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Le catalogue collectif des cartes et plans de la région Centre

1991
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    Le catalogue collectif des cartes et plans de la région Centre

    Par Béatrice Pacha, Bibliothécaire auprès d'AGIR

    Cette opération, lancée en janvier dernier et menée en collaboration avec Ludovic Miran, a pour but de réaliser le catalogue des cartes et plans imprimés des origines à 1815 et conservés dans les Bibliothèques municipales de la région Centre.

    A la base du projet, un constat : en dehors des rares catalogues sur fiches de cartes locales, il n'existait pas d'instrument de localisation des documents cartographiques des bibliothèques de la région.

    Objectifs

    • »1991 : repérage des documents, traitement matériel et catalogage.
    • »1992-1993: achèvement des recherches bio-bibliographiques, travail sur l'histoire des collections et campagne de microfilmage des documents recensés.
    • *1994 : publication du catalogue.

    2000 documents environ répartis dans 16 établissements, sur 6 départements, sont actuellement en cours de traitement.

    Traitement matériel

    Nous avons choisi d'associer au catalogage toutes les étapes de traitement du document, à chaque fois que cela était nécessaire :

    • repérage des documents (en feuilles) dans les magasins et réserves,
    • estampillage,
    • classement par format pour une meilleure conservation,
    • inscription à l'inventaire et cotation.

    A la date d'aujourd'hui, nous avons traité 1500 documents environ ; plus de 1000 d'entre eux ont fait l'objet d'un traitement matériel intégral. Incontestablement, les fonds de cartes et plans sont en tête des collections non accessibles au public.

    Si les longues heures passées dans les magasins à la recherche de cartes en rouleau, pliées entre deux livres ou rangées dans un tiroir nous ont permis de découvrir des documents exceptionnels, elles ont surtout contribué à faire le point sur ces collections. En l'absence d'inventaires et d'états des fonds détaillés, l'estimation du nombre des documents à traiter s'est avérée erronée. Pourquoi ? Parce que les rares chiffres dont nous disposions prenaient en compte les cartes du 19esiècle, en nombre très important dans les bibliothèques. Enfin, il est vrai qu'un fonds non traité est généralement surévalué. Contrairement aux livres, les cartes sont difficiles à quantifier.

    Le traitement matériel des cartes nous a confrontés aux problèmes liés à la conservation et à la communication de ces documents. De par leur format souvent très grand, leur support fragile, les cartes et plans demandent un traitement spécifique, donc coûteux. Nous avons étudié les solutions applicables dans la plupart des bibliothèques, quelles que soient l'importance des collections et les possibilités budgétaires des établissements (meubles à plans, rayonnages, portefeuilles, cartons à dessins...). Le manque de temps à consacrer à ces fonds, de personnel, d'espace et de matériel sont des réalités incontournables. Notre premier objectif a donc été d'estampiller, de ranger les cartes à plat par format et de les protéger de la poussière et de la lumière. Au terme de notre intervention, une liste signalera tous les documents qui nécessitent une restauration et/ou un entoilage.

    Notices complètes en format intermarc

    Les notices directement saisies sur micro-ordinateur portable, tendent à décrire le document le plus précisément possible :

    • trancription intégrale des titres, mentions de responsabilité, adresses...
    • essai de datation de chaque document ;
    • mention du livre ou de l'atlas dans lequel la carte a été publiée (recherche indispensable pour dater et identifier les documents sans date ni nom d'auteur, graveur, éditeur...) ;
    • recherches bibliographiques en l'absence de références, mention, s'il y a lieu, de la cote d'un exemplaire" identique ", consulté à la Bibliothèque nationale ;
    • description de l'exemplaire (couleur des tranches (si elles sont peintes), nature de l'entoilage, cartonnage, reliure, marques des marchands d'estampes, exlibris, notes manuscrites, état du cuivre lors de l'impression...) ;
    • description et identification des filigranes des papiers (recherche de longue haleine effectuée par Ludovic Miran ; les relevés sont effectués après lecture sur table lumineuse).

    Outre son intérêt pour l'histoire de l'édition cartographique, l'étude des marques de papetiers nous apporte une aide primordiale pour la datation des cartes. Un exemple : la BM de Blois conserve un des nombreux exemplaires de la carte de la généralité d'Orléans par Jaillot, datée 1718. Or, sur le papier, nous trouvons la marque du papetier, le lieu de fabrication et la date de... 1742 !

    • travail sur la provenance des cartes d'après les ex-libris, les premiers catalogues et inventaires de la bibliothèque, les catalogues de bibliothèques privées locales, etc.

    Ce niveau de catalogage nous a permis de repérer des éditions rares, parfois uniques. Les notices rassembleront des éléments utiles à l'étude de la diffusion et de l'usage des cartes, à l'histoire des bibliothèques, celle du papier...

    Le choix du format de saisie (Intermarc) repose sur sa parfaite compatibilité avec le document cartographique ancien et la gestion des nombreux liens entre notices. En outre, le département des cartes et plans de la Bibliothèque nationale, qui nous apporte une aide à la recherche non négligeable, a proposé d'accueillir les notices dans la base Opaline, traçant ainsi l'ébauche d'un catalogue collectif national.

    Financements

    Le recensement des cartes et plans est une action AGIR, Agence interprofessionnelle régionale pour le livre et les médias. Structure d'accueil, puis tutelle, l'agence de coopération du Centre assure la gestion administrative de l'opération.

    État et Villes ont été nos premiers partenaires. Le Conseil régional contacté en 1991 a répondu favorablement à notre demande. Les Départements ont été eux aussi sollicités, de même que des entreprises et établissements privés (démarches en cours).

    La campagne de promotion lancée en septembre 1990 avec une exposition itinérante présentant le projet et de nombreux articles dans la presse locale, déjà sensibilisée aux questions de sauvegarde du patrimoine des bibliothèques, a largement porté ses fruits auprès des élus et du grand public.

    Cette année, trois bibliothèques ont choisi de célébrer le Mois du patrimoine autour des cartes géographiques anciennes (expositions, conférences, diaporama, animations).

    Perspectives

    Après la région Centre, quelle région ? Nul doute, nous envisageons d'ores et déjà de renouveler cette opération dans d'autres bibliothèques municipales. Les utilisateurs de cartes anciennes ne nous contrediront pas, trop peu de fonds sont accessibles, faute de catalogue.

    Cependant, un nouveau mode de travail est à l'étude dans le but de répondre aux exigences d'un travail de ce type. En premier lieu, l'absence d'ouvrages de référence (catalogues des bibliothèques étrangères, ouvrages historiques...) nous gène terriblement au moment du catalogage. L'identification " en différé " est plus longue et s'avère la cause, sinon d'erreurs, de doutes qui nécessitent de nombreuses vérifications dans les BM. En second lieu, les déplacements incessants sur le terrain nous ont transformés cette année en bibliothécaires-itinérants, toujours par monts et par vaux, situation contraignante. L'échelle régionale, champ d'action des agences de coopération, demeure très satisfaisante dans le cadre d'un catalogue collectif. Après traitement matériel réalisé sur place, les documents pourraient être transférés au département des Cartes et Plans pour le catalogage, comme ils le sont pour toute opération de restauration. Le temps d'identification serait considérablement réduit, la comparaison d'éditions facilitée. Le microfilmage pourrait être, comme en région Centre, la troisième phase de l'opération. Ainsi, le catalogue imprimé et la base Opaline assureraient la valorisation de documents accessibles au public sous une forme ou sous une autre.