Le 21eSalon du livre de Paris, qui a enregistré 240 000 entrées, avec l'Allemagne comme invitée d'honneur, illustre la bonne santé actuelle de l'édition selon les organisateurs.
Considéré comme la plus grande manifestation culturelle européenne ouverte au grand public, il avait attiré 234 000 visiteurs en 2000, 221 000 en 1999...
Quelque 30 000 jeunes (+ 20 0/0) ont visité cette 21e édition, tandis que la journée professionnelle du lundi a été un succès avec environ 15 500 entrées (+ 32 0/o), a dit à la presse le président du SNE Serge Eyrolles.
Il a relevé, sans donner de chiffres, que beaucoup d'éditeurs avaient vendu davantage de livres que les années précédentes, et a exprimé sa satisfaction de la décision allemande de déposer un projet de loi sur le prix unique du livre qui favorise la création littéraire et le maintien de librairies de qualité. Alors que la Commission européenne voit d'un mauvais oeil les systèmes de prix fixes, la France applique depuis 1981 un régime de prix unique interdisant des rabais supérieurs à 5 o/o.
La 221édition de ce salon, qui s'enorgueillit d'accueillir plus d'auteurs que partout ailleurs, se tiendra du 22 au 27 mars 2002 avec l'Italie comme invitée d'honneur.
À l'issue du 21eSalon du livre de Paris, les éditions Rue du monde ressentent le besoin de s'exprimer.
En effet, parmi les petits éditeurs, le mécontentement est réel. Ne parviennent à exposer leur travail sur le salon que ceux dont la région d'origine choisit d'investir dans une participation au salon, forcément au détriment d'aides à la création, ou ceux qui, comme Rue du monde, se mobilisent tout entier pendant une semaine sur leur stand pour essayer de couvrir les frais engagés. Voire même pour certains alourdir l'inquiétante pile de factures qui les attend à leur retour.
On nous répondra que « cela doit être considéré comme un investissement de communication ». Pourtant, ce salon n'est pas un de ces salons professionnels où les ventes immédiates ne sont pas un souci mais bien un salon grand public où le prix du m2doit être pensé en fonction de sa capacité a générer des ventes sur place.
Ne pouvant faire face à ces charges excessives, plusieurs éditeurs ont cette année décidé de ne pas être présents. Nous comprenons tout à fait leur position.
Cela doit alerter le SNE, ses partenaires organisateurs ainsi que les pouvoirs publics. Si le Salon de Paris devait devenir la vitrine des éditeurs qui vendent le mieux toute l'année, quelles découvertes viendrait faire le public Porte de Versailles ? Quel autre espace national de communication serait dans le pays offert au travail souvent original des petites maisons ? Quelle ambition culturelle et démocratique s'exprimerait lors de cette manifestation ?
Pour notre part, nous souhaitons que ne soit pas marginalisée la production des petites maisons d'édition et plus généralement de toutes celles qui se battent pour exister en dehors des grandes structures. Nous pensons donc que tout doit être mis en oeuvre pour qu'au sein du Salon du livre, cette production trouve une place de choix.
Dans cet esprit, nous soumettons quelques propositions au débat qui doit inévitablement se poursuivre :
Nous espérons que le renouveau dont le Salon du Livre de Paris a besoin trouvera son souffle dans la situation contradictoire de cette année.
Voisins-le-Bretonneux, le 26 mors 2001
Quelques heures de présence sur le stand de l'ABF, et quelques kilomètres dans les allées : voilà un voyage qui en vaut d'autres, et qui pourrait susciter un « carnet de voyage» bien rempli.
Au fil des heures, j'ai ainsi pu rencontrer beaucoup de collègues, quelques écrivains, quelques éditeurs. Mais j'ai aussi vu venir sur le stand un monsieur qui cherchait sa fille, bibliothécaire quelque part en France, mais où ? Un usager véhément et direct, avisant l'enseigne « Bibliothécaire français nous demande si les bibliothécaires ont bien prévu la BNF «pour mille ans» - il connaît déjà la réponse négative, et paraît très dépité que nous nous défaussions de cette lourde responsabilité... La « maman d'un nouvel élu » nous réconforte : elle est venue au Salon pour acheter un livre sur les Finances communales pour offrir à son fiston, et nous demande de l'orienter « il va avoir beaucoup à faire dans sa ville ». Oh oui, nous le savons bien !
