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Rapport d'un voyage d'étude, 15-23 décembre 1969

1970

    Rapport d'un voyage d'étude, 15-23 décembre 1969

    Bibliothèques de Belgrade

    Par Claudine Brochard, Bibliothécaire des Maisons de jeunes de la Ville de Paris.

    GRACE à l'Association des bibliothécaires français, a pu être organisé un échange de bibliothécaires proposé par l'Association des bibliothécaires serbes. C'est la Ville de Paris qui a envoyé un de ses fonctionnaires.

    Monsieur Dragan Filipovic, vice-président de l'Association des bibliothécaires de Serbie, bibliothécaire en chef de la Banque nationale, arriva à Paris le 11 décembre.

    Le 15 décembre, je fus accueillie à Belgrade par Mme Dobrila Dinic, bibliothécaire de l'Académie serbe des sciences et des arts, qui m'accompagna dans toutes mes visites et me servit d'interprète. Le Professeur D. Radovic, président de l'Association des bibliothécaires de Serbie, directeur de l'Académie des sciences et des arts, me reçut à l'Académie le mercredi 17. L'entretien porta essentiellement sur mes fonctions à Paris, sur l'organisation des bibliothèques de la Ville de Paris et sur la formation des bibliothécaires.

    Les bibliothèques visitées durant ce séjour furent la Bibliothèque universitaire de Belgrade, la Bibliothèque nationale de Serbie, la Bibliothèque de l'Académie des sciences et des arts et des bibliothèques de la Ville de Belgrade : Bibliothèque de la Ville, bibliothèques centrales, bibliothèque d'enfant et Maison de la jeunesse de Belgrade.

    La Bibliothèque universitaire de Belgrade fut fondée en 1926 avec des crédits provenant d'une donation Carnegie et de l'Etat. La direction est indépendante. Les crédits proviennent d'un budget réservé à l'enseignement, et de l'Université de Belgrade. Un crédit spécial est alloué pour le prêt international. Le personnel se compose d'un directeur, d'un secrétaire scientifique, de 5 chefs de département (Départements des Acquisitions, des Imprimés, des Périodiques, de l'Information et des statistiques, des Manuscrits et livres rares), de 18 bibliothécaires, de 13 sous-bibliothécaires. Au total, 60 personnes, y compris le personnel de service.

    Un Conseil est élu tous les cinq ans : il comprend 27 membres, dont 5 du personnel, les autres étant des représentants de plusieurs associations de bibliothécaires. Il se charge d'établir un plan de travail et des rapports annuels. Un conseil du personnel de la bibliothèque, composé de 5 membres, se consacre plutôt au travail interne. Il y a également un conseil de lecteurs.

    La bibliothèque est ouverte tous les jours, sauf le dimanche, de 7 h 30 à 14 h 30 (jusqu'à 18 h 30 le mardi). Il y a 7 000 lecteurs inscrits ; le droit d'inscription est minime. Professeurs et étudiants peuvent consulter sur place (3 salles de lecture dont une réservée aux professeurs) et emprunter à domicile pour une durée d'un mois.

    Les prêts annuels sont d'environ 100 000 livres (livres consultés sur place et livres prêtés à l'extérieur). Il existe un prêt inter-bibliothèques entre les bibliothèques yougoslaves et étrangères et diverses institutions.

    La Bibliothèque renferme environ 1000 000 de livres. A l'origine, le fonds provenait de lycées et de legs de bibliothèques privées (22 centralisés au catalogue, mais isolés en rayons). De 1945 à 1965, on recevait le dépôt légal, mais le manque de place oblige maintenant à le limiter aux publications scientifiques. Annuellement, les acquisitions sont d'environ 12 000 livres, par achats, dons et échanges. Il y a un fonds très important de thèses françaises parues depuis la première guerre mondiale (on en reçoit environ 4 000 par an), de thèses yougoslaves reçues par le dépôt légal. La bibliothèque reçoit également des dépôts de l'UNESCO, de Belgique, des Etats-Unis. Des échanges importants sont faits avec la France (Bibliothèque nationale et bibliothèques de documentation, notamment pour les périodiques) et la Russie.

