Index des revues

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  Bibliothèque de l'heure joyeuse, Par Frigot, G. p.40.
• tessier, Christian
  Ceci n'est pas un livre, Par Coignet, Béatrice p.42.

"Il ne s'agit pas tant de poser la question de la culture populaire que de faire de la culture une question populaire».

«Faire lire» : c'est dire à la fois inciter et permettre, donner envie et faciliter, susciter sans imposer et promettre sans décourager»...

« Si l'exclu de la lecture est aussi l'exclu d'une parole, il peut être bon de lui permettre de parler, avec ses propres paroles, de ce qu'il va commencer à lire. Parler des livres qu'on lit et en faire l'occasion d'une pensée, c'est leur donner une place réelle dans la vie de tous les jours...»

Sans négliger ses lectures habituelles, C. Tessier a découvert Melvil Dewey et sa classification, lu le Bulletin des bibliothèques de France sans oublier Lucrèce, découvert Rich-ter sans abandonner Pérec, fait la connaissance de D. Var-loot, de R. Roy et des bibliothécaires en se rappelant le film d'Alain Resnais sur la Bibliothèque nationale.

Ainsi un philosophe se penche sur notre métier, nos pratiques, nos techniques, notre conception de la culture. Se posant quelques questions à propos de notre attachement à un indice, de notre besoin de faire lire à tout prix quitte à ne pas nous permettre de juger certains contenus, C. Tessier éclaire bien des aspects de notre profession.

De plus en plus nous étudions, disséquons : le public, ses usages, ses besoins, nous réfléchissons sur les fonctions et le fonctionnement des bibliothèques. Certes ces débats sont fort utiles et notre profession peut sembler bien jeune car en pleine mutation, mais, porté par notre époque, notre discours est trop souvent théorique, oubliant toute référence à l'histoire politique et sociale.

Forts de notre rôle de «médiateurs culturels», nous développons un discours moderniste qui, en fait, risque de nous écarter de notre véritable fonction. Avec raison face à l'illettrisme nous nous interrogeons : comment faire lire ? et répondons par de nouvelles techniques, bien souvent étrangères à notre public et, pourquoi ne pas l'avouer, à nous-mêmes...

Le message de l'auteur est peut-être celui-ci : «humanisons nos bibliothèques», ne plaquons pas de méthodes toutes faites, prêtons-nous à la critique. Comme le rappelle C. Tessier, toute religion de la culture est condamnable ; aussi ne nous érigeons pas en prescripteurs absolus, ni en libérateurs laxistes dispensant n'importe quelle culture.