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Groupe d'Aquitaine : Réunion du 19 novembre 1966

1967

    Groupe d'Aquitaine : Réunion du 19 novembre 1966


    En s'intéressant aux « Bibliothèques d'hôpitaux » dans sa réunion du 19 novembre 1966, le Groupe d'Aquitaine a voulu examiner un aspect du rôle social des bibliothèques, que l'A.B.F. avait déjà étudié. Mais notre région n'avait pas été atteinte par les enquêtes précédentes et Mlle Bourdin, après avoir présenté le résultat dans le bulletin, nous avait écrit qu'elle n'avait eu aucun correspondant dans le Sud-Ouest et qu'elle ne croyait pas à l'existence de telles bibliothèques dans notre région. C'était une occasion d'organiser à notre tour une enquête avec les moyens propres à notre groupe régional.

    Sous la présidence du docteur Tessier, professeur à la Faculté de Médecine de Bordeaux, en présence du professeur Neuzil, représentant le Doyen de la Faculté, le compte rendu en a été présenté par M. Douan, président du Groupe. Une quinzaine de réponses avaient été apportées à cette enquête, venues d'une dizaine de villes et intéressant une trentaine d'établissements.

    Au point de vue du type de ces bibliothèques, du public à qui elles s'adressent, on remarque que, dans l'ensemble, elles sont destinées aux malades qui utilisent, le plus souvent, les volumes distribués par les petits chariots classiques, pour les alités des courtes ou longues maladies. Mais, dans plusieurs établissements, soit hôpitaux centraux, constituant un bloc important, soit maisons spécialisées, par exemple sanatorium ou hôpital psychiatrique, le personnel utilise aussi la bibliothèque. Il y a là une ouverture vers l'aspect de « bibliothèque d'entreprise » qui convient bien à un hôpital où le personnel soignant est l'élément de base, mais où un certain nombre de techniciens, ouvriers ou employés, travaillent en permanence pour répondre aux besoins de cette collectivité importante.

    D'après les caractères propres aux établissements, on peut distinguer plusieurs groupes :

    • 1 - La bibliothèque n'est pas un service de l'hôpital, mais un apport de l'extérieur, accepté par l'hôpital. Elle est, alors, animée par une association privée, et plusieurs d'entre elles sont fédérées, sur le plan national, à la « Distraction des Malades ». C'est le cas, dans notre région, de l'ensemble de Bordeaux, encadré par la Fondation sociale Paul Vovard qui couvre les différentes sections du C.H.R. de Bordeaux, de l'ensemble d'Angoulême et aussi plusieurs établissements de l'ensemble de Limoges et de l'Association des bibliothèques de sanas de Pau qui regroupe huit maisons de cure. C'est le cas encore à La Rochelle où une association privée s'est développée avec divers concours financiers, et assure des distributions dans plusieurs sections. A Dax et à Mont-de-Marsan, les services sont assurés par les Bibliothèques pour Tous de l'A.C.G.F. et le même caractère appartient à la Bibliothèque de la Maison de santé protestante de Bagatelle, à Talence.
    • 2 - La bibliothèque est un service intérieur de l'hôpital. C'est le cas des différents hôpitaux psychiatriques, ceux de la Gironde, celui de Pau et celui de Limoges. C'est le cas d'un sanatorium de Limoges, et surtout de l'Hôpital de Périgueux, où le local, moins exigu qu'ailleurs, permet au personnel de choisir sur les rayons, en même temps que la distribution habituelle se fait auprès des malades et qu'un prêt global est assuré à l'Assistance publique et aux vieillards de l'Hospice. En plusieurs endroits, un lien existe avec la Bibliothèque municipale. A La Rochelle, c'est le conservateur de la Bibliothèque municipale qui assure, de façon tout à fait bénévole, la direction de la bibliothèque et l'équipement des livres avec son personnel, cependant que les distributions sont effectuées par les équipes bénévoles de l'Association. A Périgueux, la liaison existe aussi avec la Bibliothèque municipale qui, chaque trimestre, prête une centaine de volumes pour renforcer le fonds de roulement.

