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    Le système de bibliothèques du Schleswig

    Par Marguerite-Marie Untersteller

    Si l'on veut comprendre la situation des Bibliothèques publiques dans le Schleswig, qui ne présente pas le même aspect que dans le Holstein, il convient de rappeler deux faits, l'un d'ordre géographique, l'autre d'ordre historique, qui auront leur importance dans la physionomie des bibliothèques dans le Schleswig.

    La région (Landesteil) du Schleswig, partie intégrante du Land de Schles-wig-Holstein, est administrativement divisée en six Landkreise (districts ruraux) et un Stadtkreis (district urbain) ; elle couvre une superficie de 5.000 kilomètres carrés et groupe un peu plus de 471.000 habitants qui vivent dans des agglomérations de petite et moyenne importance (villages d'environ 500 hab., le plus petit en ayant 150). Ces agglomérations se présentent sous la forme de villages-rues très étirés donnant au paysage l'aspect d'un habitat très dispersé. Par ailleurs, à la suite d'événements historiques (plébiscite de 1921 réglant la question de la frontière du Schleswig entre le Danemark et l'Allemagne), l'implantation de nombreuses bibliothèques, dont jusqu'en 1944 le mobile de propagande n'est nullement dissimulé par nos collègue, a donné à la région une puissante infrastructure qui permet actuellement à 98 % de la population d'avoir accès à une bibliothèque fixe dans leur propre village.

    D'autre part, le caractère de région frontière du Schleswig lui a valu - et lui vaut toujours - un soutien financier de la part des autorités régionales et fédérales plus important que dans d'autres Länder de la République fédérale. De ce fait le Schleswig apparaît comme la région-pilote pour les bibliothèques publiques en Allemagne fédérale.

    Le Schleswig se caractérise tout d'abord par l'existence d'une véritable politique d'ensemble des bibliothèques publiques dans la région. (On remar- quera d'ailleurs qu'il n'existe pas, en Allemagne, de distinction organique entre lecture publique rurale et lecture publique urbaine). L'organisation et le développement des bibliothèques se fait selon un plan qui obéit à des principes directeurs :

    • - offrir les mêmes possibilités de lecture aux habitants de toutes les communes, petites ou grandes,
    • - présenter aux lecteurs la production livresque dans toute sa variété et sa diversité,
    • - présenter aux lecteurs la production livresque dans toute sa variété et sa diversité,
    • - enfin faire en sorte que ces livres répondent aussi aux besoins et aux curiosités propres de chaque individu.

    Pour mener à bien ce plan, c'est une conjonction d'efforts et de moyens divers qui a été entreprise depuis quelques années.

    Tout d'abord, la collaboration étroite entre les techniciens de la lecture que sont les bibliothécaires et les autorités administratives, à tous les échelons, Land, Kreis, Gemeinde. Si au Schleswig, comme d'ailleurs partout dans la République fédérale (et à l'inverse du Danemark où une législation régit les bibliothèques en obligeant les communes de plus de 9.000 habitants à en entretenir une), il n'y a pas de loi contraignant les communes à posséder une bibliothèque, en fait, la nécessité de leur existence, jusque dans les plus petits villages, est unanimement admise.

    Il s'établit ainsi une collaboration efficace qui aboutit à une réalisation d'ensemble planifiée et d'une logique riggureuse. Les efforts et les ressources sont centralisés puis répartis, selon des normes, au mieux du but poursuivi.

    Les ressources financières proviennent en trois parts égales, des Gemeinde, des Kreise, du Land et, exceptionnellement en République fédérale - parce qu'il s'agit d'une région frontière - du Bund. En 1962, le budget global pour toutes les bibliothèques du Schleswig (y compris les Bibliothèques municipales de Flensbourg), s'élevait à 2.072.000 DM, ce qui représente par tête d'habitant 4,26 DM, dont 2,07 fournis par les Gemeinde et les Kreise. En 1964 ce budget a atteint 2.800.000 DM.

    Ces ressources, obtenues sur la base de normes que nous exposerons plus en détail, sont centralisées par la Büchereizentrale de Flensbourg, qui joue le rôle d'une Centrale régionale et d'un organisme de direction technique.

    LA VIE DES BIBLIOTHEQUES DU SCHLESWIG

    Le rôle de la Büchereizentrale est d'organiser tout le système de bibliothèques dans la région. Seules les « Bibliothèques municipales » de Flensbourg (la Zentralbücherei et ses annexes, la bibliothèque Nordertor, la bibliothèque danoise) n'en relèvent pas directement.

