Index des revues

  • Index des revues
    ⇓  Autres articles dans la même rubrique  ⇓

    Le prêt entre bibliothèques

    Par Monique Gingold
    Par Marie-Christine Dalmasso , Ministère de l'Éducation nationale, DISTB

    CCN, Pancatalogue et PEB ont fait du prêt entre bibliothèques une activité performante et prospère

    PEB est la dénomination officielle du système informatisé de prêt entre bibliothèques, progressivement mis en place par le ministère chargé de l'En- seignement supérieur au début des an- nées 1980.

    Il comprend aujourd'hui 275 adhérents dont 200 en bibliothèques universi- taires, soit la presque totalité des sec- tions de BU. Parmi les quelque 75 autres, on trouve, outre l'INIST, des bibliothèques d'établissements d'ensei- gnement supérieur, d'établissements se- mi-publics et une poignée de centres de documentation privés. Les BUrepré- sentent 73 % des adhérents mais 88 % de l'activité du PEB.

    Les adhésions croissent régulièrement : + 8 % en 1992; + 6% en 1993.

    Les nouvelles universités sont le prin- cipal facteur de cette croissance.

    PEB, c'est d'abord une messagerie avec un serveur, le SUNIST, à Montpellier, qui gère les boîtes à lettres de chacun des adhérents. Les formulaires électroni- ques saisis par l'emprunteur arrivent instantanément dans la boîte à lettres du prêteur. Celui-ci en prend connais- sance dès qu'il ouvre sa boîte. L'expé- dition et la réception d'une demande se déroulent généralement dans la même journée et dépassent rarement 24 heures.

    L'activité du PEB s'est accrue de 6 % en 1993 : 554 004 demandes ont été expé- diées, 446 104 ont été satisfaites, soit plus de 80 %. 121161 monographies, soit 22 %, 432 843 périodiques, soit 78 %.

    Les taux de satisfaction selon la catégorie de documents reflètent l'histoire des ca- talogues collectifs : 66 % pour les mono- graphies, 84 % pour les périodiques.

    Le CCN, catalogue ancien, offre une couverture assez exhaustive. Pancatalo- gue, récent et très complexe à enrichir, ne peut encore traduire toute la ri- chesse des collections des biblio- thèques universitaires.

    Les demandes de fourniture de docu- ments qui n'aboutissent pas par PEB, peuvent circuler hors réseau sur les classiques formulaires papier, dans des bibliothèques et centres de documenta- tion en France ou à l'étranger. Cette ac- tivité hors réseau est connue de la sous- direction des Bibliothèques, pour les seules bibliothèques sous tutelle qui, une fois par an, communiquent les sta- tistiques de leur activité manuelle par le VIDÉOPEB, module de saisie informa- tisée dont le résultat est cumulé avec celui du réseau PEB. Les chiffres de 1993 ne sont pas encore connus ; en 1992, 82 725 demandes ont ainsi voya- gé, dont 64 535 ont été satisfaites, soit un taux de 78 %, légèrement inférieur à celui de PEB : ceci s'explique par la complexité des documents en cause et qui généralement ont transité, sans suc- cès, sur le réseau PEB. L'activité d'em- prunteur en mode manuel représentait en 1992 pour les seules bibliothèques universitaires, près de 12 % de leur ac- tivité totale de prêt entre bibliothèques.

    Le recours aux bibliothèques étrangères reste marginal : en 1992, 22 784 de- mandes sont parties à l'étranger, satis- faites à 76 %. L'activité d'emprunteur vers l'étranger n'a donc représenté que 4 % de l'activité d'emprunteur des Bu. La part prise par le Document Supply Centre de la British Library n'est pas connue avec exactitude ; on estime qu'elle absorbe entre le tiers et la moitié de ce trafic : environ 10 000 demandes.

    Les bibliothèques étrangères sont des emprunteurs fort discrets qui n'ont sol- licité les services des BU que 13 782 fois en 1992 (avec un taux de satisfaction de 62 %) soit 2 % de l'activité de prêteur des BU.

    Ces chiffres n'incluent pas l'activité du Centre de prêt de la Bibliothèque na- tionale qui satisfait directement un cer- tain nombre de demandes.

