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    Créer des discothèques

    Par Renée Fortin-Jammes, disquaire

    Prix d'Excellence du Conservatoire National de Musique de Paris

    Depuis quelques années, l'industrie du disque s'est développée d'une façon considérable, et les éditeurs s'efforcent chaque jour d'améliorer leur production, par le choix des oeuvres, la qualité de l'enregistrement et de la matière. Les discophiles sont de plus en plus nombreux, mais beaucoup d'entre eux, leurs ressources pécuniaires étant limitées, ne peuvent acquérir tous les disques qu'ils désirent entendre.

    A la grande .satisfaction de ces mélomanes, des discothèques de prêt ont été créées récemment, mais presque toutes sont dues à des initiatives privées. Quelques bibliothèques officielles, cependant, ont été dotées de discothèques de prêt ; elles sont encore l'exception, bien que dès leur création, le succès ait été certain.

    On comprend l'hésitation des Conservateurs, qui ont fait des études pour être bibliothécaires et non « discothécaires ». S'ils connaissent la valeur des oeuvres littéraires, ils ne connaissent pas toujours la valeur des oeuvres musicales, ni celles des enregistrements, qu'il s'agisse de musique, de littérature, de théâtre, de jazz ou de variétés. C'est là que le disquaire peut leur apporter une aide précieuse. Il ne peut être question de « discothèque type », lorsqu'il s'agit de disques destinés à des auditeurs complètement différents. Le disquaire, qu'il ne faut pas confondre avec le marchand de disques, doit travailler en collaboration avec le Conservateur, tenir compte de toutes ses indications, ainsi que de la région, du milieu, et de l'âge des auditeurs.

    Dans son projet, le disquaire doit mentionner tous les bons enregistrements d'une même oeuvre, faire remarquer les différences d'interprétation et les différentes qualités des enregistrements au point de vue technique. Le Conservateur, qui souvent, tient compte des désirs exprimés dans un comité, peut largement faire un choix dans une liste qui atteint facilement quatre ou cinq fois la valeur des crédits prévus.

    Avant de les livrer, le disquaire consciencieux écoute tous les disques qui lui sont commandés, afin de s'assurer qu'ils n'ont aucun défaut de fabrication.

    Tout ceci nécessite un travail méticuleux et très important de la part du disquaire ; rares sont ceux qui peuvent le faire et qui acceptent de consacrer du temps, beaucoup de temps, sans tenir compte... des heures supplémentaires.

    Un disquaire peut être assez désintéressé pour aimer son métier comme un bibliothécaire aime le sien.