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    Microfiches et nouveaux média

    Par Pierre Pelou

    Notre but est de préciser quelques notions sur les microfiches et plus généralement sur les nouveaux média. Nous croyons bon d'informer nos collègues sur la manière dont l'édition évolue vers des média différents du livre ; et prenant appui sur l'exemple des microéditions, montrer l'organisation qui se prépare aujourd'hui pour l'audiovisuel. Par delà les tableaux et autres renseignements pratiques qui nous paraissent indispensables pour aborder directement ces problèmes, il ne faut voir ici qu'une première tentative pour traiter les média dans les bibliothèques.

    1. Edition et médiation

    Depuis quelques années, nous assistons à la transformation des microéditions, qui passent d'une phase de simple gestion avec le microfilm à une phase d'édition et de production originales. Dans l'espace désormais très présent des média, la microfiche assume une petite révolution en présentant sous des formes plus attrayantes des textes anciens qu'elle reproduit ou des textes nouveaux qu'elle édite. Médium de transition, elle nous aide dans une double tâche : apprendre à nous servir des média et des supports qui leur correspondent, préparer le traitement désormais devenu actuel de l'audiovisuel.

    Elle nous apprend à nous servir des média et de leurs supports, en nous obligeant à revoir nos problèmes de traitement, de conservation et de communication. Le triacétate de cellulose ou le polyester sont des supports relativement fragiles, mais qui ont une grande faculté : celle de pouvoir être reproduits très rapidement. Certes, ils impliquent de changer nos habitudes en déformant la conception même que nous nous faisions jusqu'alors du document, et qui était fondée sur l'usage du papier comme support du médium livre. Mais, en ne nous éloignant pas exagérément du texte, la microfiche constitue un médium très analogue au livre, et cependant très différent de lui par les supports qu'elle véhicule.

    C'est pourquoi, en nous occupant d'elle, nous pensons préparer le traitement à venir de l'audiovisuel. Car, après avoir pris contact avec ces nouveaux supports, nous serons plus aptes à traiter les autres média qui apparaissent chez les éditeurs et qui ne sont plus liés au texte, mais aux formes du son et de l'image. De plus, le travail réalisé sur les supports issus de l'acétate de cellulose, nous permettra d'entrer de plein pied dans le monde des média audiovisuels, notamment ceux qui sont liés au film et à certaines de bandes video. Apprendre à manier convenablement les supports est l'étape décisive qui conduit à la connaissance de leurs média. On peut l'énoncer ainsi : il convient de bien connaître les supports pour bien maîtriser les média.

    Si nos collègues regardent régulièrement la partie Annonces de la Bibliographie de la France/Biblio, ils verront que les P.U.F., Didier, A. Colin, Hachette, etc..., éditent de plus en plus de nouveaux média, voire de multimédia (les packages d'Hachette, par exemple), et que les programmes commencent à être diffusés auprès du public. Or, si nous tnons à respecter le sens et la nature des bibliothèques que nous animons, il convient de passer désormais d'une saine pré-occupation à une occupation tout à fait pratique : de l'idée à l'acte. Et cela ne peut se faire qu'avec le concours et la participation de tous ceux qui de près ou de loin auront à travailler sur ces nouveaux documents.

    Pour notre part, nous avons été amené à aborder le champ des média par les microéditions. L'apparition de la microfiche nous y a spontanément conduit. Or, nous aurions très bien pu le faire par les diapositives, les disques ou les films. Mais, il s'est avéré que dans l'édition ce sont les microfiches qui les premières ont fait le pont entre le livre et l'audiovisuel. Qu'on regarde attentivement le tableau de l'état de la production des microfiches en France au 1er juin 1974. On constatera alors que les éditeurs qui ont effectué le dépôt légal à la Bibliothèque nationale assurent déjà une production à la fois homogène et originale. En tentant de réactualiser le livre, la microfiche ne joue plus simplement le rôle de sécurité auparavant dévolu au microfilm ; elle acquiert une identité et prend place dans le groupe des média autonomes.