    La Büchereizentrale définit une politique du livre qui détermine les efforts à accomplir pour doter la Lecture publique des meilleures conditions de travail et d'efficacité. Elle dispose pour ce faire d'un ensemble de crédits en provenance des communes, des districts administratifs et de l'Etat, c'est-à- dire du Land.

    La Centrale assure tout le travail technique bibliothéconomique : elle groupe les achats pour l'ensemble des bibliothèques de la région (500.000 DM environ pour 1964). Le choix est fait en collaboration étroite avec les bibliothécaires locaux, qui disposent d'une après-midi par semaine pour s'informer de la production livresque et lire les livres qui seront ensuite examinés au cours de discussions qui ont lieu toutes les quatre semaines et groupent les bibliothécaires locaux en quatre cercles régionaux ;

    • - elle équipe et catalogue tous les livres achetés. Le département de catalographie possède un catalogue sur plaques de zinc qui permet de tirer autant d'exemplaires qu'il est nécessaire du catalogue central. Seuls les ouvrages documentaires - avec l'adjonction d'une section Schöne Literatur incluant des romans dits classiques (Camus, par exemple), font l'objet d'un catalogue avec suppléments mensuels ou semestriels, refondus chaque année. L'impression se fait à la Centrale avec une machine offset ;
    • - elle relie et équipe (en Filmolux) tous les livres achetés (75 à 80.000 par an) et restaure les ouvrages abîmés (environ 20.000 par an) ; la bibliothèque locale reçoit donc ses livres tout équipés pour le prêt ;
    • - elle s'occupe de la construction et de l'aménagement des bâtiments et du mobilier de chaque bibliothèque.

    Le rôle de la Büchereizentrale se marque encore sur deux points très importants :

    • - la formation professionnelle, au moyen de conseils, de sessions de recyclage, de réunions périodiques, par l'édition de catalogues systématiques sur différents sujets,
    • - un service des lecteurs, grâce au prêt interbibliothèque (portant sur environ 10.000 volumes par an, dont 3.000 ouvrages scientifiques prêtés par les bibliothèques d'étude), à un service de renseignements, à l'assistance technique pour l'organisation de conférences et de petits colloques (ainsi en 1963, 22 soirées de discussions ont été organisées dans les bibliothèques de 11 communes par les bibliothécaires locaux et ceux de la Centrale ; 500 lecteurs y ont pris part).

    La Centrale, logée depuis 1963 au rez-de-chaussée de l'aile « bibliothèque » du Deutsches Haus, a reçu un crédit de 198.000 DM du Land pour la transformation et l'aménagement fonctionnel de ces locaux de 1.300 mètres carrés ; 36 salles de travail et ateliers, 2 magasins de livres.

    Lors de sa création en 1930, la Centrale desservait 120 bibliothèques avec un effectif de douze personnes ; aujourd'hui, pour le service de 400 bibliothèques, elle emploie 45 personnes, dont 8 Diplom-Bibliothekare, 16 employés et aides de bibliothèque et 20 salariés. De plus, 22 bibliothécaires diplômés travaillent dans des bibliothèques du Schleswig. La Centrale disposait, en 1962, d'un budget de fonctionnement s'élevant à 403.000 DM, dont 310.000 pour les traitements du personnel et 103.000 pour les achats de matériel.

    Cette planification très étudiée et l'existence de cette Centrale régionale permettent d'obtenir de sérieuses économies au triple point de vue des ressources, du temps et du personnel. Le bibliothécaire local, déchargé de presque tout travail matériel et technique, peut se consacrer à sa tâche d'animateur de la lecture et de conseiller de ses lecteurs. De plus, toutes les énergies peuvent être tournées vers la réforme des bibliothèques locales dont la structure ancienne ne permet plus de répondre aux besoins de la Lecture publique à l'heure actuelle.

