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Visite à quelques bibliothèques allemandes : Mars 1976

1976
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    Visite à quelques bibliothèques allemandes : Mars 1976

    Par Suzanne Delrieu

    Un voyage d'étude de deux semaines m'a conduite en mars 1976 dans sept des principales villes universitaires d'Allemagne fédérale. Sur l'invitation de la Bibliothekarische Auslandsstelle, j'ai pu, tout en nouant des contacts avec des collègues extrêmement sympathiques et accueillants, visiter treize bibliothèques ou établissements, dont huit bibliothèques universitaires, deux nationales, une de recherche scientifique, et deux centres de documentation non universitaires : Munich (bibliothèque de l'Université technique), Ratisbonne (1) (bibliothèque universitaire), Bonn (bibliothèque universitaire et bibliothèque du Séminaire juridique), Dusseldorf (bibliothèque universitaire, section de médecine et Institut de techniques hospitalières), Hanovre (bibliothèque de la Faculté de médecine, et bibliothèque universitaire jumelée avec la bibliothèque d'Information technique), Hambourg (bibliothèque de l'Institut Max-Planck pour le droit privé étranger et international, et Institut de recherche économique/archives économiques mondiales de Hambourg), Berlin (bibliothèque centrale du centre hospitalier de Steglitz, et bibliothèque nationale ou Staatsbibliothek Preussischer Kulturbesitz). Hors programme, j'ai pu ajouter une visite, trop rapide, à la bibliothèque nationale de Bavière à Munich.

    Mon objectif était de me documenter en priorité sur les constructions et le fonctionnement des bibliothèques universitaires nouvelles, et plus spécialement les bibliothèques médicales et juridiques ou économiques. Que les B.U. soient, dans ce compte rendu, traitées plus en détail que les autres, on n'en sera donc pas surpris.

    Les impressions que j'ai ramenées de ce circuit, sont dominées par quatre points :

    • 1) qu'il s'agisse de construction, de reconstruction ou d'extension, la planification existe partout : non seulement au plan national ou inter-régional, mais aussi au niveau de chaque Land, comme à celui de chaque université. Il y a une politique des bibliothèques comme il y a une politique de la recherche scientifique, et les bibliothèques sont traitées comme des organismes de recherche. Enfin, la division politique du pays en Länder, loin d'être un obstacle permanent à une politique d'ensemble, semble au contraire avoir agi comme un stimulant.
    • 2) Dans cet effort de planification et de coordination, les pouvoirs publics ne sont pas seuls à agir : la place des associations est grande. Sans parler de l'impact énorme de la Deutsche Forschungsgemeinschaft (outre les travaux, mémoires, recommandations capitales de ses groupes de travail, elle distribuait, au cours de la seule année 1973, pour 452 millions de DM en aides diverses d'équipement et développement des programmes), les associations de bibliothécaires sont très actives et puissantes : le Bibliotheksplan 73 n'est-il pas l'oeuvre des six associations professionnelles réunies au sein de la Deutsche Bibliothekskonferenz ?
    • 3) La B.U. est partie intégrante de l'Université. Construire une bibliothèque, établir un plan de financement, développer un programme d'acquisitions, c'est, dans l'université allemande, non pas l'affaire des seuls bibliothécaires en face des pouvoirs publics, mais bien l'affaire de tous, enseignants et chercheurs compris. La bibliothèque n'est pas un corps étranger introduit sur un campus par une administration plus ou moins étrangère à celle de l'université, mais bien une institution centrale soutenue à bras tendus par celle-ci (quand ce n'est pas, il faut bien le dire, emprisonnée dans les bras de l'Aima Mater par le jeu des toutes puissantes bibliothèques d'instituts encore bien vivaces).
    • 4) S'il est courant de souligner l'énormité des moyens dont disposent nos collègues allemands, ces moyens cependant ne sont plus sans limites comme ils semblaient l'être il y a 10 ou 15 ans : les plus récents programmes de construction reflètent une nécessité d'économie en argent et en personnel, et par ailleurs les ressources des bibliothèques créées il y a une dizaine d'années tendent - toutes proportions gardées ! - à diminuer. Enfin, ces moyens sont assez irrégulièrement distribués selon l'âge des bibliothèques ou leur origine : aux bibliothèques nouvelles vont les crédits immenses d'investissement ou de fonctionnement, les bibliothèques anciennes pleurent, elles, la stagnation des crédits, le manque de personnel, la concurrence avec les innombrables bibliothèques d'instituts mieux dotées.

    LA PLANIFICATION ET LES STRUCTURES

    L'AIIemagne de la documentation (et des bibliothèques) est, en 1976, à l'ère de l'« l.u.D.-Programm », ou Programme du Gouvernement fédéral pour la promotion de l'information et de la documentation, arrêté le 17 décembre 1974 (1).

