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    Réflexions sur un Questionnaire

    Par Jacques Lethève

    Quatre-vingt-six réponses à notre questionnaire - à la date du 15 janvier... Est-ce peu ou beaucoup ? L'un et l'autre tout à la fois. Beaucoup quand on songe aux nombreux papiers que chacun de nous reçoit chaque jour et dont la plupart vont à la corbeille après un coup d'oeil sommaire. Quatre-vingt-six membres de l'A.B.F. se sont donnés la peine d'examiner ce questionnaire, d'y porter leurs réponses et leurs suggestions, de façon souvent précise et de nous le renvoyer. Qu'ils en soient remerciés !

    Et pourtant, quatre-vingt-six réponses sur quelque cinq cents personnes, c'est trop peu pour permettre de tirer des conclusions indiscutables : les statistiques ne prennent une valeur réelle que dans le domaine des grands nombres. Or la diversité des réponses trop peu nombreuses ne laisse pas dans l'ensemble dégager une majorité pour tel ou tel parti. C'est pourquoi, il n'est pas trop tard sans doute, de réclamer aux retardataires et aux hésitants, d'ajouter leur voix à celles qui les ont précédés : elle gardera toute sa valeur.

    La gentillesse générale qui a présidé aux critiques comme aux suggestions, est un baume pour ceux qui ont la charge d'animer notre Association. Les grincheux, s'il y en a, se sont tus, ce qui est d'ailleurs regrettable, ou ont préféré apporter des idées constructives, ce qui vaut beaucoup mieux. De l'ensemble se dégage l'impression que l'A.B.F. est au moins utile sur un point essentiel : elle crée entre ses membres un lien amical qui leur permet ou doit leur permettre d'échanger des idées et de transmettre des expériences. Elle rassemble toutes les bonnes volontés, n'ayant d'autres adversaires que ceux qui rabaissent ou ignorent la fonction de bibliothécaire. Il est vrai, hélas, que ceux-ci sont nombreux et dans ce domaine on nous demande de faire plus ; nous devons songer en effet à mieux faire connaître au public, à un public qui n'est pas seulement le « grand public » mais celui aussi parfois des usagers, ce qu'est la nature même et le sens de notre fonction. A tous les degrés, des plus modestes aux plus savants, tous ceux qui participent à la vie des bibliothèques, ont une « fonction » qui ne devrait pas plus se discuter qu'on ne discute la « fonction enseignante » qu'exerce l'instituteur de village comme le professeur de Faculté. Le prestige des uns ne se trouverait pas renforcé par le mépris des autres : nous croyons, à l'A.B.F., qu'il faut présenter un front uni devant une ignorance trop répandue.

    A côté de ces tâches générales qui nous attendent, nous devons songer à organiser le mieux possible les rencontres et les activités de l'Association et quelques remarques peuvent se dégager des réponses. Près de la moitié de celles-ci venant de provinciaux qui, pour la plupart, ne peuvent assister aux réunions parisiennes, il est normal qu'ils réclament un regroupement sur le plan des provinces. L'annonce, que nous faisons par ailleurs, de la création d'un «Groupe de Lorraine», celle, dans les prochains mois, d'une réunion à Lyon montrent que les réalisations sont en bonne voie.

    Pour les manifestations parisiennes, le lundi arrive en tête des jours préférés ; le samedi réunit bien un nombre encore plus grand de suffrages mais il provoque aussi le plus d'hostilité. Au total nous devrons tenir compte de ces désirs contradictoires pour satisfaire tantôt les uns, tantôt les autres et favoriser en particulier ceux qui peuvent profiter d'un week-end pour venir à Paris.

    La présentation de problèmes techniques se place en tête des sujets que nos membres désirent entendre traiter et il en va de même, dans le domaine du Bulletin ; l'indication mérite d'être retenue. Pourtant les visites de bibliothèques ou d'organismes divers et les problèmes d'histoire du livre, sont très honorablement défendus. On peut seulement s'étonner de voir si mal placés dans l'ordre des préférences, les réunions amicales du type cocktails ou dîners, qui rassemblent pourtant le plus grand nombre de participants. Doit-on supposer que certains n'osent pas reconnaître qu'ils préfèrent parfois les réunions de détente aux réunions de travail ?

    La minuscule équipe qui rédige le Bulletin avec des moyens très réduits, reprend courage devant l'intérêt manifesté par ses lecteurs, bien qu'elle n'en ignore elle:même ni les défauts, ni les lacunes. Merci d'avance à ceux qui offrent leur aide, merci surtout à ceux qui envoient ou enverront des nouvelles, des informations précises, les résultats de leurs expériences, tout ce qui peut, rendre le Bulletin vivant et utile, mais que les rédacteurs, mués en « reporters », ne peuvent aller chercher eux-mêmes pendant leurs heures de loisir. Plusieurs de nos membres regrettent les doubles emplois avec le Bulletin des Bibliothèques de France. Notre ancienneté ne nous permet pas pourtant de nous aligner sur l'excellent organe officiel et ceux qui lisent l'un et l'autre doivent penser aussi à leurs collègues de bibliothèques privées à qui nous ouvrons une porte sur le monde des bibliothèques d'Etat.

    Au total, ce questionnaire qui ne pouvait être qu'un sondage et non un référendum, nous permettra de mieux connaître les désirs d'un nombre important de nos membres ; nous sommes toujours prêts d'ailleurs, en dehors de toute interrogation précise, à recevoir suggestions et critiques et à en tenir compte dans la mesure du possible ; car il faut penser non seulement à nos moyens limités, mais à la diversité des souhaits exprimés. Nous les respecterons dans la mesure où ils contribuent à soutenir une tâche dont chaque membre de notre Association comprend l'utilité.