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    L'évolution des bibliothèques d'hôpitaux

    Par Colette JULLIAN
    Extrait du mémoire de fin d'études sur "les bibliothèques d'hôpitaux en France: bilans et perspectives ", présenté en 1983 par Colette JULLIAN pour l'obtention du diplome supérieur de bibliothécaire.

    Depuis les années 70 se dessine une lente évolution de la conception de l'hospitalisation. Ce mouvement s'accélère depuis le début des années 80, face à la montée spectaculaire des dépenses de santé et des impératifs économiques : les pouvoirs publics recherchent des " alternatives à l'hospitalisation " (1) afin que la charge des dépenses de santé ne devienne pas intolérable à la collectivité. C'est ainsi que dans les années à venir des formes d'hospitalisation complémentaires et progressives viendront alléger l'hôpital traditionnel, structure lourde en matériel et en personnel :

    • hospitalisation de jour, hospitalisation à domicile, maintien à domicile des personnes âgées valides,
    • création de petits centres de soins dans les quartiers,
    • création de centres de santé en psychiatrie,
    • regroupement des services d'enfants.

    Dans un tel contexte, il paraît aberrant de répondre à l'évolution de l'hospitalisation, à la carence et à la misère des bibliothèques d'hôpitaux par une application pure et simple de normes qui globalisent les besoins en lecture au niveau d'un centre hospitalier (nombre de lits) sans tenir compte de la réalité propre à chaque service. La fonction bibliothèque ne peut s'appliquer par exemple à un service de réanimation, on voit mal comment des malades gravement handicapés solliciteraient des prêts de livres. Il semblerait donc plus judicieux de raisonner en fonction de la spécificité des services. On prendra l'exemple de trois services hospitaliers, maternité, gériatrie, pédiatrie, particulièrement demandeurs de la fonction bibliothèque, mais différents par l'âge de leurs usagers et de la durée des séjours, et l'on verra comment la bibliothèque devra s'adapter aux nouvelles conditions d'hospitalisation :

    La maternité.

    Bien que les accouchées ne séjournent que peu de temps à l'hôpital, et que les accouchements à domicile redeviennent courants, ce type d'usagers après son passage à l'hôpital revient régulièrement lors de visites. Mais très vite ce public n'est plus comptabilisé comme séjournant à l'hôpital, cependant il reste un public potentiel pour la bibliothèque. Les mères lors de leur hospitalisation et après sont à la recherche de toute une documentation sur l'enfant, éducation, maladies, diététique etc... La bibliothèque si elle est suffisamment " accrocheuse " en direction de ce public peut soit le garder, soit plus tard l'aiguiller vers une annexe de quartier de la bibliothèque municipale.

    Les services de gériatrie.

    Le maintien des personnes âgées à domicile, bouleversera profondément le profil de la population hospitalière, quand on sait que les personnes âgées représentent 60 % des hospitalisés (2) . Les personnes âgées ainsi traitées à domicile ne seront plus comptées parmi la population hospitalière. Mais la demande de ce public envers la bibliothèque reste entière, et ce n'est pas une structure rigide et figée dans l'espace (la bibliothèque est à l'hôpital) qui peut répondre à ce type de besoin. On ne raisonne plus alors en termes de rapport nombre de lits/mètre carrés/nombre de volumes, mais en termes de desserte à domicile, à la demande, par camionnette.

    Les services de pédiatrie.

    La bibliothèque enfantine devrait être présente dans tous les hôpitaux qui ont un service d'enfants malades. Malheureusement, à part quelques expériences, surtout parisiennes, la bibliothèque d'enfants en milieu hospitalier demeure l'exception. Ce sont pourtant les usagers qui ont le plus besoin d'un service de lecture. Pour de nombreux enfants, le séjour à l'hôpital est long, plusieurs mois, voir des années. L'enfant est alors coupé de tout ce qui constituait son environnement quotidien habituel, famille, école, jeux, copains... La bibliothèque, les livres, l'animation, l'heure du conte, peuvent atténuer cette coupure ; l'intégration de la bibliothécaire à l'équipe médicale et pédagogique est alors indispensable. La bibliothèque enfantine, largement ouverte vers l'extérieur, devrait être une annexe de quartier de la municipale mettant directement en contact les enfants hospitalisés et ceux du quartier.

    En examinant ces trois services hospitaliers, on a ainsi déterminé les fonctions essentielles de l'action future des bibliothèques d'hôpitaux :

    • un centre de documentation spécialisé dans le domaine médical, sanitaire et social. Si l'on parle en terme de réseau au niveau d'une agglomération on peut très bien envisager que la bibliothèque située à l'intérieur de l'hôpital soit un fonds spécialisé, destiné aux professionnels de la santé et à tous les usagers curieux de s'informer dans ces domaines.
    • un service de prêt à domicile, par desserte à la demande.
    • une annexe multimédia de la bibliothèque municipale intégrée à l'hôpital mais largement ouverte à tous les usagers de la ville.

    La bibliothérapie

    Alors que la musicothérapie semble reconnue : La méde-que musicothérapie semble reconnue : La médecine classique commence à la reconnaître, en parlant de maladies psychosomatiques. Pendant longtemps, la musicothérapie a été réservée aux troubles psychologiques et considérée comme un adjuvant à la psychothérapie. Aujourd'hui elle est indiquée pour soigner des troubles psychosomatiques comme l'ulcère, l'asthme, l'eczéma, les troubles du rythme cardiaque, les troubles colitiques ". (3) Qu'en est-il de la bibliothérapie ?

    Le terme même de bibliothérapie paraît pratiquement inconnu en France, où il est difficile de trouver une définition du mot bibliothérapie dans les dictionnaires généraux et encore plus dans les dictionnaires médicaux (4) . Aux Etats-Unis, la bibliothérapie se développe depuis les années 60 et elle est enseignée dans les universités. Quelle place occupe dans la formation des médecins et des directeurs d'hôpitaux le rôle du livre et de la bibliothèque en milieu hospitalier? Apparemment peu, car s'il en était autrement les bibliothèques d'hôpitaux ne seraient pas dans cet état de sous-développement chronique, et les bibliothécaires hospitalières seraient considérées comme des spécialistes du livre et de la littérature et non pas comme de simples distributrices.

    Pourtant est-il encore nécessaire de faire la démonstration de l'utilité du livre comme élément de contact, comme ouverture vers l'extérieur; la lecture, mais aussi l'animation autour du livre permettent le défoulement, l'identification du lecteur avec le héros, avec telle ou telle situation présentée par le texte. "

    1. Le Monde. 27 janvier 1983. retour au texte

    2. Le Monde. 27 janvier 1983. retour au texte

    3. COUTURIER (L.).-La Musique adoucit les moeurs. In : L'Impatient. N°65. Avril 1983. p. 16. retour au texte

    4. Définition du dictionnaire médical Masson, 1978 : Bibliothérapie : traitement par le livre de certaines maladies mentales. retour au texte