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    Jean Tremblot de la Croix (1893-1964)

    Par Marguerite-Marie Paul

    Jean Tremblot de La Croix, conservateur en chef honoraire de la Biblio-thèque de l'Institut de France, est disparu l'année dernière, un mois après sa mise à la retraite. Il a été enlevé brusquement à l'affection des siens le 30 mars 1964. Ses amis et ses collaborateurs ne sont pas près d'oublier cet homme éminemment modeste qui alliait l'affabilité à l'érudition et à l'humour.

    Licencié en droit et avocat stagiaire, il avait préféré, alors qu'il venait d'être réformé en 1917, l'univers feutré d'une bibliothèque à l'ambiance du prétoire. Aussi entra-t-il comme bibliothécaire bénévole Quai Conti où il fut titularisé en 1920. Il accéda le 1er janvier 1941 au poste qu'occupait Marcel Bouteron et il obtint le grade de conservateur en chef en 1952.

    Bienveillant à tous, il donnait à ses collaborateurs l'exemple de la conscience professionnelle. Sa contribution à la mise en valeur d'une biblio-thèque exceptionnellement riche dont les fonds sont, pour les XIXe et XXe siècles, parmi les plus importants de notre patrimoine, ne peut être ici qu'esquissée.

    Toujours minutieux dans ses travaux et ses recherches, Jean Tremblot de La Croix classa, tout au long de quarante-sept années, d'innombrables documents, tant manuscrits qu'imprimés. C'est ainsi qu'il publia, en colla-boration avec Marcel Bouteron, le Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France. Paris, Bibliothèque de l'Institut, 1928, dont il avait lui-même rédigé les notices 836 à 3.800. Le supplément, volume d'égale importance qu'il publia seul, répertorie les Mss 3801 à 6200 et constitue le t. LIV du Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France, 1962.

    A la suite de la publication de l'ouvrage Bibliothèque et armoiries des académies royales de Paris, 1931, l'Académie française a pu faire placer, à l'entrée de sa salle de séances hebdomadaires, les vantaux de porte ornés de l'emblème imaginé par Richelieu « A l'Immortalité ». De même, la porte du XVIIe siècle qui ouvre le passage actuel de la Bibliothèque de l'Institut à la Bibliothèque Mazarine a été retrouvée par ses soins. Sa grande connais-sance de l'histoire de l'illustre Maison, le charme de sa conversation émaillée d'anecdotes, témoignage de cinquante ans de vie académique, nous faisaient espérer une étude dont les loisirs de la retraite lui donnaient le projet.

    Jean Tremblot de La Croix avait un esprit non-conformiste, puisque l'introduction de son ouvrage Soixante-quatre quartiers, 1951, entrepris après la naissance de son fils, est signée La Bannière. Très versé en héraldique,

    il s'intéressait tout particulièrement à l'histoire du département de l'Oise. C'est ainsi qu'il avait réuni une collection personnelle importante de docu-ments et d'objets et qu'il a publié, entre autres études d'histoire locale, Le Prieuré et la seigneurie de Rantigny, 1928 et L'Armoriai senlisien de Charles Afforty, 1941. Il ne peut être oublié de mentionner sa remarquable collection de boutons de livrée armoriés. Mais son érudition et son goût de collectionner ne se limitaient pas à l'histoire, à l'héraldique et à la bibliophilie. Il aimait la nature et était très attaché à sa propriété familiale de Rantigny. Les centaines d'essences ornementales complantées dans son parc témoignent de sa passion des arbres et de sa sensibilité.

    Jean Tremblot de la Croix était chevalier de la Légion d'Honneur ; il était membre de l'A.B.F. depuis de nombreuses années.