Index des revues

  • Index des revues

Les discothèques comme prolongement et enrichissement de l'action des bibliothèques

1968

    Les Discothèques comme prolongement et enrichissement de l'action des bibliothèques

    Rapport sur l'enquête menée par le Groupe d'Aquitaine et présenté au Congrès de Bordeaux 6 mai 1967

    Par J. Morlot
    Par Gérard Douan

    INTRODUCTION

    Choisi tout d'abord comme sujet de journées d'études pour un groupe régional, élargi ensuite aux dimensions d'un congrès, le thème des Discothèques est né de contacts avec le public.

    A ceux qui s'y intéressaient, ce public, pris dans son ensemble, sa masse cohérente d'individus d'âges et de milieux divers, mais assujettis aux mêmes modes de vie, aux mêmes constantes de civilisation, n'avait pas fourni seulement ses désirs, émis spontanément ou sous l'interrogation, mais livré aussi ses besoins, dont il n'est pas toujours conscient, et qu'une partie de notre tâche, dans la mesure où nous voulons gérer des bibliothèques vivantes et destinées à vivre, consisterait à prévoir.

    Le livre reste le dispensateur initial des richesses culturelles, mais le microcosme qu'il renferme touche toujours par quelque bord à d'autres moyens d'expression. L'un et les autres devraient se compléter pour offrir à l'uomo qualunque les meilleures possibilités de culture.

    A côté de cet idéal, il est une réalité brutale : les toits hérissés d'antennes de télévision, les plages envahies de transistors, les radios de bord des voitures, les électrophones et les magnétophones par centaines en vente ou en location... Que cette civilisation du son (ou du bruit) s'accompagne du phénomène du Livre de poche, nous avons déjà réfléchi là dessus.

    Cependant, n'est-il pas significatif aussi que les disques littéraires se répandent de plus en plus, que leur annonce paraisse dans la Bibliographie de la France, et que la diffusion en soit confiée aux libraires, pendant que se développe l'enseignement audio-visuel ?

    Il nous a semblé qu'un fait aussi actuel valait d'être examiné dans son incidence sur les bibliothèques. L'exemple des bibliothèques étrangères était là pour nous encourager, ainsi que la connaissance d'études ou d'expériences faites par plusieurs de nos collègues.

    L'ENQUETE

    Nous avons envoyé 336 questionnaires et lettres moins détaillées, suivant les cas.

    Nous avons reçu 120 réponses, et nous adressons ici un remerciement particulier à tous ceux de nos collègues qui se sont donné la peine de nous répondre, souvent de façon intéressante et pertinente, même lorsque leur réponse était négative.

    Les commentaires qui vont suivre ne peuvent évidemment s'appliquer qu'aux réponses que nous avons reçues, et ne permettent pas de dresser un tableau exact de la situation en France, ce qui n'est d'ailleurs pas notre prétention.

    37 bibliothèques font état d'une discothèque existante,

    28 bibliothèques n'en ont pas, mais en annoncent une dans un délai plus ou moins long,

    52 bibliothèques n'en ont pas, et motivent leur réponse par des arguments divers, à peu près constants.

    Nous avons essayé d'établir une répartition géographique des différentes réponses. On aboutit à un éparpillement dans chacun des cas. Tout au plus peut-on discerner un certain groupage au nord de la Loire.

    La première carte que l'on pourrait dresser illustrerait magnifiquement la carence des capitales régionales. Seule Tours est pourvue, convenablement. Lyon n'a de discothèque (à ses débuts) qu'à la Centrale de Prêt du Rhône ; Toulouse met en forme un projet qui ne concerne que les aveugles ; Bordeaux songe à un essai dans un grand ensemble.

    Les chefs-lieux de département et les sous-préfectures voisinent avec des villes de moindre importance administrative.

    Le chiffre de la population varie également sans relation aucune avec l'importance de la discothèque quand elle existe.

    Nous avons d'abord tenté d'examiner les bibliothèques par catégories, venant ensuite aux éléments communs.

    LES BIBLIOTHEQUES CENTRALES DE PRET

    Ce sont les seules pour lesquelles le problème de place ne semble pas se poser, ou tout au moins pas de la même façon.

    Nous n'avons eu que 15 réponses, en comptant parmi elles le Bibliobus de Meurthe-et-Moselle. Six B.C.P. comportent une discothèque, en tenant compte du fait que celle du Rhône débute et que celle de la Dordogne n'est qu'un noyau-souvenir d'une tentative du passé. Ce qui ne fait, en réalité, que quatre discothèques en activité. Parmi celles qui restent, deux ont un projet précis : la Réunion et la Meuse. Les sept autres considèrent cette seule idée comme une utopie pure et simple. Les objections sont à la fois diverses et semblables : diverses dans le détail, parentes dans l'esprit.

    Sont invoqués :

    • 1° Le manque de crédits et de personnel
    • (2) , en y ajoutant que cela aurait certainement du succès (Gironde) ;
    • 2° Fonctionnement et fonds de la B.C.P. encore insuffisants ;
    • 3° Priorité donnée au livre ;
    • 4° Manque de temps.

    Il faut reconnaître, en se reportant au tableau ci-joint, que les B.C.P. pourvues de discothèques ont nettement des fonds plus importants que celles qui s'y refusent. Par contre, si l'on compare la population des départements en cause et le nombre des dépôts (quand il a été donné), on constate un curieux balancement, chaque réfractaire trouvant son homologue dans le parti adverse.

    Pour pouvoir étudier à fond la question, il faudrait presque faire l'historique détaillé des entreprises existantes. On s'aperçoit souvent, en effet, que ces discothèques ne sont pas des créations récentes, et il faudrait connaître, pour des comparaisons intéressantes, l'importance du fonds et le nombre des dépôts, ainsi que le montant des crédits et la valeur numérique du personnel à l'époque de la mise en train de la discothèque.

    Aube, 1956 : bibliobus, discothèque assimilée à la B.C.P. créée sur demandes du corps enseignant. Mais le projet date de 1953.