    Ce programme vient compléter une série de recommandations, de plans ou de programmes qui, avec des résultats divers, s'étaient succédés depuis une dizaine d'années au plan national :

    • 1964 : recommandations du Conseil scientifique pour le développement des équipements scientifiques (2e partie : bibliothèques scientifiques).
    • 1969 : premier « Bibliotheksplan » pour un réseau de bibliothèques publiques.
    • 1970 : recommandations de la Deutsche Forschungsgemeinschaft pour la coopération entre bibliothèques universitaires et bibliothèques d'instituts (2).
    • 1971 : propositions d'un groupe de travail interministériel pour la planification et la mise en place d'un système de banques d'informations pour la République fédérale.
    • 1973 : le « Bibliotheksplan 73 », élaboré et publié par les associations professionnelles afin de constituer un réseau général de bibliothèques selon un concept unitaire (3).
    • 1974 : « l.u.D.-Programm » du gouvernement fédéral, avec plan d'action à moyen terme jusqu'en 1977 : programme de développement de l'information et de la documentation susceptible de compléter celui des bibliothèques (1).
    • 1975 : mémoire de la Deutsche Forschungsgemeinschaft pour un système interrégional d'équipement documentaire, qui donne à la fois une critique des premières années d'application du Bibliotheksplan, et des propositions pour de nouvelles orientations (4).

    Parallèlement, l'effort gouvernemental de réglementation de la Recherche n'a pas négligé les bibliothèques. Des lois sur l'enseignement supérieur ont été promulguées, au plan fédéral ou au plan des Länder, qui font une place aux B.U. et à leurs relations avec l'université. Par exemple, la loi sur les universités de Bavière du 21 décembre 1973, qui (art. 22) définit l'orientation nouvelle souhaitée pour une meilleure rentabilité des fonds documentaires (5).

    La mise en commun d'équipements ou de moyens techniques entre bibliothèques universitaires d'une même région s'observe soit à la lumière des expériences réussies (en Bavière, entre Ratisbonne, Augsburg, Bayreuth et bientôt Passau, pour le catalogage automatisé et les catalogues sur microfiches) soit pour des raisons d'économie (en Nord-Rhénanie-Westphalie avec le projet de construction de 15 bibliothèques universitaires dont un premier groupe de 5 établissements travailleront selon un principe de répartition des tâches).

    Ce foisonnement de textes réglementaires et de plans est reflété par les quelque 15 pages de références qu'en donne le Bibliotheksplan 73.

    Au niveau local, même souci de planification : si l'on s'en tient aux universités nouvelles, chaque création de bibliothèque a donné lieu, dès la décision de création de l'université elle-même, et plusieurs années avant que soient seulement abordées les études en vue de la construction des bâtiments, à la constitution de groupes de travail ou de commissions de structures, réunissant universitaires et bibliothécaires, et qui soit rédigent des statuts détaillés, définissant les fonctions et les structures de la future B.U., soit élaborent des plans pluriannuels d'équipement, qui ont permis de constituer en quelques années des fonds de plusieurs centaines de milliers de volumes avant même que s'ouvrent les nouveaux bâtiments.

    LES RELATIONS ENTRE LA BIBLIOTHEQUE CENTRALE ET L'UNIVERSITE

    J'ai vu un éventail de bibliothèques aux structures les plus diverses, allant de l'ancien système féodal des bibliothèques d'instituts plus riches que la B.U., jusqu'au système unitaire confiant à la seule B.U. la gestion de tous les fonds documentaires de l'université. Mais en règle générale, quel que soit l'âge de la bibliothèque, la conception du système, le degré de centralisation ou de décentralisation, il existe une B.U. centrale qui n'a pas seulement un rôle d'administration ou de direction, mais aussi de conservation et de communication des fonds.

    Lorsque survivent - comme c'est le cas surtout dans les vieilles B.U. - les bibliothèques d'instituts, nos collègues le déplorent unanimement : « La croissance du nombre d'étudiants d'une part, et de la concurrence entre la B.U. et les bibliothèques d'instituts d'autre part, sont la cause principale d'une crise dont les bibliothèques ne peuvent se sortir par leurs propres moyens... Les bibliothèques d'instituts, à l'origine expressément conçues comme des bibliothèques d'étude, se transforment en bibliothèques spécialisées de recherche alors que la B.U. est en danger d'être réduite au rôle de bibliothèque de premier niveau... Plus augmente le nombre des bibliothèques spécialisées bien pourvues, plus s'élèvent les frais généraux alors que diminue la fréquence d'utilisation... » (6). Ces jugements sévères de nos collègues de Bonn pourraient aussi bien être ceux de l'un quelconque d'entre nous. Mais la coordination gagne du terrain : à Bonn la présence à la tête de la bibliothèque du séminaire juridique, d'une bibliothécaire spécialiste de droit dépendant de la B.U., est considérée comme un progrès appréciable. A Bonn aussi, les instituts doivent demander l'accord de la B.U. pour tout achat d'ouvrage ou de périodique dépassant 200 DM, ceci en vertu d'un arrêté de 1973 du Ministre de la Recherche scientifique de Nord-Rhénanie-Westphalie.

