Index des revues

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Une instruction soviétique relative à l'enregistrement officiel des périodiques

1959

    Une instruction soviétique relative à l'enregistrement officiel des périodiques


    Sans parti pris, force est de reconnaître qu'un régime d'économie collectivisée et planifiée et de centralisation administrative offre en U.R.S.S. un terrain éminement favorable aux réalisations bibliographiques. Ces réalisations ne sont guère encore connues en France que des spécialistes des fonds russes de nos bibliothèques et par quelques comptes rendus, trop rares, du Bulletin de documentation publié par la Direction des Bibliothèques de France (1) . Mais, autant que les réalisations, voire avant elles, ce qui mérite notre attention, ce sont les moyens employés pour y parvenir. Au premier rang de ces moyens, la place réservée à l'étude des questions de méthode. Les problèmes techniques, en effet, sont examinés là-bas avec le plus grand soin, et cela préalablement à la mise en chantier des entreprises, ce qui n'empêche pas les solutions d'être constamment réajustées au contact de l'expérience. (Il y aurait de la naïveté à s'étonner d'une pratique si conforme au bon sens et au principe même d'une saine rationalisation, si nous la rencontrions plus souvent ailleurs.) Les grandes bibliothèques de Moscou, de Léningrad et d'autres capitales y procèdent dans leurs propres bureaux d'études. Mais, dans le domaine de la bibliographie officielle, c'est à un organisme central que cette tâche est dévolue. La Vsesojuznaja knižnaja palata (Chambre centrale du Livre de l'Union), rattachée au Ministère de l'Instruction Publique, puis au Ministère de la Culture, est en effet chargée des attributions suivantes : 1° l'enregistrement, le recensement statistique et la conservation des exemplaires du dépôt légal de toute la production graphique de l'Union; 2° la centralisation de toute la cartographie destinée aux bibliothèques de l'Union ; 3° l'élaboration et la promulgation des règles catalo-graphiques et d'autres instructions.

    La Vsesojuznaja knižnaja palata ne se contente pas de publier la bibliographie nationale soviétique (la Knižnaja letopis) et d'enregistrer dans des organes distincts les documents géographiques, musicaux et iconographiques. Elle dépouille la presse (journaux et revues) dans les Letopisi gazetnykh et žurnal'nykh statej et dans la Letopis'recenzij (Annales des comptes rendus). Qui bien plus est, elle recense régulièrement depuis 1933 l'ensemble de la production périodique de l'Union dans la Letopis'periodiceskikh izdanij SSSR (Annales des publications périodiques de l'Union). Alors que la Knižnaja letopis' remonte au début du siècle, la L.P.I., elle, représente une création originale du régime nouveau, sur laquelle il y a lieu de s'arrêter.

    La Letopis'periodiceskikh izdanij est tout autre chose qu'un annuaire de la presse puisque, on vient de le dire, elle vise la totalité des périodiques paraîssant sur le territoire de l'Union. C'est dire que la « question des périodiques », à l'ordre du jour chez nous depuis des décades, est pratiquement résolue en U.R.S.S. Il semble bien d'ailleurs, que ce ne soit pas du premier coup qu'on y soit parvenu. Très instructive est, à cet égard, la préface qui ouvre les Annales de l'année 1935, troisième de leur existence. On y voit les difficultés rencontrées, malgré l'institution du dépôt obligatoire à la Chambre centrale du Livre de Moscou et dans celles des autres républiques de l'Union. Ce dépôt ne s'effectuait pas toujours avec régularité, même à l'intérieur de la R.S.F.S.R. (république de Russie) ; surtout on se heurtait aux résistances passives des autres Kniznie palaty à déclarer les exemplaires reçus. Et c'est à d'autres moyens d'information qu'on a dû avoir recours pour remédier à ces défaillances. Ne possédant malheureusement, en France, de la collection de la L.P.I. antérieure à 1950 que cette seule année 1935, il n'est pas possible de suivre pas à pas les efforts déployés pour atteindre à la complétude requise. En revanche, nous possédons plus de détails sur les transformations techniques qui ont donné à la Letopis' sa physionomie actuelle, par exemple sur la recherche d'une solution au problème épineux posé par l'incorporation des titres en langues et alphabets non russes. Mais ce qui nous intéresse plus directement, ici, et nous amène à comprendre la raison d'être, de l'Instruction traduite ci-après, c'est la répartition des matières et les remaniements qu'elle a subis. La Letopis' est divisée en deux parties. La première comprend les revues ainsi que les bulletins, mémoires et autres publications « se poursuivant avec une périodicité irrégulière ». Les titres y sont classés systématiquement, classement complété par une table alphabétique par titres, une table des institutions éditrices, une table géographique. Les journaux occupent la seconde partie, entièrement indépendante de la première, avec ses tables propres. Cette heureuse disposition (2) permet d'isoler et de mettre en valeur les organes des corps savants, instrument de la recherche scientifique, qui composent une bonne moitié des titres de la première partie. Une réforme de structure, opérée en 1950, a contribué, entre autres résultats, à accentuer cette dissociation. En effet, on s'était rendu compte, qu'il était inutile de s'encombrer d'année en année de tous les titres qui se poursuivent sans changement et que, d'autre part, les renseignements essentiels, relatifs aux naissances, décès, changements de titres des périodiques, jusqu'alors noyés dans la masse, ne pouvaient être dégagés que de la confrontation de plusieurs années consécutives. Une formule nouvelle et originale, rappelée dans le préambule de l'Instruction ci-dessous a été adoptée. Les volumes annuels sont remplacés par deux fascicules indépendants l'un de l'autre. Le premier est réservé à la nomenclature des journaux et revues nouveaux, ayant changé de titre ou cessé de paraître ; le second, aux mémoires et aux autres publications à périodicité variable déposées à la Chambre centrale du Livre dans l'année. Un volume cumulatif quinquennal réunit les uns et les autres et embrasse la totalité des périodiques de l'Union ayant paru dans la période considérée.

