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Les loisirs et les bibliothèques publiques en Grande-Bretagne

1976
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    Les loisirs et les bibliothèques publiques en Grande-Bretagne

    Par Peter Havard-Williams

    Chef du département de bibliothéconomie et d'information à l'Université de Loughborough, Vice-Président de la F.I.A.B., Vice-Président et Président du Conseil de la Library Association.

    Nous avons le plaisir de publier ci-dessous le texte de la communicatino qu'a faite M. Peter Havard-Williams, Vice-président de la F.I.A.B. au Colloque Bibliothèques, moyen de culture qui s'est tenu à Nice au mois de mai 1975 à l'occasion du Festival du livre.

    Je me sens très privilégié de parler aux bibliothécaires français des bibliothèques publiques britanniques. A mon avis, les bibliothécaires parlent trop aux bibliothécaires, et trop peu aux autres. Une faute principale chez les bibliothécaires, c'est qu'ils préfèrent parler aux livres plutôt qu'aux lecteurs, et aux lecteurs plutôt qu'aux gens qui font la politique du budget ! Ils oublient trop souvent que le monde d'aujourd'hui que chacun peut considérer comme enrichi par la technologie ou abîmé par elle. Le livre, les moyens audiovisuels, les moyens pour l'auto-éducation et l'autoformation doivent se défendre. J'irai même plus loin : il faut un programme de publicité pour les bibliothèques, pour les centres de documentation si on veut qu'ils gardent une place importante dans la vie en face de la télévision, du football et de l'attrait du gain du tiercé improbable et pourtant toujours possible. Dans ce festival, les bibliothécaires ne sont pas seuls ; ils se rejoignent, amicalement j'espère, avec les éditeurs, les libraires, les auteurs, les directeurs de revues pour maintenir au livre sa place dans la vie d'aujourd'hui, et même pour le rehausser, étant donné l'état toujours de plus en plus répandu de l'éducation et de la formation professionnelle et technologique dans la société moderne. Du point de vue politique quand même, les bibliothèques ont une autre valeur : sans les soumettre à une enquête scientifique pour en déterminer la relation « coût-efficacité », on peut assurer que les bibliothèques sont les institutions les moins coûteuses comme moyens d'éducation individuelle. Il y a moins de bibliothécaires que de professeurs, par exemple, et les livres sont beaucoup moins chers que les appareils de laboratoires.

    Au Royaume-Uni, on a assisté à un développement énorme des bibliothèques pendant les douze dernières années. Elles remontent, sur le plan national, à 1850, date de la première loi sur les bibliothèques publiques ou, comme on disait alors, sur les bibliothèques dites « libres », c'est-à-dire, celles où l'on pouvait entrer sans payer. Comme l'a montré mon ancien collègue, Philip Whiteman, par exemple, il y avait, avant cette date, des bibliothèques municipales, bibliothèques d'écoles techniques, de paroisse, de district, mais elles étaient surtout des bibliothèques privées ; ou si elles n'étaient pas privées, elles n'étaient pas gratuites. Il fallait payer un abonnement et même un important droit d'inscription pour pouvoir emprunter. A l'heure actuelle en Irlande, où les habitudes sont souvent plus conservatrices qu'en Angleterre, il reste une bibliothèque privée où les lecteurs aujourd'hui sont soit « membres » (ils ont, alors, plus de privilèges, par exemple le statut de membre est héréditaire, soit « abonnés ». La loi de 1850 donnait aux conseils municipaux la possibilité d'établir une bibliothèque, de la financer grâce à une taxe locale qui ne pouvait pas dépasser 0,04 % de la taxe totale imposée par la ville. Hors des villes, c'est-à-dire à la campagne, il n'y avait pas de service jusqu'en 1920. Les bibliothèques de comté, analogues aux bibliothèques centrales de prêt en France, étaient subordonnées aux services administratifs de l'éducation. Il nous a fallu attendre jusqu'en 1964 pour avoir une loi sur les bibliothèques publiques qui organise un service global et efficace pour l'ensemble du pays. Après la réorganisation des municipalités en 1974, les bibliothèques ont été organisées par les conseils de comtés et on a réduit le nombre des conseils responsables des bibliothèques d'un peu moins de 500 à environ 190. En conséquence, pour le moment, les bibliothèques sont, du point de vue des bibliothécaires, mais pas toujours de celui des lecteurs, en état de chaos, mais on espère que, d'après les principes d'une gestion scientifique, elles vont à l'avenir fonctionner d'une façon beaucoup plus efficace. Une conséquence c'est que les traitements des conservateurs en chef sont beaucoup plus élevés, puisque les unités sont beaucoup plus grandes.

