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Colloque international, Alexandrie 17, 18 et 19 mai 1998

1998
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    Colloque international, Alexandrie 17, 18 et 19 mai 1998

    Mutations technologiques des bibliothèques

    Par Martine Blanc-Montmayeur, directeur BPI

    C'est avec un très grand bonheur que la Bibliothèque publique d'information a été coorganisatrice de ce colloque, qui a réuni une petite centaine de participants essentiellement issus du bassin méditerranéen. Ce projet était inscrit dans notre programme annuel des relations internationales, établi chaque année en accord avec la Direction du livre et de la lecture, qui nous octroie un financement spécifique et qui a permis d'inviter un certain nombre de collègues. (1)

    Cette opération n'est pas isolée puisqu'elle prend la suite non seulement de nombreux séminaires européens mais aussi de rencontres : à Beyrouth en octobre 1997, à Tel Aviv en novembre1997 et, nous l'espérons, en Tunisie l'année prochaine.

    La philosophie de ces séminaires est simple. Il s'agit d'organiser des rencontres professionnelles sur des sujets d'actualité pour la lecture publique, dans des pays concernés dans le cadre d'un partenariat, de mettre en vitrine la bibliothéconomie française, de promouvoir également en plus la langue française et de créer avec les différents participants un réseau destiné à se développer.

    La mise au point de ce colloque a été longue, plusieurs mois, tant au-delà des questions professionnelles étaient sensibles les questions politiques. C'est d'ailleurs la première impression que je retirerai de ce séjour. La bibliothèque d'Alexandrie, projet de l'Unesco, voulu par le monde occidental, est tout à fait accepté par l'Egypte pourvu que ce projet serve la grandeur nationale et l'identité arabe.

    C'est ainsi que les débats autour de la place de la langue arabe dans les réseaux informatiques ainsi que les difficultés des conversions anglais-français-arabe dans le système de gestion projeté ont été bien autre chose que des discussions techniques. De même, l'intervention sur le projet de la mémoire de la bibliothèque d'Alexandrie a été fort orageuse quant aux priorités des documents retenus (manuscrits arabes presque exclusivement dans la première phase de numérisation).

    Les inquiétudes, rencontrées en Europe, sur la mainmise américaine à travers les réseaux de la culture et de l'économie sont ici exprimées très officiellement comme une opposition totale à de telles pratiques et comme un combat à mener, non seulement vis-à-vis de l'Amérique du Nord mais aussi vis-à-vis de la totalité du monde occidental.

    Au demeurant, une telle exigence d'identité et de particularité constructive et organique est source de réflexion et d'interrogation salutaire pour les occidentaux que nous sommes.

    À côté de ces questions de principe, largement reprises dans les différentes déclarations officielles, le colloque a été l'occasion d'écouter des interventions remarquables. Je n'en citerai que trois : la numérisation aujourd'hui, par J.-P. Sakoun, à partir de l'exemple du cédérom recensant l'intégralité des éditions des Essaisde Montaigne ; l'enjeu des mutations technologiques par Denis Varloot, insistant à la fois sur les sources extraordinaires de créativité possibles comme sur les risques accrus des inégalités mondiales et sur la place de plus en plus importante que devront prendre les bibliothèques dans ce dispositif mondial, en tant que guides, passeurs, intégrateurs de services indispensables. Enfin, l'exposé de Christian Jacob, chargé de recherches au CNRS, spécialiste de l'histoire d'Alexandrie, mais aussi un des chercheurs expérimentateurs du travail sur station assistée par ordinateur. À partir d'une description minutieuse et conceptuelle des différentes phases de recherche d'un chercheur en bibliothèque, il a brossé l'apport des Nouvelles Technologies au travail savant qui le transforme en administrateur de ses propres connaissances, en manipulateur des textes mis à sa disposition en multiples lecteurs.

    Le chantier, quant à lui, est beau. La demi-sphère enterrée et inclinée s'élève sur toute sa hauteur. Les différents plans étant ponctués par les poteaux terminés en fleur de lotus qui attendent leur couverture. Tous les employés de la future bibliothèque étaient là par roulement. Les problèmes de formation à mettre en oeuvre sont énormes. Une demande d'aide internationale a été très nettement lancée par le professeur Zahran, coordinateur du projet.

    Quelques mots enfin sur la ville, dont les quartiers modernes s'étendent à perte de vue le long du bord de mer. Il y avait déjà beaucoup de gens dans l'eau, de gens non, mais des hommes très exclusivement. On peut imaginer la situation en été, puisque Alexandrie est aussi la plage du peuple égyptien tout entier et des 10 millions d'habitants du Caire ! Une visite organisée nous a permis de visiter les catacombes, la colonne de Ptolémée, l'ancien site de la bibliothèque et quelques palais du roi Farouk. Nous étions logés dans deux superbes hôtels rétro, et j'occupai la chambre où avait dormi Oum Khalsoum.

    1. Mme Claudine Irlès, directeur BM Marseille ; M. Gilles Gudin de Vallerin, directeur BM Montpellier ; Mme Frédérique Molliné, directeur BU Montpellier ; Mme Martine Blanc-Montmayeur, directeur BPI ; Mme Eliane Bernhart, chef du service Coordination bibliothéconomique et informatique BPI ; Mme Souad Hubert, chef du service des Relations internationales BPI ; Mme Rosa de la Viesca Espinosa de los Monteros, directeur Centre d'information et de Documentation, Madrid ; Mme Samia Kamarti, bibliothèque Pilote Ariana, Tunisie ; M. Christian Jacob, CNRS ; M. Nikolnos Zacharopoulos, secrétaire général ministère de la Culture, Grèce ; 9 personnes invitées par l'UNESCO ainsi que M. Antoine Carro-Rehault, Chargé de mission DLL, ministère de la Culture, Paris, et M. Jean-Marie Arnoult, Inspecteur général ministère de la Culture, Paris. retour au texte