    Cette nouvelle dissociation, bloquant dans lé second fascicule annuel les publications à périodicité non régulière, mettait en pleine lumière les problèmes propres à cette espèce bibliographique particulière, comportant elle-même de nombreuses variétés. Son caractère hybride et flottant, qui la situe, dans certains cas, aux frontières du domaine des périodiques, nécessitait une délimitation constamment remise en question au gré des cas particuliers, entre le genre périodique et le non-périodique, c'est-à-dire, pratiquement, entre la matière de la Letopis'periodiceskikh izdanij et de la Kniznaja letopis' (Bibliographie nationale des livres). C'est, évidemment, pour mettre un terme à des perplexités irritantes et toujours renaissantes que la présente Instruction a été rédigée par la Chambre centrale du Livre. L'extrait, traduit ici se situe, d'autre part, dans le cadre d'un texte général relatif à la « sélection du matériel destiné aux organes d'enregistrement bibliographique officiel » (Cf. ci-dessous, p. 96) Et ceci a été l'occasion d'une remise en ordre de l'ensemble des problèmes de classement intéressant les périodiques.

    Mais que faut-il entendre au juste ici par l'expression textuellement traduite de « publications se poursuivant avec une périodicité irrégulière », réduite le plus souvent à « publications qui se poursuivent » ? (3) Les Russes sont visiblement embarrassés, comme nous, pour dénommer d'un terme générique ce type aberrant et multiforme et ils le désignent de préférence par rénumération indicative des titres qui se rencontrent le plus fréquemment : Trudy (Travaux), Ucenye zapiski (Mémoires), Sborniki (Recueils). Nous y retrouvons sans peine nos Acta, Mémoires, Mitteilungen, Proceedinqs ou Transactions d'Académies ou de Sociétés savantes. Toutefois, ces publications, dont le nombre s'accroît avec le développement de l'activité scientifique en U.R.S.S., revêtent dans ce pays des traits et une diversité spécifiques. D'une part, leur périodicité peut être très espacée, elle excède couramment deux années, même pour les annuaires ; de plus elles ne s'astreignent pas nécessairement, de même que certaines de nos collections, à paraître suivant l'ordre numérique de leurs fascicules. De telles caractéristiques les apparenteraient effectivement aux collections proprement dites, si elles ne se présentaient le plus souvent comme les organes d'institutions savantes et n'en reflétaient l'activité. Au reste, le nombre assez restreint, en U.R.S.S., des collections, contribue sans doute à situer le problème différemment. Par exemple, l'Instruction conserve, à la limite, parmi les périodiques, des publications dites « thématiques » (à sujet limité) comme le Literaturnoe nasledstvo qui, à nos yeux, se distingue mal de la vraie collection.

