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    L'affaire des liens

    Ou le noeud de la question

    Par Dominique Lahary
    Par Jean-Paul Gaschignard

    La fantaisie des éditeurs étant par nature inépuisable, les catalo- gueurs voient arriver régulière- ment divers casse-tête et cas limites, auxquels ils essaient d'appliquer normes, et formats. Ah ! le jour où l'on a construit une vedette à trois noms de lieux (mais depuis la norme a changé), les joies des Monumenta Germaniae historica avec leurs séries, sous-séries et sous-sous-séries, et dont deux édi- teurs se disputaient la publication, l'un en RFA, l'autre en RDA ! les numéros spéciaux de périodiques ! les coffrets de plusieurs disques compacts, présen- tant des anthologies de chansons ou d'airs d'opéra ! Or, ce qui paraît à pre- mière vue comme une affaire mineure, propre à passionner les maniaques du catalogage, pourrait bien être en réalité le nœud de la question, la pomme de discorde qui fait se tordre les normes, exploser les formats, épuiser les logi- ciels, cafouiller les réservoirs, et diva- guer les politiques, si bien qu'au bout du compte, du point de vue des cata- logues et de la récupération biblio- graphique, nous n'en sommes pas en- core, loin s'en faut, à l'âge de la médiathèque.

    Des normes pour analyser et dépouiller

    Les monographies en plusieurs volumes

    Les normes de catalogage sont bonnes filles : elles laissent le choix entre trois partis pris pour le catalogage des mono- graphies en plusieurs volumes : la note de contenu, le catalogage à niveau et la description au niveau du sous-en- semble ou de l'unité matérielle.

    Soit une monographie en 3 volumes de Michel Foucault (1) . On peut dépouiller :

    • par une note de contenu : Histoire de la sexualité / Michel Foucault. - [Paris] : Gallimard, 1976-1984. - 3 vol. (211, 285, 284 p.) ; 23 cm. (Bibliothèque des his- toires). Comprend : 1, La volonté de savoir ; 2, L'usage des plaisirs ; 3, Le souci de soi. L..]
    • * par un catalogage à niveaux : Histoire de la sexualité / Michel Foucault. - [Paris] : Gallimard, 1976-1984. - 3 vol/. (211, 285, 284 p.) ; 23 cm. (Bibliothèque des his- toires). 1 - La volonté de savoir. - 1976. - 211 p. 2 - L'usage des plaisirs. - 1984. - 285 p. 3 - Le souci de soi. - 1984. - 281 p. [...]

    ce qui représente deux façons de dé- crire au niveau de l'ensemble.

    Mais on peut aussi choisir de décrire au niveau de chaque unité matérielle : La volonté de savoir / Michel Foucault. - [Pa- ris] : Gallimard, 1976. - 211 p.) ; 23 cm. - (Histoire de la sexualité, 1) (Bibliothèque des histoires).

    Quand on aura précisé qu'un titre par- ticulier non significatif, dit alors titre dé- pendant, ne doit pas être choisi comme titre propre lorsqu'on décrit au niveau du sous-ensemble : Histoire de la vie privée / sous la dir. de Philippe Ariès et Georges Duby. Tome 1, De l'Empire romain à l'an mil / par Peter Brown, L..]

    et que l'absence de titre particulier en- traîne en principe l'obligation de dé- crire au niveau de l'ensemble : Lorsque l'enfant paraît / Michel Foucault. - Paris : Éd. du Seuil, 1977-1979. - 3 vol., [...]

    Vignette de l'image.Illustration
    Tableau 1

    on aura à peu près tout dit. Sinon que les mêmes règles s'appliquent à d'autres types de documents, tels que les séries de cartes.

    Ces principes sont ceux des normes AF- NOR de catalogage. Les normes anglo- américaines AACR2 (Anglo-American cataloguing rules, 2nd edition) présen- tent exactement les mêmes possibilités. Toutefois, outre-Manche et outre-Atlan- tique, on ne pratique guère le catalo- gage à niveaux.

