Description : « Ça pue l’IA sur LinkedIn » : cette phrase, parue récemment dans Les Affaires, illustre un climat de suspicion généralisée. Sur les réseaux, chaque texte est désormais guetté, suspecté d’avoir été
« pondu par ChatGPT » — au point que le tiret cadratin, si fréquent dans ses textes, en devient presque un stigmate typographique honteux. Dans La Presse, on s’interrogeait il y a quelques jours :
« Qu’IA écrit ce texte ? », en constatant que l’IA générative donne l’impression d’une robotisation de l’écriture, d’où la pensée serait absente. Frédéric Kaplan, dans Le Monde diplomatique, décrivait pour sa part une prolifération de formes rhétoriques homogénéisées, tels que les diptyques pivots et triptyques rythmiques qui pullulent sur les réseaux sociaux. Ces réactions traduisent une inquiétude : l’IA ferait disparaître l’auteur, en dissolvant son identité dans des automatismes sans âme. Mais avant d’adhérer à ce diagnostic hâtif, il convient de se rappeler que la figure de l’auteur n’a jamais été naturelle ni immuable. Elle a une histoire, des régimes différents selon les pratiques, et elle n’a cessé de se redéfinir au cours des siècles, tout comme elle le fait aujourd’hui.