Index des revues

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    Par Anne Curt, Bibliothèque Sainte-Geneviève
    Jean-Marie Charon, dir
    Florian Sauvageau, collab

    L'état des médias

    Paris : La Découverte : Médiaspouvoirs : CFPJ, 1991. - 461 pages

    Coédité par les éditions de la Découverte, la revue Médiaspouvoirs (Presse-Actualité avant 1985), et par le CFPJ (Centre de formation et de perfectionnement des journalistes), l'État des médias présente un véritable panorama de ceux-ci en 1991. Nul ne pourrait mieux résumer ce livre que ne le fait, en introduction, Jean-Marie Charon, le directeur de l'ouvrage : " Instrument de pouvoir ", phénomène de culture mais aussi vecteur d'esthétique, de philosophie et d'idéologie, mettant en oeuvre un très large éventail de spécialisations, ce domaine exigeait qu'en soit faite une synthèse complète, restituant certains débats en cours : il fallait, pour cela, solliciter une très grande diversité de compétences et de points de vue. C'est pourquoi plus de cent auteurs ont été choisis dans des disciplines aussi variées que la sociologie, l'économie, le droit, l'information, la communication, la science politique, la télécommunication, l'informatique, etc.

    L'État des médias comporte six grandes sections. Pour trois d'entre elles - " Information, programmes et contenus ", " Matériels et techniques, " " Publics " une présentation par médias a été adoptée. Les rapports complexes qu'entretiennent les médias avec la société et la culture, et les dimensions politiques et économiques qui s'y rattachent, sont traités de manière transversale. Enfin, une section présente les " Métiers et les formations ", et l'ouvrage s'achève sur une étude des grands courants de la théorie de la communication et de la recherche sur les médias. Jean-Marie Charon dont l'activité principale est d'être le rédacteur en chef de la revue Médiaspouvoirs a choisi ses rédacteurs non seulement en France mais aussi en Amérique du Nord, particulièrement au Québec.

    Pour introduire la première partie sur l'information, les programmes et les contenus, Armand Mattelard écrit : " Communication et médias, voilà des objets d'études bien fuyants ". Définir ce que sont les médias devient de plus en plus acrobatique. Depuis dix ans, en effet, l'univers des médias a subi de grands bouleversements. Les progrès technologiques ont engendré une évolution radicale de ceux-ci. De nouveaux médias ne cessent d'apparaître et cohabitent avec les précédents, sans les détrôner le moins du monde dans la plupart des cas. L'audiovisuel voisine avec l'écrit, et la presse que l'on qualifie de moribonde depuis un certain nombre d'années, ne se porte pas beaucoup plus mal. L'expérience et le temps limitent les débordements des applications médiatiques trop systématiques. Les progrès des télécommunications favorisent un développement accru de toutes les formes de médias.

    Ce bilan 1991 semble favoriser les médias les plus anciens, les mieux rodés, comme la presse, la télévision, la radio et l'édition, qu'elle soit traditionnelle ou électronique. Le vidéotex occupe, cependant, une place importante. Quant au public, les téléspectateurs, les auditeurs et les lecteurs de la presse sont nettement favorisés par rapport aux lecteurs de livres. L'information scientifique et technique est mentionnée une fois et ne figure pas dans l'index, les bibliothèques tiennent en deux paragraphes (p. 231), tandis que les librairies ont un peu plus de chance... Métiers et recherche oublient encore les bibliothèques, les médiathèques et médiathécaires, l'enseignement de la bibliothéconomie dans les licences et les maîtrises " information-communication ", les DESS en sciences de l'information et de la communication, l'utilisation intensive des médias pour mieux servir le public ou l'Information scientifique et technique, comme l'audiovisuel sous toutes ses formes par exemple, ou l'acquisition de nombreux CD-ROM et la constitution des catalogues de ces établissements documentaires accessibles en mode videotex ou pressés sur CD-ROM... Si cet oubli peut choquer bibliothécaires et documentalistes en tant que partenaires du monde de l'information et de la communication, nous apprécions le bilan exhaustif réservé à la presse. La présentation de l'ouvrage est agréable, aérée et les dessins de Tignous viennent glisser une pointe d'humour chaque fois que le lecteur pourrait se prendre au jeu et penser que les médias sont la chose la plus sérieuse du monde.

    Pratiquement tous les articles comportent, encadrée dans une petite fenêtre, une bibliographie minimale qui permet au lecteur d'approfondir le sujet. Une bibliographie plus générale et très structurée précède un index des plus détaillé, deux outils très précieux pour tous les lecteurs, qu'ils soient spécialistes ou tendent à l'être. Il est agréable, également, de consulter la liste des collaborateurs qui ont rédigé les 160 articles de cet ouvrage afin de connaître leurs fonctions principales et leur lieu de rattachement. On sait, ainsi, s'ils sont français ou québécois ou américains, universitaires, sociologues ou chercheurs du CNRS, du CNET ou de France Télécom, s'ils sont journalistes ou consultants, écrivains ou musiciens...

    Mosaïque d'analyses, de bilans, de réflexions, ces textes choisis sont très agréables à lire, solidement cimentés par le plan bien structuré de l'ouvrage. C'est un panorama non seulement intéressant à consulter aujourd'hui, mais aussi à suivre... car cet état des médias n'est que celui de mai 1991. Peut-être les bibliothèques figureront-elles dans le prochain " état ", ou tout au moins, le fonds de documents numérisés, et les postes de lecture assistée par ordinateur de la Bibliothèque de France !