    Il y a environ 1 000 abonnements de périodiques : revues seulement, pas de journaux, sauf les deux quotidiens de Belgrade et des journaux littéraires.

    Les livres sont classés selon 5 formats et répartis en 40 sections pourvues de numéros, avec des sous-sections : cette classification est particulière à cette bibliothèque. Les livres sont tous en magasin, sauf les ouvrages de référence de la salle de lecture.

    Les catalogues sont au nombre de 9 : catalogue topographique, catalogue ancien par auteurs (auteurs en caractères cyrilliques et auteurs en caractères latins), catalogue ancien pour les essais et les thèses, catalogue nouveau pour les auteurs et anonymes, où la vedette-auteur est toujours rédigée en caractères latins, catalogue systématique pour les thèses, catalogue systématique avec un index alphabétique renvoyant aux 40 sections de la classification, catalogue pour la littérature classée par genres, catalogue par titres pour les périodiques, catalogue systématique pour les périodiques. Il y a enfin un catalogue collectif des différents bibliothèques de facultés et de l'Université de Belgrade : les ouvrages yougoslaves et étrangers y sont classés par auteurs.

    La Bibliothèque nationale de Serbie subit d'importants dommages pendant la guerre. Son siège ayant été détruit, elle fut relogée dans un bâtiment devenu rapidement trop exigu. Un nouveau local, dont j'ai visité le chantier, est actuellement en construction et sera achevé, pense-t-on, en 1971.

    Il n'y a pas de Bibliothèque nationale yougoslave, chaque Etat de la fédération possédant sa propre bibliothèque nationale.

    La Bibliothèque comprend 12 départements :

    • Département des acquisitons, qui s'occupe également des échanges avec la Yougoslavie et l'étranger, et du dépôt légal. Ce dernier existe en Serbie depuis 1943. La bibliothèque reçoit des imprimeurs 9 exemplaires de chaque ouvrage : elle en conserve 2 et les 7 autres sont répartis dans les autres bibliothèques nationales, chaque Etat procédant de même.
    • Département du catalogue alphabétique.
    • Département du catalogue par sujets.
    • Département des périodiques.
    • Département de la bibliographie. Pour le moment, rétrospective, elle est en cours pour la période 1868-1944. La bibliographie courante est rédigée, sur le plan fédéral, par l'Institut de bibliographie yougoslave. Elle existe depuis 1950. Une bibliographie est en préparation pour la période 1945-1950.
    • Département des manuscrits et des incunables.
    • Département des fonds spéciaux : feuilles volantes, disques (depuis peu de temps), atlas, gravures, etc... Dans le nouveau local, ils seront répartis en Cabinets.
    • Département des Bibliothèques populaires de Serbie.
    • Département de la salle de lecture et des catalogues publics.
    • Laboratoire de photocopie.
    • Laboratoire de restauration.
    • Atelier de reliure.

    Le personnel se compose de 150 personnes : bibliothécaires, sousbibliothécaires, magasiniers, personnel de service. Dans le prochain local, on prévoit 209 personnes, dont 143 bibliothécaires et sous bibliothécaires. Il contrôle et centralise le travail des bibliothèques des autres villes de Serbie.

    Un projet de service central de catalogage est actuellement à l'étude.

    Les bibliothèques de la ville de Belgrade

    La Ville de Belgrade se compose de plusieurs communes qui peuvent être comparées à nos arrondissements. Ces communes, assez nombreuses, ont été regroupées assez récemment.

    Avant la guerre, il n'y avait à Belgrade que la Bibliothèque de la Ville de Belgrade. En 1945 fut fondée la première bibliothèque municipale centrale. Les créations furent ensuite nombreuses. L'accroissement énorme de la population dans les quartiers périphériques (il y avait en 1945 300 000 habitants, il y en a maintenant 1100 000) modifie la répartition de ces bibliothèques.

    Chaque commune de Belgrade est pourvue d'une bibliothèque centrale dont dépendent plusieurs bibliothèques et dépôts d'importance variable. Il y a actuellement 13 bibliothèques centrales : 9 pour la ville et 4 pour la banlieue.

