L'Enssib fête ses 30 ans en 2022, l'occasion de revenir sur 30 dates et temps forts.
 

Ce siècle avait deux ans, et l’Enssib franchissait le cap de sa première décennie lorsque, pour la première fois, une promotion d’élèves fonctionnaires a eu l’idée de se donner un nom.

À l’époque, les bibliothécaires en formation initiale étaient rangés de façon très taxonomique par ordre alphabétique. La promotion K y réfléchit la première mais, faute d’un consensus et d’une validation formelle, le nom de Franz Kafka est resté dans un entre-deux que l’intéressé n’aurait peut-être pas désavoué, à l’origine toutefois d’un processus qui allait se pérenniser à partir de 2005 pour les conservateurs (DCB 14 : Georges Perec), 2008 pour les bibliothécaires (FIBE S : Shadoks), rejoints à partir de 2018 par les COBD (Umberto Eco).

Dans la troisième partie du Côté de chez Swann, le narrateur de Proust (auteur qui n’a pas encore été retenu), évoque le train circulaire qui « s’avançait magnifiquement surchargé de noms » entre lesquels il ne pouvait choisir « par impossibilité d’en sacrifier aucun. ». À l’inverse, les promotions doivent désormais trancher. Il faut reconnaître aux FIBE une créativité éclectique qui culmine avec les Fibulles (promo FIBE U de 2010) en n’hésitant pas à enrôler les personnages de fiction (Hermione Granger, Bartleby).
Les promotions de conservateurs affichent progressivement des options plus politiques : les six derniers choix portent sur des femmes illustrant, chacune à sa manière, des combats d’émancipation.

Quelques noms « historiques » sont égrenés : Hipparchia, Averroès, Louise Labé, Ada Byron, Louis Braille… Deux bibliothécaires seulement : Augusta Braxton Baker et Bertrand Calenge, mais l’actuelle promotion de COBD porte le nom de Daraya, ville syrienne bombardée où les habitants installèrent une bibliothèque clandestine ; il est à craindre qu’une prochaine promotion ne rende malheureusement un hommage comparable à l’Ukraine.

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