    La description des parties composantes

    S'il s'agit maintenant de décrire des élé- ments figurant dans un document, comme les nouvelles composant un re- cueil ou les plages d'un disque, les normes AFNOR (2) ne proposent que la note de contenu : Trois contes / Gustave Flaubert.-[...] Réunit : Un cœur simple ; Hérodias ; La lé- gende de Julien l'Hospitalier.

    Les concertos pour violon. - [... Contient: Concerto en ré mineur / L. van Beethoven. Concerto et ré majeur / J. Brahms. [ ..1

    Mais on peut imaginer de décrire les parties composantes comme des touts, par le catalogage à niveaux. Ce qui peut donner, pour un coffret de disques, trois niveaux de description, l'un pour le coffret, l'autre pour chaque disque, la troisième pour chaque plage ou en- semble de plages : Opéra baroque : les moments forts. - [...] 1 : Italia. L'incoronazione di Poppea/ Claudio Monte- verdi

    Les notices de dépouillement

    On peut enfin décrire dans une notice une partie composante d'une unité ma- térielle, par exemple un article de pé- riodique, qu'il faudra alors citer en note. Les AACR2 prévoient explicite- ment cette possibilité, la mention du fascicule contenant l'article étant intro- duite en note par la mention In. En France, une norme AFNOR est en cours d'élaboration.

    Normes, formats, logiciels

    Plusieurs niveaux de problèmes pour les notices à niveaux

    Si les normes de catalogage aident à in- terpréter les documents, les formats prévoient différentes solutions pour traiter ces difficultés. La question se complique du fait que les différents lo- giciels, le plus souvent, ne permettent pas d'utiliser toutes les possibilités des formats. Dans le choix d'un format, et son application, il est donc nécessaire de bien séparer ce qui est causé par le format et ce qui est causé par le logiciel.

    On distingue dans le catalogage les dif- férentes unités intellectuelles, qui peu- vent s'inclure les unes dans les autres : telle œuvre sera incluse dans un recueil d'œuvres complètes ou une anthologie, par exemple.

    Pour mieux comprendre les rapports entre catalogage à niveaux et informa- tique, il faut de plus distinguer les uni- tés intellectuelles constituées de plu- sieurs unités physiques (cas d'un ou- vrage en plusieurs volumes), les unités physiques (volume, disque compact), les unités intellectuelles incluses dans une unité physique.

    Les règles de catalogage, élaborées pour l'essentiel avant l'informatisation des bibliothèques, ont eu tendance à re- grouper le maximum d'information dans la notice de l'unité la plus large, ou notice chapeau, et à laisser le mini- mum d'information dans les notices des niveaux les plus bas.

    Cette approche, efficace pour simplifier le travail de rédaction et la lecture des fiches ou des catalogues imprimés, pose différents problèmes dans les bibliothèques informatisées.

    Tout d'abord, le prêt met l'accent sur l'unité physique du document, et cela même si plusieurs notices d'exem- plaires peuvent être liées à chaque no- tice décrivant un'document (dite aussi notice bibliographique).

    Il semble d'autre part assez difficile de reconstituer un affichage informatique cohérent, et facile à lire, à partir de plu- sieurs niveaux : les éléments contenus dans une notice chapeau varient d'un document à l'autre, les affichages sont régis par des règles qui doivent être identiques quelles que soient les no- tices à présenter, et il n'est pas rare de rencontrer trois niveaux d'unités intel- lectuelles, emboîtés les uns dans les au- tres. LIBRA avait toutefois correctement résolu ce problème.

    Enfin, l'exportation de notices à ni- veaux suppose de réunir, lors de la pré- paration du fichier à transférer, les no- tices des différents niveaux, grâce aux zones de liens. Cette opération compli- que beaucoup la confection du fichier à exporter.

    Les fournisseurs de logiciels ont donc tendance à simplifier la structure des notices : du point de vue informatique, la meilleure solution est un seul niveau de notices, correspondant à l'unité phy- sique. Cependant, la recherche docu- mentaire demande au contraire de faire apparaître les unités intellectuelles, de façon compréhensible par le lecteur. On se dirige de plus en plus vers des solutions rassemblant l'essentiel de la description au niveau de l'unité physi- que, les unités intellectuelles apparais- sant grâce aux structures des index.