    Toujours en Nord-Rhénanie-Westphalie, dispositions similaires confirmant l'autorité du directeur de la B.U. en matière de coordination, pour le groupe des cinq futures bibliothèques de Duisbourg, Essen, Paderborn, Siegen et Wuppertal : « Si en commissions de bibliothèques spécialisées sont décidés des engagements de dépenses d'abonnements ou d'achats de livres coûtant plus de 400 DM, le directeur de la bibliothèque doit donner son accord... Si des décisions d'équipement en livres dépassant 10.000 DM sont prises, il faut que soit consulté préalablement le directeur de la B.U. » (7).

    A Munich, la loi sur l'enseignement supérieur de Bavière du 21 décembre 1973 dit (art. 22) : « La bibliothèque est une institution centrale de l'université. Elle englobe l'ensemble des collections de livres de l'Université et se compose d'une bibliothèque centrale et de bibliothèques filiales... Pour l'installation de bibliothèques de secteurs dans des départements spécialisés, ceux-ci doivent soumettre des propositions... L'utilisation de la bibliothèque est régie par les dispositions du règlement général des bibliothèques de Bavière. » Cela revient évidemment à mettre fin à plus ou moins long terme à l'indépendance des innombrables bibliothèques d'instituts, et l'on conçoit que les résistances soient nombreuses et l'application de ces textes laborieuse.

    C'est, on le comprend, dans les plus anciennes universités (Munich, Berlin, Bonn, etc.) que les bibliothèques d'instituts sont les plus vivaces. Au contraire, la floraison des universités nouvelles a donné naissance à une génération de bibliothèques érigées en systèmes unifiés et éliminant parfois complètement la notion de bibliothèques d'instituts.

    C'est à Ratisbonne qu'on est allé le plus loin, dans l'application des recommandations de la Deutsche Forschungsgemeinschaft : « Comme système unitaire de politique documentaire d'une université, [la B.U.] constitue sans aucun doute une nouveauté dans le domaine des bibliothèques allemandes, et même au-delà de nos frontières... » selon les propres termes de son directeur (8). La commission des structures de la nouvelle université, instituée dès 1965 pour en préparer l'organisation, spécifiait dans ses recommandations que « il est mis fin à l'existence de deux voies, jusqu'ici traditionnelles, dans l'organisation des bibliothèques allemandes. L'ensemble de l'administration de la bibliothèque est doté d'une direction centrale. Il ne sera pas créé de bibliothèques d'instituts ou de séminaires L'ensemble des fonds de livres de l'Université de Ratisbonne formera une unité, composée d'une bibliothèque centrale et de plusieurs bibliothèques filiales... » (9).

    De même à Dusseldorf : « En application de l'art. 38 de la loi sur l'enseignement supérieur, et en accord avec le plan des bibliothèques du Ministre de la Science et de la Recherche, il est projeté un système unifié de bibliothèques : la bibliothèque de l'université, en tant qu'organisme central, englobe tous les services de bibliothèques de l'université. Elle comprend une bibliothèque centrale, sur le Forum, au milieu du campus universitaire, et un nombre de bibliothèques spécialisées non encore définitivement arrêté, mais qui ne dépassera pas 10 à 12. Les bibliothèques spécialisées contiendront les collections d'actualité, c'est-à-dire d'utilisation permanente pour la recherche scientifique et l'enseignement, et doivent être gérées d'après des principes d'unité... La bibliothèque centrale remplira entre autres les missions suivantes :

    • a) grand centre de conservation pour les collections anciennes de l'ensemble de l'université, et pour les livres précieux (magasins fermés) ;
    • b) bibliothèque de prêt centrale, avec collections spéciales et collections générales ;
    • c) collection centrale de manuels (c'est-à-dire de livres d'études très demandés, ou bibliothèque de 1e niveau) ;
    • d) bibliothèque de travail avec collections pour la lecture sur place, en trois grands domaines, pour décharger les sections spécialisées, et pour les besoins de la recherche interdisciplinaire ;
    • e) centre d'information bibliographique (catalogue central de l'université, équipement bibliographique, fichiers de documentation, renseignements) ;
    • f) service central de traitement des livres et d'administration du système intégré de l'université (avec automatisation) ;
    • g) service de formation et de formation continue pour tous les personnels de bibliothèque travaillant dans le cadre de l'université ;
    • h) centrale de liaisons du système de transport des livres vers les bibliothèques spécialisées ;
    • i) continuation des missions assumées jusqu'à présent par l'ancienne bibliothèque du Land et de la ville : conservation des ouvrages d'histoire régionale et locale, desserte des habitants de la ville de Dusseldorf (10).

