Le 19 juin 1967, le Service central du prêt lançait dans le réseau des bibliothèques françaises une demande de prêt au profit d'un lecteur que nous ne connaissons pas mais qui veut, à Moscou, à la Bibliothèque Lénine, consulter l'ouvrage suivant : « TERRISSE (André). - Contes et légendes du Sénégal». Une main tardive a ajouté sur la demande la précieuse indication : « Nancy, Berger-Levrault ».
Et le bulletin entreprend son périple hexagonal, ballotté de Bibliothèque universitaire en Bibliothèque municipale pour échouer, un peu chiffonné mais encore bien présentable, entre mes mains aujourd'hui, 27 octobre, après 130 jours de pérégrinations ! Dans 48 heures il aura fait retour au Service central et pourra cesser sa course vagabonde. Il est accompagné du précieux livre de Terrisse, si rare apparemment dans nos collections si l'on en juge par tant de recherches infructueuses effectuées par des spécialistes dans 15 bibliothèques universitaires et 7 bibliothèques municipales.
A dire vrai, il ne figurait pas non plus dans le catalogue du fonds d'étude de la bibliothèque de Saint-Dié... Il m'a fallu consulter le fichier de la section enfantine de notre établissement où il figurait à sa place. Par bonheur le livre, aussi, était à sa place. Il partira pour Moscou.
N'est-il pas surprenant que personne n'ait été frappé par le titre même de l'ouvrage demandé : « Contes et légendes... », qui est celui de la célèbre collection qui paraît chez Nathan. Il serait rare que ces jolis volumes au cartonnage blanc et or fussent conservés dans les bibliothèques universitaires, mais la première section enfantine de quartier venue le possède. Ce n'est pas un hasard si c'est le bibliothécaire de la plus petite des bibliothèques qui figure en queue de liste sur le « passeport » qui ait songé à la section enfantine, puisqu'il voit encore passer, de temps à autre, les commandes faites pour ce service. Et l'on comprend bien que tel collègue, trop habitué à vérifier des demandes de prêt concernant des publications très savantes ou très anciennes, n'ait pas fait le rapprochement du bulletin avec les livres que ses propres enfants rapportent à la maison au retour de leur annexe de quartier !
Il n'empêche que pour un livre à 6,75 F, voilà bien du temps perdu pour nous tous et pour le lecteur de Moscou. Un beau sujet de réflexion pour nos collègues responsables du Service central de prêt, s'ils sont désireux, un jour, de repenser le problème des circuits de demandes de prêt !
Nous avons communiqué le texte de cette note à M. Michel Nortier, responsable du Service du prêt interbibliolhèques, qui a répondu à M. Ronsin par les précisions suivantes :