Cette année, l'Association des bibliothécaires français souhaitait aviver l'intérêt que portent ses membres à la réunion annuelle qui leur permet de faire connaissance avec une ville de province et ses bibliothèques. Trois éléments l'y aidèrent : d'abord l'A.B.F. choisit la belle ville de Dijon, où M. Gras, conservateur en chef de la Bibliothèque municipale, fut un correspondant efficace pour la préparation du congrès. Ensuite, des collègues suisses ont bien voulu répondre à notre invitation : M. Vischer, directeur de la Bibliothèque publique et universitaire de Bâle, président de l'Association des bibliothécaires suisses ; M. Borgeaud, directeur de la Bibliothèque publique et universitaire de Genève ; M. Maier, directeur de la Bibliothèque nationale de Berne ; M. de Courten, directeur du Service du prêt à la Bibliothèque nationale de Berne ; M. Clavel, directeur de la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne; M. Berthoud, directeur de la Bibliothèque publique de Neuchâtel, auxquels s'était joint M. Perret, de Lausanne. Enfin, la clôture de la Semaine du livre mit l'accent sur la lecture publique et le rôle des bibliobus. Tout cela contribua au succès d'une réunion exceptionnellement nombreuse que fréquentèrent de 110 à 150 personnes suivant les journées. Les bibliothécaires de la région parisienne formaient environ un tiers des participants ; une dizaine vint de la région lyonnaise, et nous eûmes la joie d'accueillir des bibliothécaires d'Aurillac, Auxerre, Besançon, Berck, Blois, Bourges, Dôle, Evreux, Grenoble, Limoges, Montpellier, Mulhouse, Nancy, Orléans, Périgueux, Perpignan, Reims, Rennes, Toulouse, Tours et Troyes.
Le congrès commença le samedi matin dès 9 heures par la visite de la Bibliothèque municipale, visite instructive sur le plan bibliothéconomique autant qu'archéologique et historique ; la salle de lecture occupe, en effet, la chapelle du XVIIe siècle de l'ancien collège des Godrans, fondé par la riche famille dijonnaise de ce nom et dirigé par des jésuites, tandis que la section de prêt est abritée par un hôtel ancien où Bossuet passa une partie de son enfance. Puis, pendant que Mlle Vignier, conservateur aux Archives départementales de la Côte d'Or faisait visiter le centre de Dijon, qui a su garder de nombreux témoignages d'un riche passé, M. Gras réunissait, sous la présidence de Mme Honoré, les bibliothécaires du nouveau groupe de Bourgogne. M. Gras en fut élu président ; vice-présidents, Mlle Schoepen, bibliothécaire du Centre de promotion économique et sociale de la région de Montbéliard, et M. Miron-neau, conservateur des bibliothèques de la ville et de l'Université de Besançon ; secrétaire, Mlle Royer, directeur de la Bibliothèque centrale de prêt de la Côte d'Or ; trésorier, Mlle Weil, bibliothécaire à la Bibliothèque universitaire de Dijon. La matinée s'acheva, à l'Hôtel de Ville, par un vin d'honneur présidé par le chanoine Kir, député-maire de Dijon ; chacun put apprécier le savoureux mélange de vin blanc et de cassis offert par la municipalité, que nous remercions pour son aimable accueil. Cinq bibliobus départementaux accompagnèrent les congressistes jusqu'à l'Hôtel de Ville.
L'après-midi fut occupé presque entièrement par les séances de travail. Les assistants se partagèrent en deux groupes. Le prêt inter-bibliothèques fit l'objet du débat organisé pour les bibliothèques d'études. M. de Courten nous exposa d'abord comment les demandes de prêt, pour être envoyées dans les bibliothèques suisses capables de les satisfaire, sont au préalable centralisées à Berne par une équipe de bibliothécaires spécialisés qui disposent d'un fichier collectif. M. Nortier, chef du Service du prêt international à la Bibliothèque nationale de Paris, retenu par de douloureuses circonstances, avait confié à Mme Honoré un exposé sur les problèmes du prêt en France, celui consenti par la Bibliothèque nationale se limitant aux doubles et au fonds des sociétés savantes. Après un débat animé qui souleva des questions d'ordre très divers, Mme Honoré concluait sur la nécessité d'établir une liste bibliographique d'ouvrages qui aideraient les bibliothécaires à identifier les ouvrages et à trouver la bibliothèque disposant du volume recherché. Enfin Mme Honoré présentait le service des échanges internationaux qu'elle dirige à la Bibliothèque nationale, et rappelait aux bibliothécaires français les facilités offertes par ce service pour acheminer leurs propres échanges avec l'étranger, et pour les échanges de doubles.
