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    Bibliothèques et patrimoine

    Hier, aujourd'hui et demain : Journée d'étude de l'A.E.N.S.B. 1er février 1980

    Par Renée Lemaître

    Venus de tous les coins de France, les conservateurs diplômés de l'Ecole Nationale Supérieure des Bibliothèques se sont trouvés rassemblés au Musée des Arts et Traditions populaires pour faire un bilan des richesses des bibliothèques de France et prévoir leur enrichissement dans l'avenir.

    Hélas, l'annonce de la mort subite de Paul Poindron. qui devait prendre la parole ce jour-là, attrista toute l'assemblée. C'est monsieur Caillet qui eut le triste devoir de prononcer son éloge, ce qu'il fit avec émotion : il rappela l'amitié qui les avait liés pendant plusieurs décades à l'inspection des bibliothèques et les étapes d'une carrière de 45 ans tout entière dévouée au service des bibliothèques. Après une introduction de Francine Masson, vice-présidente de l'AENSB, Maurice Caillet brossa un tableau somptueux des richesses de nos bibliothèques. Avec lui nous fîmes une tournée des plus beaux bâtiments anciens et de leur mobilier, héritage précieux dont il faut être plus conscient. Pour ce qui est des collections, monsieur Caillet mit l'accent sur l'extrême variété de leurs supports : manuscrits, incunables, cartes, médailles, estampes ; la difficulté, pour de petites bibliothèques, de les cataloguer lui fit souhaiter la constitution d'une équipe volante de spécialistes qui en serait chargés. Les problèmes de conservation, d'entretien, de restauration, furent évoqués avec la nécessité de créer des ateliers centraux comme le centre de restauration de la Bibliothèque nationale qui vient d'être créé à Sablé. De même un autoclave sur camion serait souhaitable. La détérioration du papier en fibre de bois et le programme mis sur pied par la Bibliothèque nationale pour y pallier fût aussi évoqué. Il fut question de la conservation des nouveaux supports (bandes filmées et sonores, épreuves photographiques) et de la nécessité d'entreprendre une campagne de microfilmage des périodiques locaux. Enfin les modalités des legs et des dations firent l'objet d'une discussion instructive. On souhaiterait qu'une partie au moins de ce que nous a dit Maurice Caillet passe dans les médias, en cette année du patrimoine où l'on nous parle beaucoup plus du cirque que des musées, et pas du tout des bibliothèques (si l'on excepte les 5 épisodes de la série télévisée « Une mémoire bien rangée », de valeur inégale). Un avenir quelque peu futuriste nous fut dépeint par Madame Rozen-sztroch de la Mission interministérielle de l'information scientifique et technique (MIDIST). Elle nous décrivit les projets gouvernementaux en vue d'élargir la diffusion des publications scientifiques et techniques par les systèmes automatisés et par la télématique, les efforts pour coordonner nos banques de données avec les systèmes étrangers; la création d'un serveur central : QUESTEL (à Vallebonne); le soutien de l'Etat aux banques de données et les efforts pour faciliter l'accès aux brevets par des systèmes automatisés.

    Le problème de la fourniture des documents primaires donna lieu à quelques discussions (les solutions ne sont pas encore bien en vue) ainsi que la nécessité de la formation des usagers en commençant par l'initiation à l'informatique dans les lycées et collèges (le rôle du bibliothécaire semble aussi important à l'auditoire que celui de l'enseignant). Enfin il fut fait allusion à une possible transformation du rôle de notre profession au fur et à mesure que l'emploi de l'informatique va se généraliser.

    La formation à la conservation et à la diffusion du patrimoine fut abordée de façon plus classique par monsieur Merland. directeur de l'ENSB et monsieur Monfrin. directeur de l'Ecole nationale des Chartes. Dans son spirituel exposé, monsieur Merland fit ressortir le dilemme éternel conservation/communication qui confronte tout conservateur, avec le danger d'être pris, soit pour un «gardien maniaque ». soit pour un « inconscient dangereux ».

    Il montra la difficulté pour une école de former en un an des bibliothécaires capables de cataloguer des fonds anciens et d'interroger une banque de données. Le projet d'une école du patrimoine va-t-elle prendre corps, où, après une période de tronc commun, les programmes se diversifieraient pour former des archéologues, des archivistes, des bibliothécaires, des conservateurs de musées?

    Monsieur Monfrin, directeur de l'Ecole des Chartes, définit le rôle de l'archiviste qui, loin de se réfugier dans le passé, se doit d'être en prise directe avec son époque pour savoir quels matériaux amasser afin de dessiner l'histoire de demain. Il faut aussi qu'il soit de plain-pied avec les lecteurs pour connaître leurs besoins. La gestion, l'informatique doivent lui être connues pour remplir la mission qui lui est maintenant dévolue. Toutes ces communications d'un très grand intérêt sont publiées par les presses de l'ENSB. comme l'ont été les journées d'étude précédentes (Association de l'Ecole nationale supérieure des bibliothèques.

    - Journées d'études... : la formation professionnelle des bibliothécaires et documentalistes dans les pays de la communauté européenne : la littérature en langues étrangères dans les bibliothèques : la documentation régionale.

    - Villeurbanne : Presses de l'ENSB. 1979. - 472 p.).