    Trois exemples de cette évolution : cer- tains fournisseurs proposent un cata- logage analytique - pour les documents sonores et les dépouillements de pério- diques - il ne s'agit pas de créer une notice autonome, mais simplement de lier certaines données dans les index ; d'autres, dans le même but, indexent les zones de notes ; d'autres, enfin, complètent la notice par des tables de concordance entre auteurs et titres - ces tables ne font bien sûr pas partie du format.

    Vraisemblablement, les structures ac- tuelles des index - un seul index par type d'entrée, titre, auteur, etc. - sont encore insuffisantes. Les solutions les plus adaptées feront sans doute inter- venir des index emboîtés : fonctions permettant d'appeler les titres liés à par- tir d'un titre, index où une seule entrée rassemble toutes les fonctions d'un au- teur, avec un choix permettant ensuite de choisir sa fonction (auteur principal ou préfacier, chef d'orchestre ou inter- prète...). Les différents formats pré- voient tous des solutions pour les ni- veaux et dépouillements, dans l'ensem- ble relativement complexes.

    UNIMARC propose d'emboîter les no- tices entre elles, grâce aux champs de liens 4XX. La notice d'un volume conte- nant des œuvres d'auteurs différents de- vrait avoir la structure suivante : label - ISBN et zones codées - 200 a titre de l'ensemble f mention de responsabilité - 210 zone de l'édition - 215 collation - 464 (niveau du dépouillement) $1 200 a titre de l'œuvre contenue / mention de responsabilité de l'œuvre contenue 700 vedette de l'auteur de l'œuvre contenue... Le$1 après l'éti- quette de la zone de liens introduit une deuxième notice, emboîtée dans la pre- mière. La description de l'ensemble se poursuit après la fin de l'emboîtage.

    La structure actuelle d'UNIMARC ne per- met que deux niveaux de description, ce qui est insuffisant pour certains do- cuments particulièrement complexes (coffrets de plusieurs disques d'antho- logies ayant chacun un titre propre...).

    Il semble qu'aucun des logiciels actuel- lement vendus en France ne permette de tels emboîtements - de les intégrer et d'en tirer parti pour la recherche do- cumentaire. Les bibliothèques sont donc obligées de simplifier la structure des notices. L'IFLAtravaille à une évo- lution d'UNIMARC, avec un développe- ment plus grand des niveaux.

    INTERMARC propose une structure très proche des normes françaises de cata- logage : notice chapeau et notices de niveaux inférieurs sont indépendantes, et reliées par leurs numéros de notices qui apparaissent en tête de zone s'il y a des liens. L'exemple suivant tente d'il- lustrer cette proposition un peu aride : le même ouvrage à plusieurs œuvres contenues sera catalogué en :

    • 1. une notice chapeau NV1 : label et zones codées - 100 auteur de l'ensem- ble - 245 a titre de l'ensemble f men- tion de responsabilité - 260 zone de l'édition - 280 collation...,
    • 2. une notice de dépouillement : label et zones codées - 100 auteur de l'œu- vre contenue - 245 a titre de l'œuvre contenue f mention de responsabilité - 461 (lien avec l'ensemble) numéro de la notice chapeau t titre...

    On voit que les différentes notices liées peuvent être affichées séparément, mais qu'il est très difficile de les réunir sur le même écran.

    Cette structure permet jusqu'à trois ni- veaux de description. Actuellement, seule la BNF catalogue en INTERMARC en utilisant sa structure à niveaux. En- core a-t-elle un temps abandonné le ca- talogage à niveaux pour les livres, et ne fait-elle maintenant dans ce cas que des notices chapeaux très simplifiées, qu'elle n'exporte pas. La structure à ni- veaux d'INTERMARC n'est pleinement utilisée que dans les notices de docu- ments sonores de la base BN-OPALINE.