    Les bibliothèques centrales reçoivent leurs crédits des communes dont elles dépendent et sont dotées de l'autonomie financière. Chacune d'elles décide de la répartition de son budget : montant des achats, nombre d'employés, montant des salaires ; il y a un salaire minimum à peu près identique dans chaque bibliothèque et des suppléments variables d'une bibliothèque à l'autre. Elles sont dirigées par des bibliothécaires diplômés. Une licence et deux années d'étude sont nécessaires pour obtenir le diplôme. Les bibliothécaires en chef, peu nombreux, sont désignés en vertu de travaux bibliographiques ou littéraires exécutés en dehors de leurs fonctions.

    L'horaire est commun : elles sont ouvertes tous les jours, sauf le dimanche, de 7 h à 20 h, le samedi, de 7 h à 15 h.

    Les livres sont partiellement en libre-accès, mais la plupart sont en magasin, en raison de l'importance des fonds (de 30 000 à 100 000 volumes selon les communes). Le système de prêt utilisé est le système « Bron » avec une carte de lecteur, une fiche de prêt dans le livre et une pochette au nom du lecteur pour recevoir cette fiche.

    L'animation culturelle est pratiquée régulièrement sous forme de conférences, présentation de livres, débats, soirées littéraires et artistiques, expositions, etc... Elle tient une grande place dans l'activité des bibliothèques.

    Les bibliothèques de quartier sont des filiales plus ou moins importants de la bibliothèque centrale. Suivant les cas, elles ont un fonds permanent ou reçoivent des prêts temporaires. Dans les dépôts les moins importants, il n'y a que deux séances par semaine.

    La Bibliothèque de la Ville de Belgrade supervise le travail professionnel de ces différentes bibliothèques, les conseille, les stimule. La carte de lecteur de cette bibliothèque est valable dans toutes les bibliothèques municipales et inversement.

    Il existe une Assemblée des bibliothèques centrales de Belgrade. Son comité exécutif est formé de délégués de chaque bibliothèque et résout les problèmes d'intérêt commun : plan de développement décennal, problèmes financiers, publicité, organisation de séminaires, de visites de bibliothèques, d'échanges de bibliothécaires, etc... Les décisions adoptées en réunion sont immédiatement mises en application. Cette assemblée reçoit des crédits de l'Assemblée pour la culture de la Ville de Belgrade et des cotisations de ses membres.

    La Bibliothèque de la ville de Belgrade était jusqu'à la fin de la guerre la seule bibliothèque de prêt. Elle dispose actuellement d'un local vétuste, trop exigu pour l'importance de son fonds et de son activité. Elle doit être transférée en 1972 dans les locaux actuels de la Bibliothèque nationale, après le transfert de cette dernière.

    La Bibliothèque des enfants et la salle de lecture des périodiques se trouvent dans d'autres lieux ; la salle de lecture des quotidiens, journaux étrangers et yougoslaves est située en plein centre commercial de Belgrade, dans un rez-de-chaussée largement ouvert sur la rue, et accueille un public fort nombreux. Dans le bâtiment actuel, la bibliothèque dispose d'un étage pour les bureaux, d'un étage pour le bureau de prêt, les livres en libre-accès et la salle de consultation des usuels. Le reste de la maison est occupé par les magasins et le Musée de la Ville.

    Le personnel comprend 40 personnes (avec le personnel de ménage, toujours abondant), dont 14 bibliothécaires et 12 adjoints. Le prêt est assuré par 3 personnes : une pour la rentrée, une pour la sortie, une pour recevoir les livres des magasins. Le temps de présence est de 42 heures : il y a donc deux équipes pour assurer le service avec le public.

    Le fonds renferme environ 200 000 volumes. En 1969, 18 000 volumes ont été achetés (ce chiffre sera porté à 20 000). Les crédits sont fournis par l'Assemblée de la Ville de Belgrade. Il y a environ 4 à 5 000 volumes en libre-accès, seulement des nouveautés.

