Index des revues

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A Survey of the major indexing and abstracting services for library science and documentation.

1967
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    Par Suzanne Honoré
    H. Allan Whatley

    A Survey of the major indexing and abstracting services for library science and documentation.

    - London, the Library Association, 1966. - 30 cm, 78 p.

    L'auteur de cette enquête est, depuis 1951, l'éditeur de Library Science Abstracts, l'excellent périodique qui donne des analyses de tous les articles importants intéressant notre profession. Nul n'était donc plus qualifié pour mener une enquête financée par le Council of Library Resources, sur les différents services assurant des dépouillements de livres et périodiques dans le domaine de la « science des bibliothèques », enquête commencée par questionnaire, mais complétée par voyages et contacts directs avec les chefs de ces services : un en Italie, Suède, Allemagne fédérale, Tchécoslovaquie, Hongrie et France, deux en Grande-Bretagne, Allemagne de l'Est, trois en Pologne, Etats-Unis et U.R.S.S., plus la Revue internationale de documentation, organe de la F.I.D., mais qui est faite de seconde main, en utilisant les analyses des autres périodiques. Il n'était pas possible, et nous le savons tous par expérience, de distinguer entre « science des bibliothèques » et documentation. En fait, sur les seize services principaux étudiés, huit sont plus spécialement destinés aux documentalistes et huit aux bibliothécaires. Notons encore, pour en terminer avec les chiffres, que douze sont des services d'analyses et quatre ne fournissent que des notices signalétiques.

    L'enquête a été menée de 1963 à 1965 et couvre les vingt services actuellement existants. C'est assurément la première dans ce domaine, lui-même récemment couvert, puisque la grande majorité de ces services sont postérieurs à 1950, et quelquefois tout à fait récents.

    Tous les aspects du problème ont été envisagés. On trouve d'abord une étude détaillée de chacun des services - nombre de périodiques dépouillés, nature de ces périodiques (uniquement consacrés aux problèmes de bibliothèques ou marginaux), méthode employée, équipe responsable, etc. Il est également précisé si le service fournit des « index » - c'est-à-dire des notices signalétiques, indexées ou non, mais dépourvues d'analyses - ou des « abstracts », c'est-à-dire des analyses.

    Il me faut à ce sujet, dire mon étonnement : l'un des services étudiés est le Bulletin de documentation bibliographique du Bulletin des bibliothèques de France. Or, si la première partie est bien un service assurant le dépouillement signalétique exhaustif des livres, brochures et articles de périodiques parus en France et intéressant à divers titres notre profession, l'autre partie est la publication de comptes rendus critiques d'ouvrages (rarement d'articles de périodiques) concernant la science ou plutôt les sciences des bibliothèques. Faut-il en déduire que M. Whatley ne fait aucune différence entre une analyse et un compte rendu critique ? Il me semble pourtant que la différence saute aux yeux : l'analyse doit être fidèle et objective et ne refléter en rien les vues personnelles de son auteur ; le compte rendu critique, au contraire, s'il donne généralement une vue du contenu de l'ouvrage, peut s'écarter délibérément du plan, n'en retenir que certaines parties et comporter un jugement personnel. Ce type de compte rendu est celui que l'on trouve habituellement dans toutes les revues savantes pour leur discipline, et c'est là la grande différence avec des services d'analyses ou de dépouillement, dont on attend plus d'objectivité, d'exhaustivité - et surtout une bien plus grande rapidité. En effet, les comptes rendus critiques, étant signés, sont des oeuvres personnelles qu'il est toujours difficile d'obtenir en temps donné, alors qu'un bon service signalétique ne doit pas dépendre du bon vouloir d'un savant, fût-il éminent. Une équipe salariée est le meilleur moyen d'y parvenir.

    Ceci dit, il faut remarquer qu'aucun des bulletins étudiés ne paraît absolument satisfaisant aux usagers. Ils sont généralement l'oeuvre d'associations de bibliothécaires ou de grandes bibliothèques ; très peu sont faits par une équipe rétribuée pour cet emploi. Le plus ancien et le seul édité par une firme privée (H.W. Wilson à New York), est uniquement signalétique et porte essentiellement sur des périodiques américains ou de langue anglaise. L'écart entre la date du périodique et la parution de la notice est généralement de trois à six mois ; cet écart est considéré comme relativement satisfaisant, la science des bibliothèques ne demandant pas, paraît-il, une rapidité plus grande dans la documentation.

    L'enquête sur les usagers de tels bulletins est encore plus décevante : en dehors des étudiants et professeurs des écoles de bibliothécaires, seuls les lisent régulièrement quelques bibliothécaires vraiment qualifiés. En outre, l'absence d'index cumulatifs est souvent regrettée pour la recherche rétrospective. Seul Library Science Abstracts publie, outre son index annuel, un index cumulatif par tranches quinquennales.

    Mais M. Whatley ne s'est pas borné à une enquête ; il cherche à dégager des conclusions. Et tout d'abord que faut-il préférer, notices signalétiques ou analytiques ? Les premières peuvent être fournies beaucoup plus rapidement ; mais elles sont moins utiles, spécialement pour les articles en langues étrangères. Faut-il aussi analyser les livres ? Peu de services le font, et c'est bien regrettable. L'étude sur la forme des notices montre combien un accord international serait utile dans ce domaine. Il en est de même pour la classification adoptée pour la présentation des notices : la C.D.U. n'étant généralement pas considérée comme applicable en ce domaine, la plus grande disparité intervient dans le cadre de classement - quand il existe. La coopération entre les divers services est encore à l'état embryonnaire. D'où duplication des efforts qui pourrait être en partie évitée.

    Les suggestions de l'auteur sont les suivantes : il préconise, dans chaque pays, un service d'analyses couvrant toute la production de ce pays ; une conférence d'experts sous l'égide de l'Unesco fixerait les normes souhaitables pour ces relevés, qui pourraient d'ailleurs regrouper plusieurs pays voisins ou de langues identiques. L'analyse des documents les plus importants serait alors envoyée à plusieurs centres internationaux, un par langue (par exemple Londres ou Washington, Paris, Berlin, Moscou, Tokyo), chaque équipe assurerait la traduction des analyses et publierait une version dans sa langue de cet « International Library Science Abstracts », comme actuellement Moscou édite la version russe du Bulletin de l'Unesco à l'intention des bibliothèques. A défaut, l'auteur suggère que les grands services ayant déjà fait leurs preuves, comme le Centre national de la recherche scientifique à Paris, créent une section pour la science des bibliothèques, comme l'a fait le VINITI à Moscou.

    Dans la voie de la coopération internationale, une telle solution serait évidemment la bienvenue. Elle hâterait le mûrissement des efforts dans tous les domaines (bibliographie, catalogage, etc.) pour une harmonisation à l'échelle mondiale. Elle éviterait la duplication du travail. Dans cet esprit, l'auteur donne des recommandations détaillées et même la liste de vedettes-matières qui lui paraît devoir être retenue. Une bibliographie (pp. 71-72) complète cette étude vraiment exhaustive du problème.

    Nous ne doutons pas que ce travail ne soit le point de départ d'une action qui devrait aboutir, à long terme, à une solution de ce problème important. Si nous voulons que la science des bibliothèques soit effectivement considérée comme « majeure », un bon service international d'analyses doit, tôt ou tard, être mis sur pied. Autant ne pas laisser ce soin à un éditeur privé et prendre nous-mêmes en mains notre destin.