Les documents électroniques et notamment des cédéroms sont présents dans un nombre croissant de bibliothèques. Ils posent certes des problèmes technique (mise à disposition sur place, responsabilité vis-à-vis des emprunteurs d'un produit encore peu stabilisé) et juridiques (a-t-on le droit de prêter?). Mais ils posent aussi des problèmes de traitement bibliographique, et l'on entend de plus en plus : « Comment faites-vous pour les cataloguer ? Le but du présent article est de donner quelques indications simples et pratiques.
On sait que les ISBD sont publiés par type de document, cette notion vague correspondant tantôt à la nature de l'information (documents sonores), au mode de publication (les publications en série) ou au support matériel. C'est ainsi qu'en 1988 a été publié l'ISBD (CF) relatif aux fichiers électroniques (computer files) , remplacé en 1997 par l'ISBD(ER), la notion de ressource électronique (electronic resources) permettant une application plus large, notamment aux ressources en ligne. La norme AFNOR correspondante, qui porte la référence Z 44-082, devrait être publiée en 1998.
Qu'ont donc les documents électroniques de si particulier du point de vue du catalogage ? Peu de choses en vérité. La première caractéristique est une banalité : la source des informations se trouve sur le document lui-même. Tout bibliothécaire cataloguant un imprimé à partir de sa page de titre sait cela. Mais cela pose un problème pratique : ouvrir un cédérom, c'est plus long qu'ouvrir un livre. Et certaines mentions comme celles relatives à la responsabilité figurent parfois sur des écrans furtifs ou déroulants.
Après le titre propre, les normes autorisent facultativement pour tous les non livres de faire figurer entre crochets carrés l'indication générale du type de document : ce sera donc Ressource électronique. Dans un catalogue informatisé, cette mention alourdit l'affichage et n'est souvent là que parce que le système ne sait pas indiquer autrement le type de document, quand d'autres déjà gèrent cela par icône.
Les mentions de responsabilités peuvent poser problème pour de nombreux cédéroms du fait de leur multiplicité. On retrouve dans les oeuvres multimédias le phénomène de l'excès d'auteurs ou de collaborateurs déjà constaté dans le cinéma et la vidéo. On pourra s'en tenir à l'essentiel.
La notion de mention d'édition correspond souvent, dans le cas des documents informatiques, à celle de version, par exemple version d'un logiciel.
La zone 3 de l'ISBD, dite spécifique à certains types de document, existe pour les documents électroniques. Elle est utilisée pour indiquer quel est le contenu de document. Il s'agit de données (on peut préciser : textuelles, représentationnelles, iconographiques, vidéographiques, sonores" et/ou de logiciels (on peut préciser : logiciel utilitaire, d'application, système, pilote). On peut simplement noter Données et logiciels, Multimédia interactif (dans le cas des CD-ROM multimédias), enfin Service en ligne. On peut enfin donner entre parenthèses des indications sur la taille des données : Données informatiques (3 fichiers 800 enregistrements, 3 150 octets) et programmes (2 fichiers environ 650 instructions chaque).
La collation permet d'indiquer la nature et le nombre d'unités matérielles, ainsi que les éventuels matériels d'accompagnement. Cette zone n'existe pas pour les services et données en ligne.
Quant aux notes spécifiques à ce type de document, elles sont au nombre de trois et présentent un caractère obligatoire. La première poste sur la source du titre. La seconde concerne les supports physiques comme les cédéroms ou les disquettes. Elle commence par la mention « Configuration requise : » et comprend, dans l'ordre, le type de machine, la mémoire vive nécessaire, le nom et les versions des systèmes d'exploitation et interfaces graphiques, éventuellement des détails sur le logiciel et le langage de programmation, enfin les périphériques requis.
Cette note est répétable si plusieurs configurations sont possibles (par exemple PC et Macintosh). Enfin les ressources en ligne requièrent une note sur l'accès, comprenant toutes les informations nécessaires comme le protocole, le chemin d'accès, le nom de fichier, etc.
Nous nous bornerons à l'exemple d'UNIMARC, format le plus connu en France. Ce format est par principe fait pour décrire tout type de ressource, il ne pose donc pas de difficulté particulière et la dernière édition disponible en français offre toutes les données nécessaires, à l'exception de la zone 856.
Le format, en son état actuel, souffre notamment de deux manques : la liste des codes de fonction ne couvre pas la variété des contributions de la création informatique et multimédia, et la numérotation commerciale, non normalisée (et parfois redoublée par un ISBD) ne fait l'objet d'aucune zone. Certains utilisent, à défaut, la zone 071 en principe réservée (mais on se demande bien pourquoi) à la numérotation non normalisée des documents sonores.