    Aussi minutieuses sont les directives données pour la bibliothèque centrale de Regensburg, qui doit comprendre :

    • a) salle de lecture générale avec ouvrages de références et manuels dans toutes les disciplines, recueils de sources, collections de biographies, recueils de textes et éditions intégrales, écrits académiques, parlementaria ;
    • b) salle de catalogue avec équipement bibliographique complet, catalogues de service et publics, alphabétiques et par matières, partiels et généraux, services de documentation et autre matériel d'information ;
    • c) Lehrbuchsammlung (collection de manuels de premier niveau) ;
    • d) salle de périodiques généraux et de journaux ;
    • e) manuscrits et archives de l'université ;
    • f) service de prêt ;
    • g) administration centrale et services techniques pour le réseau de bibliothèques ;
    • h) magasin pour le stockage de :
      • ouvrages de toutes disciplines pour le prêt à domicile des livres d'actualité,
      • littérature spécialisée,
      • littérature vieillie ou peu consultée,
      • livres périmés pour les bibliothèques spécialisées,
      • thèses et mémoires (9).

    A Berlin, le Sénat académique de la Freie Universität adoptait en 1974 un « concept de base pour le système de bibliothèques de la F.U.B. » en 30 articles (11), sorte de compromis entre l'ancien et le nouveau système : il s'agit plutôt d'un système coopératif entre la B.U. et les bibliothèques spécialisées. Ces dernières sont tenues de coopérer à l'intérieur d'un réseau d'information universitaire, comme aux réseaux régionaux et interrégionaux, mais sans pour autant être confondues en une seule unité administrative. La B.U. est un service commun de prêt à domicile ou interbibliothèques, d'information, de coordination technique, et les bibliothèques spécialisées conservent leur autonomie administrative et financière (...jusqu'à un certain point cependant puisqu'elles doivent se concerter avec la B.U. pour les achats d'ouvrages ou de périodiques de plus de 1.000 DM). Il s'en s'en suit un enchevêtrement de structures superposées ou juxtaposées, parmi lesquelles on distingue les « Bibliotheksbereiche » (ou « secteurs de bibliothèques ») et les « Bereichsbibliotheke » (ou «bibliothèques de secteurs»), un secteur de bibliothèques pouvant englober une bibliothèque de secteur et des bibliothèques spécialisées mais pas obligatoirement. La création des unes ou des autres est l'affaire d'une commission de bibliothèque qui, en collaboration avec la B.U., soumet le projet au conseil de faculté qui, lui, le soumet au Sénat académique. Une analyse détaillée de cette construction subtile prendrait trop de temps. Seule l'impossibilité d'avoir pu concilier les intérêts de quelque 200 bibliothèques d'instituts avec ceux d'une vraie rationalisation peut expliquer cette extraordinaire complexité de structures.

    Dans cette panoplie de formules différentes il ne faudrait pas passer sous silence celle, très moderne, qui s'est fait jour récemment pour des raisons d'économie, à la faveur du projet de création en Nord-Rhénanie-Westphalie de quinze universités nouvelles dont cinq bibliothèques sont en voie de réalisation : l'ensemble du programme est basé sur un système de coopération et de partage des tâches entre les B.U.

    Quel que soit le jugement porté sur la valeur ou l'avenir de ces différentes formules, on ne soulignera jamais assez à quel point sont traités avec sérieux les problèmes de bibliothèques : qu'il s'agisse de réorganisation ou d'organisation, de reconstruction ou de construction, tous les échelons de la hiérarchie universitaire ou même politique ont leur mot à dire autant que les professionnels des bibliothèques. Et lorsqu'un programme est adopté, c'est l'ensemble de la communauté qui en a discuté et y est engagé en pleine conscience des problèmes.

    LES MOYENS FINANCIERS

    C'est un lieu commun d'affirmer que les bibliothèques allemandes, même les plus pauvres, disposent de ressources sans commune mesure avec les nôtres. Si en France on a créé des universités nouvelles, et construit dans toutes les universités des bibliothèques sans leur donner le moyen de fonctionner, si par ailleurs chez nous le seul critère d'équipement en livres des bibliothèques nouvelles est leur surface (ou plutôt leur coût de construction), en Allemagne les bibliothèques nouvelles bénéficient de crédits d'investissement énormes, qui existent souvent cinq ans ou davantage avant que démarre la construction des bâtiments, et qui se prolongent par des programmes pluriannuels établis d'après des objectifs délimités et selon les études prospectives élaborées dans le cadre de toute l'université. De même pour les prévisions de crédits de fonctionnement.