    Marne : 1956.

    Seine-et-Oise, 1958 : initiative du conservateur sur demandes des enseignants.

    Dordogne, 1953 : initiative du conservateur.

    Meurthe-et-Moselle, 1948 : initiative du professeur de musique du lycée de Nancy.

    Rhône, 1966 : à la suite de demandes des enseignants et des collectivités.

    On constate, dans cinq cas sur six, une initiative personnelle, qui a pu s'appuyer sur des demandes du public.

    Cette clientèle des B.C.P. est très spéciale, de par leur fonctionnement même, mais la nature de ses demandes varie, semble-t-il, en fonction de la personnalité du bibliothécaire et des circonstances de la création de la discothèque.

    Aube : écoles publiques uniquement, effort très poussé pour l'éducation musicale, en commençant par les maîtres qui reçoivent des directives précises de la B.C.P. : «... La formation des maîtres dans le domaine musical avait été le plus souvent délaissée dans les écoles normales, collèges et lycées. Pendant les premières années, il nous fallut convaincre un grand nombre d'instituteurs : « Point n'est besoin d'avoir de grandes connaissances musicales pour faire goûter à vos élèves un concerto ou le fragment d'une symphonie ». Il nous fallut aussi former les adhérents, conseiller aux plus hésitants des disques de musique descriptive qui passe très facilement (Pierre et le loup, l'Apprenti sorcier, Les Quatre saisons, musique russe, etc.). Chaque année, nous organisons une journée d'initiation musicale par disques avec la participation d'un instructeur national général du service de la Jeunesse et des Sports. Ainsi, nous avons constitué un groupe important de maîtres pratiquant l'audition régulière de disques dans leur classe. Nous augmenterons le nombre de nos abonnés quand toutes les écoles posséderont un équipement en électrophones. Actuellement, les classes rurales bien équipées fournissent la majorité de nos adhérents».

    Meurthe-et-Moselle : le cas est voisin, tout au moins au départ. La clientèle, purement scolaire et musicale, s'est élargie en accueillant les Foyers ruraux, les Maisons de Jeunes, ce qui a entraîné une variété plus grande du fonds. L'influence du bibliothécaire est, ici, moins grande.

    Seine-et-Oise : « Nous avons créé cette discothèque uniquement à l'usage de nos dépositaires instituteurs, qui n'ont vraisemblablement pas les moyens de s'acheter des disques coûteux. Un calcul assez particulier nous y a incités. Devant l'effondrement du nombre de nos prêts de livres en 1957, nous avons pensé que le développement des moyens audio-visuels était le vrai responsable de cet effondrement. Pour maintenir à tout prix la culture par le livre, il nous a semblé qu'il était un peu puéril et primaire de bouder ces autres moyens de culture, et plus habile de nous en servir dans la mesure de nos moyens en créant une discothèque. Dans notre esprit, le prêt de disques était une sorte de récompense pour nos dépositaires bénévoles, les instituteurs, un peu découragés, une relance en quelque sorte de leur bonne volonté. Avec le disque et le livre nous pensions leur donner les moyens de disposer pour eux et pour leur classe d'un double registre culturel» (Ch. Clot).

    Dordogne : exemple d'une entreprise qui connaît un temps mort. Le fonds a été commencé par une bibliothécaire musicienne dans un but d'éducation musicale. La mise au repos subite de l'animatrice fait marquer le pas à l'entreprise, qui subsiste quand même par le jeu des demandes déjà rencontrées (animateurs de foyers laïques et instituteurs), mais le manque de « provocation » réduit cette clientèle aux seuls éléments pourvus de dynamisme et d'initiative, d'où irrégularité. La présence d'une jeune bibliothécaire qui se pose des questions, fait penser que la cause n'est pas désespérée.

    Marne : le prêt s'étend aux particuliers.

    Rhône : la B.C.P. sert elle aussi des collectivités dont les demandes ont provoqué la création de la discothèque, mais innove avec un prêt à trois formes : 1° envoi postal d'après un choix sur catalogue ; 2° envoi direct à la Bibliothèque, où une salle est réservée à cet usage ; 3° prêt (publicitaire) par le bibliobus.

    Cette formule étendue semble plus souple que les précédentes. L'expérience étant à ses débuts, il n'a pas été possible d'obtenir des renseignements permettant une comparaison au point de vue importance du fonds, répartition, clientèle et budget.

    En ce qui concerne le budget, nous constatons qu'il varie de 3 000 à 7 000, soit du simple au double, le chef de file étant la B.C.P. de l'Aube, qui ne renferme cependant que 60 000 volumes, et 1 500 disques. Les autres termes de comparaison sont difficiles à rapprocher, n'étant pas exprimés avec des unités correspondantes. Par contre, si l'on compare deux budgets voisins, en gros, ceux de la Marne et de la Meurthe-et-Moselle, on s'aperçoit qu'à un fonds de livres de 40 000 volumes seulement correspondent 463 dépôts pour 500 disques dans la Marne, contre un nombre de dépôts à peine supérieur, eu égard à la différence de fonds (110 000 volumes et 5 370 disques) pour la Meurthe-et-Moselle.

    Que conclure ? que la possibilité d'une expérience « discothèque » ne semble pas liée à l'importance du fonds, ni au nombre de disques (cf. Seine-et-Oise : « nous ne dépassons pas 2 000 disques ») ; qu'un budget moyen tourne autour de 3 000 F (nous ne dirons pas que c'est suffisant), et qu'avec une clientèle sensiblement la même, les formules diffèrent et tiennent surtout à la personnalité du bibliothécaire, à l'orientation qu'il essaie de donner à son service. C'est ainsi d'ailleurs que l'on peut expliquer un budget élevé pour un nombre de disques moyen : souci de qualité des enregistrements et des interprètes, choix d'intégrales, etc.

    Nous étudierons plus loin les éléments communs à toutes les discothèques (prêt, classement, catalogage, présentation, composition des fonds, etc.).

