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Les editions de la British Library pour la profession et le grand public

1996
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    Les Editions de la British Library pour la profession et le grand public

    Par Jane Carre, Director Public Services

    (1) La British Library fut créée en 1973 par un acte du Parlement qui a associé plusieurs institutions nationales différentes. Chacune de ces institutions avait sa propre politique et ses traditions en matière d'édition. La Bibliothèque du British Museum avait une longue tradition d'édition tant de catalogues de ses collections (pour les bibliothèques et les lecteurs) que de catalogues d'exposition pour le grand public ; la British National Bibliography produisait une bibliographie complète de toute l'édition courante britannique ; l'Office of Science, Technology and Industry, publiait les résultats de ses programmes de recherche dans les domaines des sciences de l'information et des bibliothèques et la National Library for Science and Medicine publiait des catalogues et des-listes de localisations pour soutenir et promouvoir ses services de prêt international et de photocopies.

    La British Library a conservé plus ou moins toutes ces traditions et au total, ce sont environ 60 nouveaux titres par an qui sont publiés en plus des publications en série en cours et des ouvrages du fonds de vente régulière. Cela comprend la British National Bibliography (imprimée, en ligne et sur CD-ROM) à laquelle s'ajoutent une dizaine d'autres publications en série sur des sujets variés : rapports de recherche, travaux spécialisés publiés par les bibliothécaires et par des auteurs extérieurs ; quatre/cinq titres pour les écoles sous forme imprimée ou sur CD-ROM ; peutêtre dix catalogues spécialisés (tels que les Short Title Catalogues) imprimés, sur microfiches ou sur CD-ROM ; environ une quinzaine d'ouvrages (généralement illustrés à partir de ses collections) pour le grand public ; s'y ajoute un programme régulier de cartes postales, d'affiches et un choix d'autres objets-cadeaux.

    Contrairement à de nombreuses autres bibliothèques nationales et musées, la British Library ne publie habituellement pas de catalogues d'exposition ou d'ouvrages avec des éditeurs commerciaux mais préfère publier sous son propre label, gardant ainsi la maîtrise des choix et des retours commerciaux. Il faut dire également que, pour la plupart des expositions, la politique de la British Library consiste en la publication d'un volume d'essais sur le thème de l'exposition plutôt que l'édition de catalogues du type » ouvrages d'art ». Cela donne une ouverture plus large sur la recherche nécessaire à l'exposition et augmente la rentabilité commerciale en prolongeant la durée de vie des ventes au-delà de l'exposition.

    Le chiffre d'affaires total de la Bibliothèque consacré à l'édition atteint presque cinq millions de livres sterling et il est posé comme condition que les titres récupèrent, au minimum, leurs coûts de production - ou le niveau de financement est déterminé et accepté à l'avance. La Bibliothèque n'est cependant pas en mesure d'entreprendre seule certains types d'édition, soit que son potentiel commercial soit insuffisant, soit que l'investissement soit trop important ou bien ne peut être assumé en une seule année budgétaire. Dans ce cas, des accords commerciaux sont conclus avec des éditeurs contre le paiement de droits. Des éditions en fac-similés de très grande qualité et des programmes de microfilmage de grande ampleur sont ainsi financés.

    Cependant, au coeur de la philosophie d'édition de la Bibliothèque, on trouve la notion d'accès - pas seulement un accès aux collections elles-mêmes et à leur \contenu, mais un accès à la connaissance et à l'expérience des conservateurs et des professionnels des bibliothèques qui fournissent, par leur médiation, la transition entre information et connaissance.

    Les bibliothécaires professionnels ont toujours été considérés, par la British Library, comme des partenaires dans sa politique d'ouverture vers un public plus large (voir la fourniture et l'usage important des notices de catalogues par la profession). Pour l'édition grand public et scolaire, le recours à des méthodes de distribution de type commercial accentue ce phénomène d'ouverture - par le canal des librairies de la Bibliothèque comme par celui de ses galeries d'exposition qui tirent grand bénéfice des cinq à six millions de visiteurs du British Museum par an (ce qui a permis la vente de près de sept cents exemplaires d'un CD-ROM de cartes historiques en trois mois d'ouverture et sur un seul site, durant la dernière exposition d'été). Ce phénomène au plan national et international s'appuie aussi sur des agents et représentants dans les librairies et par la vente de coéditions et de traductions sur les principaux marchés d'exportation. (Un nouveau livre-cadeau établi à partir de l'un de nos plus grands trésors The Lindisfarne Gospels a atteint dix mille exemplaires en premier tirage suite à un bon accord de coédition avec un éditeur commercial aux États-Unis et à diverses ventes spéciales.)

    Les possibilités offertes, à l'avenir, par la numérisation et la mise en réseau pour l'accès aux documents originaux de toutes sortes sont passionnantes. Cependant, une nouvelle approche intellectuelle et de nouvelles formes de médiation sont nécessaires ; et, d'un point de vue commercial, cela requiert des niveaux d'investissement qui, je le crains, ne peuvent pas être couverts par les ventes. Nous avons publié trois CD-ROM éducatifs et avons pu vendre 1 000 à 1500 exemplaires de chacun au prix de 150 livres (avec des réductions pour des ventes en nombre par les fournisseurs). Nous n'aurions pas pu entreprendre cette opération sans des investissements associant partenaires publics et privés de toutes sortes ni sans recours à des spécialistes extérieurs - et je ne peux pas encore me rendre compte du marché intérieur tant vanté (avec les ventes directes au grand public au bureau ou à domicile).

    Selon moi, la médiation des professionnels des bibliothèques est toujours aussi importante. Elle deviendra peut-être encore plus importante pour tracer des voies dans des montagnes d'informations toujours croissantes et pour aider à jeter un pont entre « l'information riche et lin-formation pauvre ». Et je suis vraiment certaine que les annonces, au cours de ces dix dernières années, de la mort du livre sont bien prématurées !

    1. Texte traduit par Catherine Marandas, BNF. retour au texte