C'est dans l'Italie du Sud, sur la côte sauvage de la Basilicata, dans une petite station balnéaire, que nos collègues italiens ont eu la bonne idée de tenir leur vingt-deuxième congrès.
Les travaux ont duré cinq jours qui furent très remplis. C'est que, en dehors des réunions générales, les quelques 200 bibliothécaires présents participèrent à plus de 15 groupes de travail spécialisés et que chacun avait en main une documentation extrêmement abondante, précise et d'une présentation soignée.
Il ne nous appartient pas de juger le compte rendu du président sortant. Disons pourtant qu'il fut très clair et consistant.
Dès le 28 mai, dans le cadre des manifestations pour l'Année Internationale du Livre, fut présenté un rapport extrêmement intéressant. Ecrit et lu par Madame Emma Pirani, ce rapport s'intitulait « Le livre et la lecture dans la vie culturelle des centres urbains et ruraux » et faisait le point de ce qui a été réalisé depuis 1948. Il faudrait beaucoup citer de ce texte, depuis la définition de la bibliothèque publique « qui doit soutenir et développer l'action de l'école», « approfondir l'éducation et la culture», jusqu'à l'historique des premières initiatives. Quoiqu'il en soit, sur les 8.054 communes qui existent en Italie, à peine un peu plus de 1.500 sont pourvues d'une bibliothèque ou reliées à un système de bibliothèque. Il reste donc encore beaucoup à faire dans le domaine de la lecture publique.
Tout peut être changé, chez nos voisins, par la régionalisation. On sait que c'est une des grandes questions qui agitent leur pays. Nos collègues pensent et espèrent que ce sera là l'occasion opportune pour une réforme complète et totale de l'organisation des bibliothèques chez eux. Dans leur rapport présenté le 29 mai en assemblée générale, « Prospective pour une organisation des bibliothèques italiennes », M. Franco Balboni et Mme Olga Marinelli étudient la loi sur la régionalisation et ses décrets d'application. En matière de musée et de bibliothèque locale, les responsabilités administratives et financières de l'Etat ont été transférées aux régions. Les membres de l'A.I.B. pensent qu'un des buts de leur association doit être d'envoyer au gouvernement, aux assemblées nationales, régionales et locales, des projets de loi ou de décret pour obtenir une réorganisation totale des bibliothèques italiennes.
Le même jour, la troisième réunion générale faisait le point sur la situation des catalogues auteurs dans tout le pays.
Je ne peux citer toutes les communications intéressantes qui ont été faites. Notons pourtant ceci : le groupe des bibliothèques enfantines a traduit les normes proposées par la FIAB à Liverpool, pour la construction de ces bibliothèques. Ce groupe publie un bulletin spécialisé.
Mais, bien entendu, je me suis soucié avant tout de suivre les travaux du groupe des bibliothèques universitaires. Après avoir lu les copieux rapports présentés, puis avoir assisté et parfois participé aux débats, que puis-je dire sur les bibliothèques universitaires italiennes ? Nos collègues ont, eux aussi, bien des soucis et des préoccupations. Les moyens matériels manquent, mais les budgets de fonctionnement sont meilleurs qu'en France, semble-t-il. Cependant les bibliothèques d'instituts ou de laboratoires jalousement autonomes foisonnent. Les liaisons bibliothèqueuniversité sont inexistantes ou mauvaises ; aussi nos collègues italiens voudraient-ils voir remplacer le décret de 1909 qui régit « les bibliothèques spéciales d'Etat non ouvertes au public » (et donc les bibliothèques universitaires) par un règlement beaucoup plus à la page dont ils ont étudié avec passion les cadres et les détails. On peut comparer leur projet à notre décret consécutif aux nouvelles structures qui organisent les universités françaises.
Pour conclure, il nous faut remercier les bibliothécaires italiens pour leur aimable invitation et la parfaite organisation de leur congrès. Dire aussi combien est agréable à entendre leur langue, quand elle est parlée avec tant de bonheur et de subtilité. Rappeler enfin combien sont précieux et enrichissants ces contacts (toujours trop courts, hélas !) qu'il faudrait pouvoir multiplier. Donc, un seul souhait, participer encore et longtemps aux réunions de l'Associazione Italiana Biblioteche.