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    Par Albert Labarre
    Remo Bornatico

    L'Arte tipografica Nelle Tre Leghe (1549-1803)

    - Chur, Gasser, Eggerling, 1971. - 23 cm, 158 p., fac-sim., carte.

    Vaste et montagneux, le pays des Grisons est constitué par un système de hautes vallées, ce qui explique ses particularités ; de nombreuses seigneuries isolées se sont rassemblées en trois ligues qui se sont elles-mêmes unies en 1471 ; pourtant voie de passage entre l'Allemagne, l'Autriche et l'Italie, ce pays a bénéficié de courants divers et pratique trois langues, surtout le rhéto-romanche, mais aussi l'allemand dans la vallée inférieure du Rhin, et l'italien au sud ; cette langue avait plus d'importance à l'époque envisagée par l'ouvrage, car la Valteline appartint aux Grisons de 1512 à 1797. Les Grisons ont aussi connu la diversité religieuse ; la Réforme s'y est introduite en force au XVIe siècle et a joué un rôle important dans la diffusion de l'imprimerie et dans la production des presses. Cela se manifeste avec le premier typographe, Delfino Ridolfi, qui imprime à partir de 1549 à Poschavio, près de la Valteline ; il publie surtout des ouvrages religieux, tant pour l'usage local qu'à destination de l'Italie où il était difficile d'imprimer des livres protestants. On relève les mêmes caractéristiques dans la production des presses qui s'installent en 1659 à Scuol, dans la basse Engadine. Cependant à l'autre extrémité du pays, à Disentis-Mustèr, ce sont les bénédictins qui, en 1685, montent dans leur monastère une imprimerie qui fonctionnera jusqu'à la Révolution. L'imprimerie apparaît aussi à Bonaduz, près de Coire, en 1680, à Coire même, la capitale des Grisons, en 1703, et à Malans, près du Liechtenstein, en 1788. Tout cela n'est pas simple. De plus, des éditions ont disparu, d'autres ne portent pas d'adresse, et y a eu des imprimeurs itinérants dont il n'est pas toujours facile de suivre la carrière, tel ce Johann Georg Barbisch qui, entre 1666 et 1687, imprime à Feldkirch en Autriche, à Vaduz au Liechtenstein, à Coire à deux reprises, à Reichenau, à Bonaduz, à Cumbel et à Luven.

    Après une introduction sur l'histoire du livre, l'auteur donne un aperçu fort utile sur l'histoire, les ressources et le développement culturel des Grisons. Le corps de l'ouvrage est une nomenclature successive et détaillée des différents ateliers typographiques. Les notices des publications les plus significatives sont données dans chaque chapitre, et l'ensemble pourrait constituer une bibliographie de la meilleure part de la production imprimée des Grisons jusqu'au début du XIXe siècle. Si l'auteur insiste sur les débuts de l'imprimerie, il ne manque pas d'en montrer les développements ultérieurs. Parmi les ateliers plus tardifs, on remarque celui que le baron de Bassus installait en 1780 à Poschavio pour répandre les lumières chez les Grisons ; c'est là qu'a été imprimée en 1782 la première traduction italienne du Werther de Goethe. 25 fac-similés de pages de titre et la reproduction d'une carte ancienne complètent cette étude. Il faut savoir gré à M. Bornatico d'avoir réalisé un ouvrage cohérent sur un sujet difficile et complexe, et d'avoir fourni la synthèse d'un chapitre de l'histoire du livre, sur lequel il n'existait que quelques articles.