    A titre d'exemple on peut se référer aux critères proposés par le « Bibliotheksplan 73 », qui table sur une moyenne de 18.000 étudiants par université pour 1980 :

    • 1° Nombre d'étudiants, déterminant le fonds de base : en 1970 on évaluait à 70.000 volumes (périodiques compris) les accroissements nécessaires pour 10.000 étudiants ; ceci pour la « littérature courante ».
    • 2° Accroissement de la production : 5 à 6 % par an.
    • 3° Accroissement des besoins en manuels de base, en fonction du nombre d'étudiants : 10 DM par étudiants et par an pour la « Lehrbuchsammlung » ou fonds de manuels de 1er niveau ;
    • 4° Nécessité de doubler au moins les ouvrages fondamentaux pour répondre à la fois à la consultation sur place dans les bibliothèques d'« U.E.R. » et aux besoins du prêt à domicile assuré par la bibliothèque centrale ;
    • 5° accroissement du corps enseignant en fonction des effectifs d'étudiants amenant une intensification et une spécialisation de la recherche, soit, en fonction des points 4° et 5°, un complément de 5 % des titres pour chaque tranche de 1.000 étudiants au-dessus de 10.000.

    D'où l'évaluation pour 1980, pour 18.000 étudiants :

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    Évaluation pour 1980, pour 18.000 étudiants

    Ne sont pas compris dans cette évaluation les dépenses destinées à combler des lacunes dans beaucoup de bibliothèques, ni les développements à attendre dans le domaine des nouveaux media, ni les dépenses répondant aux fonctions interrégionales de certaines grandes bibliothèques, et qui sont couvertes par des crédits exceptionnels (3).

    Que la B.U. de Ratisbonne, qui dessert actuellement quelque 12.000 étudiants et en attend 18.000 à 20.000 pour 1980, ait donc pu acheter, partant de zéro, depuis 1965, une moyenne de 125.000 volumes par an, pour un total de 43 millions de DM, et qu'un second plan pluriannuel à moyen terme prévoie pour 1975 à 1980 l'achat de 725.000 volumes de plus, voilà qui est en accord avec les propositions ci-dessus. Et pourtant, on s'y montre un peu pessimiste parce qu'en 1975 les dépenses d'achat de livres n'étaient plus que de 4.507.000 DM, contre 5.346.000 DM en 1974 (12).

    Des crédits souvent très importants viennent s'ajouter de la part d'entreprises privées, qui peuvent financer certains programmes pluriannuels : à Dusseldorf, la Fondation Volkswagen a donné un crédit de 1.450.000 DM pour la construction du bâtiment d'extension de la B.U. Médecine ouverte en 1968 (13). En 1974 la même fondation a alloué à la B.U./T.I.B. de Hanovre 64.000 DM pour compléter les collections dans des disciplines récentes (14).

    Enfin, il y a les interventions massives de la Deutsche Forschungsgemeinschaft pour soutenir la mission interrégionale de certaines bibliothèques, et pour des programmes particuliers : en 1974 la B.U./T.I.B. de Hanovre a reçu 238.500 DM pour l'achat de thèses, rapports, actes de congrès américains entre autres, plus une aide en personnel pour développer les collections de rapports scientifiques allemands. Ainsi, de 1965 à 1974, la D.F.G. a réparti un total de 33.732.300 DM en subventions (dont 25 millions pour les acquisitions), pour le développement de son programme de réseau des « Sondersammelgebiete », des bibliothèques centrales nationales ou régionales, et des bibliothèques spécialisées (4).

    En face de ces chiffres qui nous paraissent fabuleux, il y a cependant, nous l'avons dit, des problèmes réels pour les « vieilles B.U. » beaucoup moins bien servies : à Bonn B.U. (950.000 vol.), on achète bon an mal an 20.000 volumes par an, de même qu'à Munich T.U.B. (500.000 vol.) qui disposait pour ses acquisitions de 742.000 DM en 1973 et de 951.000 DM en 1974 (15).

    Par ailleurs, si les bibliothèques créées dans les années 60 ont connu des conditions optima, la génération des bibliothèques des années 75 et 80 devra, c'est à craindre, subir les effets de la crise économique. Leurs programmes prévoient toutefois des crédits encore considérables, tel le groupe de cinq bibliothèques de Nord-Rhénanie-Westphalie, avec les chiffres suivants pour une moyenne de 10.000 étudiants chacune (7) :

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    Équipement des livres et accroissement des collections

    Le personnel

    Selon que l'on considère les effectifs d'étudiants desservis par les B.U., ou le travail accompli ou assigné à ces bibliothèques (rendement élevé des effectifs), les effectifs en personnel peuvent nous apparaître forts ou faibles :

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    Le personnel

    C'est en particulier sur la réduction des heures d'ouverture au public que se sont répercutées ces distorsions, ainsi que sur les possibilités de traitement de tous les documents techniques « souterrains » collectés en masse et qui sont l'un des « pointsforce » de la T.I.B. de Hanovre (14).

    LES COLLECTIONS

    La richesse des fonds de livres est impressionnante, et le taux d'accroissement l'est encore plus, on l'a vu plus haut. Quelques chiffres :

    Ratisbonne (12.000 étudiants, 640 enseignants) : 1.325.000 vol. (en 1980 1.925.000 vol.), 112.000 thèses, 8.800 périodiques courants.

