Après Bordeaux, Clermont-Ferrand et Nantes, voici la quatrième année consécutive que notre Association tient son Assemblée générale dans une ville de province. Le nombre sans cesse grandissant des participants à cette manifestation, qui permet à nos collègues appartenant à toutes les catégories de bibliothèques des secteurs public et privé de se retrouver, démontre l'excellence de cette formule. Les rencontres annuelles présentent, en effet, un double intérêt. Le thème proposé aux congressistes est, dans toute la mesure du possible, choisi de manière à intéresser tous nos collègues. Les problèmes particuliers aux différents types de bibliothèques dans lesquelles s'exerce notre activité, ne doivent pas nous faire perdre de vue l'unité de notre profession à laquelle nous sommes tous fermement attachés. Il est indispensable, au moins une fois par an, de mettre de côté ces problèmes particuliers pour nous pencher sur des questions d'ordre général qui, à des titres divers, intéressent l'ensemble de la profession. Le second avantage de notre congrès annuel est de permettre l'établissement de liens amicaux, la découverte de réalisations intéressantes, de pouvoir aussi, dans les « couloirs », discuter de questions qui nous intéressent et de combattre ainsi l'isolement dont certains d'entre nous, surtout en procince, se plaignent à juste titre.
Conformément à nos statuts, je viens donc vous présenter le tableau de l'activité de notre Association au cours de l'année 1969. Le Congrès de Nantes a été marqué par d'importants changements à la tête de l'Association. Pendant cinq ans, Madame Honoré a présidé l'A.B.F. avec un dévouement et une compétence auxquels il m'est à nouveau agréable de rendre hommage. Elle a nettement contribué à l'évolution des structures de l'A.B.F. par la création ou le renforcement des sections et des groupes régionaux qui constituent maintenant les deux pôles d'attraction et de développement de l'Association.
En succédant à Madame Honoré, je ne me dissimulais pas les difficultés de la tâche qui m'attendait, mais j'espérais qu'en trois ans il me serait possible de poursuivre ce qui avait été si bien commencé. Mais les circonstances en ont décidé autrement, et c'est avec un vif regret que je suis obligé de renoncer à cette présidence. Il m'est en effet apparu que cette charge était difficilement conciliable avec les fonctions d'Inspecteur général des Bibliothèques que je vais prochainement avoir à assumer. Au terme de cette expérience, trop courte à mon gré, je tiens à remercier tous nos collègues du Conseil et du Bureau qui m'ont toujours aidé et soutenu. Je tiens, cependant, à rendre un hommage particulier à nos secrétaires et à nos trésorières qui, secondées avec dévouement et compétence par Madame Denis, mènent à bien une tâche administrative et financière d'autant plus ardue que les ressources de l'A.B.F. sont loin d'être au niveau de ses besoins essentiels et de ses ambitions les plus légitimes. Ainsi se sont noués des liens d'amitié qui demeureront bien au-delà de cette éphémère présidence.
Je vais essayer maintenant, sans abuser de votre attention, de retracer les événements essentiels de notre Association au cours de l'année écoulée, en commençant par les publications. Les 316 pages de notre Bulletin vous ont apporté, en dehors des chroniques habituelles, une série d'articles sur des sujets variés allant des résultats d'une enquête sur les bibliothèques municipales dans la région parisienne, aux applications de l'informatique à la gestion automatique des services du catalogue et du prêt. Le deuxième fascicule des Documents A.B.F. contenant le compte rendu du Congrès de Nantes vient de paraître. Malgré de sérieuses difficultés financières, la section des Bibliothèques publiques a poursuivi la publication de Lecture et bibliothèques et sorti la deuxième édition du Cours élémentaire de formation professionnelle, dont l'utilité n'a plus besoin d'être soulignée.
Notre Association s'est aussi efforcée de renforcer son action dans le domaine international. Une importante délégation a participé à Copenhague, du 24 au 30 août, au 35e Conseil de la F.I.A.B., dont le thème général était la formation des bibliothécaires et la recherche bibliothéco-nomique. Les rapports noués avec le nouveau président de la F.I.A.B., M. Liebaers, Directeur de la Bibliothèque royale de Bruxelles, se sont concrétisés par une rencontre à Paris au mois de septembre et par la visite des membres du Bureau à Bruxelles et à Anvers au mois de décembre. Mme Viaux a représenté l'A.B.F. au Congrès annuel du Verein Deutscher Bibliothekare à Kiel au mois de mai et votre président à celui de l'Association des Bibliothécaires Suisses à Aarau et Zofingen au mois de septembre.
Dans les limites de ce rapport, il ne m'est malheureusement pas possible de retracer en détail toutes les activités des sections et des groupes dont les comptes rendus seront d'ailleurs publiés dans le Bulletin.
Les deux nouvelles sections créées à Nantes ont fait leurs premières armes. Les deux réunions de la section de la Bibliothèque nationale ont montré, selon l'expression de son Président, M. Lethève, que le programme de l'année écoulée repose seulement sur quelques animateurs. Il convient donc que dans les mois à venir cette section devienne véritablement le centre de réflexion et d'information dont les bibliothécaires de la Bibliothèque nationale ont tous besoin.
