Index des revues

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    Renée P.-M. Masson

    Par Simone Wallon
    Par Yvonne Vidal

    Le 5 juin dernier, notre collègue Renée Paul-Marie Masson s'éteignait à Montpellier après une brève mais douloureuse et inexorable maladie. La mort mettait ainsi fin brutalement à une vie tout entière au service des bibliothèques.

    Renée Madeleine Girardon était née le 20 janvier 1912 à Cherbourg d'une famille d'officiers. Après des études secondaires dans sa ville natale et à Bordeaux - études qui ne l'avaient pas empêchée d'acquérir une solide formation musicale - elle vint à Paris pour préparer une licence de lettres à la Sorbonne. Elle y suivit aussi les cours d'histoire de la musique d'André Pirro et de Paul-Marie Masson et passa avec ce dernier un Diplôme d'études supérieures d'histoire (l'Ouverture française avant Rameau). Ayant obtenu le Diplôme technique de bibliothécaire, elle entra le 1er novembre 1941 au Département des imprimés de la Bibliothèque nationale, puis, en décembre 1944, à celui de la Musique. En même temps, elle commençait sa thèse de doctorat sur André-Cardinal Destouches et préparait le diplôme de russe à l'Ecole des langues orientales.

    Le 1er juin 1949, elle était nommée à la tête de la Bibliothèque du Conservatoire de musique de Paris. Elle aima tout de suite ce fonds musical magnifique et mit tous ses soins à en améliorer, dans la mesure du possible, la conservation et à le rendre plus accessible au public si divers de cette bibliothèque où se côtoyaient élèves du Conservatoire et chercheurs. Elle y employa ses qualités d'ordre, de ténacité et sa grande culture. La courtoisie de son accueil, sa calme autorité, son sens aigu de la justice et son extrême générosité lui gagnèrent les coeurs. Sous sa direction, les travaux de catalogage reçurent une nouvelle impulsion. Elle ne se désintéressait pas pour autant des problèmes de bibliothéconomie plus généraux et ce fut elle qui, lors du 3e congrès de l'Association internationale des bibliothèques musicales en 1951, fut chargée du rapport « sur la nécessité d'un nouveau Recueil international des sources musicales ».

    En cette même année 1951, elle avait épousé le professeur Paul-Marie Masson. Hélas, celui-ci mourait trois ans plus tard. C'est alors que Renée Masson songea à se rapprocher du pays de son mari, originaire de Sète. Le 28 février 1958, elle était nommée à Montpellier où l'attendaient des tâches toutes nouvelles.

    En mars 1958, j'accueillais à la Bibliothèque de la Faculté de médecine de Montpellier mon successeur, Mme Renée Masson. Des goûts communs, un même amour de notre métier, allaient faire de nous des amies. Elle avait les qualités d'un chef qui sait fermement organiser le travail de chacun, louer l'effort et, surtout, donner l'exemple. Elle avait rapidement fait sienne cette bibliothèque de la Faculté de médecine aux multiples aspects, bibliothèque ouverte à toutes les disciplines médicales les plus neuves, mais aussi héritière des sources médicales les plus anciennes, depuis le début du douzième siècle.

    Renée Masson aimait ce passé qu'elle s'était appliquée à connaître par une étude assidue et qu'elle avait su traduire dans des articles publiés par Monspeliensis Hippocrates et dans l'organisation d'importantes expositions.

    Elle sut continuer les initiatives de ses prédécesseurs. Un plus nombreux personnel lui permit de reprendre heureusement des tâches demeurées inachevées et d'y apporter ordre et méthode. Elle était devenue la collaboratrice très appréciée de tous les professeurs et chercheurs qui bénéficiaient de sa discrète érudition.

    La retraite du Conservateur en chef des bibliothèques universitaires de Montpellier, M. Pitangue, la mettait, en ce révolutionnaire mois de mai 1968, à la tête de toutes les sections, tâche administrative qui demandait une nouvelle adaptation. Là, elle allait, en un an, donner la pleine mesure de sa sagace autorité, en cherchant, dans une participation bien comprise, à donner aux chefs de section une liberté d'action capable de mettre en valeur leurs capacités personnelles de travail et de méthode.

    La tâche était ardue : il fallait résoudre des problèmes financiers rébarbatifs, savoir choisir et imposer les meilleurs plans de travail pour les rénovations nécessaires, être juge impartial dans les conflits de caractère. Tous ceux qui l'approchaient (et sa porte était toujours ouverte) étaient sûrs de son aide compréhensive. Ils n'imaginaient pas, alors, à quel point ces multiples responsabilités usaient ses forces. Jusqu'au bout, en pleine lucidité d'esprit, elle a donné à chacun les ordres et les conseils qu'exigeaient les événements du jour.

    Son passage trop court a marqué les sections d'un désir de renouvellement. A la Bibliothèque de la Faculté de médecine, « sa » bibliothèque, les jeunes bibliothécaires et le personnel formés par elle pendant dix ans continuent à suivre la ligne de conduite tracée par elle. Mais la gaieté qu'elle apportait n'est plus (car derrière la marque du chef, il y avait chez elle une spontanéité d'esprit propre à saisir le côté fantaisiste et comique des choses).

    Tous l'ont accompagnée ce 9 juin 1969 vers la splendeur du Cimetière marin où reposait déjà, depuis douze ans, le meilleur de sa vie.

    Dans la liste qui suit ne figurent que les travaux montpelliérains de Renée Masson. Pour les autres travaux se reporter au Bulletin des Bibliothèques de France, 1969, n° 8.

    Catalogues d'expositions

    • L'Iconographie médicale au XVIIe siècle (1958) ;
    • Livres anciens d'anatomie (1959) ;
    • L'Anesthésiologie des origines à la fin du XIXe siècle (1962) ;
    • La Crucifixion (1963) ;
    • La Médecine arabe (1964) ;
    • Le VIIe centenaire de Dante (1965) ;
    • La Pharmacie des origines à la fin du XIXe siècle (1965) ;
    • La Chirurgie du Moyen Age au XIXe siècle (1966) ;
    • Les Aspects historiques de la Médecine légale (1966) ;
    • La Pharmacie montpelliéraine (1967).

    Articles

    • Le Chansonnier de Montpellier (In : Monspeliensis Hippocrates, n° 13, 1961, pp. 3-21) ;
    • La Complainte de Gênes (Id., n° 28, 1965, pp. 3-6) ;
    • Enfin, la veille de sa mort : Les Manuscrits carolingiens de la Bibliothèque de la Faculté de Médecine de Montpellier (8 F, à paraître dans la même publication).