    Hanovre U.B./T.I.B. (11.000 étudiants et 400 enseignants) : 825.000 vol., 15.000 périodiques, 105.000 thèses, 290.000 thèses et rapports américains sur microfiches, plus de 60.000 publications d'entreprises allemandes (machines et électrotechnique en particulier), une collection complète de brevets allemands.

    Dusseldorf U.B. (5.000 étudiants, 670 enseignants) : 1.370.000 vol. (section de médecine : 260.000 vol. et 2.070 périodiques courants).

    Berlin F.U.B. (15.000 étudiants et 940 enseignants) : 950.000 vol., 300.000 thèses.

    Bonn U.B. (17.000 étudiants, 800 enseignants) : 950.000 vol., 6.500 périodiques, 180.000 écrits académiques.

    Munich T.U.B. (12.000 étudiants, 800 enseignants) : 520.000 vol. (18).

    Les bibliothèques spécialisées de recherche, organismes privés, comme la bibliothèque de l'Institut Max-Planck de Hambourg (160.000 vol.) ne sont pas moins bien pourvues.

    Dans les B.U., m'ont semblé particulièrement enviables les « Lehrbuchsammlungen » ou collections de manuels de 1er niveau, en accès libre, destinées au prêt à domicile en 50, 100 exemplaires ou plus. Chaque B.U. y consacre en moyenne 10 DM par an et par étudiant, ce qui répond effectivement aux recommandations du Bibliotheksplan. Les conditions de prêt y sont parfois plus strictes que pour le fonds général : à Bonn, pas de possibilité de prolonger les délais de prêt, ni de se faire réserver des livres, et limitation à 4 heures par jour des horaires d'ouverture (faute de personnel sans doute).

    Dans la plupart des bibliothèques il y a en outre, des « Studentenbüchereien » ou « bibliothèques d'étudiants » qui correspondent à nos salles de culture générale. Leurs accroissements sont financés sur des fonds différents de ceux de la B.U.

    Lorsqu'il n'y a pas de bibliothèques d'instituts, comme à Ratisbonne, chaque enseignant a droit à un « Handapparat » ou petite collection de 20 volumes pour son usage personnel et celui de ses assistants. Il s'agit de toute façon d'unités destinées au fonds général de la U.B. Les périodiques en sont exclus, et le temps de prêt, à long terme certes, est limité. Il faut dire que, ce n'est pas un inconvénient insupportable pour les enseignants, puisque les bibliothèques spécialisées, filiales de la U.B., sont intégrées dans les bâtiments dont relèvent chacune de leurs spécialités, et qu'ils n'ont que peu de pas à faire pour s'y rendre. En outre, les heures d'ouvertures s'y prolongent jusqu'à 20 ou 22 heures.

    A la B.U. centrale la plupart des livres sont conservés en magasins, et peuvent être prêtés, alors que dans les bibliothèques spécialisées, filiales de la B.U., la règle est l'accès libre intégral et la consultation sur place (prêt à court terme en fin de semaine).

    Capacité des salles spécialisées à Ratisbonne :

    Droit : 95.000 vol. (420 places)

    Economie : 60.000 vol. (400 places)

    Philosophicum I (Langues et littératures) : 240.000 vol. (570 places)

    Philosophicum II (Autres sciences humaines) : 360.000 vol. (820 places)

    Sciences de l'éducation : 100.000 vol. (220 places)

    Médecine 150.000 vol. (en projet)

    Pour les secteurs scientifiques, la capacité ne dépasse pas 50.000 volumes pour un maximum de 100 places. La bibliothèque centrale, elle, pour une capacité de 910.000 volumes, dont 800.000 en magasins, ne compte que 270 places (8).

    Un grand nombre de B.U. et d'autres bibliothèques sont des « points-force » du réseau interrégional d'après le plan collectif de répartition des acquisitions développé par la D.F.G., qui leur accorde des soutiens substantiels pour les aider à tenir à jour les fonds spécialisés qu'elles ont la charge de mettre à la disposition du prêt interbibliothèques, par exemple :

    Bonn U.B. : Romanistique, langues et littératures française et italienne.

    Hanovre T.I.B. : Chimie appliquée et technique, physique appliquée et technique, mathématiques appliquées et sciences de l'ingénieur. (Bibliothèque centrale des techniques)

    Kiel : Sciences économiques. (Bibliothèque centrale des sciences économiques pour la République fédérale)

    Cologne : Médecine. (Bibliothèque centrale des sciences médicales pour la République fédérale)

    Berlin B.N. : Droit, orientalisme, cartographie, périodiques étrangers, publications officielles.

    Munich B.N. : Antiquités, préhistoire, philologie latine, monde grec et byzantin, Europe de l'Est, musique.

    etc.(4).

    Le choix des livres est en général confié aux « Fachreferenten » ou bibliothécaires spécialisés en collaboration plus ou moins étroite avec les titulaires de chaires ou les assistants (c'est le cas de Ratisbonne). Toujours à Ratisbonne, cent soixante dix éditeurs envoient régulièrement non seulement leurs annonces de publications, mais encore leurs nouvelles parutions pour choix sur pièces. Pour les achats massifs de premier équipement, on a beaucoup recouru aux listes de recherches diffusées dans les maisons d'antiquariat. Résultat : des économies considérables puisque, pour les collections périodiques, les offres variaient couramment du simple au double.