Mais c'est aussi beaucoup «d'auteurs», ou « d'artistes », que nous voyons défiler, et c'est souvent beaucoup plus diffficile. Le Salon est aussi un « Salon des refusés», un « Salon des auto-édités». Les uns peuvent se révéler difficiles à gérer : c'est dur de renvoyer gentiment l'auteur d'un dictionnaire des rêves manifestement inéditable aux siens propres. De faire comprendre à une fabricante en série d'ex-libris sans imagination pourquoi il est logique qu'elle ne puisse avoir de stand de vente dans les bibliothèques publiques.
Mais parmi ces auteurs refusés ou auto-édités, il y a aussi beaucoup de productions réellement singulières, poétiques, sincères, et de vraies personnalités. Comme cet auteur d'un « Carnets de routes sur la Syrie, étonnant collage de textes, de fragments d'autobiographie, agrémenté de boutons de fleurs et d'un cédérom.
Il y a là un véritable débat, au coeur de notre métier ; l'éditeur, le critique, le libraire, le bibliothécaire produisent une succession de regards critiques qui ne peuvent totalement se passer les uns des autres. On peut toujours imaginer que telle ou telle bibliothèque crée un fonds spécifique de « tapuscrits ou d'ouvrages auto-édités, assumant seule ses choix critiques, ou les rapportant à d'autres critères, géographiques par exemple. Mais notre rôle essentiel est aussi de montrer à ces auteurs que le travail d'un éditeur avec eux peut leur apporter beaucoup, que l'histoire de l'édition montre qu'il y a pu y avoir quelques injustices isolées, quelques erreurs graves, mais rarement durables. Comment dire à ces auteurs sincères, un peu naïfs parfois, souvent rendus amers par leur premier échec, que nous persistons malgré tout à faire d'abord confiance au travail de tri, d'aide et de soutien à l'écriture apporté par l'éditeur, suivi du travail des critiques et des libraires qui sélectionnent, trient, promeuvent, bientôt suivis par les bibliothécaires ? Ce travail collectif est essentiel à la création littéraire : pas plus que le peintre ou le musicien, l'écrivain ou le poète ne peuvent s'auto-proclamer artistes : le public et le temps en décident, et les professions du livre en sont, pour une part et avant le public, les acteurs.
Le festival Bernard Dimey de Nogent (5 000 habitants), en Haute-Marne, a été officiellement lancé à Paris dans le cadre du Salon du livre. Un événement attendu par les amoureux de ce poète qui était le dernier descendant de l'esprit libertaire de Bruant, Rictus et Couté. Ce projet, organisé dans l'ombre d'une toute petite bibliothèque, a pu voir le jour grâce au partenariat discret mais efficace entre des bibliothécaires, des militants bénévoles d'une association et un éditeur ouvert et audacieux. La BDP de Haute-Marne a de son côté financé le déplacement au Salon d'une cinquantaine de responsables de ses bibliothèques relais.
Tout a commencé par la création d'une association Bernard Dimey présidée par Annie Millet, secrétaire de mairie à Biesles (1 450 habitants), responsable de la bibliothèque relais. À force de contacts et de rencontres, les bénévoles de l'association ont pu élaborer les bases d'un festival auquel ils entendaient donner une résonance au-delà de leur région.
