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Visite de l'exposition des manuscrits à peinture du XIIIe au XVIe siècle

1956

    Visite de l'exposition des manuscrits à peinture du XIIIe au XVIe siècle


    M. Jean Porcher, Conservateur en chef du Département des Manuscrits à la Bibliothèque nationale, s'est mis, malgré ses lourdes charges, à la disposition des membres de l'A.B.F. avec une gentillesse à laquelle nous tenons à rendre un particulier hommage. Ce n'est pas moins de six visites en effet, destinées chacune à une vingtaine de personnes, qu'il a accepté de guider et de commenter pour nos seuls membres : les quatre premières ont eu lieu les 21, 28 décembre, 10 et 17 janvier. L'afflux des demandes fut d'ailleurs si important que nous ne pûmes, à notre grand regret, accepter quelques inscriptions tardives.

    La vague de curiosité provoquée par cette exposition est d'ailleurs pleinement justifiée : c'est en effet une manifestation d'un exceptionnel intérêt qui a été organisée pour six mois dans les deux grandes galeries de la Bibliothèque. Certes, pour qui se rappelle les révélations de l'exposition de 1954. concernant les manuscrits du VIe au XIIe siècle, une impression moins forte peut-être frappe d'abord le visiteur devant les miniatures du XIIIe siècle plus sages et d'un type plus connu, malgré la profondeur de leurs bleus et la magnificence de leurs ors. Mais dans la succession des années la vie bientôt l'emporte, les scènes profanes et familières se mêlant aux thèmes religieux ; et c'est un monde prodigieux que nous découvrons et qui nous mène de merveilles en merveilles jusqu'au xvIe siècle.

    Manuscrits de Christine de Pisan, Livre des Merveilles, Grandes Heures de Jean de Berry, Heures de Rohan, Antiquités judaïques, Livre des tournois du Roi René : que d'étonnants trésors qu'on ne se lasse pas de regarder ! L'exposition se termine par les grandes œuvres de la fin du XVe siècle et du XVI6 siècle ; si elles ouvrent pour le manuscrit une décadence, il faut reconnaître en revanche aux peintures de cette époque une ampleur et une perfection inégalée. Avec des maîtres comme Fouquet, Jean Colombe, Bourdichon et d'autres restés anonymes, elles prennent place au côté des peintures de chevalet. Des tableaux prêtés par le Louvre, le Musée d'Avignon, le Bargello, etc., permettent justement cette confrontation.

    « Un des événements culturels du siècle, dit André Malraux dans la Préface du Catalogue. » Formule qui ne paraîtra excessive qu'à ceux qui ne se sont pas penché longuement sur ce que le même auteur appelle encore « la saisissante peinture des siècles sans peinture. »