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    Mon cher Gérard

    Par Marc Chauveinc, Inspecteur général honoraire

    Permets-moi de te dire adieu, après tant d'années passées sinon ensemble, tout au moins toujours proches jusqu'à ce que nous nous rejoignions à l'Inspection générale. Nous avions à peu près le même âge et avons donc pris notre retraite le même jour.

    Lors de mon retour en France, après l'Afrique, nous avons participé, toi à la BU de Lyon, moi à celle de Grenoble, à la rédaction d'un « Livre noir des bibliothèques » qui témoignait, chiffres et comparaisons internationales à l'appui, de la misère des bibliothèques universitaires à cette époque. Publié en 1973 par l'ABF, il fut le premier des manifestes à stigmatiser cet incroyable abandon des bibliothèques universitaires par les universitaires eux-mêmes et par les responsables politiques.

    Tu avais déjà le goût des chiffres et des statistiques. Ils et elles sont, quels que soient les critiques et les sarcasmes dont ils font l'objet, le moyen le plus sûr de connaître et d'apprécier le fonctionnement d'un organisme. Même si les statistiques ne sont pas tout, elles donnent une bonne approximation de la vie d'un établissement et permettent des comparaisons nationales et internationales.

    Tu avais aussi une vision moderne de la bibliothèque, cherchant à en mesurer l'efficacité, le rapport coût/ser-vices rendus, ce qui était alors assez étranger à beaucoup de collègues. C'est pourquoi, conscient de l'intérêt des comparaisons internationales et de l'apport d'autres approches et d'autres méthodes de mesure de l'activité d'une bibliothèque, tu décidas de participer à l'IFLA, même si l'anglais ne te facilitait pas la tâche. Et, tout naturellement, tu t'es inscrit directement à la section des Statistiques.

    Ce fut le début d'une participation commune à plusieurs congrès de l'IFLA. Je me souviens de plusieurs de ces congrès, non pour le travail effectué, qui restait personnel, mais pour les aventures vécues en commun. Notamment au congrès de Manille, en 1980. Parmi les circuits touristiques, nous avions choisi la remontée en pirogue d'un torrent qui nous conduisait à un cirque en pleine jungle. Grosse chaleur, humidité, soleil voilé mais impitoyable.

    Dans ces pirogues arrosées par l'écume du torrent et des rapides, nous avions enlevé nos chemises afin de garder un peu de sec pour le retour. Mal t'en a pris car au retour, justement, tu t'es retrouvé avec un énorme coup de soleil sur le dos. Il a fallu que ces dames du groupe, et en particulier Claudine Lehmann, en bonne infirmière, te passent tous les jours de la pommade dans le dos.

    Un autre souvenir remonte au congrès de Nairobi, en 1984. Nous avions choisi un circuit touristique dans les parcs nationaux du nord du Kenya et je nous revois juste sur la ligne de l'équateur, à 2 000 mètres d'altitude, couverts d'anoraks car il ne faisait pas chaud du tout.

    C'est bien peu de chose mais, mon cher Gérard, ce sont quelques bons souvenirs qu'on se raconte entre amis.