Les 7 et 8 avril dernier se tenait à Bordeaux un colloque organisé par a Coopération des bibliothèques d'Aquitaine sur le thème de l'aide inter- nationale en matière de livres et de lec- ture. Un vaste thème, sur lequel on a ten- té pendant deux jours d'apporter quelques précisions. Un état des lieux était proposé, avec les interventions des représentants institutionnels :
Le Conseil de l'Europe, le département des Affaires internationales au ministère de la Culture, le ministère de l'Ensei- gnement supérieur et de la Recherche n'avaient pu se faire représenter, lais- sant malheureusement quelques blancs dans le panorama de l'action institution- nelle.
Francisco d'Almeida, représentant de l'association Culture et Développement tentait ensuite de faire le point sur les opérations de coopération engagées par des associations ou par des collec- tivités locales en Afrique. Son interven- tion était complétée par celles d'asso- ciations : Geneviève Patte, La joie par le livre ; Jean-Claude Le Dro, Biblio- thèques sans frontières ; Maximilien Ve- gelin Van Claerbergen, Biblionef ; puis par la présentation à titre d'exemples de quelques opérations spécifiques de coopération : l'expérience de l'agence de coopération AGIR (région Centre) en Roumanie, le jumelage Pessac (Gi- ronde)/Galati (Roumanie), le jumelage Angers/Bamako et le partenariat de la BM d'Angers avec l'opération lecture publique au Mali.
Après les expériences, on a parlé :
Deux éditeurs étaient présents dont les interventions ont permis de poser de très bonnes questions sur le problème des dons de livres français à l'étranger. M. Garel, responsable des Affaires inter- nationales au SNE a indiqué que si cer- tains éditeurs pratiquaient largement le don, ce n'était pas la forme officielle- ment retenue (comme aux États-Unis, où la fiscalité favorise largement le don) de coopération avec l'étranger.
D'autres formules sont donc utilisées : la cession de droit aux éditeurs locaux, la bonification des prix, le tirage à la suite - c'est-à-dire à un coût marginal - après amortissement sur le coût initial de l'ouvrage, une présentation simpli- fiée de l'ouvrage donc à un moindre coût : suppression des couleurs, faible grammage du papier... l'idéal étant d'ar- river le plus possible à des coproduc- tions avec les éditeurs locaux.
M. Garel a rappelé que la France était le quatrième exportateur mondial de livres, avec 10 % de sa production, après l'An- gleterre, l'Allemagne et les Pays-Bas.
M. Fernando Dufort, PDG des éditions Chiron, a piloté le groupe de travail sur la présence des livres français à l'étran- ger, qui vient de remettre ses conclu- sions. Le rapport constate un manque de transparence et de coordination dans l'ensemble de l'action de notre pays, il propose que tous les acteurs tra- vaillent par pays, par action, établissent et échangent des bilans - habitudes dé- jà fort répandues dans un certain nom- bre de pays étrangers, nous avons pu le constater.
Un comité permanent pour l'exporta- tion va être mis en place, le concept de don par déstockage de livres promis au pilon ne sera sans doute pas souvent retenu, et les processus de vente à bas prix seront poursuivis et renforcés.
De ces deux journées passionnantes et parfois passionnées, on retiendra un panorama assez contrasté de l'aide in- ternationale en matière de livre et de lecture, vue du côté français.
Tout d'abord des actions institution- nelles riches, nombreuses mais peu li- sibles et peu coordonnées, traduisant sans doute un vide en matière de poli- tique nationale clairement définie. A noter cependant une récente volonté de réflexion qui peut être l'amorce d'un changement.
Ensuite, une pléiade d'actions locales voire individuelles, basées sur la re- connaissance mutuelle des partenaires, les échanges personnels, parfois em- preints d'une grande affectivité. Et puis un certain nombre d'organismes- et d'as- sociations professionnelles travaillant plutôt sur la réflexion et sur le long terme : la formation et les échanges professionnels.
Et c'est au nom de l'ABF et de la ré- flexion que nous avons menée ces der- nières années que je reposais les ques- tions fondamentales, souvent évoquées, jamais résolues :