    On peut emprunter 3 livres pour 21 jours, le prêt étant renouvelable une fois. Le prêt est payant : 1 dinar pour les formulaires (environ 0,50 F), et 5 dinars par an (environ 2,50 F). Ce prix sera prochainement augmenté. H y a 50 000 lecteurs inscrits et une fréquentation régulière de 10 000 lecteurs. En 1968, le prêt annuel a atteint 400 000 volumes. Il y a des amendes pour les livres en retard, des lettres de rappel, des interventions efficaces pour les livres non rendus, des statistiques quotidiennes et mensuelles faisant apparaître, outre les catégories de livres prêtés, les professions des emprunteurs.

    Il y a 3 catalogues principaux : auteurs et anonymes, systématique et par titres pour tous les livres. Des catalogues spéciaux sont réservés aux enfants et aux ouvrages sur Belgrade.

    Les activités culturelles sont importantes. Elles consistent en rencontres littéraires et expositions. Tous les quinze jours sont organisés des débats sur des sujets littéraires, artistiques ou d'actualité ; des invitations sont envoyées aux lecteurs, à des personnalités et un avis publicitaire paraît dans les quotidiens à la page des spectacles. Ces réunions sont d'accès gratuit, la plupart des participants et artistes étant bénévoles. Elles attirent beaucoup de monde par leur qualité et durent parfois de 20 h à minuit. D'autre part, des expositions de grande envergure ont lieu dans la salle de lecture des quotidiens : elles reçoivent de très nombreux visiteurs.

    On prévoit dans la future organisation de la bibliothèque une section « Musique » (livres, périodiques, prêt de disques, salle d'audition de disques et d'artistes) et une section « Beaux-Arts » (livres, périodiques, petites expositions, mais pas de prêt de reproductions).

    La Bibliothèque centrale « Djordje Jovanovic » fut la première bibliothèque centrale créée à Belgrade après la Libération, en 1945, dans la commune de Stari Grad, la plus importante de la ville (97 000 habitants).

    Elle est située, non loin de plusieurs facultés, au rez-de-chaussée d'un immeuble et s'ouvre sur la rue par des vitrines garnies de livres. Son ameublement de bois clair, une moquette beige, les fenêtres sur la rue, la rendent accueillante et confortable. Elle comprend la salle de prêt avec galerie, une salle de consultation pour les usuels et les revues, une salle de lecture pour les journaux et les magazines. Deux salles pour les enfants ont une entrée indépendante.

    Le fonds total (centrale et dépôts) renferme environ 100 000 volumes. Les achats annuels sont de 8 à 10 000 volumes : ils sont destinés à la centrale et à ses différents points de répartition. Il y a environ 40 000 livres répartis dans une succursale importante et une cinquantaine d'institutions : écoles, Maison de jeunes, entreprises industrielles... Trois bibliothécaires s'occupent des dépôts les plus importants qui ont un fonds permanent. Les nouveautés sont mises en rayon dès leur parution.

    Le personnel se compose de 25 personnes. Il y a 40 000 lecteurs inscrits. L'abonnement payant (8 dinars, soit environ 4 F) est annuel. Le prêt annuel (centrale et dépôts) est de 500 000 volumes. Littératures étrangère et yougoslave, y compris les romans classés avec les 800, sciences sociales et appliquées sont les matières les plus demandées.

    Seules les nouveautés sont en libre-accès, rangées dans l'ordre du classement décimal. Les ouvrages en magasin sont classés par numéros d'entrée. Les livres portent ainsi deux cotes.

    On peut consulter 5 catalogues : auteurs et anonymes, systématique, alphabétiques de matières pour la littérature, les sciences sociales, les essais et critiques littéraires. Un catalogue général par titres est en cours de rédaction.

    Dans la bibliothèque enfantine, il y a environ 18 000 volumes, plus 2 à 3 000 albums présentés partiellement sur des tourniquets. 4 000 lecteurs sont inscrits. Des dépôts temporaires sont envoyés dans une dizaine d'écoles. Des séances littéraires sont données aux enfants, avec participation d'auteurs et d'acteurs (présentations de livres, lectures, contes, pièces...). Le mardi, jeudi ou vendredi, une classe vient y assister. Parfois une école prépare une soirée et exécute son programme. Outre la salle de prêt, la bibliothèque dispose d'une salle de lecture avec télévision et projection de films. Une bibliothèque plus importante pour les enfants est en cours de construction.