    Cette réforme repose sur trois principes qui se sont dégagés de l'examen des résultats statistiques de lecteurs et de prêt dans les bibliothèques fixes de villages (Dorfbücherei). Ces bibliothèques, où le prêt s'effectue à une banque

    Vignette de l'image.Illustration
    Tableau des normes régissant les bibliothèques du Schleswig en fonction du nombre d'habitants

    de prêt classique par l'intermédiaire d'un bibliothécaire bénévole non professionnel, où le choix de livres est limité et où le fonds d'ouvrages vieillit rapidement, voient le nombre de leurs lecteurs et de leurs prêts diminuer de façon sensible et continue. Ce fait amena nos collègues à retenir comme base de leur réforme l'accès direct au livre, la présence d'un bibliothécaire de métier, enfin, l'existence d'un fonds de livres à la fois très varié et très abondant.

    Cette réorganisation, en cours actuellement, s'effectue grâce à deux types de bibliothèques, la bibliothèque fixe (Stadtbücherei) et la bibliothèque circulante (Fahrbücherei).

    LES BIBLIOTHEQUES FIXES

    Le fait essentiel qui caractérise cette réforme, est la création de bibliothèques sur la base de normes extrêmement précises, qui permettent de répondre aux besoins des agglomérations où elles sont installées.

    Nous avons présenté ces bibliothèques et les normes qui les régissent dans un tableau qui met en évidence la structure de l'ensemble.

    Nous avons pu visiter certaines de ces bibliothèques. Nous avons été frappés, comme d'ailleurs dans les autres bibliothèques que nous avons été amenés à voir au cours de notre voyage, par l'aspect fonctionnel et l'élégance du mobilier et de la disposition des lieux, ce qui est très plaisant à la fois pour les lecteurs et le personnel, ceci tout particulièrement lorsque les bibliothèques ont été récemment construites ou réaménagées.

    A Satrup, nous avons visité une Hauptbücherei, logée dans un bâtiment harmonieux, bien intégré dans le style des maisons de brique de la région. La bibliothèque comprend une salle de prêt de 92 mètres carrés, avec un coin pour les enfants, un bureau de 13 mètres carrés et un logement de 72 mètres carrés. La bibliothécaire nous y a très aimablement offert le café. Le prêt direct vient d'être introduit à Satrup qui regroupe, avec ses environs. 3.000 habitants. 800 lecteurs, adultes et enfants, sont inscrits, ce qui représente 27 % de la population. Il y a environ 7.000 livres, et les prêts annuels atteignent 24.000. Le prêt est gratuit.

    A Tarp, la Stationsbücherei est abritée dans un bâtiment très simple, bas de proportions. La salle de lecture de 150 mètres carrés, largement vitrée, donne l'impression d'être insérée dans le village. La bibliothèque a coûté 120.000 DM ; le Ministère de la Défense y a participé, à cause de la présence d'un aérodrome du NATO tout près de Tarp. Le fonds de livres, actuellement de 3.000, doit atteindre 5.000 volumes. Le bibliothécaire partage son temps entre Tarp et Harrislee, où se trouve l'autre Stationsbücherei. Les fonds de livres des deux bibliothèques sont destinés à être échangés entre elles. L'activité de la bibliothèque la plus intéressante est sa participation à l'Université Populaire, sous la forme de discussions sur les livres, organisées de temps à autre pour les habitants de Tarp à la bibliothèque. Un roman est alors acheté en vingt ou trente exemplaires et mis pendant un mois à la disposition des lecteurs. Puis vient la soirée. Après une conférence sur le livre choisi, on sert le café, point très important dans le déroulement de la soirée. Puis la discussion est entamée. Quinze à trente personnes de tous âges et de toutes professions participent en général à ces soirées, mais la discussion elle-même est peu suivie. Là aussi, la télévision joue son rôle ; une discussion sur le roman policier n'a attiré que cinq personnes.

    Si les résultats obtenus par ce type de bibliothèque confirment la valeur de cette formule, une dizaine d'autres, semblables, seront installées dans des communes de même importance.

    LA BIBLIOTHEQUE CIRCULANTE

    L'autre système employé pour la mise en place de cette réforme est la Fahrbücherri, ou bibliothèque circulante, c'est-à-dire un bibliobus de prêt direct, destiné à remplacer les petites bibliothèques fixes (Dorfbücherei) des villages de moins de 1.000 habitants, dont l'inefficacité a été constatée.

    Actuellement, un seul bibliobus fonctionne, depuis 1962, la Fahrbücherei I dans le Landkreis de Flensburg.