    Pour vous donner quelque idée de l'étendue du service des bibliothèques au Royaume-Uni, quelques chiffres vous seront utiles. En 1973, la population du Royaume-Uni était à peu près de cinquante-cinq millions. La dépense totale pour les bibliothèques était d'un peu plus de £ 84 millions (disons 840 millions de nouveaux francs) dont environ 50 % représentait les salaires des employés, 25 % les acquisitions (£ 18 millions pour les livres ; £ 750,000 pour les périodiques et les journaux, £ 400,00 pour les disques, etc.) - et 25 % les coûts d'administration. Les bibliobus, par exemple, coûtaient presque un million de livres sterling (dix millions de nouveaux francs). Les recettes (droits, amendes, prix des services spéciaux) étaient un peu plus de £ 3,5 millions. Pour assurer le service aux usagers, il y avait presque 8,000 bibliothécaires, quinze mille assistants dactylographes, etc., et plus de quatre mille gardiens, portiers, chauffeurs de bibliobus, etc. Il y avait un stock de presque cent quinze millions de livres en 1973, qui remplissaient à peu près trois millions de mètres de rayonnage. Il y avait donc huit livres pour chaque usager, puisque 25 % de la population est inscrite dans une bibliothèque publique. En 1973, on a dépensé £ 80 millions, en 1975 £ 100 millions et le stock total de livres est de cent trente millions pour environ 14 millions d'usagers.

    Si je vous donne tant de chiffres - ce n'est pas pour vous accabler, car c'est encore vrai que les amateurs de livres en général, savent lire naturellement, mais ils ne se trouvent pas toujours à l'aise devant les chiffres, c'est au contraire pour vous donner quelque idée de l'étendue du service offert au grand public britannique à l'heure actuelle. En outre, il faut un service bien développé pour que les livres puissent enrichir les loisirs. Il faut avoir à manger avant d'avoir à lire, il faut avoir un service de bibliothèques pour aider le difficile processus de la formation personnelle avant d'avoir des livres à lire pour les heures de loisir. Il y a une autre raison. Quand on m'a écrit il y a quelques mois, on m'a demandé de parler des bibliothèques publiques et de la lecture publique en général - c'est ce que j'ai compris. Ce n'est qu'au Brésil il y a quinze jours que j'ai compris que mon exposé devait porter surtout sur le problème des loisirs. Etant donné que j'ai peu de loisir, que faire ? Je n'avais pas de livres, pas d'articles. Heureusement les bibliothèques publiques du Brésil m'en ont donné la clé, car, au Brésil, je n'ai pas vu vraiment de bibliothèques publiques. Ces bibliothèques, au Brésil répondent essentiellement aux besoins des écoliers et des étudiants qui représentent 85 % des usagers ; comme en France les bibliothèques publiques se sont orientées pendant de longues années vers les besoins des savants et des lettrés. Les bibliothèques brésiliennes n'existent que pour servir les études faites pour préparer les examens d'école, de collège, ou d'université. Pour moi, ça c'est presque une définition d'anti-loisir. Il faut y ajouter les services d'information et de référence pour l'industrie et le commerce - mais tout ce qui est laissé de côté ce sont les loisirs. Si vous voulez, c'est une définition négative, et je devrais être plus précis. Les loisirs comprennent tout ce qu'on fait dans cet autre but que professionnel, financier ou de carrière. Cette définition comprend donc l'éducation et la formation - c'est-à-dire, les études faites pour l'enrichissement de soi. Par exemple, un des phénomènes extraordinaires (ne sont-ils pas tous, extraordinaires ?) - c'est le grand succès remporté par l'Open University, c'est-à-dire, une université qui fonctionne par correspondance, avec des cours diffusés par la télévision et la radio et avec des cours d'été. Cette université compte un millier d'étudiants. Beaucoup de ces étudiants utilisent leurs heures de loisir à des études qui leur font plaisir et non pas forcément parce qu'ils ont besoin d'un diplôme.