    Le classement en rayon est, on le conçoit, systématique dans les salles en libreaccès, livres et périodiques classés ensemble (à Ratisbonne, par exemple, les périodiques en tête de chaque subdivision systématique). La C.D.U. ne semble pas avoir beaucoup d'adeptes. A Hanovre-Médecine, c'est la classification de la N.L.M. qui a été adoptée. En magasins, c'est le classement traditionnel par ordre numérique, sauf exceptions comme à Ratisbonne, où il est également systématique, ce qui facilite beaucoup les transferts entre B.U. centrale et bibliothèques spécialisées et garantit une flexibilité maximum.

    LES BATIMENTS

    La B.U. étant reconnue comme l'une des institutions centrales de l'université, il est normal - et les recommandations ou avant-projets des commissions de structures le soulignent impérativement - que chaque fois qu'il y a un campus universitaire on situe la bibliothèque centrale sur le Forum, avec le restaurant universitaire et le bâtiment d'administration générale (Regensburg, Dusseldorf), ou encore au carrefour des grandes lignes de communication entre les facultés ou départements.

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    Ratisbonne : Bibliothèque universitaire centrale, rez-de-chaussée

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    Ratisbonne : Bibliothèque universitaire centrale,1er étage

    Lorsqu'il n'y a pas de campus, la bibliothèque est soit intégrée dans les bâtiments universitaires, soit implantée dans un lieu central, sur un site dont le choix atteste l'importance de la B.U. dans la vie urbaine ou universitaire : à Bonn, la B.U. est dans un site idéal, dominant les bords du Rhin dont on a une vue incomparable depuis les salles de lecture.

    Le plan des bibliothèques ou leur situation portent peut-être la marque des générations mais aussi de l'évolution de leurs fonctions.

    A Munich T.U.B., la bibliothèque est intégrée à un étage des bâtiments de l'université, selon le système conventionnel des anciennes B.U.

    Intégrées également, mais pour des raisons fonctionnelles et de facilité d'accès, les bibliothèques de facultés ou sections de médecine (Dusseldorf, Hanovre, Berlin-Steglitz), dont l'activité doit se confondre avec celle des bâtiments hospitaliers. Intégrées toujours, les bibliothèques spécialisées, filiales de la B.U., incorporées dans les bâtiments de la spécialité qu'elles desservent.

    Le bâtiment isolé, avec plan carré classique existe à Bonn U.B., à Hanovre U.B./T.I.B., ouvertes l'une en 1960, l'autre en 1965.

    Plus aérée est la conception des bâtiments centraux de la nouvelle génération ; ensembles asymétriques de Ratisbonne, Dusseldorf B.U. centrale, et bientôt des cinq bibliothèques de Nord-Rhénanie-Westphalie dans lesquelles la standardisation des éléments, la flexibilité maximum et la transparence sont de règle.

    Toujours, ou presque, les magasins sont en sous-sol, et les rayonnages compacts y sont d'usage courant.

    La « Lehrbuchsammlung » est en général située aussi près que possible de l'entrée et des services d'information. A Hanovre, elle occupe toute la mezzanine surplombant la salle des catalogues. Dans les bâtiments anciens ou du moins conçus avant 1970, on a dû gagner pour elle les surfaces nécessaires parfois là où on le pouvait : à Bonn, sur les magasins, avec entrée et bureau de prêt distincts des autres services. A Dusseldorf-Médecine elle occupe une partie des magasins en sous-sol.

    La hauteur souvent inutile des salles de lecture est compensée par l'emploi généralisé des mezzanines (Munich T.U.B., Ratisbonne, Hanovre T.I.B., etc.) qui doublent pratiquement la capacité des salles de lecture en libre-accès.

    L'existence d'une bibliothèque centrale n'implique pas forcément la concentration des places de lecteurs dans celle-ci, puisque son rôle est de gérer, de coordonner et de prêter : à Ratisbonne, il y a 3.300 places dont seulement 270 dans la bibliothèque centrale. Dans les futures bibliothèques de Nord-Rhénanie-Westphalie, la B.U. centrale n'est prévue que pour 10 % des places de lecteurs, 90 % étant dans les salles spécialisées.

    Quelques chiffres :

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    Quelques chiffres (1)

    Ici, les locaux de service intérieur ont été nettement sous-estimés en surface compte tenu de l'importance prise par les activités du prêt inter et le rôle de bibliothèque centrale nationale : la salle des entrées est complètement embouteillée et en plus très mal éclairée, ce qui crée des conditions de travail pénibles pour un personnel soumis à un rythme de travail intensif.