Pendant ce temps, en présence de M. Coulomb, vice-président de l'A.B.F., et de Mlle Altmayer, secrétaire général de la section de la lecture publique de l'A.B.F., Mlle Royer menait le débat ouvert pour les bibliothèques de lecture publique sur la formation et l'information du lecteur. Par quels moyens attirer le lecteur en puissance qui n'a pas franchi la porte de la bibliothèque ? Les moyens usuels sont les affiches, les tracts, la presse. Mais il faut noter que l'impression de qualité d'une affiche est coûteuse. Le lecteur novice doit être renseigné par des guides sur la bibliothèques et ses fonds, que complètent l'accueil du bibliothécaire, l'agrément et la disposition des locaux. Un bulletin d'information rend compte des accroissements de la bibliothèque, de petites expositions attirent l'attention sur un sujet particulier. Les assistants ont demandé un regroupement des efforts des bibliothécaires dans le domaine publicitaire. Mlle Altmayer a rappelé l'existence des moyens mis à la disposition des bibliothèques par l'A.B.F. : expositions itinérantes, affiches « Plaisir de lire et de choisir ». Les participants ont envisagé la rédaction en commun de listes bibliographiques et choisi une maquette d'affiche pour les B.C.P. M. Coulomb a pu montrer le premier numéro de « Livres d'aujourd'hui », nouvelle présentation des fiches critiques de l'A.B.F. Une exposition de matériel publicitaire accompagnait la réunion, qui se termina par une visite des bibliobus de l'Aube, du Cher, de la Côte d'Or, du Doubs et du Rhône.
Les actes des séances d'étude seront publiés ultérieurement.
Puis tous les assistants se dirigèrent vers Saint-Bénigne pour visiter la crypte, seul vestige de la basilique du Xe siècle, et le Musée archéologique qui occupe un bâtiment de l'ancienne abbaye bénédictine et conserve, parmi d'autres trésors de différentes époques, un splendide buste du Christ attribué à Claus Sluter.
Dans la soirée, M. Pierre Quarré nous faisait les honneurs du Musée de Dijon, dont il est le conservateur. C'est en 1781 que les Etats de Bourgogne décidèrent de confier à l'Ecole de dessin un musée qui occuperait l'étage noble du palais qu'ils faisaient construire. Par suite des accroissements dûs aux confiscations révolutionnaires, le musée, devenu établissement public, s'étendait sur l'ancien Palais des ducs où furent installés les tombeaux des deux premiers ducs de Valois. L'abondance des collections du musée n'a d'égale que leur richesse, les primitifs flamands venus de la Chartreuse de Champmol étant parmi les pièces les plus précieuses.
Nous avons consacré la matinée du dimanche à la visite de la Bibliothèque universitaire qui, depuis bientôt quatre ans, a pris place dans le nouveau campus de l'Université de Dijon. Mlle Barthélemy, conservateur en chef, nous en a très largement ouvert les portes. Sciences et lettres cohabitent dans cette bibliothèque dont le plan est très classique : magasins en forme de tour, salles publiques et locaux des services intérieurs sur deux niveaux ; les murs-rideaux des façades sud et ouest élargissent l'horizon des lecteurs. Du haut de la tour des magasins, au 13e étage, nous avons pu admirer la vue très étendue sur le paysage dijonnais.
Par Sombernon et Vitteaux, les participants gagnèrent les Laumes, dominés par le plateau d'Alise-Sainte-Reine et la statue de Vercingétorix, où les attendait un déjeuner, digne de la province gastronomique qui nous accueillait. La charmante ville de Semur-en-Auxois, perchée sur une falaise de granit rose dominant le ravin où coule l'Armançon, nous retint une bonne partie de l'après-midi. Dans cette bourgade de 3.000 habitants, nous eûmes la surprise de trouver une bibliothèque admirablement tenue par Mlle Segaud qui, tout en consacrant ses efforts à la lecture publique, a la chance de conserver dans de très bonnes conditions un fonds ancien intéressant. Après que nous ayions admiré les vieilles maisons, la vue des remparts, l'église Notre-Dame, cathédrale en miniature, le député-maire de Semur, M. Morlevat, nous offrit un vin d'honneur sous les ombrages du jardin de l'Hôtel de Ville. Les moins pressés eurent ensuite la possibilité de rejoindre Dijon par Précy- sous-Thil, Saint-Thibaut que l'on visita au passage, et la vallée de l'Ouche.
Renouvelons nos remerciements à nos collègues dijonnais et particulièrement à M. Gras, auquel nous sommes redevables de la brillante réussite de ce congrès.