    Ce que peut offrir la bibliothèque pour les loisirs commence très tôt dans la vie des lecteurs, ou plutôt des usagers. Car ma fille de trois ans ne savait pas lire, mais elle pouvait à cet âge trouver beaucoup d'albums illustrés pour les plus petits qui l'intéressaient énormément. On a regardé ensemble les livres de Richard Scarry, avec leurs illustrations vives et bien colorées montrant la vie actuelle en ville, à la campagne, à l'école, en pique-nique. On a regardé l'histoire du lion et du rat de Brian Wildsmith, dont les illustrations sont des oeuvres d'art qui agissent comme porte-parole de l'histoire. On a lu ensemble « Petit Ours en visite » qui donne à l'enfant un schéma des liens qui unissent les membres d'une même famille et lui donne la conscience des différences et des besoins des parents. L'enfant peut s'identifier aussi avec le petit ours qui aime écouter l'histoire de l'enfance de sa mère. Tous ces livres aident l'enfant à élargir sa vision du monde, ils sont bien sûr éducatifs, mais ils sont aussi des livres de loisirs.

    Je voyage beaucoup afin de donner des conférences, des consultations, faire passer des examens aux étudiants. Pour moi, c'est le travail, pour les enfants c'est un intérêt, des heures de loisirs. Les biblitohèques reçoivent ma question, ou la question des enfants pour chercher des guides, de la même façon, c'est-à-dire les loisirs sont aussi sérieux que le travail. Où vais-je pouvoir trouver les livres destinés à amuser les enfants sur les différents pays que je visite ? Y a-t-il des livres de niveaux variés sur les principaux pays du monde dans la bibliothèque publique de notre petite ville de 50,000 habitants ? Si je ne trouve pas ce que je veux, je peux demander une « réservation », c'est-à-dire qu'on demande le livre d'une autre bibliothèque du réseau des bibliothèques du comté et qu'il est réservé pour ma prochaine visite. S'il n'existe pas dans le réseau du comté, on le cherchera dans la région, et même dans les fonds de la British Library. C'est rare à ce niveau, mais c'est toujjours possible.

    Les enfants plus âgés ont un service beaucoup plus étendu. Ils ont des romans sur l'école, des romans d'aventures, des livres sur les oiseaux, sur les arbres, des livres sur le tricot, sur les sports, sur les beaux-arts, sur la musique, sur les sciences - pas les manuels scolaires mais les livres qui peuvent éveiller l'esprit de l'enfant, l'amener à s'intéresser aux matières qu'ils ne trouvent pas étudiées à l'école ou aux matières qui sont mal enseignées mais qui pourrait l'intéresser personnellement comme étude de loisir.

    C'est la vérité que nos enfants d'aujourd'hui deviennent adultes beaucoup plus tôt que dans la période préhistorique de notre jeunesse. Il y a moins de règles strictes aujourd'hui pour les enfants de douze ou treize ans qui veulent avoir accès à la bibliothèque de prêt des adultes. Une des conséquences de la bibliographie nationale, utilisée par toutes les bibliothèques publiques et les autres moyens de collaboration, c'est que le personnel peut s'occuper beaucoup plus des usagers parce qu'il y a beaucoup moins à faire en matière de catalogage, ou pour d'autres tâches. On commence déjà avec les usagers de trois ou quatre ans, en racontant des histoires aux groupes d'enfants qui se réunissent régulièrement à la bibliothèque. Et c'est avec une certaine fierté que je peux vous dire que mon université - l'Université de Loughborough - va donner le diplôme de docteur honoris causa à la doyenne des bibliothécaires pour enfants, célèbre conteuse, Eileen Colwell, qui a commencé son travail, à Hendon près de Londres, il y a une cinquantaine d'années, et qui a publié beaucoup de ses histoires racontées aux enfants dans sa bibliothèque. Les bibliothécaires travaillent avec des groupes d'enfants d'âges différents, et ceux des enfants qui fréquentent le plus la bibliothèque sont bien connus des bibliothécaires. Il y a aussi des conseillers de lecteurs (readers' advisers) qui peuvent aider les enfants à choisir les livres qui leur conviennent. Il faut ajouter que la notion de loisirs est beaucoup plus importante en Angleterre qu'en France. On travaille de 8 h à 16 h ou de 9 h à 17 h - ou un peu plus mais les soirées sont pour les loisirs. On commence tôt et les enfants apprennent à utiliser les heures de loisirs librement, mais d'une façon structurée. Les heures d'ouverture tiennent compte de ce fait, et les bibliothèques sont ouvertes de 10 h jusqu'à 19 h ou 20 h chaque jour, sauf le dimanche. Plusieurs ouvrent aussi le dimanche.

