand une feuille est remplie, on en ajoute une autre à côté d'elle, et on redistribue les fiches dans l'espace ainsi augmenté. De temps en temps, il faut diviser et relier en deux parties un volume devenu trop épais. De ce catalogue, comprenant à présent plus de quinze cents volumes, on maintient de façon identique trois exemplaires, dont l'un sert aux besoins du personnel et en même temps comme modèle pour le maintien des autres, le second est mis à la disposition du public dans la salle de lecture, et le troisième fournit des volumes pour remplacer ceux que l'on a retiré momentanément de l'exemplaire public pour les mettre à jour - ce qui arrive à chaque volume une fois par mois. Le système du catalogue général se complète de deux autres séries de fiches : un quatrième exemplaire des fiches imprimées, collées à des fiches de carton et rangées selon la disposition des livres sur les rayons dans un grand fichier, accessible seulement au personnel de la bibliothèque ; et, finalement, la série complète des fiches originales, écrites à la main, lesquelles, corrigées et amplifiées, également à la main, servent de modèle ou de manuscrit pour les émendations et les réimpressions de fiches.

    Le caractère essentiel de ce système n'a pas changé depuis un siècle entier. Au commencement, les fiches détachables étaient copiées à la main en quatre exemplaires au moyen de papier carbone ; mais depuis l'impression de la première édition, les nouvelles fiches sont découpées d'une liste imprimée d'acquisitions, éditée mensuellement. On a profité aussi de l'occasion offerte par l'impression du catalogue pour remplacer par des colonnes de notices découpées des pages imprimées les anciennes notices manuscrites. On a pu ainsi diminuer considérablement l'espace occupé par le catalogue - avantage qu'on a payé pourtant d'un certain prix : depuis ce jour-là, le catalogue comprend deux séries alphabétiques de notices parallèles, mais indépendantes, celle des colonnes et celle des fiches additionnelles - ce qui peut quelquefois égarer le lecteur non averti.

    Par cette courte description, j'espère avoir fait comprendre combien le catalogue d'aujourd'hui est étroitement lié à celui d'il y a cinquante ans, et même à celui d'il y a cent ans. Une grande partie de ses notices ont été imprimées entre 1880 et 1905, et de celles-ci quelques-unes reproduisent un manuscrit plus âgé encore d'un demi-siècle - manuscrit qui, lui aussi, continue à servir aux opérations courantes de corrections et de mise au point du catalogue.

    Le problème que présente ce catalogue est multiple. Il se rapporte à l'étendue du catalogue, à son âge, aux fins auxquelles il doit servir, à sa forme, et à la méthode adoptée pour le tenir à jour.

    Je prendrai comme point de départ une question qui se pose aujourd'hui d'urgence, et à laquelle, pour l'administration actuelle, les autres se rattachent - la question de la publication. En achevant, en 1906, la première édition du catalogue, le Musée a mené à bien un projet conçu soixante-six ans plus tôt. A cette époque-là, c'était le seul catalogue imprimé d'une bibliothèque d'une grandeur comparable, et il fournissait un corps de notices bibliographiques hors concours.

    Vingt-cinq ans plus tard, l'édition se trouvait épuisée, mais on continuait à la demander, surtout en Amérique où les bibliothèques universitaires se développaient à un rythme accéléré. On a entrepris en conséquence la publication d'une nouvelle édition, qui devait comprendre, outre les notices des livres récemment acquis, l'augmentation des notices anciennes par l'addition de la pagination et des noms d'éditeurs, dans les cas nombreux où ils manquaient, et de nouvelles précisions sur les noms des auteurs et sur des détails bibliographiques.

    Cette révision des notices s'est révélée beaucoup plus lente qu'on n'avait espéré. En conséquence, et du fait du manque de personnel dû à la guerre mondiale, l'on n'a réussi, pendant les vingt-cinq années qui ont suivi son inception, qu'à publier cinquante et un volumes, soit un sixième du catalogue entier. Les difficultés s'aggravaient du fait que, selon le plan adopté, chaque volume devait comprendre les notices des livres reçus jusqu'au moment de sa publication : en 1953 on a constaté que la partie encore inédite du catalogue s'augmentait chaque année d'une quantité de notices qui excédait le contenu des volumes qu'on pouvait publier pendant la même période. L'achèvement de l'ouvrage reculait dans un avenir de plus en plus lointain - et même quand, à la fin, aurait paru le dernier volume de la lettre Z, il resterait à publier en supplément une quantité immense de fiches accumulées se rapportant aux volumes antérieurs. Des délibérations qui ont duré plusieurs années, ont abouti à la conclusion qu'on ne pouvait pas se permettre le luxe de cataloguer deux fois cette immense bibliothèque. Ce qui était possible, cependant, c'était de publier, tel qu'il était et sans plus de révision, le contenu du catalogue qui se consultait actuellement dans la bibliothèque. Le projet de révision détaillée une fois abandonné, ce qui restait à faire n'était qu'une opération mécanique : par l'emploi de la photographie, les projets lents et laborieux de la composition typographique et de la correction d'épreuves seraient éliminés, et une accélération immense de la production devenait possible. On propose en effet, de publier, par le moyen de la photo-lithographie, une édition complète de ce catalogue, comprenant à peu près trois cents volumes, dans l'espace de six ans.