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    Tableau de la production des microfiches en France du 1er juin 1974 (Dépôt légal)

    2. Les microéditions

    Il y a quatre formes de microéditions : les microfilms, les microfiches, les microcartes et les cartes à fenêtre. Les microfilms les plus utilisés sont le 35 et le 16 mm perforés ou non perforés, généralement en bobines de 30 mètres. Ils peuvent être en simplex, duplex ou duo. En simplex, la page occupe toute la largeur du film, tandis qu'en duo, deux pages y voisinent côte à côte. En duplex, le recto et le verso de la page se trouvent placés, en un seul passage dans la caméra (1) . Les microfiches. tout d'abord de format 75 X 125 mm ont adopté celui préconisé par l'ISO, soit 105 X 148 mm (A 6). Il y a, toutefois, trois types ou variations admises pour A 6 : le type I comporte 60 images rangées en 5 lignes de 12 colonnes ; le type 11 comporte 98 images rangées en 7 lignes de 14 colonnes, et le type III peut comporter un nombre variable d'images allant de la monovue à la multivue, c'est-à-dire schématiquement de 1 à 600 images. Sont exclues de cette classification les ultramicrofiches qui reçoivent parfois plus de 3.000 images et sont utilisées dans des cas particuliers de gestion. Les micro-cartes, quant à elles, ont un rôle relativement restreint. Auparavant de format 75 x 125 mm, ce sont des microfiches opaques, souvent recto-verso, qui connaissent aujourd'hui de plus grandes dimensions. La Readex Microprint Corporation de New York réalise par exemple des microcartes ou « microprints » de 23 x 15 cm, comprenant 10 x 10 images, soit 100 pages chacunes. Il y a enfin la carte à fenêtre, qui d'abord destinée à un usage purement militaire, sert aujourd'hui à des problèmes de gestion, notamment chez IBM, Bull ou à l'INPI. De format 83 x 187 mm, c'est une carte de bristol munie d'une fenêtre de 36 x 48 mm pouvant recevoir un microfilm 35 mm comprenant lui même jusqu'à 8 vues. Cette carte, qui peut être traitée mécaniquement ou mécanographiquement, a une implantation encore assez limitée.

    Ces nouvelles formes d'une médiation liée au livre ont essentiellement un double usage : l'édition et la gestion (2) . En 1973-74, les dépôts faits par les éditeurs à la Bibliothèque nationale correspondent à 1.467 titres. Ce dépôt légal fait aux « Nouveaux supports » par 6 éditeurs français représente une production de 12.990 microfiches, aux partitions variables : 32, 60, 98 et 128 images, visibles sur des appareils de lecture aux rapports de : 14, 18, 24 et 32 x.

    Le tableau ci-dessous permettra à l'utilisateur de s'y retrouver plus facilement :

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    Les microéditions

    Il existe un certain nombre d'appareils aux rapports intermédiaires 20 x, du type Canon reader 200, ou Kodak ektalite 120 ou 140 : 20 et 40 x.

    En ce qui concerne les autres pays, Félix Reichmann et Joséphine Tharpe ont recensé 482 catalogues et liste consacrés aux microéditions ou « microforms » (3) . Y figurent aussi bien les publications de la « Micro photo division » de Bell et Howell que celles de la New York Public Library ou du Service international de microfilms de Paris. Les microéditions prennent tout naturellement place dans le National Union Catalogue, la Francophonie édition ou la Bibliographie de la France/Biblio. Elles sont désormais inscrites dans la sphère de la documentation et de l'information.

    Dans le cadre de la gestion des entreprises, les microéditions ont acquis droit de cité. Par exemple, l'Institut national de la propriété industrielle qui a mis sous forme de cartes à fenêtre ses brevets d'invention représentant environ 120 millions de pages imprimées.