    Les services des bibliothécaires sont aussi, et même plus, dirigés vers les besoins des adultes et sur le même plan étendu. Autrefois, les bibliothèques publiques se divisaient en départements de livres à consulter, d'ouvrages de référence, d'une part, et d'autre part en département de livres à prêter. Dans ma jeunesse dans la bibliothèque, si bien dépeinte dans le roman de Kingsley Amis, That Uncertain Feeling, il fallait demander tout au bibliothécaire qui tirait chaque livre des rayons fermés à clé. Aujourd'hui, la tendance est plutôt vers un mélange de livres de référence et de prêt sur les rayons en libre accès ou la femme de ménage aussi bien que l'étudiant, le commerçant ou l'avocat peuvent consulter les oeuvres de référence, les encyclopédies, les services d'information politiques, etc. Il s'agit naturellement de livres modernes et non pas de la réserve ou des collections spéciales. J'ai visité, il y a quelque jours, un nouveau bâtiment de bibliothèque publique à Barnsley (Yorkshire), bâtiment simple, non monumental, pas d'escalier à monter devant l'entrée, avec un intérieur accueillant et bien conçu. On a inauguré récemment ce nouveau bâtiment de 5,000 m2 sur quatre étages situé au centre de la ville près de l'hôtel de ville ; il est destiné à une population de cent quatre-vingt milles habitants. On trouve là un stock de toutes sortes de livres, pour tous les niveaux intellectuels, et sur tous les sujets. Comme lorsqu'il s'agit des enfants, les bibliothécaires reçoivent des adultes toutes sortes de demandes pour l'information, pour les livres, de la même façon sérieuse. Il n'y a pas de distinction entre les demandes faites à cause du travail ou ceux qui résultent d'intérêt suivi dans les heures de détente, y a les livres techniques, les manuels, les introductions, les livres pour s'amuser. Les livres sont bien classés et il est facile de trouver les livres qu'on cherche. D'un stock de 100,000 volumes, par exemple, la moitié est formée de romans, classés par ordre alphabétique d'auteurs, l'autre moitié porte sur des sujets divers. Comme il y a 1.000 classes principales de la CDU, il y a une moyenne de cinquante livres par classe, ou un peu moins de deux rayons de livres. On trouve également les belles-lettres, les « westerns », les policiers, les romans d'amour et les romans dits classiques de Walter Scott, Dickens, Thackerey et d'autres. En plus, il y a l'ambiance, l'atmosphère du bâtiment qui n'est pas fait que pour étudier mais plutôt pour se détendre. Les rangées de rayons sont assez éloignées les unes des autres, il y a des fauteuils aussi bien que des tables et des chaises. Il y a des tapis partout. A chaque étage, on est accueilli par un bibliothécaire dont le bureau est en pleine salle avec des fauteuils en face de lui pour les lecteurs qui veulent le consulter. Tout ceci donne une atmosphère de confort, d'accueil, de loisir, qui n'a rien à faire avec ces pauvres bâtiments tristes qu'on a vu dans trop de pays où les bibliothèques sont faites pour les études des pauvres qui n'ont pas de quoi avoir leurs propres livres. Mais on reçoit à Barnsley non seulement les lecteurs de la classe bourgeoise, mais aussi les ouvriers, les femmes (libérées et non libérées!), les enfants, les jeunes gens et les jeunes filles. Il n'y a pas de salles de lecture et de magasins - tout est mélangé. Il y a quelques salles à part pour ceux qui veulent étudier tranquillement, une salle pour l'étude de l'histoire de la région, par exemple, ce qui est très courant en Angleterre. Il y a une salle aussi pour raconter les histoires aux enfants, les salles de commissions pour les sociétés culturelles, et même un bar où l'on peut prendre le café. En outre il y a une salle de conférence et dans un autre bâtiment un théâtre qui est placé saus la direction du conservateur de la bibliothèque.