    Le caractère bénévole des concours apportés aux bibliothèques d'hôpitaux se remarque ainsi dans tous les organismes privés dont l'action s'exerce dans l'hôpital, venant de l'extérieur. Mais, dans plusieurs établissements, se trouve un élément professionnel. A Pau-Sanas, il y a une bibliothécaire, dont c'est l'unique occupation et qui se charge, seule, des huit maisons réunies dans l'Association. A Pau-Hôpital psychiâtrique, nous trouvons aussi une bibliothécaire, professeur détaché de l'Education nationale. A Limoges, au Sanatorium, c'est une institutrice déléguée et, à Périgueux, c'est aussi un instituteur, détaché de l'Enseignement public, qui est aidé par une employée de l'hôpital.

    De cet examen, il ressort qu'un petit nombre de ces bibliothèques sont confiées à des professionnels, aucun d'entre eux n'ayant, d'ailleurs, une formation technique de bibliothécaire.

    Les renseignement statistiques indiquent le nombre des volumes prêtés par rapport à celui des malades emprunteurs. A Bordeaux, 54 000 volumes par an pour 48 000 malades. A Périgueux, à Dax et à Mont-de-Marsan (les services landais sont très récents) une moyenne de 2 volumes par an et par malade correspond au caractère d'un hôpital central où le roulement des malades produit de fréquents changements. Dans les établissements spécialisés, la moyenne s'élève, due, sans doute, à des séjours plus longs.

    Hôpitaux psychiatriques : Cadillac (en Gironde), 7 vol. par malade ; Pau : 22 vol. par personne (y compris la participation du personnel). Enfin, Pau-Sanas signale, pour 620 lecteurs, une moyenne de 42 vol. par malade. Dans les deux dernières unités, se manifeste ainsi l'action d'une bibliothécaire spécialement attachée à l'hôpital et s'y consacrant à plein temps. A Pau-Sanas, le résultat est obtenu encore grâce à une animation apportée par la responsable, Mme Jacob, qui, avec des causeries et des projections, entraîne les usagers à des lectures plus fréquentes. Les effets de cette animation sont ressentis également quand on examine la proportion des documentaires et des romans, parmi les volumes empruntés. Sans doute, les malades ont-ils des difficultés particulières, et l'on nous signale, à Péri gueux, que les membres du personnel lisent trois fois moins de romans et trois fois plus d'ouvrages documentaires que les malades. Moins fugitive, la présence du personnel explique un emploi plus approfondi du fonds que celui des malades, passagers qui n'auront pas le temps ou le goût de chercher autre chose que du facile à lire. C'est donc dans les établissements spécialisés, où les séjours des malades sont plus longs, où un bibliothécaire permanent peut mieux jouer un rôle d'animation que les lectures sont plus diversifiées.

    Même dans de grands établissements, certains moyens pourraient, d'ailleurs, intervenir auprès des malades d'hôpitaux dont la clientèle s'est beaucoup élargie depuis quelques décennies, comprenant désormais tous les niveaux d'instruction, comme tous les milieux sociaux. Au lieu d'attirer les lecteurs depuis l'extérieur, on les trouve sur place. Mais il faut leur faire connaître la bibliothèque. Simple passage, annonce préalable, indication sur les fiches d'entrée, affiches, contacts personnels (rôle des infirmières et des assistantes sociales), attention aux désirs des malades, autant de moyens de les intéresser à ce que la bibliothèque peut leur offrir. D'autres moyens d'animation, tels que présentation de diapositives, disques et conférences supposent des installations très utiles, mais plus difficiles à obtenir.

    A propos du rôle, irremplaçable, d'un bibliothécaire permanent, avec une formation appropriée, l'enquête a, enfin, permis de recueillir des témoignages concernant l'action d'un élément enseignant dans un hôpital, action qui est très proche de celle d'un bibliothécaire.

    Au delà de la distraction (par exemple, pour les malades d'un centre de phtisiologie), des besoins particuliers peuvent être satisfaits : jeunes mères de famille qui s'informent de notions de psychologie infantile, pour mieux jouer leur rôle à leur retour chez elles, jeunes adultes qui, même guéris, devront changer de métier et qui se documentent, ou même se préparent, par la lecture, pour ce changement. Il y a aussi le problème des hôpitaux pour enfants, où les bibliothèques sont rares, celui de Bordeaux, par exemple, n'ayant presque rien dans ce domaine.