    LES BIBLIOTHEQUES MUNICIPALES

    Du tableau, ressort un groupage au nord de la Loire qui laisse rêveur, et surtout une disproportion des ressources et des efforts qui n'est pas à l'avantage des grandes bibliothèques municipales. Il n'est que de comparer le budget des communes de la banlieue parisienne (encore n'avons-nous là qu'un échantillonnage), l'importance de leur fonds et de leur public, avec les proportions de ceux des B.M.C. Une B.M.C. à nouveau démarrage dans des locaux neufs, comme le Havre, 135 000 volumes, a un budget égal à celui de Colombes, 41 000 volumes et Saint-Ouen (27 000 volumes) achète par an 100 disques de plus que Tours, pilote des B.M.C. Il y a de quoi rêver devant le budget de Roubaix, 12 500 F, pour 650 disques achetés annuellement. Le rôle des municipalités est, ici, très évident. Nous retrouverons cela dans les bibliothèques d'entreprises, avec leurs comités d'entreprise.

    Vignette de l'image.Illustration
    Les discothèques dans les bibliothèques centrales de prêt

    Vignette de l'image.Illustration
    Les discothèques dans les bibliothèques municipales classées et dans les bibliothèques municipales

    De toutes manières, il serait intéressant, dans les différentes catégories, de connaître, auprès de nos collègues qui démarrent actuellement dans des conditions financières apparemment plus favorables que par le passé, la répartition de leur budget sur les différents postes d'équipement. Dans le cas de la B.C.P. du Rhône et dans celui du Havre, dont le noyau initial n'est que de 208 et 250 disques, on aimerait pouvoir apprécier la part revenant au matériel et celle concernant les disques : suivant la qualité et l'importance des enregistrements, une même quantité peut amener un écart de 1 000 à 2 000 F sinon plus. On devrait pouvoir, pour une catégorie donnée, établir une proportion à peu près constante, compte tenu de la discothèque de base indispensable dans chaque cas, et qui serait à déterminer, comme nous le verrons plus loin. Quand nous voyons des bibliothèques de moyenne importance, de prétentions modestes, débuter avec une soixantaine de disques, nous avons le net sentiment que c'est trop peu, étant donné l'éventail des genres et la nécessité de tourner.

    Bien que notre enquête n'ait pu toucher toutes les bibliothèques municipales non classées de création récente et que bon nombre n'aient pas répondu, on peut cependant remarquer le bloc de la région parisienne, assez bien proportionné selon l'importance des bibliothèques. Il n'y a pas, apparemment, concentration dans une zone sociologiquement déterminée, mais une répartition autour de Paris qui suit plutôt l'évolution de l'habitat, qui perd certaines de ses anciennes caractéristiques dans un brassage général.

    A part cela, il est plutôt décevant de se trouver en face de quatre réalisations seulement, d'ailleurs inégales. Il est remarquable que les quatre proviennent d'une initiative du bibliothécaire, et que la réalisation la plus modeste soit aussi la plus courageuse, celle d'un bibliothécaire convaincu qui se cramponne en face d'une municipalité réticente.

    LES PROJETS

    Bibliothèques municipales classées : à brève échéance :

    Lille : nouveaux locaux, Bordeaux : annexe grand ensemble.

    A long terme : Limoges, Boulogne-sur-Mer : nouveaux locaux ; Orléans : locaux et crédits.

    Nous avions envoyé un questionnaire à chacune des 46 Bibliothèques municipales classées. 20 nous ont répondu. L'avis des 26 silencieux nous aurait été fort utile. Doit-on penser que la question ne les intéresse pas ou ne s'est pas posée ?

    Quoi qu'il en soit, le bilan est maigre : 7 discothèques, 2 projets dont un seul important, trois espoirs à délais illimités.

    Bibliothèques municipales non classées : nous avons reçu 71 réponses :

    • 12 bibliothèques municipales possèdent une discothèque,
    • 30 approuvent le principe, et avouent des projets à plus ou moins longue échéance,
    • 29 sont purement et simplement négatives.

    Projets immédiats : Saint-Dié, janvier 1968 ; Bar-le-Duc : bibliothèque pour enfants, 1967.

    Projets à brève échéance : Beltort, 1970 : locaux neufs ; Béthune : local plus spacieux ; Meaux : locaux neufs ; Laon, dans trois ans : locaux neufs ; Cherbourg : construction d'une bibliothèque pour les jeunes ; Mala-koff : local et personnel ; Epinal, dans quelques années : discothèque exclusivement littéraire et historique (concurrence de la Maison de la Culture, etc.).

    Projets lointains et voeux, mais principe admis : 17, dont Montluçon, qui a vu la proposition rejetée par le receveur municipal, la rubrique ne figurant pas au budget municipal.

    Les objections des opposants sont toujours les mêmes : locaux, crédits, personnel qualifié, ordre d'urgence qui n'est pas favorable à la discothèque, etc. On rencontre aussi, il faut bien le dire, un manque d'intérêt qui est malheureusement le cas de la majorité. Un certain nombre de réponses soulignent d'ailleurs l'attitude du public « qui ne s'attend pas à trouver des disques dans une bibliothèque ».

    BIBLIOTHEQUES PRIVEES

    Il était difficile de les prospecter, aussi avons-nous borné notre enquête à quelques éléments positifs que nous avons pu connaître dans deux catégories : les bibliothèques d'entreprise et les Bibliothèques pour Tous.

    Bibliothèques d'entreprise : On serait tenté de croire que l'existence de la discothèque est la règle générale. En réalité ce n'est pas le cas. Ainsi pour Bordeaux, en se fiant toutefois aux résultats publiés d'une enquête, qui date de 1963, sur 31 bibliothèques d'entreprise existent 6 discothèques.

    Les autres bibliothèques d'entreprise, avec lesquelles nous sommes entrés en contact, sont des bibliothèques importantes, à l'organisation poussée.

    Elles présentent toutes une difficulté particulière : leur dépendance vis-à-vis des variations économiques qui peuvent menacer leur existence et celle de la discothèque.