    2.1. Catalogage

    A ce jour, le catalogage des microéditions n'a fait l'objet d'aucune norme vérita-blement admise. Cependant, dans le cadre de l'AFNOR, une commission a été récemment créée pour étudier le catalogage des non-livres. Réunissant des spécialistes des organismes publics et privés les plus concernés, elle devrait dans quelques mois faire connaître ses résultats. Dans l'immédiat, nous avons pour la Bibliographie de la France/ Biblio adopté des normes provisoires fondées sud l'ISBD et sur les recherches les plus récentes menées notamment aux Etats-Unis et au Canada (4) . Jusqu'alors, on avait l'habitude de ne pas traiter le microfilm mais le livre qui est reproduit, de telle sorte qu'on inversait le rapport de médiation en traitant le document comme un sous-produit de l'original. La 3 e édition du Standards for cataloging nonprint materials a inauguré un changement, en faisant état de trois distinctions. Lorsque le microfilm est une édition originale, on le traite en lui-même : 1 rouleau. 35 mm. Lorsqu'il est la reproduction d'un texte préalablement imprimé, la mention de reproduction figure en note, quand il est pris à l'auteur : Microfilm. Ann Arbor, Mich., University Microfilms, 1 rouleau. 35 mm. En revanche, quand il est pris au titre, il est à nouveau traité comme une oeuvre originale.

    Pour notre part, nous avons préféré traiter tous les nouveaux média, et en particulier toutes les microéditions, sans opérer ces distinctions, les tenant pour des unités bibliographiques qui ont leur autonomie documentaire et qui fonctionnent à part entière dans le circuit général de médiation. De cette manière, nous avons été amenés à modeler des règles de catalogage pour mieux tenir compte de la spécificité du médium et de son mode particulier de lecture. Il s'est très rapidement avéré, en effet, que les micro-éditions, et notamment la microfiche, étaient utilisées avec une souplesse telle qu'il convenait de ne pas trop les lier aux particularités catalographiques du livre, dont elles étaient cependant la reproduction intégrale ou partielle.

    C'est pourquoi, nous avons distingué entre trois catégories de documents, tenant pour acquit qu'on ne traitait pas le livre mais la microédition elle-même : non le reproduit mais la reproduction.

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    Réédition

    Ici, nous avons,

    • 1] actualisé l'édition présentée, en tenant d'abord compte du nouvel éditeur: France-expansion. L'adresse est mentionnée parce qu'elle ne figure pas au Répertoire des éditeurs ;
    • 2) caractérisé techniquement les microfiches en indiquant et le nombre : 3, et la partition utilisée : 128 images. Ce type de microfiche doit normalement être lue sur un appareil de lecture comportant un objectif de 32 x ;
    • 3) rendu possible la vérification du nombre des microfiches en faisant le rapport entre le nombre de pages de l'édition originale (271 + 8 = 279) et la partition choisie [128) ; soit 271 : 128 = 2 microfiches de 128 images et 1 microfiche de 128 images comprenant en réalité 23 pages ou images.

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    Édition originale

    Dans ce cas, la note mentionne qu'il s'agit bien d'une édition en microcopie d'une thèse dactylographiée, et non plus d'un texte imprimé ayant fait l'objet d'une édition préalable. Cette microcopie est donc la seule édition existante.

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    Extraits

    Ces deux fiches correspondent à deux oeuvres d'un même ouvrage. Mais, chaque titre a été isolé par l'éditeur, de telle sorte que nous avons dû, par le procédé des notes, mentionner cette différence. Il est fréquent, en effet, de rencontrer des extraits d'ouvrages ou de périodiques dans les microéditions, en raison même de leur souplesse d'utilisation.

    Ainsi, les éléments descriptifs retenus pour la collation sont les suivants :

    • - pour les microfiches, on indique le nombre de microfiches, le nombre type d'images par microfiches, et le format de la microfiche en mm (hauteur par largeur) ;
    • - pour les microfilms, on indique le nombre de rouleaux, la longueur en mètres du rouleau si cette longueur excède 30 m, la mention « perforé » ou « nonperforé ».

