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Une nouvelle collection de diapositives : Les trésors manuscrits de la Bibliothèque nationale

1958

    Une nouvelle collection de diapositives : Les trésors manuscrits de la Bibliothèque nationale

    Par Jean Porcher

    Les bibliothèques sont les musées de la peinture médiévale : durant près de dix siècles - du VIIe au XVIe - à une époque où le tableau indépendant n'existe pas, sinon rare et tout à fait à la fin, c'est dans le livre que se trouve la peinture et c'est là que l'historien ou le curieux doivent aller la chercher. Ainsi ce musée, d'accès difficile est, en fait, un musée secret ; il faut feuilleter les pages des manuscrits, une à une, pour en admirer les tableaux et c'est pourquoi l'étude méthodique de la peinture médiévale est chose relativement récente : lorsqu'en 1904 on découvrit « Les Primitifs français », il semblait, le nom seul de l'exposition l'indique, que la peinture française ne remontât pas au delà du XIVe siècle ; or, ses origines datent de l'époque mérovingienne et « les Primitifs » ne sont que l'aboutissement d'une longue évolution.

    La photographie permet aujourd'hui d'ouvrir ces musées et d'en communiquer au public les richesses, photographiées en noir ou en couleurs, sous forme de reproductions typographiques ou de projections. Cette dernière formule est à la fois la plus économique et la plus commode. Grâce à elle, un conférencier peut illustrer ses propos de la façon la plus claire et les cours d'histoire de l'art connaissent des facilités qu'elles n'ont jamais eues : des bibliothèques entières de manuscrits peuvent se transporter dans une valise et, avantage supplémentaire, les originaux eux-mêmes sont, dans un grand nombre de cas, mis à l'abri des manipulations. Avant que soient reproduites intégralement, par des diapositives en couleurs, les milliers d'enluminures que contiennent les manuscrits à peintures, la Société d'Editions filmées d'Art et d'Histoire de l'Art a eu l'excellente idée de publier de petits recueils méthodiques de films d'un prix modique, en une suite de séries correspondant aux diverses époques de l'art en France : précarolingienne, carolingienne, romane et gothique, soit neuf séries, comprenant chacune vingt images accompagnées d'une préface générale et d'une notice particulière à chacune des diapositives. Le tout choisi et rédigé par les bibliothécaires du Cabinet des manuscrits (1) . Après les séries françaises, la collection se terminera par une série grecque, enfin une série étrangère (allemande, anglaise, italienne).

    Ainsi, d'ores et déjà, le public pourra, à bref délai - puisque six boîtes ont déjà été publiées et que l'édition sera achevée en juillet 1958 - se faire une idée des merveilles picturales de la Bibliothèque nationale, il aura sous les yeux les monuments principaux que possède le Cabinet des manuscrits. Mais la Bibliothèque nationale n'est pas tout. Si le succès de cette formule s'affirme auprès des amateurs, il est souhaitable qu'un travail analogue se poursuive dans les autres bibliothèques parisiennes et dans nos bibliothèques de province, qui conservent elles-mêmes tant de trésors, complément de ceux de Paris. Ainsi s'ouvriront peu à peu les musées secrets de France, pour le plus grand avantage des études et du public, pour la sauvegarde aussi des originaux, à laquelle il faut toujours penser.

    1. Précarolingien, par Mlle M.-L. Concasty ; carolingien, par Mlle M. Cottin ; roman (deux fascicules), par Mme Cordroc'h, Mlle F. Pascal et M. G. Ouy ; gothique (cinq fascicules), par Mme Rambaud, Mme Bloch-Cornet, Mme Dubief, Mlle Laurain, M. M. Thomas. retour au texte