    Depuis 1974 et la réorganisation des municipalités, les bibliothèques ont trouvé leur place dans la structure administrative avec une certaine difficulté. On les a mises soit avec les institutions d'éducation, soit avec les unités qui s'occupent des loisirs - les parcs, les services pour la jeunesse, les bains publics et le service du plus grand des loisirs - les cimetières. Les bibliothèques trouvent difficilement leur place parmi les uns ou les autres ! Déjà on a beaucoup discuté en 1971 au cours du congrès annuel des bibliothèques publiques d'Eastbourne de la place des bibliothèques. Mr. Frank Gardner a proposé la bibliothèque comme centre culturel ; moi, j'ai suggéré que les bibliothèques soient des institutions éducatives. Est-ce que cela s'oppose ? Ni l'un ni l'autre n'a gagné. A mon avis, la bibliothèque publique moderne a une gamme de rôles, et l'évidence le montre aujourd'hui, quand mes collègues d'autres pays parlent du rôle des bibliothèques publiques dans le domaine de l'information, de l'animation, de l'éducation permanente, etc.

    Il faut mentionner les moyens audio-visuels. Il s'agit de films, de montages audiovisuels, de diapositives, d'estampes et surtout de disques. Presque toutes les bibliothèques ont des discothèques où on peut écouter les disques sur place ou à domicile. On trouve un grand choix de disques - de la musique du Moyen Age (en passant par Bach, Mozart, Beethoven, Brahms, Straus, Mahler, Berg, Boulez, etc.) jusqu'à la musique populaire contemporaine (The Beatles and after). Souvent, les bibliothèques prêtent aussi les reproductions des grands peintres pour les périodes de trois ou six mois. Les bibliothèques ont beaucoup de liaison en effet avec les sociétés culturelles - de musique, de théâtre, de lecture, et le personnel organise, avec l'aide des autres, les activités culturelles de la ville ou de la région.

    On parle maintenant du personnel. Dans la formation, les jeunes bibliothécaires en préparation ont souvent l'occasion de présenter leurs exposés oralement en classe. Ceci les aide à savoir comment faire un exposé, discuter en groupe, parler aux autres ; il les aide aussi à préparer des documents bien structurés - quelque chose qu'ils auront à faire dans leur métier, aux commissions par exemple. En même temps, ils apprennent la matière. On travaille en petits groupes où chacun présente son exposé à son tour pendant le trimestre. Il y a des cours à suivre pour la promotion des bibliothèques, les cours sur les moyens auduio-visuels, la musique, les disques, les beaux-arts, aussi bien que sur la bibliothéconomie proprement dite. Mais au concours d'entrée on cherche les candidats d'un caractère épanoui qui pourrait facilement travailler avec le public, qui pourront sortir de leurs bibliothèques pour aborder comme bibliothécaires les problèmes des aveugles, des handicapés, des prisonniers, des malades, soit dans leurs maisons soit dans les hôpitaux. On fait de expériences dans le Comté de Leicester pour amener les livres, l'information aux lecteurs, aux usagers hors de la bibliothèque. Actuellement, un de mes étudiants fait une enquête sur les services de bibliothèques dans la région pour les ouvriers étrangers et leurs familles. Quels sont les problèmes culturels, de lecture, d'ambiance même dans la bibliothèque pour une jeune femme musulmanne arrivée en Angleterre il y a quelques mois, même quelques années, de l'Afrique ou du Pakistan. Ce n'est pas facile à résoudre.

    Les bibliothèques, dans un pays où les loisirs ont une importance presque égale au travail, jouent un rôle important dans la formation, l'éducation, l'information et les loisirs. Elles sont des agences pour l'éducation, mais elles sont devenues aussi le noyau d'un centre culturel. Dans les comtés où la bibliothèque fait partie du service culturel, elle est l'unité la plus importante. Elle ouvre ses portes à tous, son personnel est sur la place du marché, pour ainsi dire. On pense aux expériences de Janet Hill, bibliothécaire pour enfants à Lambeth, Londres, qui raconte des histoires aux enfants dans les parcs. Les livres forment la base de la culture mais il faut savoir les exploiter, en tirer des informations et des idées pour enrichir non seulement les étuudiants, les lettrés. Il faut faire de la bibliothèque un centre de loisirs, pour la femme qui s'occupe de la maison, pour l'ouvrier qui veut avoir quelque chose sur les timbres étrangers, pour le professeur qui veut s'instruire sur le jardinage, pour le choeur qui a besoin de la musique, pour chanter (et d'un local pour chanter), des gens qui veulent jouer une pièce et qui ont besoin de textes (et d'un théâtre pour jouer). La bibliothèque contribue d'une façon réelle à l'enrichissement de la qualité de vie au Royaume-Uni.