    Ces indications ont paru suffisantes pour l'utilisateur, les appareils de lecture les plus courants utilisant des bobines de 30 m.

    Le catalogage des microéditions, comme on le voit aisément, ne pose pas de problèmes fondamentaux. Il convient seulement de faire en sorte que la fiche soit suffisamment explicite au niveau de la collation pour que l'utilisateur sache d'emblée sur quel appareil et avec quel objectif la microédition doit être vue pour avoir une image lisible plein écran.

    2.2. Traitement et conservation

    Conditions de conservation

    Quatre critères fondamentaux doivent présider à la conservation des micro-éditions (5) :

    • 1. température: entre 15 et 20° C ;
    • 2. humidité relative : autour de 40 % ;
    • 3. une bonne ventilation pour éviter la poussière qui raye l'acétate de cellulose ;
    • 4. température constante entre le local de conservation et le local de communication, afin d'éviter les phénomènes de condensation, qui peuvent détruire complètement les images du film.

    Modes de conservation

    Il est bon de conserver les films, par exemple, dans des boîtes métalliques ou plastiques, du type Stocko ou Agfa, qui préservent le film de la poussière et éventuellement du feu (6) . Les études de conservation n'ont pas été menées, à ce jour, avec toute la diligence souhaitable. Il n'empêche que quelques règles élémentaires doivent être observées :

    • 1. pour les microfilms, disposer de 3 éléments: bobine de 30 mètres ajourée, boîte métallique ou plastique, boîte carton sur laquelle figurent les renseignements bibliographiques nécessaires à l'identification et au classement ;
    • 2. pour les microfiches, prévoir des « hamacs » pour chaque microfiche, laissant libre le titre ; un hamac général sur lequel nous préférons reproduire la fiche de catalogue, regroupe toutes les microfiches d'un même titre. Toutefois, pour conserver ces unités ainsi traitées, il existe un matériel de rangement réalisé par quelques fabricants. En voici quelques exemples :

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    Matériel de rangement et fabricants

    Traitement matériel

    Sur chaque microfiche ou microfilm, il convient, à notre avis, d'inscrire un numéro d'inventaire par unité, et une cote par titre. Cela se fait grâce à un feutre spécial qui tient sur l'acétate: Schwan-Stabilo-Pen 76 P, par exemple. Chaque microfiche doit porter le sigle de la bibliothèque et le numéro d'inventaire correspondant à l'unité matérielle ; chaque hamac général, la cote et le numéro d'inventaire. Pour le microfilm, il est bon que la cote figure non seulement sur le film et la boîte en carton mais également sur la bobine.

    Ainsi, on aura pour un microfilm : 1 film avec cote, numéro d'inventaire, sigle de la bibliothèque ; 1 bobine avec cote ; 1 boîte carton avec cote, numéro d'inventaire, éléments bibliographiques de contrôle. Pour un titre en 3 microfiches par exemple, on aura : 3 microfiches avec le même numéro d'inventaire, le sigle de la bibliothèque, un hamac vierge ; et un hamac général comportant la cote, le numéro d'inventaire et la reproduction de la fiche de catalogue.

    2.3. Communication

    Elle peut avoir lieu dans les espaces de lecture spécialisés ou « carrels ». Mais, les techniques récentes du visionnage n'impliquant pas une obscurité totale pour les appareils, on peut très bien envisager de mêler la lecture des microéditions à celle des livres, et favoriser ainsi la création des espaces multimédia.