    Bibliothèques pour Tous : Organisées en réseau, fonctionnant selon des directives uniformes, les Bibliothèques pour Tous sont des exemples-types de petites bibliothèques uniquement de prêt. Il est normal qu'elles aient essayé, quand les circonstances se montraient favorables, de joindre le prêt des disques au prêt des livres. Il semblerait que les principaux obstacles aient été financiers (les Bibliothèques pour Tous vivent par autofinancement) et psychologiques (personnel bénévole et décisions prises en commun).Malgré cela, nous avons le témoignage de quatre réalisations déjà anciennes, très proches les unes des autres

    Malgré cela, nous avons le témoignage de quatre réalisations déjà anciennes, très proches les unes des autres

    INITIATIVE

    Dans le cas où les discothèques existent, d'où est venue l'initiative ?

    B.M.C. et B.M. : une initiative du bibliothécaire est le point de départ pour la grande majorité. Le bibliothécaire peut s'appuyer sur une Association (Périgueux, Toulouse), à condition qu'elle soit bien introduite auprès de la municipalité, et si le public dans certains cas, joue un rôle déterminant, c'est souvent sous l'impulsion discrète ou directe du bibliothécaire (Châlons, Neuilly, Troyes). Il est assez curieux de voir, d'ailleurs, que ce n'est pas le public lui-même pris dans son ensemble qui catalyse la décision au départ pour reprendre l'expression du questionnaire. Il semble intervenir plutôt ensuite, en cours de fonctionnement (Colombes). Ceci rejoint l'idée émise dans notre introduction, celle des besoins réels dont le public n'est pas toujours conscient. Finalement, ces initiatives supposent de la part des bibliothécaires soit un amour et une connaissance de la musique qui les pousse au prosélytisme, soit un sens aigu des réalités culturelles du moment, basé ou non sur des études du milieu. Encore faut-il savoir interpréter les données fournies (Rodez : 11 % de réponses favorables, projet abandonné), et ne manquer ni d'entêtement ni d'audace (Beauvais).

    La situation semble d'ailleurs évoluer, et les tentatives d'envergure pouvoir se faire dorénavant avec l'appui officiel, pour les B.M.C.

    Nous trouvons une seule fois (Châtenay-Malabry), une initiative venue de la municipalité, qui joue d'ordinaire plutôt un rôle de frein. La morale pourrait en être, pour des électeurs de prêter autant d'attention à la composition du Conseil municipal qu'à la personne du maire.

    Bibliothèques d'entreprise : il n'y a, pour elles, rien d'inattendu à voir le rôle prépondérant joué par les Comités d'entreprise, qui, dans la plupart des cas, tiennent le plus grand compte des demandes du public, personne n'ayant vraiment une compétence particulière.

    Bibliothèques pour Tous : Elles ne sont pas dans la même ambiance ; l'obstacle psychologique (nouveauté, risque), y est peut-être plus difficile à surmonter, mais leur organisation même permet à une direction centrale de suggérer des initiatives, menées à bien chaque fois que quelqu'un est capable d'en comprendre l'utilité et d'en assurer la bonne marche.

    LE PUBLIC

    Le questionnaire demandait une analyse de la composition du public (âge, profession).

    Les réponses n'ont pas toujours été très précises, certains ont laissé des blancs. Le temps nous a manqué pour compléter ces renseignements, qui mériteraient d'être précisés dans une enquête approfondie.

    Les B.C.P. ne figurent pas dans le tableau, ni les bibliothèques d'entreprise, leur public étant déterminé par leur catégorie même. Les B.C.P. se partagent entre enseignants (avec leurs élèves) et ruraux (Foyers de jeunes) ; les B.E. se livrent à un curieux chassé-croisé entre cadres et ouvriers, les goûts des uns et des autres variant en directions inverses.

    Dans la répartition des professions, on a l'impression que les cadres et les enseignants (avec lesquels on classe les étudiants) occupent la plus grande place. En réalité, lorsqu'il est possible d'avoir le détail des statistiques, on s'aperçoit que toutes les professions sont représentées.

    Les âges : Certaines discothèques se limitent à un public d'âge moyen : cela tient soit à la nature de leur implantation (bibliothèques d'entreprise), encore que celles-ci s'adressent aussi aux familles, donc aux enfants), soit à celle de leur fonds (grande musique), soit encore à leur technique de présentation (auditions sur place).

    Le cas le plus courant est une répartition à peu près égale, avec une légère prédominance aux jeunes (moins de 20 ans), qui ne se retrouve pas autant dans le public de la bibliothèque.

    D'autres enfin ne s'adressent qu'aux jeunes, et en particulier aux enfants, soit parce que cela entre dans le cadre des activités habituelles de la bibliothèque (Heure du Conte), soit parce que leur équipement les y oblige (auditions dans le cadre de la bibliothèque enfantine, cela rejoint la raison analogue pour les adultes, ce qui montre le manque de souplesse du système).

    La plupart des projets ou des voeux pour l'instauration d'une discothèque mettent en avant, pour se justifier, l'existence d'une clientèle jeune à la bibliothèque, ou dans la région.

    L'accent mis sur les problèmes de la jeunesse depuis quelques années contribue à cet état d'esprit, et il est certain qu'il faut en tenir compte, bien que la prospective nous apprenne que les vagues démographiques ont, elles aussi, leur flux et leur reflux. Il faut convenir aussi que, précisément à cause du grand nombre d'études faites sur ce sujet et des efforts accomplis, la discothèque enfantine est la plus facile à réaliser. Mais si c'est une vérité de La Palisse de dire que les jeunes d'aujourd'hui seront les vieillards de demain, il n'en est pas moins vrai que ces générations élevées avec la "télé", l'électrophone, le transistor et l'école audio-visuelle ne feront ni des adultes, ni des vieillards confinés dans le silence, à moins d'une destruction générale des outils de la civilisation actuelle. C'est pour eux, en réalité, qu'il faudrait oeuvrer : d'abord, bien entendu, en organisant l'éducation musicale (et littéraire) à tous les niveaux ; ensuite en multipliant et en normalisant les discothèques en liaison avec les bibliothèques ; enfin, en introduisant dès le départ suffisamment de souplesse dans l'organisation pour ne pas avoir à opérer ensuite une reconversion qui n'est jamais bon marché.

