Index des revues

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    Jacques Archimaud (1930-1978)

    Par Marie-Thérèse Sart

    Le 16 décembre 1978 mourait notre ami et collègue Jacques Archimbaud, emporté à 48 ans par une longue et douloureuse maladie. Né dans cette même ville le 27 juin 1930, Jacques Archimbaud y avait fait ses études secondaires puis une licence d'enseignement et un diplôme d'Etudes Supérieures de Philosophie, avant de s'orienter vers les Bibliothèques en passant avec succès, en 1954, le D.S.B. et le concours de recrutement de bibliothécaire.

    Nommé responsable de la Section Médecine de la Bibliothèque Universitaire de Lyon, il devait y rester 2 ans avant d'être chargé de la création de la Section Médecine, Pharmacie et Odontologie de la Bibliothèque Municipale et Universitaire de Clermont-Ferrand en octobre 1956.

    Jacques Archimbaud était bien connu dans le monde médical pour sa compétence bibliographique. Parmi de nombreux travaux, son ouvrage « Bibliographie et recherche documentaire en médecine et pharmacie » lui avait valu en 1973, le prix Jansen de l'Académie Nationale de Médecine.

    Ses recherches bibliographiques, loin de le détourner de ses activités de bibliothécaire, les vivifiaient et ses qualités d'organisateur et d'animateur étaient très appréciées de ses collègues bibliothécaires médicaux. Il avait présidé en 1977 le groupe de travail sur les bibliothèques médicales au Ministère des Universités.

    L'organisation des salles spécialisées de la Bibliothèque de Médecine de Clermont-Ferrand permet d'apprécier la valeur pédagogique de la méthode de recherche bibliographique de Jacques Archimbaud. Au lieu de répartir les documents selon leur nature, livres, périodiques, bibliographie, il les avait regroupés à l'intérieur de chaque discipline, de telle sorte que le chercheur les trouvait successivement à sa disposition, au fur et à mesure que se développait sa recherche : traités, ouvrages de référence, monographies, publications en série, bibliographies spécialisées et années récentes de périodiques. Comme le dit excellemment son collaborateur Monsieur Perrin « jusque dans son organisation matérielle, une bibliothèque était pour Jacques Archimbaud une institution pédagogique ».

    Jacques Archimbaud avait une intelligence aiguë des problèmes documentaires de notre temps. il ne rêvait pas de solutions miracles, mais avec les moyens dont il disposait et une ingéniosité remarquable, il réalisait les instruments de travail efficaces. Ses fichiers documentaires ISIS, Isidor, Pharmadoc, qui ont fait école dans les autres bibliothèques de médecine, les Index annuels de thèses, et la création du Fonds national des thèses sont les témoins de ce qu'il était capable d'inventer avec un peu de moyens matériels et une économie étonnante d'efforts dans un énorme travail. Son enthousiasme était communicatif et il avait su transmettre à ses collaborateurs, en même temps que sa méthode, l'amour de la recherche bibliographique bien faite.

    Réalisme, modestie, désintéressement, humour, étaient les caractéristiques de cette personnalité exceptionnelle. Lorsque ses qualités d'organisateur et ses travaux bibliographiques eurent attiré sur lui, l'attention de la Direction des Bibliothèques, des promotions importantes lui furent proposées. Il les refusa, non par crainte des responsabilités, mais par souci de ne pas devoir sacrifier ses recherches bibliographiques à des tâches administratives trop absorbantes. « J'ai choisi de réaliser une oeuvre, me confia-t-il un jour, pas de faire une carrière », et il était parfaitement soutenu et compris dans ce choix par Madame Archimbaud.

    Ce n'est pas seulement dans l'enseignement de la bibliographie médicale aux étudiants en Médecine et dans ses ouvrages bibliographiques que Jacques Archimbaud affirmait ses talents pédagogiques, mais aussi dans l'enseignement de l'histoire et des techniques du livre à notre Centre de préparation aux examens professionnels. Et là encore, il captivait ses élèves, car s'il avait la passion de la bibliographie, il avait aussi celle du livre ancien comme aussi de la gravure et de la peinture pour laquelle il était très doué.

    Grand amateur de musique, Jacques Archimbaud avait consacré à Beethoven un article intitulé « Beethoven : souffrance et surdité ». Ceux qui le connaissaient bien savaient par quel surcroît d'attention et avec quelle patience il dominait et supportait la gêne que lui causait, surtout dans les réunions publique, sa légère infirmité.

    Cette expérience personnelle de la souffrance avait sans doute encore affiné la sensibilité de Jacques Archimbaud qui n'était pas seulement un intellectuel brillant et un artiste, mais encore un homme de coeur ouvert à toutes les souffrances humaines. Visiteur de prisons, très attaché à l'oeuvre des « Villages d'Enfants S.O.S. de France », c'était de façon concrète et efficace qu'il témoignait de son amour des autres. Ceux qui travaillaient près de lui avaient chaque jour l'occasion d'apprécier sa gentillesse et sa disponibilité ainsi que son extrême délicatesse.

    L'année dernière, malade déjà, il écrivait dans la préface du « Thésindex Médical 1976-1977 » : « tout laisse à penser que ce travail pourra être poursuivi ». Puissent ceux qui ont collaboré avec lui ou suivi ses enseignements, s'inspirer de sesdres et de ses méthodes pour poursuivre une oeuvre si utile aux bibliothèques.

    Jacques Archimbaud était pour nous un ami, il restera aussi pour notre profession un exemple et un guide.