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    Le système PICA

    Par Martine Darrobers , Bibliothèque publique d'information

    Historique

    Sur le papier, PICA (Project for Integra- ted Catalogue Cooperation) existe de- puis 1969. L'initiative de sa création est due à un groupe de bibliothèques uni- versitaires qui s'associèrent à la Biblio- thèque royale (qui joue le rôle de bibliothèque nationale) afin de monter un projet de recherche. Son démarrage fut toutefois très progressif et PICA ne devait réellement prendre corps que plusieurs années après, en 1976, lors- que fut décidée la mise en place d'un système de catalogage partagé en ligne : les premiers éléments devaient être opérationnels en 1978. A partir de cette date, l'évolution s'accélère : le sys- tème PICA est adopté pour produire la Bibliographie nationale hollandaise. Le catalogage partagé devient la base du Catalogue collectif national. PICA aban- donne son statut originel de consortium pour devenir une association à but non lucratif en 1986. Les adhésions se mul- tiplient : après la Bibliothèque royale et les bibliothèques universitaires, ce sont les grandes bibliothèques scientifiques, puis le réseau des bibliothèques publi- ques qui, à partir de 1982, participent à la coopération par l'intermédiaire du NBLC (Nederlands Bibliotheek en Lektur Centrum), l'organisme de coopération des bibliothèques qui centralise les ac- tivités de choix de livres et de catalo- gage pour l'ensemble des bibliothèques publiques.

    Cette évolution est à replacer dans le contexte propre aux Pays-Bas : les an- nées 1970, qui correspondent au déve- loppement des bibliothèques hollan- daises, ont, parallèlement, vu les pre- mières tentatives d'informatisation. Or, l'informatisation au niveau local ne s'est pas faite au même rythme que l'infor- matisation au niveau central : de ce fait, bon nombre d'établissements se sont équipés sans tenir compte des actions de coopération conduites par PICA au niveau national. Après avoir privilégié l'élaboration de systèmes centraux, les responsables de PICA ont, depuis la se- conde moitié des années 1980, conduit une politique fondée sur l'intégration articulant :

    • le maintien et développement des sys- tèmes centraux avec un souci marqué d'ouverture sur l'extérieur ;
    • la poursuite d'une intégration verti- cale de manière à ménager des passe- relles et interfaces à tous les maillons du réseau (national, régional et local) en misant sur les réseaux de télé- communication.

    La troisième version de PICA, dont la mise en place a démarré au début des années 1990, intègre ces deux données. L'évolution de PICA, tout en affirmant son statut de réseau de catalogage, tend à lui conférer le rôle d'une coopérative de services plurifonctionnelle : outil de gestion technique, orientation vers l'uti- lisateur final, exportation d'expertises et de savoir-faire.

    L'état des lieux

    Les outils collectifs

    Le catalogue central ou GGC (Gemeenschappelijk Geautomatiseerd Catalogussysteem)

    Le système de catalogage partagé per- met aux quelque 200 bibliothèques par- ticipantes de récupérer des notices créées par les autres bibliothèques : le principe de base étant qu'une notice n'est jamais cataloguée qu'une seule fois. A l'heure actuelle, le GGC compte quelque 9 millions de notices : livres, périodiques, enregistrements sonores, cartes, partitions, logiciels. Ce sont na- turellement les titres récents qui sont re- censés dans le GCC, mais des opéra- tions de conversion rétrospective ont permis d'intégrer des publications plus anciennes. A la fin 1992, la répartition chronologique était la suivante :

    • Titres publiés avant 1700 : 2 %
    • Titres publiés entre 1700 et 1799 : 1 %
    • Titres publiés entre 1800 et 1899 : 5 %
    • Titres publiés entre 1900 et 1949 : 11 %
    • Titres publiés entre 1950 et 1959 : 4 %
    • Titres publiés entre 1960 et 1969 : 9 %
    • Titres publiés entre 1970 et 1979 : 21 %
    • Titres publiés entre 1980 et 1989 : 33 %
    • Titres publiés entre 1990 et 1992 : 13 %

    Les principales langues représentées se répartissent comme suit : anglais 29 %, néerlandais 17 %, allemand 16 % et français 6 %. Compte tenu de la part prise par les ouvrages étrangers, PICA intègre, chaque semaine les bandes de la British Library, de la bibliothèque du Congrès et de la Deutsche Bibliothek.

    Le système de prêt entre bibliothèques IBL (Interbibliothecair Leenverkeer)

    Il utilise les ressources du GGC, mais aussi celles du catalogue collectif des périodiques, géré conjointement par la Bibliothèque royale, la bibliothèque centrale d'agriculture et la bibliothèque centrale de technique. Le système per- met de sélectionner directement la bibliothèque prêteuse - en introduisant toutefois une pondération pour éviter de surcharger certains établissements. En 1992, 380 établissements ont eu re- cours au système qui a traité quelque 440 000 demandes (les trois quarts concernaient des périodiques).

    Enfin le système central offre la possibilité d'interroger 16 bases bibliographiques chargées sur le serveur et comptabilisant plus d'un million de titres.