Pour lancer officiellement ce festival, les membres de l'association ont profité du Salon du livre pour présenter un mini-livre édité tout spécialement dans la collection « Le trois-demi» aux éditions Biotop. Cette maison d'édition, installée dans le xxearrondissement de Paris, est spécialisée dans la production de mini-livres et son catalogue est très éclectique. « Nous connaissions la maison, souligne Annie Millet. Bernard Béai, le directeur, et son équipe ne connaissaient pas Bernard Dimey, mais le courant est passé très vite et la réalisation a suivi. Cette rencontre et le lancement de ce minuscule ouvrage vont permettre de promouvoir d'une manière originale le festival au plan national : il sera diffusé en librairie dans plus de 600 points de vente. »
Il y a quelques années, après mes études, j'ai fait un long voyage au Proche-Orient et je suis tombé amoureux de la Syrie, dont j'ai voulu faire partager la richesse, peu connue malheureusement du grand public puisque ce pays n'est souvent évoqué qu'à travers des images de guerre et d'attentats. Mon engouement a d'ailleurs été confirmé par le succès de l'exposition « La Syrie» organisée en 1993 par l'Institut du monde arabe à Paris.
À mon retour, j'ai décidé de mettre en forme mes émotions et mes souvenirs à travers un support vivant et ludique, ouvert à tous. Il fallait, c'est évident, un carnet de voyage, mais je voulais du son, des images. C'est comme ça qu'est né Carnets de route.
Aujourd'hui, après quatre ans de recherche sans aucune aide extérieure, je ne sais toujours pas comment classer ce travail multimédia :jeu, guide, encyclopédie ? Non, c'est bien une oeuvre multimédia, composée d'un livre et d'un cédérom dont le lecteur est le héros. Au fil des pages, celui-ci découvrira quelque 300 photos, 25 vidéos, 80 pages écrites et des heures de sons (ambiances ou musiques). J'ai fait un petit calcul... Il y a approximativement des milliards de milliards de milliards de combinaisons de choix possibles !
Pour faire connaître ce livre, je commence à faire le tour des libraires puis des éditeurs, qui sont de loin les plus sceptiques. Je décide donc de m'autoéditer et d'entrer seul dans l'arène de la promotion.
Dès le début de cette laborieuse aventure j'avais pensé au Salon du livre de Paris, mais j'étais convaincu qu'il était réservé aux «grands». Poussé et stimulé par des personnes appréciant mon ouvrage, je me réveille une semaine avant l'ouverture et me décide à téléphoner à l'OIP. Après une longue négociation, j'obtiens un stand au tarif «jeune éditeur», soit 6 m2pour le prix de 4 : le bonheur ! Après tout ce travail dans l'ombre, je vais enfin rencontrer le public !
Les difficultés commencent dès le montage, quand je découvre que mon stand a « rétréci au lavage». Dommage, car j'avais prévu un projecteur numérique, des diapos. À 16 heures le jour de l'inauguration, je n'ai toujours pas d'électricité (pour présenter un cédérom, c'est dur) et la moquette n'est pas posée. Panique. On me dit de ne pas m'inquiéter. Ces aspects pratiques réglés, le Salon ouvre ses portes et me voilà très vite ravi de l'enthousiasme du grand public, qui vient voir ce stand ne figurant sur aucun catalogue grâce au bouche-à-oreille.
Ces heures baignées de sourires m'ont réconforté, car j'avais vraiment l'impression d'être un peu là « comme un cheveu sur la soupe au milieu de tous ces grands et beaux stands aux enseignes très connues pour la majorité. Profitant de cette occasion unique, j'ai d'ailleurs tenté d'avoir quelques contacts constructifs avec ces géants de l'édition j'oubliais naïvement qu'ils n'étaient pas là pour ça, mais avant tout pour vendre. Je pensais que le Salon du livre de Paris pouvait être aussi l'occasion de rencontres et de collaborations.
Cette présence au Salon du livre s'est révélée positive dès les premières heures, et les jours qui ont suivi n'ont fait que confirmer cette tendance. Le public est à l'affût de vraies nouveautés où l'on ne ressasse pas sans cesse les mêmes concepts.
Les contacts professionnels ont, eux aussi, été enrichissants. Un éditeur absent du Salon a entendu parler de mon travail, et nous sommes en contact. Les échanges avec d'autres milieux professionnels comme les bibliothèques, l'enseignement, les magazines de voyage, me donnent des espoirs de trouver de nouveaux moyens de diffusion. D'autres salons sont aussi dans mon programme (le Salon du livre arabe à l'IMA, la 2eBiennale du carnet de voyage à Clermont-Ferrand)... Le voyage continue.