    Quoi qu'il en soit, il a paru intéressant de faire connaître les définitions et distinctions adoptées en U.R.S.S. dans un domaine qui, malgré certaines particularités, nous est commun. Il est rare de rencontrer dans un texte officiel un effort d'analyse aussi poussé pour démêler patiemment et loyalement toute la complexité d'un problème. Il est à penser que certaines des dispositions de ce texte pourraient être transposées chez nous, dans le classement et l'inventaire des collections de nos bibliothèques, à commencer par celles de nos fonds russes. C'est ce qu'on se propose d'examiner ultérieurement.

    Irène Vildé

    INSTRUCTION RELATIVE AU CHOIX DES PUBLICATIONS DEVANT ETRE ENREGISTRÉES PAR LA « LETOPIS' PERIODICESKIKH IZDANIJ SSSR » (ANNALES DES PUBLICATIONS PÉRIODIQUES DE L'U.R.S.S.)

    (Extrait des Instruckeija po otboru materiala dlja registracii v organakh gosudarstvennoj bibliografii, Moskva, Vsesojuznaja knižnaja palata, 1958, pp. 14 à 17.)

    La Letopis'periodiceskikh izdanij SSSR (Annales des publications périodiques de l'U.R.S.S.) est un organe bibliographique officiel et a pour but l'enregistrement bibliographique des périodiques soviétiques et des publications dites « à suite » paraissant en toutes langues sur le territoire de l'Union.

    La Letopis'periodiceskikh izdanij SSSR paraît annuellement en deux fascicules. Le premier contient la liste des revues et journaux nouveaux, ayant changé de titre ou cessé de paraître au 1er avril. Le second fascicule renseigne sur les publications du type des Trudy (Travaux), Ucenye zapiski (Mémoires), etc., paraissant irrégulièrement, reçus dans l'année par la Vsesojuznaja knic-naja palata (Chambre centrale du livre de l'Union).

    Tous les cinq ans un volume cumulatif recueille la totalité des périodiques et publications « à suite » parus en U.R.S.S. au cours de cette période et fournit toutes données bibliographiques à leur sujet.

    La sélection du matériel destiné à être enregistré par la Letopis'periodiceskikh izdanij pose des problèmes complexes du fait de la grande diversité des imprimés appartenant à la catégorie dite des publications « à suite ». Parmi ces dernières, en effet, les unes se rapprochent des purs périodiques, les autres possèdent tous les caractères du livre et sont à enregistrer dans les organes officiels propres à ces dernières publications. Une part importante, enfin, possède à la fois les traits distinctifs du périodique et du livre et, en conséquence, doit être enregistrée conjointement par la Letopis'periodiceskikh izdanij et par la Knižnaja letopis' (Annales du livre).

    CATÉGORIES DE PUBLICATIONS ENREGISTRÉES PAR LA « LETOPIS' PERIODICESKIKH IZDANIJ »

    I- LES PUBLICATIONS PÉRIODIQUES

    1° Les Revues.

    Publications brochées, paraissant périodiquement (généralement 12, 24, ou 6 fois par an), diffusées, en règle générale, par abonnement, et possédant : un titre qui se poursuit sans changement d'un numéro à l'autre, un sous-titre portant l'indication de l'institution dont elles sont l'organe, ou précisant leur caractère (politico-économique, littéraire, etc.,) une numérotation continue des fascicules au cours de l'année, un comité de rédaction ou un rédacteur permanent, une structure définie : articles de fond, comptes rendus, bibliographie critique, chronique, etc.

    La Letopis'periodiceskikh izdanij SSSR enregistre toutes les revues, sans exception.

    2° Les Journaux.

    Ce type de publications se distingue par un certain nombre de particularités de présentation et de structure...

    II- LES PUBLICATIONS «A SUITE» (OU PROGRESSIVES) (4).

    Les publications progressives se distinguent des revues par le fait qu'elles paraissent avec une périodicité espacée, irrégulière, au fur et à mesure de l'élaboration de leur contenu, et, en général, n'ont pas de tarif d'abonnement. Ces publications sortent le plus souvent par tomes ou par fascicules à numérotation continue et ne comportent ordinairement pas de rubriques particulières : bibliographie, chronique, etc...