    Ces différents aspects des besoins des malades peuvent servir de réflexions à tous les responsables des bibliothèques qui leur sont destinées. Ils pourraient ainsi apporter à ces lecteurs quelque chose de plus que la simple distraction, des éléments de promotion et de culture qui, ajoutés à la guérison, feraient, de leur séjour à l'hôpital, une période enrichissante. Et, pour certains d'entre eux, qui n'auraient pas eu, jusqu'alors, de contact avec un service de bibliothèque, c'est celle de l'hôpital qui constituerait une initiation et leur préparerait, pour la vie normale, et des loisirs, et des occasions d'information dont, peut-être les nouveaux lecteurs ainsi conquis n'auraient pas eu connaissance d'une autre façon.

    Au service des malades encore, mais sur un autre plan, d'autres besoins peuvent être satisfaits dans les hôpitaux : ceux des médecins qui en ont la charge. Ils furent présentés, dans la deuxième partie de cette réunion, par le docteur Claude Martin, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Bordeaux.

    Les bibliothèques médicales sont insuffisantes. Dans chaque service, on trouve un certain nombre de livres, ou de revues, mais leur ordre et leur classement laissent à désirer et, dès qu'une question dépasse la spécialité, la documentation manque. Elle est pourtant continuellement recherchée, pour faire avancer la science, sans doute, mais surtout pour résoudre les problèmes de soins qui se posent tous les jours aux médecins. Les grands centres de documentation sont éloignés. Leur consultation demande beaucoup de temps et de frais. Ainsi, la documentation qui devrait être rapide et précise, est-elle souvent difficile à trouver et longue à obtenir.

    Il conviendrait d'abord de développer la Bibliothèque de la Faculté de médecine de Bordeaux, où la place manque, où le personnel devrait être plus nombreux, où l'équipement pourrait être perfectionné. Il faudrait, ensuite, que, dans le cadre du Centre hospitalier universitaire de Bordeaux, dont l'édification est inscrite au Ve Plan, des bibliothèques plus spécialisées soient installées dans chaque secteur pour des disciplines sélectionnées, disposant d'ouvrages et de revues destinés particulièrement aux professeurs et aux étudiants de ces disciplines, avec tous les instruments bibliographiques et les moyens de reproduction nécessaires, ainsi que des équipes capables de les mettre en oeuvre et d'assurer un dépouillement des publications qui faciliteront les recherches et la recherche. M. Marlin, directeur général-adjoint du C.H.R. de Bordeaux présenta les projets, encourageants, de l'administration hospitalière, qui prévoit, justement, l'installation pour le personnel, d'une bibliothèque de documentation autant que de distraction.

    Cette réunion fut donc l'occasion d'un examen précis du passé et du présent, en vue de plus d'efficacité pour l'avenir, au service des malades et en même temps à celui des recherches médicales. En plus des médecins déjà nommés, intervinrent dans la discussion le professeur Bentéjeat, qui reprit la question des bibliothèques pour enfants hospitalisés, Mme Frédefon, conservateur de la Bibliothèque de la Faculté de médecine, Mme Robin, conservateur de la Bibliothèque municipale de Périgueux, accompagnée des bibliothécaires de l'hôpital de cette ville, Mme Carton, de la Fondation Paul-Vovard, Mme Jacob, des Sanas de Pau.

    Pour maintenir les bonnes habitudes, le Groupe a effectué plusieurs visites commentées d'expositions : le 24 octobre 1966, « Figures de bibliophiles bordelais », à la Bibliothèque municipale de Bordeaux, avec l'accueil et les commentaires de M. Desgraves, conservateur de la Bibliothèque ; le 19 janvier 1967, « Techniques de la gravure en Europe, 1440-1900 », au Centre régional de documentation pédagogique, avec l'accueil et les commentaires de Mme Du Pasquier ; le 28 février 1967, « l'Art grec au musée de Mariemont, en Belgique », exposition organisée par le Musée d'Aquitaine, avec l'accueil et les commentaires de Mme Duriot.