    L'animation culturelle de la bibliothèque a lieu régulièrement. La tribune « Le Livre nouveau » est chaque mois consacrée exclusivement à des auteurs yougoslaves qui viennent présenter leur livre en présence de critiques ; ainsi chaque nouveauté intéressante, quel que soit son lieu de parution en Yougoslavie, est présentée aux lecteurs de la bibliothèque. D'autre part le Prix « Djordje Jovanovic » (critique littéraire tué en 1943, dont le nom a été attribué à la bibliothèque) est décerné chaque année par la bibliothèque à une critique ou un essai paru dans l'année.

    La Bibliothèque « Petar Kocic », fondée en 1945, est installée depuis deux ans au rez-de-chaussée d'un immeuble faisant partie d'un grand ensemble. Elle a reçu une installation particulièrement élégante et raffinée : revêtements muraux en acajou dans les salles de lecture, éclairage indirect, moquette claire, présentoirs à revues et tables de travail garnis de feutrine vert amande, fauteuils tournants et réglables, fauteuils confortables et tables basses pour la salle de réunion dont les fenêtres ouvrent sur la rue.

    Le fonds se compose d'environ 80 000 volumes, dont 26 000 sur place, le reste étant réparti dans 4 bibliothèques de quartier, dont une pour les enfants. Il y a très peu de livres en libre-accès. Le bureau de prêt et les catalogues se trouvent dans une autres pièce avec entrée indépendante, qui, par les magasins, communique avec le reste du local, grande pièce divisée en trois sections parallèles : lecture, livres en libre-accès, conférences et réunions. Des séances littéraires sont organisées régulièrement.

    On peut consulter un catalogue central pour les cinq bibliothèques, un catalogue auteurs et anonymes, un catalogue systématique, un catalogue alphabétique de matières pour la littérature et les essais et un catalogue par titres. Deux bibliothécaires et quatre adjoints s'occupent de cette bibliothèque.

    La visite de ces deux bibliothèques fut suivie d'une réunion fort intéressante de plusieurs conservateurs de bibliothèques centrales. Mon accompagnatrice servant d'interprète, on procéda à un échange de vues sur les bibliothèques municipales de Belgrade et celles de Paris. On me demanda de transmettre à Paris une proposition d'échange de bibliothécaires des deux villes pour un voyage d'information.

    La « Dom Pionira Beograda », Maison des enfants de Belgrade, est consacrée aux enfants d'âge scolaire jusqu'à 14 ans. Elle fait office de maison-pilote et occupe un local de plusieurs étages dans un grand immeuble.

    La décoration en est plaisante : meubles et portes de merisier blond, murs garnis de céramiques de couleurs différentes suivant les pièces qui, toutes, sont très vitrées. Elle possède une bibliothèque et propose une gamme étendue d'activités.

    La Bibliothèque est ouverte de 9 h à 19 h, sauf le dimanche. Elle renferme environ 20 000 livres, avec une section de livres de pédagogie pour les parents et les éducateurs. 3 bibliothécaires s'en occupent : une le matin, une l'après-midi, la troisième, professeur de littérature, se charge de l'animation. Les enfants peuvent emprunter 3 livres pour 2 semaines (prêt avec pochette). Les livres sont classés par groupes correspondant aux âges et, dans chaque groupe, par ordre alphabétique des auteurs et classement décimal pour les documentaires. Tous sont en libre-accès. Il y a un coin de lecture pour les albums et les illustrés ; pour une lecture prolongée, les enfants vont dans une autre pièce qui sert également de lieu de conférences et de projections. Il y a actuellement 2 catalogues : catalogue topographique et catalogue auteurs et anonymes ; un catalogue alphabétique de matières est en préparation.

    La bibliothèque est animée régulièrement. Le lundi, à 15 h, il y a une conférence sur un sujet littéraire, un livre ou un auteur. Le mardi, à 16 h, des jeux intellectuels et éducatifs sont très prisés des enfants. Le jeudi, à 16 h, se tient un club littéraire pour les enfants qui écrivent, avec la participation d'écrivains pour la jeunesse. Le vendredi enfin a lieu « Vu et entendu », séance de discussion sur les films ou émissions de télévision vus dans la semaine.