    LC-MARC, adopté par plusieurs biblio- thèques départementales et par de plus en plus de bibliothèques universitaires, prévoit des solutions plus simples qu'U- NIMARC et INTERMARC, par des champs de vedettes secondaires, par exemple : 777 (autre document inclus dans la même unité) a auteur de l'œuvre conte- nue t titre de l'œuvre contenue. Les lo- giciels ne permettent pas non plus d'ex- ploiter pleinement ces données.

    Échapperons-nous un jour à « Carmen, Mozart » (3) , et cela en respectant les for- mats ? Sans doute, mais pas tout de suite. Tels qu'ils sont définis, les for- mats permettent beaucoup de solutions, mais les logiciels sont aujourd'hui limi- tés. Tous sont appelés à évoluer : les logiciels, par une meilleure adaptation aux besoins de la recherche documen- taire ; les formats, sous l'effet de l'usage qui en est fait et des contraintes des systèmes informatiques.

    Une histoire française

    Le décor étant planté, nous allons voir comment la question a été gérée en France du point de vue de la diffusion de l'information bibliographique insti- tutionnelle (4) .

    INTERMARC et les liens

    Le format INTERMARC utilisé par la Bibliothèque nationale, qu'il s'agisse d'INTERMARC(M) pour les monogra- phies imprimées ou d'INTERMARC(AV) pour les documents sonores et audio- visuels, offre toutes les possibilités de liens hiérarchiques : lien d'une mono- graphie décrite isolément vers une no- tice d'ensemble de type «monographie en plusieurs volumes (zone 461), sous-notices de dépouillement à l'unité matérielle (zones 860 et 861), de dé- pouillement analytique à l'unité intel- lectuelle (zones 821 et 823).

    Comment la BNa perdu le catalogage à niveaux

    Dans la base BN-OPALE, les possibilités de liens hiérarchiques offertes par le format INTERMARC sont très peu utili- sées, les notices étant le plus souvent établies au niveau de l'unité matérielle (équivalent INTERMARC de l'exemple 3).

    L'abandon du catalogage à niveaux, ren- du possible catalographiquement après parution de l'ISBD(M) révisé, est lié à des impératifs de gestion et d'échange.

    Le Dépôt légal et la gestion des maga- sins exigeaient un traitement au vo- lume. Introduire ensuite un catalogage à niveaux aurait compliqué le traite- ment. En outre, la Bibliothèque natio- nale du Canada, qui catalogue selon les normes anglo-américaines AACR2, ne pouvait récupérer des notices françaises de monographies en plusieurs volumes réparties sur plusieurs niveaux (5) .

    Comment Unimarc a été trahi une première fois

    Quand il s'est agi de diffuser ces notices sur CD-ROM, est intervenue une obliga- tion du ministère de tutelle, celui de la Culture : cette diffusion devait se faire, en application du schéma directeur de l'in- formation bibliographique, en UNIMARC.

    Comment traiter alors du dépouille- ment ? UNIMARC propose deux solu- tions : le lien ou l'imbrication. La pre- mière solution n'était guère praticable : il est difficile d'échanger des notices liées (6) . La seconde a été jugée informa- tiquement trop complexe. On a donc aménagé UNIMARC en transformant les champs de lien, notamment le champ 461 (lien ascendant) en champ ordinaire comportant les sous-champs$t pour le titre,$v pour le numéro de volume ou de tome et $y pour l'ISBN du niveau de l'ensemble. A charge pour les logiciels importateurs de ménager un accès titre et, en cas d'affichage du pavé ISBD, d'in- sérer cet élément dans la zone de la col- lection.

    Ainsi est né ce qu'on a appelé « l'UNI- MARC BN et qu'il faudrait plutôt (on verra ci-dessous pourquoi) surnommer « UNIMARC BN-OPALE Il consiste en la transformation des champs de lien en champs ordinaires et en l'utilisation li- mitée du format à un certain nombre de champs et sous-champs énumérés dans la documentation fournie aux abonnés du CD-ROM de la Bibliographie nationale française.

