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    Suzanne Damiron : 1910-1977

    Par Marie-Thérèse Laureilhe

    Rien ne faisait prévoir le départ de Suzanne Damiron : ce n'est pas sans émotion que je tiens à dire que cette disparition brutale a mis fin à trente-cinq ans d'amitié, fruit de trente-cinq ans de collaboration à la Bibliothèque d'art et d'archéologie et au service de l'histoire de l'art.

    Après de brillantes études à l'Institut d'art et d'archéologie de l'Université de Paris, Suzanne Damiron passa le Diplôme technique de bibliothécaire, couronnement de stages à la Bibliothèque de la Sorbonne et à celle de la Faculté de médecine où elle collabora au Catalogue collectif des périodiques conservés dans les bibliothèques de Paris et dans les bibliothèques universitaires de province, mais c'est à la Bibliothèque d'art et d'archéologie de l'Université de Paris (fondation Jacques-Doucet), où elle entra en 1937, qu'elle put donner toute sa mesure. C'est là qu'elle fit sa carrière, bibliothécaire, puis chargée de la direction en 1945 et conservateur en chef en 1971.

    En 1946 elle soutint ses thèses de Doctorat ès-Lettres devant la Sorbonne avec Saint-Savin de Lavedan et les églises romanes de la région pyrénéenne et Une Grande revue d'art, « L'Artiste », son rôle dans le mouvement artistique au XIXe siècle. Peu après la Société de l'histoire de l'art français lui confiait la mission de secrétaire générale qu'elle accomplit jusqu'à la veille de sa mort avec une bonne grâce souriante qui dissimulait un travail assidu pour administrer la Société et accroître son rayonnement en France et à l'étranger en particulier en faisant paraître un Bulletin de haute qualité dont elle assurait elle-même la mise en page et l'illustration.

    Sa direction de la Bibliothèque d'art et d'archéologie fut bénéfique pour cette très belle bibliothèque qu'elle développa par sa compétence et par l'amabilité avec laquelle elle accueillait chercheurs et amateurs d'art, par des acquisitions judicieuses de documents imprimés, manuscrits, dessins originaux, projets d'architecture, etc... qui complétèrent le fonds réuni par Jacques Doucet, André Joubin et les directeurs successifs. Elle put étendre les horaires d'ouverture et ouvrit une salle des périodiques permettant aux chercheurs de consulter sans attente les derniers numéros parus. Enfin elle s'attacha à accroître, en sollicitant des dons, la collection de catalogues de ventes qui fait de cette bibliothèque un centre de documentation sans égal, supérieur même à la Bibliothèque nationale, pour les ventes d'objets d'art.

    Elle fonda et dirigea la sous-section des bibliothèques d'art de l'A.B.F. de 1968 à 1973 et sut donner à cette dynamique sous-section un bon départ par des visites intéressantes de centres d'art, un recensement des périodiques d'art et des séances de travail sur les catalogues de vente, les vedettes de matières, etc...

    En même temps elle publiait régulièrement des articles, le plus souvent au Bulletin de la Société de l'histoire de l'art français, qui faisaient connaître les merveilles de sa bibliothèque (1) .

    Travailleuse acharnée, elle savait obtenir des collaborateurs qu'elle s'était choisi à sa bibliothèque, comme à la Société de l'histoire de l'art français, leur maximum. Elle avait eu plusieurs accrocs de santé et suivait des traitements fatigants, mais n'avait jamais envisagé de se reposer, elle corrigeait les épreuves du « Bulletin de la S.H.A.F. » quand elle partit à peu près subitement. Les nombreux amis qui accompagnèrent son cercueil, témoignèrent de l'attachement de ses collaborateurs et de la reconnaissance des chercheurs en histoire de l'art qu'elle avait aidés avec une inlassable complaisance.

    1. Une bibliographie en sera publiée au prochain « Bulletin de la Société de l'histoire de l'art français » qui paraîtra en 1978. retour au texte