    Les multiples activités de la maison rappellent très souvent celles des Maisons de jeunes de la Ville de Paris : cours de langues, centre d'éducation des parents, conférences avec projection, exercices de dessin, peinture, céramique sous la direction d'un professeur, activité corporelle, cours de photo et cinéma, jeux pour les tout-petits et les plus grands, club d'amitié internationale où l'on reçoit des étudiants étrangers résidant à Belgrade et où l'on échange du courrier avec l'étranger (espéranto-philatélie). En outre, il y a une salle de théâtre-cinéma de 550 places. Le mardi, à tour de rôle, des écoles sont reçues dans la maison : après avoir fait le tour des différentes activités, elles sont menées dans cette salle où un spectacle leur est donné.

    Le personnel total de la maison se compose de 17 pédagogues, en plus des trois bibliothécaires déjà citées. Un plan de travail est publié chaque année.

    La Maison de la Jeunesse de Belgrade « Dom Omladine » occupe plusieurs étages d'un gratte-ciel situé en plein coeur de la ville. C'est la plus importante des Maisons de jeunes de Yougoslavie, celle qui sert de modèle et fournit les moyens d'animation aux autres Maisons. De plus, elle constitue un centre d'expositions et de manifestations culturelles d'une très grande valeur.

    L'Assemblée de la Ville de Belgrade lui fournit ses crédits : 80 000 dinars par an, soit environ 40 000 francs. Les recettes sont de l'ordre de 5 millions de dinars, mais le budget s'équilibre difficilement car les manifestations sont d'un prix de revient très élevé.

    Elle a été fondée par le Comité local de l'Union de la jeunesse. Elle suit le programme idéologique de l'Union des communistes de Yougoslavie et de l'Union de la jeunesse yougoslave, qui a pour but de cultiver la jeunesse dans un sens éducatif, social et politique. Son directeur, âgé d'une trentaine d'années, membre de l'Union de la jeunesse yougoslave, a étudié les sciences sociales. Le personnel s'élève à 70 personnes, dont plus de la moitié est consacrée à l'entretien des différentes salles (3 équipes de nettoyage se succèdent du matin au soir). 10 personnes se chargent de l'élaboration des activités qui emploient de nombreux techniciens. Le directeur supervise le programme des activités qui sont réparties en 3 secteurs. Chaque secteur a son propre directeur et son équipe.

    Secteur éducatif : Il comporte des conférences, tables rondes, soirées littéraires et des clubs. Il y a 5 à 6 conférences par semaine, le plus souvent à 19 h. 30, suivies obligatoirement de discussions ; les personnalités les plus éminentes, yougoslaves et étrangères, y participent. Dans les autres Maisons de jeunes, les conférences sont adaptées au niveau culturel et aux activités professionnelles. Les clubs sont nombreux : club des jeunes écrivains, des jeunes chercheurs, des jeunes cinéastes, etc... Chacun d'eux a sa propre administration et reçoit des crédits de la Maison. Si ses activités sont bonnes, elles sont livrées au public, sinon elles restent internes.

    Secteur artistique et culturel : Des expositions de jeunes amateurs ou professionnels sont organisées dans la galerie d'exposition et le hall du rez-de-chaussée. Des représentations de théâtre, musique, danses, chants, sont données dans le grand théâtre ou les salles de réunion. Toutes ces manifestations qui sont de très grande qualité attirent un public fort nombreux.

    Secteur distractif : Plusieurs salles sont destinées à un disco-club, un ciné-club, des jam-sessions, un cabaret satirique. La vaste salle de danse, au décor luxueux, reçoit chaque année la visite du Maréchal Tito pour la Journée de la jeunesse.

    La Maison de la jeunesse ne possède pas de bibliothèque, mais seulement quelques livres nécessaires aux différents secteurs d'animation. Il en est de même dans toutes les Maisons de jeunes yougoslaves. On estime préférable de s'adresser aux bibliothèques centrales pourvues de personnel qualifié, plutôt que d'avoir une petite bibliothèque tenue par des amateurs, tout au plus reçoit-on un dépôt de la Centrale.

