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    Diane Canivet

    Par H. Baget

    Le 10 mars dernier, Diane Canivet, bibliothécaire contractuelle à la Bibliothèque nationale, était enlevée à l'affection de sa famille et de ses amis après le long calvaire d'une maladie inexorable. Tous ceux qui l'ont connue garderont le souvenir de la collègue discrète et efficace dont les grandes qualités de coeur avaient fait naître tant d'amitiés.

    Dans ses fonctions à la Bibliothèque nationale où elle était entrée en 1951, ses qualités de bibliothécaire n'étaient pas moindres. Son ascendance maternelle italienne, ses années d'enfance passées en Italie, les nombreux retours qu'elle aimait faire dans ce pays qu'elle considérait comme sa patrie de coeur, ses études, sa culture personnelle enfin, tout la qualifiait hautement pour la mission qui était la sienne au Département des Entrées : le choix et l'achat des livres italiens.

    Après des études secondaires à l'Ecole internationale de Genève et des études supérieures à Paris - section d'architecture à l'Ecole nationale des arts décoratifs, licence ès lettres à la Sorbonne et à l'Institut d'art et d'archéologie, diplôme d'études supérieures sur « L'illustration de la poésie et du roman français au XVIIe siècle» (publié en 1957 grâce à une subvention du C.N.R.S.) - elle était venue à la carrière des bibliothèques après une collaboration de deux ans à l'Unesco. Elle avait voulu alors acquérir la formation nécessaire à notre métier et avait passé, en 1953, le Diplôme supérieur de bibliothécaire. Mais la carrière littéraire et plus particulièrement les possibilités d'expression du théâtre l'avaient toujours attirée. Sa participation au groupe des bibliothèques théâtrales en est un témoignage. Si les difficultés d'édition ne lui avaient, hélas, pas permis de voir publier romans ou nouvelles auxquels elle tenait, la création à la radio de plusieurs de ses oeuvres théâtrales avait été pour elle une grande joie.

    En juin 1962, la Radiodiffusion française donnait Les exilés de Poker Flat, d'après une nouvelle de Bret Harte. En mars de la même année, Radio-Genève avait fait entendre Le Navire en fête (donné en reprise au même poste en août 1963 et en traduction néerlandaise au poste KRO d'Hilversum en 1964) ; en février 1964, L'Ecolier de Padoue. Une pièce beaucoup plus longue, L'Année de la peste avait été jouée en province par la Comédie de Saint-Etienne.

    Une causerie en septembre 1960 à la Radiodiffusion française, sur le Président Des Brosses, dans le cycle « Les voyages dans la littérature », quelques articles : dans le Figaro Littéraire, sur Pilâtre de Rozier, dans le Journal de Genève, sur Salvatore Quasimodo à l'occasion de son Prix Nobel de littérature, sont les autres manifestations de sa trop modeste carrière littéraire. Mais parmi les manuscrits qu'elle laisse et au milieu d'ébauches déjà très étudiées, figurent une pièce terminée, La Visite au château, une nouvelle : Haut relief, et un roman, Ce deuil est sans raison, qui restent pour témoigner de ses dons et de sa sensibilité. Pour témoigner également de ce qu'aurait pu être une vie trop cruellement écourtée.