    Ce n'est pas un bibliothécaire qui faisait remarquer un jour que des efforts étaient prodigués pour doter les travailleurs de retraites leur permettant de vivre, et pour prolonger la vie en faisant reculer la vieillesse, mais que rien n'était prévu pour apprendre aux futurs retraités à aménager les loisirs de ce nouvel âge. Ce serait pourtant aux bibliothécaires d'y réfléchir !

    LA CONSTITUTION DU FONDS

    Premier obstacle technique, qui malgré l'existence de guides et discographies, arrête nombre de bibliothécaires. Le pas est plus aisément franchi, et il l'a été plus d'une fois, lorsque l'expérience de musiciens ou de mélomanes pouvait apporter une aide. La culture personnelle des bibliothécaires a joué le plus souvent, et les discothèques les plus anciennes ont été exclusivement musicales, pour s'adjoindre plus tard des enregistrements parlés.

    Certains de nos collègues craignent la concurrence des Maisons de la culture, quand elles existent dans leurs villes, et songent à un fonds parlé qui se rapprocherait davantage d'un fonds de bibliothèque classique.

    Ceux qui ont l'expérience des discothèques savent bien que le panachage y est fréquent, si les statistiques révèlent des proportions différentes pour les diverses catégories d'enregistrements.

    On constate que les pourcentages des prêts correspondent, en gros, à la répartition des fonds et que la musique classique est nettement en tête, talonnée par les chansons (selon les endroits, d'ailleurs), et suivie par le théâtre parlé (qui devance le théâtre lyrique, bien que celui-ci ait toujours des amateurs), les langues et le folklore, ces derniers en augmentation pour la même raison : les vacances et l'habitude des voyages. Le folklore suit la vogue du cinéma d'amateur, et est utilisé pour sonoriser les films après les vacances, et aussi pour illustrer des leçons de géographie régionale.

    Le jazz atteint en général un pourcentage moins fort qu'on n'aurait pu le croire. En ce qui concerne la musique classique, un questionnaire plus fouillé pourrait faire ressortir la place de la musique moderne, que certains de nos correspondants tiennent pour ignorée de leur public.

    Pour réconforter ceux de nos collègues que chagrine le niveau artistique des goûts de leur public, nous pouvons dire que, selon les réponses reçues, lorsqu'une évolution a été constatée, elle a été dans le sens de la grande musique et du théâtre (suivis des langues et du folklore). Il y a eu à l'inverse un glissement vers les variétés quand elles manquaient à l'origine, ou quand le public s'élargissait des cadres aux ouvriers.

    Il semble que l'évolution la plus marquée se fasse lorsqu'une discothèque d'écoute sur place devient discothèque de prêt : la grande musique garde sa place privilégiée, mais se voit grignoter par des catégories nettement différentes ou plus abordables.

    Il aurait fallu pouvoir aussi décomposer la musique classique en un questionnaire plus détaillé, pour vérifier ainsi, par exemple, ce que l'une de nos correspondantes appelle la « disgrâce profonde de la musique de chambre, plus difficile à écouter que les symphonies ».

    Dans les B.C.P., il peut y avoir évolution vers les enregistrements parlés. Certains instituteurs semblent ignorer délibérément la musique classique (Marne), mais cette observation est unique.

    En fait, il faudrait que la discothèque, comme la bibliothèque, soit encyclopédique, ce qui leur permet d'ailleurs de s'associer davantage. Mais cela complique le problème des achats et surtout du fonds de démarrage, lorsque la somme allouée est peu considérable en regard de la variété des disques à acquérir. Il s'y ajoute le problème de la qualité, exigée des mélomanes et nécessaire à une éducation musicale bien comprise, celui des « intégrales », beaucoup plus intéressantes et demandées que les extraits, mais d'un prix élevé (en général plusieurs disques pour la même oeuvre), et celui des enregistrements stéréo. La plupart de nos correspondants ont sacrifié à ces derniers la moitié de leur fonds de musique classique.

    Il faudrait des listes-types et des budgets-types pour chaque catégorie de bibliothèques, à nuancer, bien entendu, mais qui seraient utiles pour bien des démarrages.

    Usure des disques : l'unanimité se fait sur le peu de dégâts réels. Argument à signaler aux municipalités qui, nous dit-on, ont refusé la discothèque « par peur de la casse ».

    Les disques de musique classique font presque partout l'objet de remplacements systématiques, mais au bout d'un délai tout de même assez long.

    Le contrôle n'est pratiqué rigoureusement que lorsque la discothèque est bien équipée et le discothécaire aidé. Souvent une indemnité est perçue en cas de détérioration.

    LE PRET

    Nous avons posé la question de la gratuité du prêt. Souhaitée de la plupart de nos collègues, elle n'est pas, en fait, la règle générale, et on ne peut même pas dire qu'il y en ait une pour chaque catégorie de bibliothèque.

    Sur six B.C.P. et bibliobus, trois sont gratuits ; Dordogne, qui ne s'accroît plus ; Seine-et-Oise, et bibliobus de Meurte-et-Moselle. Les autres sont payants, selon des formules diverses, et encore, l'une de ces B.C.P. (Marne) voit un certain nombre de communes refuser de payer leur part.

    Dans les B.M.C., sont gratuits : Mulhouse, Troyes, le Havre, qui n'ont que des auditions ; Toulouse, qui collabore avec l'Association des Aveugles de guerre ; Nancy et Cambrai sont payants, ainsi que Tours.

    Dans les B.M. non classées, Roubaix bien doté est gratuit, ainsi que Beauvais, dont le responsable souhaite le contraire, et tous les autres sont payants.