    Ce ne sera pas une simple reproduction de l'édition originale, avec l'addition des fiches plus récentes : une quantité assez importante des fiches de toutes les époques ont été l'objet de corrections manuscrites, même de réimpression intégrale : toutes ces corrections doivent paraître dans la nouvelle édition, et pour cela il faut prendre comme base de la reproduction un des exemplaires du catalogue courant. Malheureusement, la forme de ce catalogue ne se prête pas à une reproduction directe : une opération préparatoire s'impose. Nous avons constaté que le catalogue est composé de deux séries indépendantes de notices, celle des colonnes et celle des additions. Pour que le nouveau catalogue soit facile à consulter, il (faut le réduire à une seule série. Il faut aussi supprimer les espaces vides laissés à chaque page pour recevoir les additions futures. On doit donc défaire l'exemplaire destiné à la reproduction, en découper les colonnes et les diviser en morceaux, détacher les fiches additionnelles, et puis rassembler le tout sous forme de nouvelles colonnes avant de le photographier. Cette opération de montage est compliquée par des variations dans la disposition des éléments des fiches imprimées à différentes époques, et par la nécessité de supprimer les vedettes des fiches quand elles se répètent. Bien qu'aucun détail ne demande une technique nouvelle, l'opération diffère dans son ensemble de ce que l'on a déjà fait dans ce genre. Elle demande, pour être terminée dans le temps prévu, l'établissement d'un atelier spécial.

    C'est à ce point qu'il faut tenir compte d'une différence importante entre ce nouveau projet d'édition et les précédents. Ceux-ci ont apporté des avantages pour l'administration même de la bibliothèque : le premier en fournissant le matériel pour une nouvelle forme, plus économique et plus maniable, du catalogue courant, le deuxième, en améliorant au fur et à mesure de sa production, la qualité des notices à la disposition des lecteurs. Le nouveau projet, reproduction mécanique d'un catalogue existant, n'offre à la bibliothèque même rien de nouveau : sa raison d'être vient seulement de son utilité à l'extérieur. C'est pour cela que la direction du Musée, qui manque de ressources pour des projets en dehors de ses fonctions traditionnelles, doit s'assurer d'avance d'une demande suffisante pour payer les frais de l'entreprise. Cette demande dépendra de la valeur bibliographique du catalogue. Il n'y a pas lieu de douter que cette valeur ne persiste, bien qu'à un degré modifié.

    Le British Muséum n'est plus la seule bibliothèque de premier rang qui ait publié son catalogue général. Celui de votre Bibliothèque Nationale approche de sa conclusion, et depuis 194G nous disposons des cent quarante-deux tomes de la reproduction des fiches de la Bibliothèque du Congrès des Etats-Unis. Puisqu'il n'existe pas encore de registre complet des livres imprimés même d'un seul pays, l'ensemble de ces grands catalogues constitue un riche trésor d'informations bibliographiques introuvables ailleurs. On pourrait cependant croire que ces trois répertoires de portée universelle enregistreraient dans une grande mesure les mêmes livres. Une comparaison faite entre les catalogues des deux grandes bibliothèques de langue anglaise révèle, au contraire, que seulement 23 % des ouvrages et 17 % des éditions enregistrées se trouvent dans les deux catalogues. Entre chacun des deux et le catalogue de la Bibliothèque Nationale le dédoublement serait sans doute beaucoup plus petit. Le catalogue du British Museum reste donc, même pour les bibliothèques qui possèdent les deux autres catalogues dont j'ai parlé, un élément important de la documentation complète qu'ils souhaitent sur le livre imprimé. On a donc le droit d'espérer que le nouveau catalogue sera demandé par un nombre de bibliothèques nationales, régionales et universitaires assez élevé pour rendre possible sa publication à un prix abordable.