La section des Bibliothèques universitaires que préside M. Daumas s'est heurtée à des difficultés nées de la dispersion de ses membres.
Le groupe Conservation, créé lui aussi à Nantes et animé par M. La-barre, a tenu hier sa première réunion. La vaste répartition géographique des participants interdit des réunions périodiques, mais engage plutôt un travail de correspondance, avec publication éventuelle des résultats dans le Bulletin et des confrontations à l'occasion des congrès annuels.
La section des Bibliothèques spécialisées est une des plus vivantes et des plus actives de l'A.B.F. Elle est depuis 1969 présidée par Mme Feuil-lebois. Deux commissions ouvertes à tous les membres de l'A.B.F. ont été créées à l'initiative de cette section : la commission « Automation » est animée par M. Chauveinc ; la commission « Formation des utilisateurs », par Mme Carpine-Lancre. Ne pouvant donner le détail de toutes les activités des sous-sections de la Section des bibliothèques spécialisées, je voudrais souligner les relations de plus en plus étroites entre l'A.N.R.T., l'A.D.B.S. et la section des bibliothèques spécialisées de l'A.B.F. qui se sont concrétisées de la façon suivante : dans le cadre de la préparation du VIe plan, collaboration au sein de la commission chargée des réseaux documentaires et de l'étude des problèmes d'information scientifique et technique ; participation officielle de l'A.B.F. à la récente journée d'études de l'A.D.B.S. sur « le documentaliste français en 1970 » ; échanges d'informations : des informations concernant l'A.D.B.S. paraissent dans notre Bulletin, tandis que des informations concernant l'A.B.F. ou des articles écrits par des membres de l'A.B.F. paraissent dans la revue Documentaliste (A.D.B.S.) et dans Information et Documentation (A.N. R.T.). Cette collaboration mérite d'être soulignée, car elle permet d'abattre de « fausses barrières » séparant bibliothécaires et documentalistes.
Pour la section des bibliothèques publiques, la réalisation la plus marquante a été la journée d'études organisée le 20 avril au centre éducatif et culturel de Yerres, sur le thème « Bibliothèques publiques et éducation permanente ». Cette journée, au cours de laquelle bien des idées et des problèmes d'avenir furent envisagés, a aussi permis d'établir des contacts fructueux avec tous ceux qui contribuent au développement de l'éducation permanente. Je ne voudrais pas oublier l'activité de la section des bibliothèques-musées des arts du spectacle, animée par M. André Veinstein et par Mlle Cécile Giteau.
Les groupes régionaux constituent un des éléments essentiels des structures de l'A.B.F. et un lieu de rencontre très apprécié de nos collègues. Depuis un an, nous avons le plaisir d'assister à la création de trois nouveaux groupes régionaux. Celui des pays de la Loire, né à Nantes, a tenu sa première réunion à Angers au mois de septembre, réunion à laquelle j'ai eu le plaisir de participer. Le groupe Nord-Picardie a été créé à Abbeville, à la même époque. Enfin la semaine dernière, j'ai été heureux d'assister à Vannes à la formation du groupe Bretagne de l'A.B.F.
De l'activité des groupes plus anciens, je retiendrai seulement les faits suivants : le groupe d'Aquitaine a préparé la publication d'un guide des bibliothèques de Bordeaux ; celui de l'Ile-de-France a orienté son activité dans trois directions principales : visites de bibliothèques ou d'institutions présentant un intérêt pour les bibliothécaires de la région ; réunions de bibliothécaires municipaux sur le plan des départements pour l'examen des problèmes communs et l'échange d'expériences ; enquêtes sur la situation des bibliothèques de la région, dont vous avez pu lire le compte rendu dans le Bulletin.
Outre de nombreuses réunions et la poursuite des cours de formation professionnelle, le Groupe lyonnais a poursuivi la publication de l'édition française de la classification Dewey. A la suite des contacts pris par Mme Guillien au Canada, il semble acquis qu'en 1971 les Forest Press éditeront le travail provisoirement imprimé par le groupe lyonnais et complété d'un index que les Canadiens vont établir au moyen de la version française revue par Lyon.
Au terme de ce rapport et avant de donner la parole à Mlle Morin pour la lecture de son rapport financier, je voudrais vous dire combien cette année de présidence de l'A.B.F. a été pour moi instructive et enrichissante. Au cours du débat qui va s'instituer tout à l'heure avant de procéder aux élections complémentaires, je demande à tous nos collègues qui souhaitent exprimer leur accord ou leur désaccord avec le programme qui leur est proposé, de le faire très clairement et très simplement. Il me paraît en effet indispensable qu'au terme de cette discussion, les positions qui seront prises sur l'évolution de l'A.B.F. le soient sans ambiguité et en toute clarté, afin que soit maintenue et même accrue l'unité de notre Association. A court ou à long terme, la franchise et la clarté sont toujours payantes.