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Le colloque des bibliothèques nationales à Vienne

1958

    Le colloque des bibliothèques nationales à Vienne

    Par T. K.

    On se souvient qu'à l'issue du Congrès international des Bibliothèques, qui se tint à Bruxelles au mois de septembre 1955, les directeurs de treize bibliothèques nationales, parmi lesquels M. Julien Cain, administrateur général de la Bibliothèque Nationale, Directeur des bibliothèques de France, présentèrent une résolution tendant à ce que le Congrès insiste sur « la nécessité de donner dans chaque pays le développement et les moyens nécessaires à une bibliothèque centrale, généralement bibliothèque nationale, seule capable de conserver pour l'avenir la totalité de la production de chaque pays et d'assurer l'unité du travail bibliographique ».

    Dès cette année, l'Unesco a tenu à donner à ce voeu une réalisation concrète en convoquant pour trois semaines (7-26 septembre), à Vienne un colloque des bibliothèques nationales d'Europe. Vingt-cinq pays (Allemagne fédérale, Autriche, Belgique, Biélorussie, Bulgarie, Danemark, Finlande, France, Espagne, Grande-Bretagne, Hongrie, Italie, Luxembourg, Monaco, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Suède, Suisse, Tchécoslovaquie, Turquie, Ukraine, U.R.S.S., Yougoslavie) y furent représentés par quarante-et-un participants appartenant à trente-trois établissements. Un expert, des observateurs (Argentine, Etats-Unis d'Amérique, Iran) et des représentants d'organisations internationales (Conseil de l'Europe, Agence internationale de l'énergie atomique, Fédération internationale des associations de bibliothécaires et Fédération internationale de Documentation) prirent également part aux débats.

    Le Colloque s'ouvrit dans la célèbre « Prunksaal » de la Bibliothèque nationale de Vienne par une séance solennelle où prirent successivement la parole M. Josef Stummvoll, directeur de la Bibliothèque nationale de Vienne, M. Pierre Bourgeois, directeur de la Bibliothèque nationale de Berne, en sa qualité de directeur du colloque, M. Luther Evans, directeur général de l'Unesco, le Maire de Vienne, le Ministre fédéral de l'Education, enfin le Président de la République fédérale d'Autriche. Nul bibliothécaire français ne sera insensible aux termes alors choisis par M. Stummvoll pour évoquer dans ce cadre la Bibliothèque nationale de Paris : « En parlant d'elle nous la nommons toujours notre « grande soeur ». Elle est, en effet, la première bibliothèque née de la Révolution française qui mérita le titre officiel de « bibliothèque nationale ». Elle appartient au très petit nombre des quelque dix institutions qui peuvent prétendre au rang de bibliothèque mondiale. » L'organisation matérielle du colloque fut assumée par la division des bibliothèques de l'Unesco et par l'Österreischische Nationalbibliothek qui mit à la disposition des participants les salles et les bureaux de son département des papyrus et de son département de la Musique, sis dans le corps de bâtiment de l'Alber-tina. La Direction du colloque était assurée par M. Pierre Bourgeois, président de la FIAB., qui présida également les séances du troisième groupe de travail (les bibliothèques nationales et la collaboration entre bibliothèques). Le second groupe (Activités bibliographiques des bibliothèques nationales) fut présidé par M. Mirko Rupel, directeur de la Bibliothèque nationale et universitaire de Ljubljana, tandis que le premier, qui réunit le plus grand nombre de participants, consacra ses débats, sous la présidence de M. Francis, conservateur des livres imprimés du British Museum, à l'organisation des bibliothèques nationales et aux questions générales. A l'issue de la première semaine et pendant toute la troisième, des séances plénières permirent à chacun des participants d'apporter, sur quelque point que ce soit, sa collaboration aux rapports finaux.

    Ce sont toutes les incidences du développement accéléré de la production imprimée et des formes contemporaines du travail scientifique sur le fonctionnement traditionnel des bibliothèques nationales qui occupèrent le premier groupe : incidences sur les fonctions spécifiques, la structure, les locaux et le personnel. En ces matières il s'agissait moins d'émettre des voeux que de préciser les problèmes, d'échanger des informations et d'analyser des expériences. Les débats des deux autres groupes portèrent sur des sujets concernant moins exclusivement les bibliothèques nationales et qui ont déjà figuré à l'ordre du jour des réunions des associations professionnelles et de la F.I.A.B. Aussi est-ce au bureau de celle-ci que le groupe II proposa de confier l'étude de diverses questions : établissement d'un manuel à l'usage des rédacteurs de bibliographies spécialisées, normes de catalogage. De même, le troisième groupe de travail se rangea à l'avis défavorable émis par la F.I.A.B. sur le projet d'un répertoire international de livres, imprimés du XVIe siècle mais souhaita qu'elle étudie les moyens de poursuivre le Catalogue général des incunables et d'entreprendre - en liaison avec les orientalistes - des répertoires collectifs de collections orientales. Il fit également appel à la F.I.A.B. pour la normalisation des principes d'établissement des statistiques et celle des relations mutuelles des catalogues collectifs. A plusieurs reprises, le colloque se préoccupa de la valeur des statistiques internationales relatives aux bibliothèques. La forme des statistiques résulte trop directement de l'organisation de chaque établissement pour qu'une normalisation absolue soit facilement observée ; mais si la compréhension de certains éléments chiffrés était brièvement définie, des comparaisons valables deviendraient possibles ; sous les auspices de la F.I.A.B. et de l'Unesco, un comité d'experts devrait un jour être chargé d'étudier des questionnaires assez souples pour être utilisables dans tous les établissements. L'un des voeux le plus souvent exprimé fut celui de voir faciliter les contacts internationaux entre bibliothécaires ; il ne se limitait pas au personnel des bibliothèques nationales et sera certainement agréable aux membres de l'A.B.F.

    Il reçut d'ailleurs, par les soins des bibliothécaires viennois, la meilleure réalisation. En marge du colloque et dès le premier jour, les participants eurent de multiples occasions d'approfondir leurs échanges d'information soit au cours des repas pris en commun, soit au cours des réceptions auxquelles les convièrent, notamment, le Directeur de l'Unesco, la Commission nationale autrichienne pour l'Unesco, le Ministre de l'Education nationale, l'Association autrichienne des marchands de livres, d'objets d'art, de partitions de musique et de périodiques, le Directeur du British Council et le Directeur de l'Institut français de Vienne. Des visites de bibliothèques complétèrent le programme professionnel (Bibliothèque nationale de Vienne, en premier lieu, et ses différents services, Bibliothèque universitaire, Stadtbibliothek, Albertina) ; au cours des excursions qui occupèrent les fins de journée ou de semaines, les participants furent introduits dans les anciennes bibliothèques des abbayes d'Altenburg, de Göttweig, de Heiligenkreuz et de Melk.