    Les bibliothèques d'entreprise elles-mêmes se partagent entre les deux formules, gratuit pour une école professionnelle et une importante entreprise comme à Lacq, payant partout ailleurs.

    Les B.P.T. vivent sous un régime d'autofinancement.

    C'est un problème qui tourmente beaucoup de nos collègues, qui préfèreraient voir la gratuité généralisée. Cela ne peut se faire que dans le cas d'une aide substantielle des pouvoirs publics, et viendra peut-être dans l'avenir, quand les discothèques seront répandues, équipées, installées complètement et suffisamment lancées, ou qu'une formule quelconque aura fait baisser d'une manière considérable le prix des enregistrements.

    CLASSEMENT ET CATALOGAGE

    Nous avons eu beaucoup de mal à obtenir des réponses homogènes.

    On peut établir trois grandes catégories, selon les modèles suivis (Tours et Neuilly), ou... l'absence de modèle. Toutefois, le classement de Tours par maisons d'édition a beaucoup moins de succès que le classement décimal de Neuilly. Les discothèques qui n'ont suivi aucun modèle, copient plus ou moins leur propre bibliothèque : on trouve ainsi plusieurs exemples de classement par format et ordre d'entrée, et surtout un classement par genres.

    Les catalogues vont du plus pauvre au plus riche, depuis l'absence complète jusqu'au catalogue détaillé prévoyant tous les aspects du disque. Le plus souvent, la bibliothèque sert encore d'exemple et l'on trouve simplement des fiches auteurs et matières.

    Enfin le fichier mural emprunté par Neuilly à Westminster, se retrouve à Chatenay, Saint-Ouen (la banlieue parisienne), S.L.S. Hagondange, la B.P.T. de Saint-Etienne et la B.C.P. de l'Aube où il a été adapté (pochette de plusieurs disques).

    MATERIEL

    Le problème du rangement semble avoir été résolu la plupart du temps, dans une optique « bibliothèque » : rayons, debout ou à plat. On trouve des bacs en assez grand nombre mais, est-ce une omission, aucun ne semble mobile (fixés au mur à Tours, ou sur pieds et transformables à l'aide de couvercles à Suresnes). Des bacs mobiles seraient pourtant le moyen de gagner cette place, tant marchandée. Nous trouvons une seule mention de discobox, qui apparaît pourtant comme une solution rationnelle de rangement, mais non en accès libre.

    Les B.C.P. passent de la mallette et du choix par correspondance, aux rayonnages aménagés du bibliobus, comme les autres discothèques passent à l'accès libre avec le prêt succédant à la seule écoute sur place. Tout le problème réside en cette alternative : salle d'audition ou pas ? Les projets prévoient en général salle ou cabines d'écoute, et magasin plus ou moins grand. Les biblio-discothèques les plus anciennes et les plus vivantes font coexister dans la même salle, prêt de livres et prêts de disques et les responsables avouent qu'à ce moment, les problèmes d'interaction ne se posent pas, ou tout au moins pas de la même façon. Il faut, tout au moins, prévoir un électrophone et une chaîne Hi-Fi, avec un magnétophone dans le cas d'animation. Nous n'approfondirons pas cette question, que l'enquête ne faisait qu'effleurer, beaucoup n'ayant même pas répondu à la question « Présentation ».

    PERSONNEL

    La majorité des réponses, positives ou négatives, le fait figurer à la rubrique « Difficultés ». En réalité, il ne s'agit pas du bibliothécaire, généralement vaille que vaille, selon sa curiosité et ses goûts, plus ou moins informé et cultivé, mais de ses adjoints.

    Il ne fait aucun doute que le travail d'une discothèque est plus considérable et plus absorbant encore que celui d'une bibliothèque. L'équipement des disques, la vérification, le rangement qui doit être fait avec soin, le catalogage qui est fort long, et, s'il veut être consciencieux, multiplie les fiches, tout cela demande déjà une certaine compétence technique. S'y ajoute, avec la présence en salle, la nécessité de renseigner et de conseiller l'auditeur. C'est une délicate responsabilité qui demande des connaissances, déjà lorsqu'il s'agit de jeunes ou de personnes peu initiées, mais les mélomanes, fort exigeants, tendent de véritables pièges tant au point de vue technique qu'à celui de la musicologie, allant jusqu'à solliciter de véritables «bibliographies sonores» (Mlle Brenot). Sans oublier les amateurs de pellicule, déjà rencontrés, qui confieront à la discothécaire le soin d'établir la sonorisation d'un film.

    L'animation de la discothèque (ou de la bibliothèque, ou les deux ensemble) ressort aussi de cette véritable spécialisation. Celle qui s'acquiert sur place, malgré beaucoup de bonne volonté, n'est évidemment que de l'empirisme.

    A cela, il a été répondu qu'un projet actuellement à l'étude à la Direction des Bibliothèques de France, prévoyait la transformation du C.A.F.B. avec une option discothèque.

    Ne serait-il pas nécessaire de prévoir aussi quelque chose au niveau de l'Ecole nationale des Bibliothécaires ?

    LES DISCOTHEQUES POUR LES AVEUGLES

    En dehors de l'utilisation des discothèques de type ordinaire par les aveugles dans les mêmes buts que les autres utilisateurs, il était normal de penser que, comme pour la lecture, des associations pouvaient prendre en charge les besoins des aveugles.

    L'une de nos réponses, celle de Toulouse, montre le problème directement posé à la bibliothécaire, qui entreprend la création d'un service. Il est permis de penser que, c'est pour elle le doigt dans l'engrenage et que la discothèque s'agrandira. Pour originale que soit pour l'instant cette entreprise, elle peut être amenée à se répéter ailleurs. Nous avons donc envoyé également des questionnaires à deux établissements s'occupant en priorité des aveugles : l'Association Valentin-Haûy, bien entendu, et l'American Library in Paris.

    Toutes deux partent du même principe : le livre parlé, l'une en français, l'autre en anglais surtout, mais aussi français et russe. Elles utilisent le disque et la bande magnétique, enregistrés par des bénévoles (pour l' American Library, la «Junior Guild » de la Cathédrale américaine de Paris, qui finance entièrement le département).