    En 1992, réseau PEB et prêt manuel des BU totalisent 604 538 demandes expé- diées.

    Ce chiffre ne couvre pas, loin s'en faut, tous les besoins de tous les chercheurs du pays. L'INIST à Nancy est un autre grand pourvoyeur qui annonçait 539261 demandes reçues en 1992 (INIST Info n° 16, avril 1993). Ce chiffre ne s'ajoute pas exactement à celui du réseau PEB mais le recoupe sur une frange. En 1993, l'INIST a reçu via PEB, 44 059 demandes ; à lui seul, il héberge 7 % de l'activité de prêteur du réseau. De même, il recourt aux BU pour satis- faire certains lecteurs : 18 610 de- mandes ont ainsi été redistribuées en 1993, ce qui ne représente que 3 % de l'activité d'emprunteur du réseau.

    On devine derrière ces chiffres les riches collections de l'INIST qui, s'il n'est pas le partenaire privilégié des BU, en est un recours important sans être un emprunteur envahissant.

    Le grand fournisseur du réseau PEB est la BlUMqui a reçu 49 505 demandes en 1993 et assuré à elle seule 7,8 % de l'activité de prêteur. Elle est talonnée par les deux grosses bibliothèques de Lyon : Lyon sciences qui a reçu 25 152 demandes ; Lyon médecine : 23 713 de- mandes.

    Fallait-il en rester là ? Non ! A l'exemple de ce qui existe dans d'autres do- maines, la sous-direction des Biblio- thèques prospecte ; prospecte de nou- veaux partenaires, prospecte de nou- velles techniques, avec les projets ION et EDIL.

    ION (Interlending OSI Network) est un projet pilote qui a réalisé l'inter- connexion de trois réseaux informatisés de bibliothèques : réseau LASER en Grande-Bretagne, réseau PICA aux Pays-Bas et réseau PEB en France, en application des normes OSI/ILL 10160 et 10161 (Open System Interconnec- tion/InterLibrary Loan). En France, ION transite sur Transpac international. De- puis décembre 1993, il est testé en gran- deur réelle ; une trentaine de biblio- thèques françaises, CADIST ou spéciali- sées participent à l'expérimentation. L'interconnexion fonctionne et quel- ques établissements peuvent se préva- loir de résultats concrets.

    EDIL (Electronic Document Interchange between Libraries) est l'héritier de FOU- DRE, (Fourniture de documents sur ré- seau électronique) projet interrompu en 1992. Le maillon faible du prêt entre bibliothèques reste le transit postal qui dépasse couramment la semaine. La fourniture électronique pourrait être une solution, elle avait donné grande satisfaction aux bibliothèques emprun- teuses dans l'expérience FOUDRE.

    EDIL reprend ce projet en le simplifiant (pas d'archivage) et l'étend à des par- tenaires européens : BLDSC en Grande- Bretagne, PICA aux Pays-Bas, TIB-Hano- vre en Allemagne, ministère de l'Ensei- gnement supérieur et de la recherche (DISTB) et INIST en France ; la société Télésystèmes en assure la mise en œuvre. Ce projet est en cours d'étude technique et'devrait s'achever en 1995.

    Le prêt entre bibliothèques est appelé à beaucoup évoluer à long terme ; il est au cœur du schéma directeur informa- tique des réseaux de bibliothèques uni- versitaires. Ses fonctions sont actuelle- ment disjointes des catalogages collec- tifs. L'avenir est de les intégrer pour produire directement une demande de prêt à partir d'une recherche biblio- graphique. Ces facilités pourraient per- mettre d'impliquer davantage le lecteur dans une transaction. C'est un des pro- jets à terme du schéma directeur.

    Plus près de nous, la sous-direction des Bibliothèques a tiré les conclusions de l'expérience PEBMICRO : ce logiciel qui permet une saisie locale et une expé- dition en différé des transactions de prêt entre bibliothèques, a été implanté dans une cinquantaine d'éta- blissements. Il a montré ses vertus... et ses limites. Sa réécriture est envisagée à court terme afin d'en supprimer les dysfonctionnements et de développer localement des fonctions de gestion. Une nouvelle version, peut-être en 1995, si ses artisans ont les moyens de la mener à son terme, devrait apporter aux utilisateurs de meilleurs services.