    Quel doit être ce prix ? Pour les raisons que j'ai expliquées, il doit suffire pour payer les frais de la publication, y compris ceux du montage. Par conséquent, il ne peut guère être inférieur au prix récemment fixé pour les derniers volumes de la seconde édition, vu que celui-ci ne comprend que le coût de l'impression, hormis tout travail éditorial. II faut quand même expliquer que le prix déjà annoncé, de £ 8 le volume, est un prix maximum. On continue à chercher des moyens de diminuer, en améliorant les procédés techniques, la somme totale qu'il faut dépenser ; et une demande inattendue réduirait encore davantage le prix de revient. Il est donc à souhaiter que les bibliothèques qui trouvent trop élevé pour elle le prix annoncé, fassent savoir néanmoins au British Museum leur intérêt à posséder le catalogue.

    Telle donc est la solution proposée au problème de la publication. Il nous reste d'autres problèmes. De quelle façon va-t-on continuer la publication pour comprendre les acquisitions futures ? Doit-on apporter des changements au système de maintenir, dans la bibliothèque même, ce catalogue toujours grandissant ? Ces deux questions sont étroitement liées l'une à l'autre. Dans les deux cas, la solution dépend de la production d'un type de fiche qui servirait en même temps pour tenir à jour le catalogue courant en volumes et pour être reproduite comme élément d'une liste cumulative publiée. Les expériences faites par quelques bibliothèques américaines, notamment la Bibliothèque du Congrès, combinées avec nos propres expériences en préparant le catalogue photographique, pourront nous guider. Il suffit, en principe, d'imprimer sous deux formes une seule notice de chaque, livre : sur papier, pour être insérée dans notre catalogue à nous, sur carton pour servir de base aux suppléments cumulatifs.

    Plusieurs questions d'ordre économique attendent encore une solution définitive. Quel avantage pourrions-nous tirer de la production de plusieurs fiches, portant la même notice, mais des vedettes différentes, et dont la seconde et les suivantes remplaceraient les fiches secondaires, raccourcies, que nous faisons à présent ? Pour répondre à cette question, il faut examiner d'une part l'économie qui se produirait dans le travail du catalogueur et de l'imprimeur, et de l'autre la perte d'espace qui résulterait dans les pages du catalogue. Quel est le meilleur moyen de produire les fiches qui vont servir à la reproduction ? Il serait évidemment avantageux de produire le plus tôt possible, dans la série des opérations de catalogage, une fiche définitive capable d'être multipliée par la photographie. Pour cela, la machine à écrire est préférable à la presse typographique : le travail peut être complété sous l'oeil même du catalogueur expert, la correction du manuscrit et la correction des épreuves ne sont plus qu'une seule opération. Mais nous tenons à avoir des fiches qui puissent, sans trop d'incongruité, être mélangées aux fiches typographiques imprimées par le passé. Jusqu'ici, on n'a pas trouvé parmi les machines électriques, qui imitent la typographie, celle qui nous offre en même temps les lettres du style voulu et la variété d'accents et de caractères qu'il nous faut pour reproduire les titres des livres écrits dans toutes les langues européennes.

    Quelle doit être la méthode de reproduction ? Il faut considérer en plus de la photographie, des systèmes de reproduction mécanique qui se servent d'une bande perforée ou magnétique pour faire marcher une machine à écrire ou une machine de composition typographique.

    En ce qui concerne le maintien à jour en ordre du catalogue courant, on voudrait bien faire des économies dans le système des fiches collées. L'intercalation dans un catalogue en forme de fichier serait certainement moins coûteuse. Mais il y a chez nous, pour plusieurs raisons, une forte résistance à l'adoption du catalogue sur fiches. D'abord, on ne saurait guère combiner avec le catalogue existant sans introduire la nécessité, jusqu'ici évitée, de chercher à deux endroits pour savoir si la bibliothèque possède ou non un livre donné. Puis, il y a la conviction que la consultation du catalogue sous forme de volumes est beaucoup pins rapide et plus aisée que celle d'un fichier. Il est souvent important, dans le travail bibliographique, historique ou littéraire, de pouvoir passer rapidement sous les yeux les notices d'un assez grand nombre de livres. La vision simultanée de plusieurs notices rend aussi plus facile et plus sûre l'intercalation correcte des nouvelles notices. Finalement, il est déjà difficile de trouver l'espace qu'il nous faut pour loger notre catalogue : en forme de fichier, il en demanderait plus encore.

