Index des revues

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    Groupe d'Aquitaine


    Pendant le quatrième trimestre de 1968, le Groupe d'Aquitaine a visité, le jeudi 28 novembre, l'Exposition « Une génération dans l'orage», organisée à la Bibliothèque municipale de Bordeaux, pour évoquer les écrivains de Bordeaux et de l'Aquitaine du début du siècle, à l'occasion du cinquantième anniversaire de l'armistice de 1968.

    Hommage aux combattants, sans doute, puisque plusieurs de « hâtifs jeunes morts » sont tombés sur les champs de bataille. Mais, en même temps, atmosphère d'une époque recréée par des affiches, des dessins, des photographies, dont les négatifs eux-mêmes, signifiaient l'évolution d'une génération, et qui, dès le couloir d'entrée, préparaient le visiteur à sa rencontre avec l'oeuvre de ceux qui « ont porté Bordeaux comme une écharde de pierre dans leur coeur ».

    Parmi les morts à la guerre, Jean de La Ville de Mirmont, qui, « après son rêve d'horizon marin évanoui », « s'est évadé, un matin de novembre 1914, à l'extrême proue du monde visible » ; André Lafon, « jeune être appelé », en une vocation de « conquérant de cet invisible qui n'est rien de plus que le réel reflété dans une âme pure » ; Emile Despax, « frère méconnu de Francis Jammes ». Parmi ceux que le catalogue appelle « Les Survivants », Jean Balde, « sacrifiée, peut-être », « fiancée mystique d'André Lafon » ; Jacques Rivière, qui avait préparé, dans sa captivité « cette Somme pascalienne qu'est : A la Trace de Dieu » ; André Lamandé, « écrivain d'ancienne race et d'un métal sans alliage » ; Henri Moreau, dont un poème manuscrit évoquait « L'Ame de Bordeaux » ; René Maran, « venu de la rive lointaine... pour entendre... dans la cour du lycée de Talence, la première voix amicale qui l'accueillit » ; Louis et Martial Piéchaud, celui-ci témoin, dans ses romans, « d'une moyenne bourgeoisie qui devient haute ».

    Et puis, s'avançant tout seul, précédé par ce cortège, celui qui reste encore, chargé d'années et d'honneurs, François Mauriac, dont une lettre reconnaissait dans le livre de Michel Suffran, « Une génération perdue », ... « une trace qui demeure, comme la marque de pas dans la neige durcie du temps révolu... pour que d'autres les aiment, comme nous les avons aimés ! ».

    Ces citations d'un catalogue préparé, comme l'Exposition elle-même, par le docteur Suffran, qui avait bien voulu la présenter à notre Groupe, montrent quelle connaissance approfondie, quel enthousiasme poétique ont enchanté les participants à cette soirée, avec l'aide de M. Desgraves, qui avait commenté, pour nous, les documents tirés de ses réserves.

    Dans le même temps, le Groupe s'est engagé dans une nouvelle expérience. Dans une cité de la zone limitrophe de Bordeaux, les animateurs du Centre Social veulent ouvrir une Bibliothèque pour les jeunes. Le fonctionnement doit en être assuré par un groupe d'habitants du grand ensemble, d'esprit ouvert, d'intentions excellentes, mais d'une expérience technique inexistante.

    Ils nous ont demandé de les aider à se préparer à ce rôle nouveau pour eux. En utilisant le Cours de formation professionnelle élémentaire, édité par la Section des Biblothèques Publiques de l'A.B.F., nous avons donc tenu avec eux, qui avaient lu auparavant les chapitres correspondant aux sujets étudiés, plusieurs séances d'initiation au fonctionnement pratique d'une telle bibliothèque. Ces rencontres amicales ont vivement intéressé les participantes, qui ont regardé d'un oeil neuf des livres qu'elles n'avaient jamais aussi bien analysés.

    Cette expérience ne fait que commencer, mais elle pourrait bien essaimer sur quelques autres des Centres Sociaux de la région bordelaise.