    C'est un véhicule (semi-remorque sur tracteur Mercedes-Benz) de 10,40 m sur 2,40 m. Contrairement à celui du Holstein, il n'est pas extensible, le type d'habitat dans le Schleswig ne l'exigeant pas. La superficie utilisable est de 17,5 mètres carrés et la contenance de 2.000 volumes. Déjà bien reconnais-sable grâce à ses couleurs roses, le bibliobus avertit les habitants de la commune de son arrivée au moyen d'une trompe dont la modulation devient familière. La remorque à l'intérieur est formée de deux parties de niveau différent (1) . Eclairée par sept hublots au plafond, elle comporte des rayonnages légèrement inclinés. Dans le fond de la remorque, des tiroirs, destinés à recevoir les livres repris, remplacent le dernier rayonnage. Dans la première partie de la remorque, entre le plancher et les rayonnages, sont installées des boîtes pour les ouvrages de grand format. Les livres sont maintenus en place par un système qui fonctionne à air comprimé. Le bureau de prêt se trouve à l'arrière, près de l'entrée.

    Le bibliobus est revenu à 81.000 DM, dont 18.000 pour le tracteur et 63.000 pour l'aménagement.

    Le budget de fonctionnement annuel s'élève à 48.000 DM, c'est à-dire à 2,40 DM par habitant ; les quarante communes desservies donnent 0,40 DM ( = 8.000 DM), le Kreis de Flensburg 1,40 DM (=28.000 DM) et la Büche-reizentrale (c'est-à-dire le Land) 0,60 DM ( = 12.000 DM).

    La Fahrbücherei est servie par un bibliothécaire diplômé, un chauffeur qui fait les opérations techniques du prêt, et un aide de bibliothèque (à la Centrale). Elle est équipée de 2.000 volumes et possède une réserve de 7.000 ouvrages.

    Le bibliobus a remplacé 40 bibliothèques fixes de villages. Ceux-ci sont maintenant desservis toutes les trois semaines, grâce à 160 points de halte (Haltpunkt), de 15 à 45 minutes en moyenne. Il circule, selon les saisons, de 8 à 18 heures ou de 9 à 19 heures.

    Lors de notre visite, le 6 mai 1965, la Fahrbücherei s'est arrêtée seize fois entre 8 h 45 et 17 h 25, elle a prêté 220 livres, soit 10 % du fonds disponible dans le véhicule. Le lecteur peut emprunter autant de livres qu'il désire, les règles sont plus souples qu'en ville en ce qui concerne les délais de prêt. Si le livre est perdu, le lecteur le rembourse. Les volumes rendus au cours de la tournée ne sont pas remis immédiatement sur les rayons du bibliobus, mais disposés dans les tiroirs prévus à cet effet ; les fiches seront réinsérées à la Centrale, les livres examinés et au besoin réparés, avant d'être remis en circulation. Dans le véhicule, le système de prêt est un aménagement ingénieux et peu coûteux du système Photo-charging, grâce à un duplicateur à alcool. Chaque lecteur reçoit gratuitement, lors de sa première venue dans le bibliobus, le catalogue d'origine (édité à la Centrale, comprenant 5.000 titres), puis le supplément.

    Au bout d'un an de fonctionnement, en 1963, les résultats dépassaient ceux que les organisateurs avaient espérés. En 1962, les 40 Dorfbüchereien prêtaient 15.000 ouvrages à 1.500 lecteurs. Un an plus tard, la Fahrbücherei I qui les remplace, enregistrait 46.000 prêts, et le nombre de lecteurs passait à 2.775. La part des ouvrages documentaires empruntés par les lecteurs est passée de 16 % du total des livres empruntés à 33 %. On ne remarque plus de différence fondamentale entre les lecteurs urbains et les lecteurs ruraux dans l'intérêt qu'ils portent à tel genre de documentaires. Le public masculin s'est fortement accru. Le nombre des lecteurs adolescents a également augmenté.

    Les résultats sont quelque peu surprenants à une époque où il est courant de dire que la masse se détourne de la lecture. L'hypothèse des organisateurs de ce système de bibliothèque circulante est ainsi confirmée : à la campagne, la lecture est encore possible malgré la télévision, à condition de raccourcir le chemin du livre au lecteur, de faire bénéficier ce dernier des services et des conseils d'un personnel qualifié, de lui offrir un choix de livres à la fois abondant et varié. Le livre entre alors en concurrence avec les autres moyens d'information et de détente que les gens possèdent chez eux (radio, télévision, presse, etc.).

