Index des revues

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    Françoise Pasquet (1933-1967)

    Par Marie-Rose Gallon

    Tous ceux qui ont bien connu Françoise Pasquet sont aujourd'hui dans la peine. Elle nous a quittés à un âge où la mort prend un caractère particulièrement révoltant et atroce. Elle était née le 30 septembre 1933 à Saint-Jean-de-Braye, dans le Loiret, et c'est là qu'elle a cessé de vivre le 2 novembre 1967.

    Après de brillantes études au lycée Jeanne-d'Arc à Orléans, elle passe en 1950, le baccalauréat de sciences expérimentales. Elle vient à Paris suivre les cours de Première supérieure au lycée Fénelon et ceux de la Sor-bonne. En juillet 1954, elle obtient la licence d'enseignement de lettres classiques.

    En 1956, sa vocation pour les bibliothèques se précise après un stage à la Bibliothèque municipale de Versailles. Tout en travaillant à la Bibliothèque de la Direction de l'architecture, elle prépare le Diplôme Supérieur de Bibliothécaire, qu'elle acquiert en juin 1957. Ce titre l'attache définitivement à notre profession.

    Après avoir accompli diverses missions, elle est nommée, en avril 1958, sous-bibliothécaire contractuelle responsable du Service de lecture publique de la Meuse, à Bar-le-Duc et se consacre avec ardeur à sa nouvelle tâche. En avril 1959, elle devient bibliothécaire contractuelle à la Bibliothèque centrale de prêt de la Moselle, à Metz. Elle réussit, en 1960, le concours pour le recrutement de bibliothécaires d'Etat et, le 1er décembre 1961, elle prend possession de son poste de directrice de la Bibliothèque centrale de prêt de la Marne. Elle montre toujours le même dévouement à la cause de la lecture publique. Elle sait faire face à toutes ses obligations, accroît le rayonnement de la bibliothèque qu'elle administre avec autorité et s'intéresse tout particulièrement au développement de l'importante discothèque.

    Le ler novembre 1964, elle change d'orientation : elle dirigera la Bibliothèque universitaire d'Orléans, c'est-à-dire les bibliothèques des établissements universitaires d'Orléans-Tours et plus spécialement la bibliothèque du Collège scientifique universitaire d'Orléans qui venait d'être créé. C'est une lourde tâche. Courageusement, François Pasquet s'installe bientôt au domaine de la Source à Olivet, dans ce joli cadre où la Bibliothèque universitaire devait être construite. Toujours en allées et venues entre Orléans et Tours, étudiant les plans des futurs bâtiments, elle s'efforce d'assurer à la Bibliothèque la place qui lui revient dans une Université en pleine expansion.

    Mais en juin 1967 la maladie stoppe son ardeur. Elle subit une grave opération dont elle ne pouvait se remettre. Et pourtant il semble que, malgré la souffrance, quelques jours avant de rendre son dernier souffle, elle espérait encore travailler après une longue convalescence. L'inauguration de la bibliothèque - son oeuvre - eut lieu en présence du ministre de l'Education nationale le lendemain même de sa mort. Une minute de silence fut observée.

    Françoise Pasquet était modeste, très simple et dévouée. Elle éprouvait le besoin de servir les autres. C'est pourquoi, en plus de ses activités professionnelles, en 1962 par exemple, elle contribuait à l'accueil, à Châlons-sur-Marne, des rapatriés d'Algérie. Ses amis sont tristes, car ils ne verront plus Françoise Pasquet, si douce et ferme à la fois, si compréhensive, animée de droiture et de force morale. Ils ne peuvent plus que se souvenir de son sourire, de son charme et de ses yeux rieurs, un peu voilés de fatigue et de mélancolie.