    Il y a environ 200 Maisons de jeunes en Yougoslavie, 400 en tenant compte des différents Clubs de jeunes. Dans chaque commune de Belgrade se trouve une Maison de jeunes, plus modeste évidemment que la principale. Les activités techniques (céramique, peinture, vannerie, photo) en sont absentes, car elles sont déjà enseignées à l'école ; 11 n'y a pas non plus d'activités sportives qui sont réservées aux établissements spécialisés. On y trouve des clubs, jeux, dancing ; les conférences et les expositions y sont organisées par la Maison principale. Comme celle-ci, chaque Maison est dotée de l'autonomie financière, possède un Conseil de maison et une Assemblée, qui choisit un directeur nommé après concours ou dirige elle-même.

    LES visites des bibliothèques municipales et de la Maison de la jeunesse de Belgrade permettent les constatations suivantes.

    L'animation culturelle fait partie intégrante de la vie des bibliothèques. Partout elle est pratiquée régulièrement et attire beaucoup de monde par la qualité de ses réalisations. A la Bibliothèque de la Ville, par exemple, où les soirées culturelles sont annoncées par invitation et par la presse, des conférenciers éminents et des artistes réputés viennent apporter leur concours, très souvent bénévolement, car cela leur sert de publicité. Le public participe activement aux débats et interprétations : la soirée, commencée à 20 h, dure parfois jusqu'à minuit. Les expositions sont excellentes et très visitées. A la Bibliothèque Djordje Jovanovic, tous les livres nouveaux de quelque importance sont présentés aux lecteurs par leur auteur et des critiques littéraires ; l'attribution d'un prix fait beaucoup pour le renom de la bibliothèque. Les activités des bibliothèques enfantines ont un caractère éducatif : on fait travailler l'intelligence, l'esprit d'observation des enfants, on stimule leurs manifestations littéraires et créatrices. La Maison de la jeunesse est une véritable Maison de la culture, où expositions, représentations théâtrales, conférences sont de tout premier ordre et fort prisées d'un public de tout âge.

    Il y a extrêmement peu de livres en libre-accès : seules les nouveautés le sont, le reste des volumes est rangé dans les magasins par ordre de numéros d'entrée. Cela correspond, semble-t-il, davantage à une conception qu'à un manque de place, car il n'est pas question de transformation dans les futures réalisations.

    Le nombre des agents semble supérieur à celui des bibliothèques parisiennes. Les bibliothécaires interrogés estiment qu'il est satisfaisant et se plaindraient plutôt de crédits insuffisants pour les achats de livres qui sont très chers. 26 bibliothécaires et adjoints ont la charge de la Bibliothèque de la Ville (prêt annuel ; 400 000 volumes) : 25 s'occupent de la Bibliothèque Djordje Jovanovic (prêt annuel : 500 000 volumes) et de ses filiales.

    Le confort de ces bibliothèques est remarquable : toutes possèdent un vestiaire surveillé à l'entrée ; les salles de lecture et de travail sont accueillantes et claires et les lecteurs y disposent suffisamment de place pour avoir envie de s'y attarder. Les meubles et rayonnages sont de bois généralement clair, le sol est recouvert de moquette, un local est réservé aux réunions et conférences, plus ou moins vaste selon l'importance des manifestations. Le bureau du bibliothécaire en chef est assez grand pour accueillir quelques visiteurs.

    Les visites de bibliothèques en pays étrangers sont extrêmement courantes, organisées le plus souvent par les Associations de bibliothécaires, sur les crédits dont elles disposent. Il est bien évident que l'on ne peut que tirer des avantages de voyages d'étude à l'étranger et les bibliothécaires de lecture publique que j'ai rencontrés à Belgrade se sont montrés extrêmement intéressés par ce premier contact avec une bibliothécaire parisienne. C'est pourquoi l'Assemblée des bibliothèques centrales de Belgrade m'a chargée de transmettre officiellement à mon Administration une demande d'échange de bibliothécaires venant de plusieurs bibliothèques ou d'une seule, entre Paris et Belgrade.

    L'accueil particulièrement chaleureux qui m'a été réservé lors de ce séjour ne peut que faire souhaiter que ce premier échange ait une suite.