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    Paul-André Lemoisme (1875-1864)

    Par Jean Adhemar

    Né en février 1875, Paul-André Lemoisne, fils d'un notaire parisien, fut élève de l'Ecole des chartes et obtint son diplôme d'archiviste-paléographe en 1901. Il entra aussitôt à la Bibliothèque nationale comme attaché bénévole au Cabinet des estampes, où il devait faire toute sa carrière. Titularisé en 1905, sous-bibliothécaire en 1907, bibliothécaire en 1909, il remplaça Eugène Courboin en 1928 comme Conservateur du Cabinet des estampes. Il devait prendre sa retraite en octobre 1940. Organisateur de nombreuses expositions et, avec Jean Laran, créateur du nouveau Cabinet des estampes, dont les bâtiments ne furent inaugurés qu'en 1946, il laisse de nombreuses publications, parmi lesquelles nous citerons :

    • L'art de notre temps, Degas, 1912 ; Eugène Lami, 1912 ; L'Estampe japonaise, 1915 ; Gavarni, peintre et lithographe, 2 vol. 1924-28 ; Les Xylo-graphies du XIVe et du XV siècles au Cabinet des estampes, 1927 ; La Peinture française à l'époque gothique, 1937 ; OEuvres choisies de Gavarni, 1944 ; Degas et son oeuvre, 4 vol. 1949.
    • Elu membre de l'Institut (Académie des beaux-arts) en 1945, Paul-André Lemoisne avait été Président de l'A.B.F. en 1927-1928.

    Notre collègue, M. Jean Adhémar, qui est aujourd'hui à la tête du Cabinet des estampes, a prononcé sur son cercueil, en l'Eglise Saint-Jean-Baptiste de Neuilly-sur-Seine, le 23 juin 1964, les paroles suivantes :

    • « M. Lemoisne avait le sentiment très net de diriger le Cabinet des estampes, mais il comprenait que le Cabinet appartenait à ce grand corps, cette institution unique au monde qu'est la Bibliothèque et dont il ne peut être dissocié. Avec M. Julien Cain, qui l'estimait beaucoup, il a contribué puissamment au réveil de cette magnifique maison.
    • Le Cabinet des estampes était sa chose, il jouait dans sa vie un rôle éminent. M. Lemoisne y voyait à juste titre un endroit appelé à de grandes destinées ; il lui avait donné une allure, une impression toute nouvelle. Avant lui, c'était un lieu réservé à la contemplation studieuse de quelques amateurs. Avec lui le cercle des lecteurs s'était étendu, qu'il s'agisse d'artistes ou de collectionneurs, car, présent partout avec sa belle prestance, il avait su dire et montrer la réalité, l'importance du Cabinet. Il y avait attiré les historiens, ses confrères de l'Ecole des Chartes et ses amis, et les conservateurs des musées ; il y avait appelé les collectionneurs, et ceux-ci, qu'il s'agisse de Moreau-Nélaton, de Vever, de Curtis, avaient tenu à enrichir le Cabinet. Très estimé par la famille Rouart, il avait, rue de Villejust, fréquenté dès sa jeunesse, les artistes, et notamment Degas. Il aimait la gravure, il soutenait les sociétés d'estampes, il a attiré les Peintres-Graveurs, et a présidé leurs réunions, il a suscité des dons remarquables, son autorité était telle qu'en 1937, artistes, amateurs et marchands sont venus lui demander de créer le Comité national de la gravure française, au-dessus de tous les partis et de le présider.
    • Une des oeuvres dont il était le plus fier était l'Inventaire des gravures françaises du Cabinet des estampes, publication unique au monde, entreprise sous son impulsion au retour de la guerre de 1914, mais conçue par lui auparavant. Il en avait vu l'importance sur tous les plans, et il avait raison. Avec l'aide de son ami Jean Laran qui le complétait si bien, il a su assurer le début de la rédaction.
    • Sa loyauté et son indépendance étaient connues. Sa franchise était célèbre, mais tempérée par sa bonté. Il était très fier de ce qu'il appelait sa nouvelle équipe du Cabinet des estampes qu'il avait choisie et formée lui-même, et il venait, il y a quelques années encore, saluer son successeur M. Vallery-Radot, et se faire présenter les plus jeunes d'entre nous.
    • Il est à l'origine des expositions de la Bibliothèque Nationale ; il avait réalisé avec et pour son maître, Henri Bouchot, l'exposition des Primitifs français en 1906, il avait été chargé de choisir les tableaux dans les églises de province encore souvent ignorées, il était devenu pour des années le spécialiste de la peinture et de la gravure du Moyen Age français au point d'avoir fait pour l'Illustration le Catalogue des peintures du XVe et du XVIe du Louvre, ce qui l'avait fait nommer membre du Conseil des Musées.
    • Véritablement M. Lemoisne laissera un grand souvenir et un grand exemple. Il sera pour nous tous celui qui a su donner à la grande institution qu'il dirigeait un visage moderne et une activité remarquable. »