Lors de son Assemblée générale, à la Bibliothèque de Colombes, notre groupe a organisé un débat sur la formation professionnelle. La situation en effet nous semble particulièrement grave en ce moment : les centres de préparation au C.A.F.B. sont débordés et certains menacent de fermer, les diplômes délivrés par les I.U.T. ne sont pas reconnus, les facultés créent des enseignements bibliothéconomiques que ne sanctionne aucun examen, les S.D.I. recrutent de nombreux bibliothécaires sans titres professionnels, etc...
A la suite de cette journée, nous avons rédigé la motion suivante, que nous souhaitons voir discutée par nos collègues lors du Congrès de l'A.B.F. à Maçon : Les bibliothécaires :
Nous publierons par ailleurs les compte rendus des débats. Nous nous étions groupés en 6 carrefours qui ont chacun examiné un aspect particulier de la formation nécessaire :
Les collègues qui désirent recevoir un compte rendu peuvent le demander au G.I.F., 6, avenue de France, 91300 Massy.
Après une première rencontre à Clamart, dans les locaux de la bibliothèque enfantine, une nouvelle séance fut organisée le 12 janvier 1974 au Pavillon de Marsan, dans le cadre de l'Exposition sur le livre d'image. Outre les enseignants et les bibliothécaires, se pressaient, dans la grande salle de conférence, des écrivains, des éditeurs, des illustrateurs, des parents et de simples curieux...
Au cours de cette soirée présidée par M. Raoul Dubois, Mmes Marion Durand, Romeas, Toubeau et Petitpas situèrent les problèmes de la lecture, du livre non scolaire en classe et le rôle des bibliothèques.
Pour Marion Durand, il s'agit de définir le livre d'enfants comme un objet culturel, expression du temps présent, et par cela même objet d'études. Différentes tendances sont actuellement en conflit au niveau de sa réalisation. Le livre oscille entre la volonté pédagogique et les recherches graphiques. Dans le premier cas, il est un instrument de découverte du monde, de la vie quotidienne, d'un apprentissage moral, ou du jeu, de l'affectivité. C'est ce que nous trouvons dans les albums du Père Castor. Dans le second cas, l'illustration traditionnelle éclate, mais peut-être l'enfant ne se retrouve-t-il pas toujours ? Parallèlement, circulent les albums de grande diffusion véhiculant des stéréotypes, tant sur le plan de l'illustration que du texte.
Mmes Romeas et Toubeau évoquèrent les séances de lecture en classe, beaucoup plus axée sur la technique du décryptage que sur la compréhension du texte ou sur le simple plaisir de lire. Mais si certaines habitudes de l'école sont néfastes au goût de lire, les enseignants doivent-ils pour autant, se sentir coupables ? Toutes deux ont décrit le contexte difficile dans lequel ils se débattent : formation insuffisante, manque terrible de crédits qui interdit tout recyclage sérieux et partant, freine et limite les expériences pédagogiques comme la création de bibliothèques conséquentes dans les établissements scolaires. Alors, comment le livre pour enfants pourrait-il avoir sa place dans les classes ?
Pourtant, des expériences très valables ont lieu : choix de romans adaptés aux jeunes avec lecture suivie, présentation de passages significatifs suivie de discussion, échanges et création à partir d'albums, illustrations projetées sous forme de diapos, critique de livres afin de les situer matériellement... Et combien d'autres nous feraient connaître une étude approfondie ?
Mme Françoise Petitpas est bibliothécaire, elle nous fit part de quelques expériences qui eurent lieu dans sa bibliothèque, à Sarcelles. Par manque de place, elle fut contrainte d'orienter tous ses efforts vers le travail avec les classes pour toucher malgré tout le maximum d'enfants. Ces expériences se sont organisées autour des trois rôles de la bibliothèque : information, animation et recherche.
Après la courte intervention de M. Belves qui parla des problèmes de l'édition de qualité, une chaude discussion se déroula dans la salle. Elle fut particulièrement significative des difficultés matérielles qui assaillent chacun. Faute de moyens, les efforts qui se sont faits pour une meilleure connaissance des bons livres dans le public enfantin, restent souvent ponctuels, inorganisés et dus à des initiatives personnelles. Ces efforts sont harassants, et expliquent une certaine agressivité, néfaste aux intérêts pourtant communs des éditeurs, libraires, bibliothécaires, enseignants, etc...
En particulier, une très grande méconnaissance du rôle que jouent actuellement les bibliothèques enfantines apparut au cours de ce débat. Là où elles existent, les enfants, les fréquentent assiduement, avec plaisir, les enseignants en tirent un grand profit, et trouvent assez bien, chacun avec sa personnalité, les formes qui lui permettent d'intégrer le livre non scolaire à son activité pédagogique. Les expériences d'animation s'y multiplient, diversifiées. Il serait enrichissant pour tous de poursuivre cette collaboration et l'initiative prise par le G.I.F. aura certainement de fructueux prolongements, ne serait-ce qu'au niveau de l'expression d'une réflexion collective sur ces problèmes et de la prise de conscience que dans tous ces domaines, écoles, bibliothèque, édition, la question des moyens est fondamentale.