    C'est une aide pour les aveugles tardifs (blessés de guerre ou victimes d'accidents) qui ne lisent pas le braille aussi vite que les aveugles-nés éduqués dès l'enfance, et une aisance plus grande pour ces derniers. Il y a là surtout de la distraction (romans policiers sur disques 16 tours), mais aussi toutes les formes de la culture et même du travail, comme dans le cas des étudiants aveugles préparant le baccalauréat, la licence ou l'agrégation de littérature anglaise ou américaine, et qui demandent l'enregistrement sur bande magnétique des livres inscrits à leur programme. Le même genre de service est d'ailleurs rendu par le Groupement des intellectuels aveugles.

    La très forte consommation, pour un public relativement restreint, pose un problème particulier, la « fourniture » devant être faite par des bénévoles, et le service, s'adressant souvent à des usagers de condition très modeste, doit lui-même rester gratuit.

    Le son est d'ailleurs un secours aussi pour d'autres infirmes, si l'on veut considérer la question. On a longuement étudié pour les paralysés les possibilités de lecture au plafond, par projections diverses. Bandes et disques peuvent s'y ajouter. Nous n'avons pas interrogé les bibliothécaires d'hôpitaux, par manque de temps et de liste possible. Il est certain que c'est aussi un domaine à étudier au point de vue discothèque.

    Il n'est pas jusqu'à une autre catégorie d'infirmes qui ne puisse retirer des bienfaits des techniques du son, ceux dont la présence dans cette étude pourrait apparaître comme un paradoxe : les sourds. En effet, le sourd appareillable, muni d'un dispositif peu onéreux qui s'ajuste à n'importe quel électrophone, se voit restituer l'essentiel et parfois même les nuances de l'écoute, et apprécie alors, par un disque, poésie ou théâtre comme il n'eut pu le faire d'aucune autre manière.

    BENEFICE MUTUEL BIBLIOTHEQUE DISCOTHEQUE

    On nous a répondu, la plupart du temps, que cela amenait quelques nouveaux clients de l'une à l'autre, à condition qu'elles soient dans le même local. Il faut la même condition pour que les mélomanes empruntent des ouvrages sur l'histoire de la musique ou les techniques du son ; pour les enregistrements littéraires ou historiques qui pourraient le mieux réunir les deux « soeurs », c'est la présence, mieux, la personnalité du bibliothécaire qui est indispensable. Pour les B.C.P. il y a la collaboration de l'instituteur ou d'un autre, mais toujours d'un animateur. Ce qui finit par être le biblio-thécaire-discothécaire, à moins qu'il n'ait un spécialiste pour le seconder dans cette tâche.

    LE SON DANS LES BIBLIOTHEQUES D ETUDES

    L'apparition du disque et de la bande magnétique dans les bibliothèques autres que celles de lecture publique nous paraissait intéressante à étudier. Malheureusement, nous n'avons eu que peu de réponses aux lettres et questionnaires envoyés plus tard que pour la lecture publique, et le temps manquait pour pourchasser les réponses. Nous nous réservons d'ailleurs de poursuivre et compléter cette étude.

    Nous savons, tout au moins, que le disque a sa place dans la Bibliothèque d'une Faculté de médecine. Le Dr Hahn a bien voulu nous communiquer la liste des disques conservés à Paris : ils sont au nombre de 128, utilisables sur place (la bibliothèque possède un tourne-disques), et peuvent aussi être prêtés. Leurs fiches se trouvent dans le catalogue général.

    Ces disques, à Paris, correspondent à cinq catégories :

    • - des disques isolés (auscultation cardiaque, accouchement sans douleur, interview radiophonique d'historiens de la médecine),
    • - des disques accompagnant des livres (polonais),
    • - des disques accompagnant des collections (polonais, allemand, anglais),
    • - un périodique médical (Médicophone),
    • - un disque de chansons historiques... et médicales !

    Des disques sont utilisés en pédiatrie, phtisiologie, cardiologie et oto-rhino-laryngologie. Mais nous n'avons pas pu obtenir encore de renseignements complémentaires.

    L'enseignement audio-visuel des langues, et même du latin, ouvrait un vaste champ, mais il est mal défriché. L'unanimité n'existe pas, là non plus. Nous avons néanmoins trouvé le plus souvent le disque (et la bande sonore) là où il devait être : dans la plupart des Instituts de langues (mais non pas dans tous). Les Instituts de recherches historiques en abritent aussi, en assez faible quantité, et uniquement en musicologie (Rennes, Poitiers).

    En sciences, le disque se retrouve partout, dans tous les centres de recherches un peu équipés... sous la forme de méthodes Assimil. La nécessité pour les scientifiques d'apprendre les langues étrangères par des méthodes accélérées amenait même un mathématicien à souhaiter que toutes les Bibliothèques universitaires possèdent des disques Assimil en plusieurs exemplaires, voire des cabines d'audition à l'usage des scientifiques aux prises avec plus de langues qu'ils n'ont pu en apprendre au lycée.

    Il se trouve vraisemblablement bien d'autres applications du disque et de la bande sonore dans l'enseignement supérieur, et ce n'est peut-être qu'un début.

    Nous aurions eu une moisson plus fructueuse au niveau de l'enseignement secondaire, mais là aussi nous manquions de listes et de temps pour ce qui demanderait une longue enquête particulière, au surplus certainement moins décevante que pour les bibliothèques de lecture publique, les bibliothèques de lycée étant toutes, a priori, pourvues de disques.

    Bibliographie

    Gramophone Record Libraries, their organisation and practice, ed. by Henry F.J. Currall, with a preface by A. Hyatt King. - London, Crosby Lockwood and Son, 1963. - 22 cm, 183 p., ill., 2 pi. bibliogr.