Les seules zones spécifiques aux ressources électroniques sont les suivantes :
Une seule sous-zone et une seule position : il s'agit d'une typologie sommaire (7 valeurs possibles représentées par une lettre).
Cette zone correspond à la zone 3 de l'ISBD.
L'utilité de cette zone n'apparaît guère car elle est largement redondante avec la zone 230.
Cette zone est naturellement essentielle. Son contenu a été détaillé ci-dessus.
Cette zone sert à procurer un point d'accès «pour l'accès en ligne ou pour sélectionner et trier les notices en vue d'un index imprimé-. Sont successivement indiqués en Sa, Sb et Sc : ma marque et le modèle de machine, le langage de programmation, le système d'exploitation. A ne pas confondre avec la note sur la configuration, faite pour être affichée.
Cinq zones non spécifiques aux documents électroniques peuvent être citées :
La position 6, qui fait l'objet d'une saisie guidée dans la plupart des logiciels de bibliothèque, doit comporter la valeur 1 (support informatique) et non m (document multimédia). La seconde édition française du manuel UNIMARC utilise encore malheureusement ce terme dans le sens aujourd'hui compris des seuls bibliothécaire de multi-support (en anglais kit).
C'est la sous-zone Sb qui peut contenir, si l'on y tiens, la mention Ressource électronique.
Elle contient la note obligatoire sur la source du titre.
On peut y mentionner toute information utile en complément à la zone 230.
Cette zone nouvellement introduite dans UNIMARC (1) permet de lier une notice à une ou plusieurs ressources électroniques accessibles en ligne. Si elle permet de lier ainsi la notice d'une monographie imprimée à l'image de la page de couverture, au sommaire numérisé, etc., elle est naturellement toute indiquée pour une notice décrivant un document accessible en ligne, et réalise (si le logiciel de gestion de catalogue le permet) le lien entre la description et la ressource elle-même. Seuls les OPAC graphiques, en particulier ceux basés sur le World Wide Web (Intra-net et/ou Internet), permettent d'activer de tels liens.
Cataloguer un CD-ROM peut-être long, surtout si l'on respecte la règle qui veut que les informations doivent être tirées du document lui-même et non des conteneurs et imprimés d'accompagnement. L'intérêt de la récupération de l'information bibliographique, qui vaut pour tout type de document, est décuplé en ce qui concerne les documents électroniques.
Malheureusement, la situation actuelle n'est guère satisfaisante : il n'y a pas assez de notices récupérables en format d'échange, et elles sont inutilement dispersées. ce qui explique que les bibliothèques créent la plupart elles-mêmes leurs notices de CD-ROM, selon une courte enquête que nous avons menés notamment auprès de membres de l'ADDNB (2) .
La Bibliothèque nationale de France diffuse des notices de documents électroniques sur deux produits différents : les cédéroms BnF-Livres, publications en séries et documents électroniques et BnF-Documents sonores, audiovisuels et multimédias.
Les critères de répartitions sont fort difficiles à comprendre pour l'utilisateur (3) . La solution préférés de ceux-ci serait sans nul doute le rassemblement de toutes ces notices sur un seule produit, et sur le plus utilisé : BNF-Livres, d'autant que le problème des notices à niveau ne se pose guère pour ce type de document.
On relève en outre des différences de traitement entre les notices issues des deux bases BN-OPALE ET BN-OPALINE après conversion en UNIMARC. dans BnF-Livres, le numéro commercial n'est pas fourni, ce qui est orthodoxe mais dommageable. Il l'est dans BnF-DSAM, dans la zone 071, mais la configuration requise est fournie en 300 (note générale) au lieu de 337 (note sur les détails techniques), à la différence de l'autre produit.
Enfin, l'examen des dernières éditions disponibles de ces produits révèlent un taux de recouvrement insuffisant : il y a 1 354 notices de documents électroniques dans BnF-Livres, et seulement 144 dans BnF-DSAM, ce qui ne permet guère de couvrir les besoins de traitement des CD-ROM multimédias pour grand public.
Le taux de recouvrement est d'une toute autre ampleur dans la base ELECTRE-Multimédia, reproduite sur le CD-ROM bibliographique moyennant un supplément de prix : plus de 8 000 CD multimédias (CD-ROM, CDI et autres variantes) sont référencés. Malheureusement, ces notices ne sont actuellement pas déchargeables. Certaines bibliothèques s'en servent toutefois pour recopier la description bibliographique.
(Faire une recherche, afficher une notice, puis cliquer sur le bouton MARC display).
(Remerciements à : Françoise Boissière, bibliothèque de l'ENS Cachan ; Edwige David, bibliothèque municipale de Saint-Etienne ; Patrick Gozkowski, bibliothèque départementale du Val-d'Oise et Antoine Provansal, BnF.)