    Les constructeurs de logiciels présents sur le marché français se sont donc ca- lés sur cet « UNIMARC qui est devenu, de fait, et jusqu'à nouvel ordre, le for- mat d'échange français de référence.

    Comment BN-OPALINE a réhabilité les niveaux

    Il se trouve que la Bibliothèque natio- nale, après avoir créé la base BN-OPALE pour les monographies imprimées, a constitué pour les « non-livres (docu- ments sonores, images fixes et animées, cartes et plans, etc.) une autre base, BN- OPALINE. Dans cette base, pour laquelle le même format INTERMARC est utilisé, les dépouillements analytiques sont lar- gement utilisés, notamment pour la des- cription des documents sonores, qui peuvent être décrits à trois niveaux : la mère (par exemple le coffret), la fille (par exemple le disque) et la petite-fille (par exemple la plage).

    Comment Unimarc a été trahi une seconde fois

    Mais, quand il s'est agi de diffuser ces notices, est à nouveau intervenue la tu- telle ministérielle qui a imposé deux choses : diffusion seulement sur serveur et non sur CD-ROM, diffusion en UNI- MARC.

    Comment rendre compte dans une seule notice UNIMARC de trois niveaux de des- cription, par exemple une grand-mère et trois mères ayant chacune une dizaine de filles ? C'était en tout cas impossible en UNIMARC BN, qui n'admettait que des « liens » réduits à un titre et à un numéro. D'autre part, la structure à imbrication a été jugée impropre à la description à trois niveaux. Il a donc fallu, une seconde fois, aménager UNIMARC.

    La solution retenue a consisté à faire figurer dans une même notice trois ni- veaux de description. Et c'est ainsi que la notice informatique présente absolu- ment la même structure qu'une notice ISBD à niveaux, les normes AFNOR ne limitant pas a priori le nombre de ni- veaux.

    Une notice à niveaux de format UNI- MARC BN-OPALINE se présente donc de la façon suivante :

    • un chapeau » composé d'une série de champs de 001 à 999;
    • puis la première sous-notice du second niveau, avec tous ses champs de 002 à 999, introduite par un champ (002) ;
    • puis la première sous-notice de troi- sième niveau, introduite par un champ (003) ;
    • suivie de toutes ses sœurs, introduites de même ;
    • puis la deuxième notice de deuxième niveau, introduite par un champ (002) ;
    • suivie de toutes ses filles, introduites par un champ (003) ; etc.

    Étonnement des bibliothécaires qui dé- couvrent ce format inédit lors du Salon du livre de 1992. Agacement des constructeurs, dont la moulinette UNI- MARC BN-OPALE ne peut plus servir sur ce format, et qui doivent en faire une autre. Nous retrouvons là la probléma- tique développée dans la partie précé- dente : les logiciels gérant des liens en- tre notices bibliographiques vont pou- voir traiter assez facilement l'UNIMARC BN-OPALINE : après importation, il leur suffit de casser la notice à deux ou trois niveaux en autant de notices que d'unités décrites et de les lier hiérarchiquement. Pour les autres, l'opération est plus déli- cate, puisqu'il faut en quelque sorte apla- tir une notice en relief tout en conservant l'illusion du relief, en se gardant notam- ment du syndrome Carmen-Mozart.

    Il se trouve que les concepteurs de lo- giciels de bibliothèque ne se sont guère empressés de construire une nouvelle moulinette, car ces notices de troisième type ne sont actuellement disponibles qu'en ligne, et qu'il y a bien peu de candidats au branchement, mais ceci est une autre histoire.