    Les publications progressives comprennent :

    • 1° Les publications portant des titres comme : « Doklady » (comptes rendus), « Ucenye zapiski » (mémoires), « Izvestija » (bulletin), « Soobscenija » (communications), « Raboty », « Trudy » (travaux), etc., paraissant par tomes ou fascicules à numérotation continue. Dans ces sortes de publications la désignation de la collectivité éditrice peut soit faire partie intégrante du titre, soit figurer en avant-titre.Remarques :
      • a) Les publications ne portant pas les titres de «Trudy» (travaux), etc et dont l'avant-titre présente la désignation de la collectivité éditrice et le numéro de fascicule sont enregistrés uniquement dans la Knižnaja letopis'.
      • b) Les publications portant le titre de « Trudy », etc., s'enregistrent dans la Letopis' periodiceskikh izdanij et en second lieu dans la Knižnaja letopis'.
      • c) Les publications à périodicité régulière répondant au titre de Izvestija (Bulletin), Doklady (Comptes rendus), etc., diffusées par abonnement sont assimilées par la Letopis'periodiceskikh izdanij à des revues.
      • d) Il convient de distinguer des publications progressives enregistrées par la Letopis'periodiceskikh izdanij les recueils non périodiques dont certains peuvent aussi porter le titre de Trudy, etc., par exemple ceux publiés par des organismes temporaires (Travaux de tel congrès, de telle conférence, etc.). Ce genre de publications s'enregistre seulement dans la Kniznaja letopis'.
      • e) Pour distinguer ces derniers des publications progressives de même nom, il faut, dans chaque cas, rechercher le caractère propre à la publication, prendre connaissance des préfaces, etc. L'espacement ou la lenteur du rythme de parution ne constitue pas un motif suffisant pour écarter une publication de la catégorie des progressives. Il suffit, pour qu'elle puisse être considérée comme telle, que la numérotation des années précédentes se poursuive et que la publication ait pour objet de refléter systématiquement l'activité de son institution éditrice.
      • f) Les recueils « thématiques » (à sujet défini), du type du Literaturnoe nasledstvo (« Le patrimoine littéraire ») ou de l'Arkhitekturnoe nasledstvo (« Le patrimoine architectural »), etc., sont considérés comme publications progressives. Ils s'enregistrent dans la Letopis'periodiceskikh izdanij et, en second lieu, dans la Knižnaja letopis'
      • (g) Aux publications progressives se rattachent également les « Bulletins » numérotés des instituts de recherche scientifique, des Sociétés savantes, etc. Ex. Bjulleteni Glavnogo botaniceskogo sada AN SSSR. («Bulletins du Jardin botanique principal de l'Académie des Sciences de l'U.R.S.S. »).
    • 2° Les almanachs littéraires et artistiques et les « répertoires » numérotés. Ces publications s'enregistrent dans la Letopis'periodiceskikh izdanij et en second lieu dans la Knižnaja letopis'.
    • 3° Les recueils « méthodiques », type V pomošc ucitelju (Au service du maître), et les recueils de comptes rendus analytiques pourvus d'une numérotation et à périodicité irrégulière. Ces publications s'enregistrent dans la Letopis' periodiceskikh izdanij et en second lieu dans la knižnaja letopis
    • 4° Les Annuaires contenant des articles et des publications de documents, comme l' Ežegodnik instituta istorii iskusstv et les annuaires recensant l'activité de l'année courante dans tel ou tel domaine (par ex. l' Ežegodnik knigi SSSR («Annuaire du livre de l'U.R.S.S. »). Ces publications s'enregistrent dans la Knižnaja letopis' et seulement en second lieu dans la Letopis'periodiceskikh izdanij...

    III.- LES BULLETINS ET ORGANES D'INFORMATION SIMILAIRES

    1. Pour se documenter sur ce sujet, c'est, il va sans dire, à L.-N. Malclès, Sources du travail bibliographique, T.I, p. 322-325 et p. 333-336, qu'il convient d'abord de s'adresser. retour au texte

    2. La préface précitée nous apprend que c'est à la demande des usagers qu'elle a été adoptée. retour au texte

    3. Sur la difficulté à trouver un équivalent français à ce terme et sur celui qui a été adopté dans la traduction ci-après, voir la note de la p. 99 retour au texte

    4. Ce terme a été innové pour la circonstance, afin d'éviter la gaucherie de la périphrase qui traduit littéralement le russe « prodolzajusciesja » (qui se poursuivent). Il a été préféré au mot « suites », employé traditionnellement dans nos bibliothèques, mais qui a l'inconvénient de confondre les publications qui nous occupent avec les ouvrages à suite (les continuations anglaises, les Fortsetzungen allemandes). Peut-être conviendrait-il, si l'on ne trouve pas mieux, de distinguer entre « suites » d'ouvrages et « publications à suite ». retour au texte