    LES BIBLIOTHEQUES SCOLAIRES

    Si nous voulons donner un aperçu de la réorganisation des bibliothèques dans le Schleswig, il nous faut parler de la réforme des bibliothèques scolaires.

    Celles-ci ne disposaient, au Schleswig, que de fonds de livres peu importants, et vite épuisés par les jeunes lecteurs, surtout dans les petites agglomérations, le choix offert aux enfants était ainsi très limité (en moyenne, 4 livres par enfant par an, contre 8 à 12 au Danemark). Le nombre de lecteurs enfantins inscrits se ressentait directement de cette pauvreté. Par ailleurs, il ne semblait pas rentable d'augmenter les collections de chacune de ces petites bibliothèques, car les livres, vite lus, constitueraient, rapidement un fonds mort sans utilité.

    Une autre solution - faire de la Fahrbücherei un bibliobus aussi pour les enfants - fut également écartée, car les arrêts seraient trop courts pour les enfants, qui risqueraient de plus, d'être bousculés et gênés par les adultes, aux yeux desquels le service prendrait un caractère scolaire, ce qui nuirait à la lecture des adultes.

    Nos collègues voulaient maintenir la liaison école-bibliothèque enfantine, l'instituteur étant naturellement l'animateur qualifié de celle-ci.

    Pour accroître le choix de livres offerts aux enfants, et l'attrait, de la lecture chez les écoliers, on décida de créer un système d'échange des livres, Jugendtauschbücherei, qui serait pratiqué entre les bibliothèques scolaires de la région au moyen d'un bibliobus pouvant contenir 1.500 volumes en rayon et 900 dans des caisses. Ce système repose sur une véritable convention de droit privé, établie entre les 350 communes du Schleswig propriétaires d'écoles. Les modalités d'échange des livres sont soigneusement fixées et le financement assuré par la participation de chaque commune signataire (une fois par an, 90 DM pour la première classe, 70 DM pour chacune des autres classes). La Büchereizentrale récolte en début d'année les versements des communes et y ajoute 15 % de subvention et les traitements du personnel (un bibliothécaire et un chauffeur), destiné au service du bibliobus. Les livres existant en 1963 ne sont pas échangés et constituent des fonds permanents, que chaque commune peut d'ailleurs augmenter. Les livres achetés depuis 1963, propriété collective des signataires de la Convention, sont échangés deux fois par an. Les dépôts sont encore peu importants (18 volumes nouveaux par classe), mais ils s'accroîtront, peu à peu.

    La suppression des Dorfbüchereien, remplacées par la Fahrbücherei I, a eu pour effet de rendre autonomes les bibliothèques scolaires qui, en un an, se sont toutes inscrites au Syndicat intercommunal. La fréquentation de ces bibliothèques a immédiatement augmentée, les enfants étant attirés par l'attrait des nouveaux livres. Cette réforme des bibliothèques scolaires a provoqué aussi l'amélioration des méthodes de prêt et la modernisation des locaux et du mobilier de ces bibliothèques, afin de les rendre plus attirantes encore pour leurs jeunes lecteurs.

    Ce rapide exposé de l'organisation des bibliothèques publiques dans le Schleswig nous a permis de constater l'existence d'une politique, à la fois très précise et rigoureuse dans ses principes, mais aussi très souple et variée dans ses modalités d'application. Et c'est là, à notre avis, que réside tout l'intérêt de ce système, et son importance, essentielle, dans la vie et l'essor des bibliothèques publiques au Schleswig. Un programme d'avenir prévoit la création de 4 Zentralebüchereien, de 14 Hauptbüchereien, de 16 Stations-büchereien, de 27 Dorfgrossbüchereien et de 10 Fahrbüchereien (chacun devant desservir 15 à 20.000 habitants) en tout 61 bibliothèques fixes et 10 bibliothèques circulantes.

    Autre trait, très remarquable de cette politique : elle n'est pas imposée par une autorité centrale, mais elle est l'oeuvre des autorités - à tous les échelons - et du public, unis dans un effort conscient pour tenter de répondre aux besoins culturels de l'ensemble de la population, en résolvant le plus efficacement possible les problèmes qui se posent. Nous n'avons retracé dans cet article que l'un d'entre eux, celui des bibliothèques publiques.

    1. Reliées par deux marches à côté desquelles on trouve une tablette avec crayons et imprimés pour les demandes de réservation de livres, avec des cendriers, et deux tabourets. retour au texte