    C'est pour de telles raisons que quelques grandes bibliothèques, notamment aux Etats-Unis, dont les catalogues sont sur fiches, sont en train de chercher le moyen de retourner au catalogue en volumes. On se félicite déjà de pouvoir obtenir sous forme de volumes la série complète des fiches imprimées de la bibliothèque du Congrès. Cette forme économise l'espace dans les bibliothèques qui veulent posséder les fiches, et rend possible une plus large distribution du catalogue. Mais dans la Bibliothèque du Congrès, les catalogues d'usage courant restent sur fiches : on n'a pas encore trouvé le moyen de tenir perpétuellement à jour un catalogue en volumes. Le système du British Museum ne s'est pas recommandé, à cause, sans doute, du travail excessif qu'il demande. C'est dans de nouvelles techniques photographiques, paraît-il, qu'il faut chercher la solution de ce problème. On peut déjà cumuler d'année en année les nouvelles notices d'un grand catalogue tel que le catalogue national collectif des Etats-Unis. Ce qu'il nous faut, c'est une méthode, rapide, et surtout très peu coûteuse, de faire une à la fois, et à très court intervalle, les pages séparées d'un catalogue. En attendant la découverte de cette méthode, le British Museum continuera probablement à suivre son système traditionnel.

    Il faut cependant faire remarquer que l'application intégrale de ce système au nouveau catalogue photographique pourrait avoir des conséquences incommodes. Jusqu'ici, chaque volume de la seconde édition a été intégré, dès sa publication, dans le catalogue courant. L'on en a formé une série de nouveaux volumes, dans lesquels chaque colonne est suivie d'une page vide destinée à recevoir les additions futures. Si l'on faisait de même avec le nouveau catalogue, dont trois cents volumes doivent paraître en six ans, le nombre de volumes du catalogue courant serait subitement doublé, ce qui produirait une crise intolérable de l'espace. Pour éviter cette situation, deux expédients se présentent : en adoptant, au lieu de volumes reliés, des volumes à feuilles mobiles, on pourrait éviter la nécessité d'insérer des feuilles blanches, sauf aux endroits où des additions se seraient en réalité présentées, et en prenant comme unité de base la page au lieu de la colonne, on réduirait de moitié le nombre de feuilles qui devraient en premier lieu composer les volumes du catalogue. On aurait ainsi pour commencer un catalogue dont la grandeur ne dépasserait pas celle du catalogue actuel, et qui grandirait lentement.

    Il y a encore un problème très important que je veux mentionner en passant : celui que pose le fait que les règles de catalogue tombent en désuétude. Les règles observées par le British Museum ont été rédigées en 1839. A cette époque elles ont marqué une avance importante dans la méthode de catalogage des bibliothèques, et elles ont exercé une influence profonde bien au delà des frontières britanniques. Plus récemment, la pratique générale des autres bibliothèques s'est de plus en plus écartée de ces règles, et le British Museum est maintenant presque la seule bibliothèque qui continue à les observer. Cette divergence a des conséquences gênantes. La « British National Bibliography », par exemple, commencée il y a sept ans, a tout naturellement adopté, pour ses vedettes d'auteurs, le code anglo-américain, suivi par la plupart des bibliothèques qui devaient être ses clientes. Le British Museum, par conséquent, n'a pas pu imiter l'exemple admirable de la Bibliothèque Nationale en combinant avec la production d'une bibliographie d'usage général le catalogue de ses propres acquisitions par dépôt légal. On n'a pas manqué de suggérer que le British Museum, une fois publiée l'édition complète de son catalogue actuel, pourrait commencer, pour les acquisitions,futures, un nouveau catalogue formé suivant les principes du code anglo-américain. Ce serait sacrifier l'unité si précieuse de notre catalogue, grâce à laquelle on n'a qu'à chercher dans une seule liste pour savoir si la bibliothèque possède un certain livre, ou pour savoir quels ouvrages d'un certain auteur s'y trouvent. C'est une chose à laquelle on ne veut pas consentir.

    D'autre part, la révision totale du catalogue a déjè été rejetée comme impossible. Il faut trouver un compromis. Les changements les plus urgents ne concernent qu'une partie assez restreinte du catalogue, les vedettes des ouvrages anonymes, des périodiques, de quelques auteurs dont les noms sont variables. On peut adopter à l'avenir de nouvelles règles pour ces cas, tout en entreprenant un changement progressif des anciennes fiches affectées. Ce n'est qu'ainsi que deviendra possible une collaboration fructueuse, d'abord avec la British National Bibliography, plus tard, peut-être, en produisant, avec d'autres grandes bibliothèques britanniques et étrangères, des catalogues collectifs.

    C'est mon espoir que ce grand projet qui vient d'être annoncé, de l'édition photographique de notre catalogue, qui mettra à la disposition des étudiants du monde entier le produit total de cent vingt ans de catalogage, sera en même temps la conclusion d'une phase de la vie du catalogue et le commencement d'une phase nouvelle. Cette nouvelle phase doit être marquée par l'utilisation de toutes les ressources de la technique moderne, et une intégration toujours plus complète du travail de notre bibliothèque nationale avec celui des autres bibliothèques de notre pays et du monde.