C'est à notre collègue Pierre Gras, qui lui a succédé à la tête de la Bibliothèque municipale de Dijon, qu'il appartenait de faire l'éloge funèbre de Charles Oursel ; et c'est à cet éloge, prononcé le 1er mars dernier devant l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon dont Charles Oursel était président d'honneur, que nous renvoyons nos lecteurs.
Mais nous nous devons de rappeler ici, au moins sommairement, les grands traits de la carrière d'un bibliothécaire qui fut aussi l'un des fondateurs de notre Association et un pionnier de la défense de notre profession. Né le 2 mars 1876 d'une famille normande, c'est à sa sortie de l'Ecole des Chartes, en 1899, qu'il entra comme adjoint à la Bibliothèque municipale de Dijon ; il en prit en 1904 la direction, qu'il devait exercer trente-huit ans durant, y ajoutant la charge d'archiviste municipal et celle de bibliothécaire de l'Université depuis 1926. Non seulement il modernisa la gestion de sa bibliothèque, lui assurant notamment par ses démarches la chapelle de l'ancien collège qui sert depuis lors de salle de lecture, mettant le catalogue à la disposition du public, achetant la première machine à écrire, doublant le personnel, mais il sut, par la création de la « Société des bibliophiles de Bourgogne » et en provoquant de nombreux dons, en augmenter les fonds, sur lesquels il attira notamment l'attention par ses travaux, très nouveaux alors, sur la Miniature cistercienne.
Nous passerons rapidement sur ses autres travaux personnels, portant principalement sur l'archéologie, qu'il enseigna à l'Université, sur son rôle dans les sociétés savantes de Bourgogne, dont il provoqua le rassemblement dans une « Association bourguignonne des sociétés savantes » encore florissante, dans la protection des oeuvres d'art de la région, pour insister sur son action professionnelle. S'il contribua à la création de l'A.B.F. en 1906, il lutta très vite pour l'amélioration de la situation matérielle des bibliothécaires, préconisant leur recrutement par concours, leur fusion dans un cadre unique. C'est encore lui qui procéda, en 1919, à une grande enquête par questionnaire dont les résultats esquissent une organisation qui n'est pas encore complètement réalisée aujourd'hui : création d'une Direction des bibliothèques, de bibliothèques régionales, dépôt légal dans les bibliothèques de province, etc. Ses papiers témoignant de cet aspect de son activité sont conservés à la Bibliothèque municipale de Dijon. Longue et fructueuse existence qui s'acheva le 26 janvier dernier à Cluny, où il avait fixé sa retraite studieuse, digne couronnement d'une carrière exemplaire.