    Les systèmes de gestion locaux

    Le LBS (Lokaal Bibliotheek Systeem) est actuellement implanté dans une ving- taine de bibliothèques universitaires et spécialisées. Il s'agit d'un système de matériels et de logiciels spécifiques conçu pour des établissements avec des collections minimales de 50 000 vo- lumes. Il comporte toute la palette des modules traditionnels : catalogage, prêt, gestion des commandes et des abonnements, statistiques et consul- tation du catalogue par le public.

    Une version légère sur micro-ordinateur permet à de petits centres ou à des uti- lisateurs extérieurs de consulter les ban- ques de données, d'utiliser le GGC pour se constituer leurs propres catalogues au niveau local.

    L'interconnexion entre les trois niveaux passe par les réseaux de transmission tels que SURFNET (l'équivalent hollan- dais de RENATER) et DATANET, le réseau des PTT. Fin 1993, plus de 1000 ordi- nateurs personnels ou terminaux étaient ainsi reliés. Un système de mes- sagerie électronique (PICAMAIL) relie les utilisateurs du GGC et d'IBL.

    Évolutions et perpectives

    Les rapports d'activité de PICA insistent sur le fait qu'il est « le premier sur le marché néerlandais. En fait PICA mène une politique de consolidation et vise le segment des réseaux de documenta- tion spécialisés. Dans le même esprit, il souhaite dépasser l'utilisation profes- sionnelle pour toucher directement l'utilisateur final. Pour mener à bien cette politique, PICA doit tenir compte de la forte saturation du marché natio- nal qui ne permet que des perspectives limitées - d'autant plus contraignantes que PICA a un statut d'association qui s'autofinance avec les abonnements souscrits à ses différents services. L'État, plus précisément le ministère de l'Édu- cation nationale et de la Recherche, qui siège au conseil d'administration de l'association, assure une subvention de 7 % sur le budget de fonctionnement (environ 13 millions de florins en 1992). Aussi PICA a-t-il entamé son expansion hors des frontières nationales en conservant son axe de développement.

    Les projets de PICA

    L'OBN(Open Bibliotheek Netwerk), qui en est au stade de la généralisation, est un système intégré au niveau national et local. Il se veut orienté vers l'utili- sateur final auquel il permettra de consulter le catalogue local (possibilités de réserver ou de prolonger un prêt) et les catalogues des autres bibliothèques du réseau (possibilité de télédécharger, d'imprimer et, à terme, de faire une de- mande de prêt-inter) - et ceci à partir de son ordinateur personnel.

    RAPDOC (Rapid Document Delivery Pro- ject) a été lancé en 1992. Ce projet mon- té en liaison avec dix-huit bibliothèques consiste en expérimentations établies sur les différents maillons de la chaîne de fourniture du document, soit :

    • définition d'un « noyau dur » de 7 000 titres de périodiques les plus deman- dés, ventilés entre les différents partici- pants. Ces titres se répartissent entre sciences biomédicales (49 %), sciences appliquées (19,5 %), sciences sociales (13,5 %), sciences naturelles (13 %), lit- térature et sciences humaines (5 %) ;
    • développement à partir des som- maires d'un format spécifique permet- tant de mener une recherche au niveau de l'article (auteur, titre, lien avec le ti- tre du périodique) ;
    • stockage du texte intégral d'environ 300 000 articles (chiffres à la fin de l'an- née 1992). Les expérimentations et le développement de ce module se font en liaison avec l'agence Swets-&-Zeit- linger;
    • développement des procédures de transmission via SURFNET pour réduire le délai de livraison à 24 heures, livrai- son sur le lieu de travail de l'utilisateur ;
    • Interlink system, connexion aux bases de données américaines d'OCLC et RLIN sur la base du protocole Z 39.50.

    Les projets européens

    ION (Interlending OS1 Network), déve- loppement et utilisation des protocoles OSI pour le prêt entre bibliothèques, monté en liaison avec LASER et le SU- NIST.

    EDI (Electronic Document Interchangé) monté en liaison avec le British Library Document Supply Centre, la Technische Information Bibliothek, la sous-direc- tion des Bibliothèques au ministère de l'Éducation nationale, l'INIST et Télésys- tème : développement de logiciels pour la transmission électronique d'articles d'un pays à l'autre.

    EDILIBE (Electronic Data Interchange for Libraries and Booksellers) en liaison avec le BLCMP (Birmingham libraries cooperative Mechanisation Project) la Bibliothèque nationale et universitaire de Francfort et Blackwell : développe- ment de systèmes d'interconnexion en- tre les bibliothèques et leurs fournis- seurs sur la base des normes EDIFACT.

    Exportation de systèmes

    Les accords passés en 1991 prévoient la participation de bibliothèques alle- mandes, notamment la Deutsche Biblio- thek avec ses trois implantations à Ber- lin, Francfort et Leipzig. Les Lânder de Basse-Saxe, Sachsen-Anhalt et de Thu- ringe se sont également joints à l'opé- ration. Les accords prévoient l'implan- tation en Allemagne de PICA 3 et des systèmes régionaux (LBS 3) qui de- vraient être installés dans dix-neuf bibliothèques universitaires ou spécia- lisées, avec adaptation des formats. A terme, PICA devrait servir à produire la bibliographie nationale allemande. L'extension au secteur des biblio- thèques publiques est aussi envisagée.