    De l'intérêt de ne pas accorder une importance exagérée à l'étiquette

    De cette aventure, il est permis de tirer une leçon: l'étiquette n'est rien, la structure est tout. L'étiquette, c'est ce nombre à trois chiffres qui permet d'i- dentifier les champs d'un format MARC. L'État a cru mener une politique de nor- malisation de la fourniture de notices en faisant la police des étiquettes. Mais il a laissé se développer derrière leur apparente cohérence des structures dif- férentes, voire opposées. Transformer un champ 245 (zone du titre et de la mention de responsabilité en INTER- MARC, USMARC, UKMARC) en champ 200 (son équivalent en UNIMARC) est un re- maniement aisé. Récupérer une notice à trois niveaux, que les sous-notices soient juxtaposées ou imbriquées, n'est pas une mince affaire.

    Conclusion

    Un format d'échange peut avoir un effet unificateur. Cet effet, certainement voulu par les initiateurs du schéma directeur de l'information bibliographique, a joué à plein dans l'exemple des monographies. Mais il n'a pas joué pour les non-livres, d'abord parce qu'il n'y avait pas de four- niture de notices, ensuite parce qu'il a été établi un format d'échange différent de celui des livres. Chaque logiciel a donc pu développer ses propres stratégies de dépouillement, essentielles pour les non- livres, sans référence imposée par le marché (car c'est par les demandes du marché, c'est-à-dire des bibliothèques, conditionnées par les décisions institu- tionnelles, que les effets unificateurs peu- vent jouer sur les constructeurs). Il y a donc dispersion absolue des solutions proposées par les différents logiciels, et, partant, des pratiques de catalogage, alors qu'en se privant de ce moyen de diffusion massive qu'est le CD-ROM, l'État laisse se développer une concurrence qui pro- pose d'autres solutions de dépouillement.

    On l'aura compris : l'affaire des liens n'est pas seulement technique : elle est politique. Puisse la Bibliothèque natio- nale de France opérer l'indispensable mise en cohérence de la fourniture de notices, quelle que soit la nature des documents décrits, afin de répondre à la demande des bibliothèques informa- tisées dont la plupart disposent, et c'est heureux, d'une seule base biblio- graphique multi-support » (7) .

    1. Les exemples de notices bibliographiques sont ré- duits aux éléments nécessaires à la démonstration. retour au texte

    2. Normes relatives à la description biblio- graphique : Z 44-050 (monographies), 44-066 (do- cuments sonores), 44-067 (documents cartographi- ques), 44-073 (monographies, description allégée), 44-074 (monographies anciennes). retour au texte

    3. Carmen, Mozart: soit un disque d'extraits d'opéras avec un air de La flûte enchantée et un air de Carmen ;Mozart et Bizet sont sortis en au- teurs, La flûte enchantée et Carmen en titres ; tous les auteurs sont indexés avec tous les titres : il de- vient possible de trouver Carmen, auteur Mozart sur un écran de consultation. retour au texte

    4. Voir dans ce numéro l'article sur les UNIMARC et le point de vue de Philippe Le Pape Pour l'UNl- MARC-. retour au texte

    5. A une époque où le schéma directeur de l'infor- mation bibliographique en France - qui a conféré à la BNun rôle national dans la diffusion de no- tices - n'avait pas encore vu le jour, celle-ci a été amenée à privilégier la récupération de ses notices par ses homologues étrangères, notamment anglo- saxonnes, qui étaient ses seules clientes. retour au texte

    6. UNIMARC prévoit l'éventualité d'importation de no- tices liées puisque en position 7 du label figure le niveau bibliographique et qu'on peut même signaler en position 5 les notices filles pour laquelle la notice mère a déjà été fournie. Mais cela supposerait que la sélection se fasse au niveau de la fille et que la mère soit automatiquement fournie, et qu'à la pro- chaine importation d'une fille de la même mère le système importateur dispose d'un système de dédoublonnage évitant de créer un doublon de la mère, et lui affectant bien la seconde fille. C'est trop complexe pour servir de standard sur le marché, même si de telles fonctionnalités ne sont pas inimaginables puisqu'une partie déjà des systèmes dispose d'une procédure de dédoublonnage. retour au texte

    7. L'adjectif multimédia fort en usage chez les bibliothécaires, n'est aujourd'hui plus de mise puis- que le monde de l'informatique a définitivement popularisé une autre acception de ce terme. retour au texte