    Deux remarques, cependant, doivent être faites. D'une part, il est souhaitable si on possède un grand nombre de microéditions de prévoir des appareils de duplication, qui permettent de conserver les microfiches ou microfilms acquis, en parfait état. Ces appareils sont de deux types : l'un utilise un procédé par ammoniac : MB jacket distribué par Kodak, Remington ou Bell et Howell, et l'autre le procédé Kalvar : Canon. Ce dernier, nettement moins cher que le précédent, est cependant sujet à plus de controverses. Ainsi, par la duplication il est possible de produire des microfiches « filles » à un prix de 0,50 F environ l'unité. Si on utilise ce procédé à des fins de gestion interne et non de vente, on évite le phénomène complexe des droits de reproduction. D'autre part, lorsqu'on choisit un matériel quel qu'il soit, en vue de la communication aux lecteurs, il me paraît indispensable de ne pas multiplier les catégories d'appareil souvent très divers. Notamment, il faut savoir qu'il existe désormais six manières de présenter la microfiche dans le « chariot », et qu'un lecteur peu averti a toutes chances de s'énerver si chaque fois qu'il doit en lire une, il est en proie à des solutions et présentations différentes selon les appareils utilisés. Il vaut mieux choisir très convenablement les appareils en fonction de ses besoins, avant de les acheter, et s'y tenir par la suite. Il ne faut pas oublier que même si les microfiches rencontrent auprès du public une sympathie que n'ont jamais suscitée les microfilms, ce n'est cependant pas encore le grand amour.

    Si on désire restituer sous forme de photocopies les microéditions, le marché commence à être bien fourni. Deux systèmes se le partagent actuellement : l'un sur papier à l'oxyde de zinc, satisfaisant pour le texte et peu onéreux, mais ne rendant pas convenablement les images ; l'autre avec un procédé photographique classique : fixation et révélation, qui permet un « rendu » très intéressant des images. Les premiers sont réalisés par Polyclair, Bell et Howell, Kodak, 3 M, les seconds par Canon.

    Quelques mots sur les cas particuliers. Premièrement, il existe de nombreux appareils capable, à l'aide de modules adaptables, de passer sur un même lecteur et la microfiche et le microfilm. C'est le cas, par exemple, du COR 701 de chez 3 M qui permet la lecture en cassette du microfilm 16 mm, comme celle des microfiches, avec deux objectifs: 24 et 42 x (COM). Hélas, cet excellent appareil est relativement cher, et ne convient vraiment qu'au travail interne, car la complexité des commandes ne permet pas de le laisser à l'usage libre des lecteurs. Il en va de même pour le motormatic de chez Kodak ou le Copex L 35 de chez Agfa-Gevaert, qui sous des aspects différents allient la lecture du 35 mm et celle de la microfiche. Pour un prix relativement équivalent, on peut avoir plusieurs appareils singuliers. Il me paraît donc plus réaliste d'isoler les fonctions pour nos lecteurs, et ainsi éviter toute manipulation complexe. Deuxièmement, il faut veiller aux appareils qui utilisent des objectifs interchangeables : le COR 701 ou les Vantages de chez 3 M, par exemple. Car, les pièces mobiles ont l'inconvénient de disparaître inopinément, si on n'exerce pas un contrôle serré.

    Quoi qu'il en soit, dès qu'il s'agit de communication, pour les microéditions, il me semble indispensable de créer un espace particulier dans la salle de lecture et de faire en sorte qu'une personne ait la charge des appareils, en montre le maniement aux lecteurs, les entretienne régulièrement et en assume le bon fonctionnement. Le libre accès des appareils me paraît actuellement une utopie.

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    Sélection de lecteurs de microfiches

    3. Nouveaux supports et nouveaux média

    Par delà le livre et les microéditions, sont les autres média. Son, image et video définissent le nouveau panorama de l'information. Et, à la limite, ce sont les multimédia qui tentent aujourd'hui de synthétiser le phénomène audiovisuel avec leurs livre-disque, bande magnétique-film fixe, livre-cassettes, et tous ces documents hétérogènes qui n'ont pas de véritable identité.