    M. Garreta nous communique la note suivante :

    « Pour identifier le titre d'une oeuvre musicale, à côté du Dictionnaire des oeuvres de Laffont-Bompiani et même du Grand Dictionnaire universel de P. Larousse, il est précieux de consulter l'index des titres (en anglais), en appendice à Harold BARLOW et Sam MORGENSTERN, Dictionary of Musical Themes, Londres, Benn (5e éd., 1955 ; il y en a eu d'autres depuis). Le dictionnaire lui-même est utilisable avec un piano ou un simple guide-chant, pour retrouver la provenance d'un air de musique classique, grâce à l'ingénieux index par ordre alphabétique des notes transcrites selon le système de notation anglo-saxon ».

    ANNEXE Compositions des fonds : quelques pourcentages

    Bibliothèques municipales classées

    MULHOUSE. - 353 disques.MULHOUSE. - 353 disques.

    • Romans et contes............. 158

    • Poésie ...................... 60
    • Histoire..................... 23
    • Films....................... 22
    • Morale, philosophie, religion. ... 12
    • Initiation musicale, fêtes enfant. 29
    • Chansons populaires.......... 5
    • Folklore alsacien............. 10

    TOURS. - 3 109 disques.

    • Musique classique............. 85 % (2 665)
    • Théâtre lyrique............... 1,9 % ( 60)
    • Disques parlés dont théâtre .... 4,8 % ( 150)
    • Musique de jazz.............. 1,1 % ( 35)
    • Chansons.................... 1,3 % ( 40)
    • Langues vivantes ............ 1,6 % ( 50)
    • Disques enfants ............. 3,3 % ( 100)

    Bibliothèques municipales

    BAGNOLET. - 1 239 disques achetés en trois ans, dont 1 084 en circulation.

    • Musique classique............. 319
    • Théâtre lyrique et disques parlés 63
    • Musique de jazz.............. 46
    • Chansons.................... 250
    • Humour .................... 22
    • Langues vivantes ............ 127
    • Disques enfants ............. 166
    • Folklore .................... 85
    • Cris d'animaux .............. 6

    COLOMBES. - 1 832 disques.

    • Musique classique............. 600
    • Théâtre lyrique............... 80
    • Disques parlés................ 120 (dont 60 théâtre)
    • Musique de jazz.............. 60
    • Chansons.................... 140
    • Langues vivantes ............ 10 ( + 13 séries de plusieurs)
    • Disques enfants ............. 180

    LOUVIERS. - 400 disques (y compris un prêt de 100 disques de la Maison de la culture du Havre.

    • Classique.................... 230
    • Lyrique..................... 40
    • Théâtre .................... 15
    • Jazz........................ 18
    • Enfants..................... 20
    • Chansons.................... 50
    • Folklore .................... 25

    NEUILLY. - 1 600 disques.Musique classique + musique religieuse+théàtre lyrique : 3/5

    • Disques parlés................ 6 %
    • Musique de jazz.............. 12 % (danse comprise)
    • Chansons.................... 10 %
    • Folklore .................... 5 %
    • Langues vivantes (Assimil)..... 3 %
    • Disques enfants ............. 4 %

    ROUBAIX. - 1 753 disques.

    • Musique classique............. 18,14 %
    • Théâtre classique............. 10,27 %
    • Disques parlés................ 7,64 %
    • Musique de jazz.............. 5,13 %
    • Chansons.................... 27,09 %
    • Divers ..................... 13,97 %
    • Langues vivantes ............ 4,96 %
    • Disques enfants ............. 12,32 %

    SAINT-OUEN. - 1 800 disques.

    • Musique classique............. 42 %
    • Théâtre lyrique............... 8 %
    • Disques parlés................ 11 %
    • Musique de jazz.............. 9 %
    • Chansons.................... 10 %
    • Langues vivantes ............ 2 %
    • Disques pour enfants ......... 7 %
    • Documentaires............... 3 %
    • Folklore .................... 8 %

    Bibliothèques centrales de prêt

    AUBE. - 1 800 disques.

    • Musique ....................... 1 400
    • Diction ...................... 400
    • Musique de jazz................. 5 %
    • Théâtre lyrique.................. 2 %
    • Chansons classiques ............. 5 %
    • Contes et histoires pour enfants. . . 6 %

    RHONE. - 260 disques.

    • Musique classique + Théâtre lyrique 95
    • Disques parlés.................. 45 (surtout poésie)
    • Musique de jazz - Chansons....... 15
    • Folklore ....................... 20
    • Langues vivantes ............... 5 (Assimil B.B.C.)
    • Disques pour enfants ............ 70

    SEINE ET-OISE. - 1 634 disques.

    • Musique classique................ 450
    • Théâtre lyrique.................. 167
    • Disques parlés, dont Théâtre ..... 398
    • Musique de jazz................. 110
    • Chansons....................... 150
    • Langues vivantes ............... 55
    • Disques pour entants ............ 103
    • Folklore ....................... 201

    Bibliothèques d'entreprises

    S.M.S. Usines d'Hagondange. - 1 247 disques +267 (78 tours).

    • Musique classique + Théâtre lyrique 906
    • Disques parlés................... 10
    • Musique de jazz................. 100
    • Chansons - Folklore ............. 81
    • Langues vivantes ............... Néant
    • Disques pour entants ............ 150

    Vignette de l'image.Illustration
    1968 59 107 1 ILLU oui oui S.N.P.A. Usine de Lacq : Composition des fonds de la discothèque tab. 1319 3212

    Bibliothèques pour Tous

    SAINT-DIE. - 1 600 disques.

    • Classique................... 23,33 %
    • Musique religieuse........... 7,33 %
    • Lyrique.................... 13,06 %
    • Folklore ................... 5,60 %
    • Jazz....................... 2,93 %
    • Disques pour enfants ........ 13,87 %
    • Chansons................... 10,73 %
    • Disques parlés et théâtre .... 12,60 %
    • Divers .................... 10,55 %

    En plus : 3 méthodes Assimil anglais,

    • 3 méthodes Assimil allemand,
    • 1 méthode Assimil italien,
    • 1 méthode Assimil espagnol,
    • 1 méthode Assimil russe.