    Aussi les média véhiculent-ils avec eux tout un cortège de supports qui ont leurs propriétés spécifiques : le chlorure de polyvinyle pour le disque, le bioxyde de chrome (Cr 02) ou les oxydes ferriques (Fe2 03) pour les audiocassettes, les cartouches et les bandes magnétiques, le triacétate de cellulose ou le polyester pour les films, etc. Si les uns et les autres sont relativement connus pour l'industrie : le chlorure de polyvinyle pour le revêtement des meubles, par exemple, ils n'ont jamais fait l'objet, à notre connaissance, de recherches attentives quant à leur durée et à leurs modes particuliers de conservation. Mais, c'est à mieux équilibrer le rapport qui existe entre supports et média que la documentation doit tendre, ceci dans le respect de l'unité bibliographique.

    Dans cet esprit, il faut accorder une grande attention aux tentatives actuellement menées par le G.I.C.A. pour regrouper les efforts de tous les producteurs audiovisuels. Le Groupement intersyndical de la communication audiovisuelle est, en effet, une union de syndicats professionnels qui groupe six organismes : le Syndicat national de l'édition (SNE), le Syndicat national des industries et des commerces de publications sonores et audiovisuelles (SNICOP), l'Union syndicale de la presse d'information spécialisée (USPS), le Syndicat de la presse hebdomadaire parisienne (SPHP), la Chambre syndicale des producteurs et exportateurs de films français et le Syndicat national de la video-communication (SNVC). Le GICA, établi 117 boulevard Saint-Germain, Paris 6e , édite tous les deux mois La Gazette de l'audiovisuel dont le but à court terme est de diffuser une information sur tous les problèmes liés aux nouvelles techniques de commu-nication et de recenser la production nationale des produits audiovisuels. En l'absence de tous chiffres officiels, celle-ci peut s'évaluer environ à 15.000 titres par an. Rappelons que les livres totalisent à peu près 25.000 titres par an, publications officielles comprises.

    En vérité, nous allons progressivement vers la constitution de médiathèques, qui seront chargées de coordonner tous les média : du livre à la vidéocassette. Déjà, dans le cadre des bibliothèques médicales, certains équipements sont en cours pour leur donner les moyens de communiquer aux chercheurs les cassettes et vidéocassettes actuellement diffusées : Mediscope, Promaman, etc... Mais, il ne saurait s'agir en aucune façon d'implanter dans un coin de la bibliothèque une « concession » discographique ou de médiation. Il faut faire en sorte que les bibliothèques transforment leur équilibre interne, et passent progressivement vers le nouveau centre de gravité des média, qui se situe dans la notion d'enregistrement. Aussi, si les microéditions sont une excellente préparation à l'apprentissage des média, il ne faut pas en rester là, mais préparer l'insertion de l'audiovisuel dans nos bibliothèques.

    1. Cf. Hequet (J.P.). - Précis sommaire du microfilm. - Paris, impr. Lacer-Rambault et Guiot, 1965. retour au texte

    2. Cf. les travaux d'Andrzej Wyczanski : le microfilm, nouvelle forme du livre, à la Biblioteka Narodowa de Varsovie. retour au texte

    3. Reichmann (Félix) et Tharpe (Joséphine). - Bibliographie Control of Microforms. - Westport : Greenwood press, 1972. retour au texte

    4. - Standards for cataloging nonprint média. - Washington : Association for educational communications and technology, 1972. - Lamy-Rousseau (Françoise). - Uniformisation des règles de catalogage des documents visuels et sonores : description d'une expérience. - Montréal : Ministère de l'éducation du Québec, 1973. retour au texte

    5. Voir aussi : Les Microéditions à la Bibliothèque nationale. - In : « Bull. Bibl. France»», n° 8, août 1973. retour au texte

    6. Voir Yvan Morier. - Le Service de microphotographie. - In : « Bulletin de la Bibliothèque nationale du Québec », septpembre 1973. retour au texte