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    Quelques chiffres (2)

    La bibliothèque fonctionne comme centrale parmi de nombreuses bibliothèques d'instituts ou de cliniques.

    Il faut dire un mot ici de la gigantesque Staatsbibliothek Preussischer Kulturbesitz de Berlin : surface totale 78.000 m2 ; surface utile 48.000 m2 ; hauteur 58 m ; 600 places de lecteurs ; capacité 8 millions de volumes (actuellement 2,5 millions) ; coût estimé en 1973 à DM 207.000.000 (16). Implantée non loin du mur de Berlin, elle voisine autour d'un futur Forum Culturel avec le nouveau Musée national, le futur Musée des pays d'Orient, et la Philharmonie avec laquelle elle a en commun le célèbre architecte Hans Scharoun et la complexité des circulations intérieures. Comme dans la Philharmonie, les places du public sont comme suspendues à différents niveaux sans liaison directe entre les différentes zones, de même, dans l'énorme hall du secteur public de la bibliothèque, les salles de lecture sont elles aussi comme des plateaux accrochés à différents niveaux et surplombant la zone d'accueil du public. Si ce parti pris de l'architecte est original et sans doute génial, le fonctionnement et les liaisons ne manqueront pas de poser des problèmes au personnel comme aux usagers.

    L'EQUIPEMENT TECHNIQUE

    L'équipement technique est partout très perfectionné et permet un rendement optimum des ressources en personnel souvent insuffisantes. Rares sont les bibliothèques qui ne sont pas équipées de transporteurs mécaniques de livres (même les plus anciennes comme Munich T.U.B.), soit tapis roulants à hauteur des plans de travail, soit chaînes sans fin suspendues au plafond et transportant des caissettes. Le tout complété, bien sûr, par des tubes pneumatiques. La B.N. de Berlin comportera un système de tubes pneumatiques à 36 stations, et un transporteur avec 70 stations et 500 caissettes.

    Le transport automobile est exploité largement, à différents niveaux : à Bonn pour la desserte par la B.U. des innombrables bibliothèques d'instituts dispersées par la ville, à Regensburg pour la liaison entre la B.U. centrale et les diverses salles spécialisées du campus, en Nord-Rhénanie-Westphalie pour le prêt entre les nombreuses B.U. de la région avec un service régulier deux fois par semaine.

    Le télex est généralisé, outil indispensable du Leihverkehr (réseau de prêt interrégional).

    La T.I.B. de Hanovre est équipée d'une machine à faire les paquets (250.000 prêts par an).

    Les techniques photographiques sont utilisées massivement dans le cadre du prêtinter et donnent lieu à l'équipement d'ateliers importants de xérocopies ou autres procédés. Des batteries de copieurs-monnayeurs meublent les couloirs (0,20 DM par copie).

    Je n'ai pas vu d'ateliers de reliure à la mesure des autres équipements.

    Ceux qui existent sont plutôt des ateliers de réparation et d'équipement des livres : la reliure est partout confiée à des entreprises privées pour des motifs de rentabilité sans doute.

    La signalisation est partout particulièrement soignée et visible dans les services publics : panneaux lumineux comme dans les aéroports (Hanovre T.I.B.), tableaux, organigrammes, plans des locaux sont abondamment affichés.

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    Berlin : Plans du projet de construction de la Bibliothèque d'État, rez-de-chaussée

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    Berlin : Plans du projet de construction de la Bibliothèque d'État, 2e étage

    Dans un autre ordre d'idées, on ne semble pas convaincu de l'utilité des coûteuses installations de détection magnétique des vols de livres, je n'en ai vu nulle part.

    L'AUTOMATISATION

    Elle n'est pas la panacée aux yeux de tous comme on pourrait s'y attendre, et en tout cas elle est abordée sans précipitation même dans les bibliothèques dotées de moyens importants ; à Ratisbonne, si le catalogue automatisé est au point, le système de gestion est encore à l'étude. Mais là où existe l'automatisation, on en tire le maximum d'applications. A Ratisbonne, par exemple, le catalogue automatisé ne cesse de se développer et de requérir davantage de monde : de sept catalogues et sept dactylocodeuses à l'origine, le personnel était passé en 1974 à seize catalogueurs et quatorze dactylocodeuses. Mais l'application la plus spectaculaire et séduisante est le catalogue sur microfiches qui a remplacé depuis 1974 le catalogue produit par l'imprimante. Le programme a été mis au point à partir de 1973, et s'applique non seulement à Ratisbonne, mais aussi à Augsburg, Bayreuth et bientôt Passau. La bibliothèque ne possède pas encore son propre atelier de traitement C.O.M. (Computer Output in Microform) mais le travail est fait à façon par une entreprise spécialisée de Munich.

    Le premier avantage est évidemment le gain de place :

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    L'automatisation : Le premier avantage est le gain de place

    Une seule microfiche contient l'équivalent de 269 pages de catalogue imprimé. Il y a aussi économie d'argent (dès la première année, elle a couvert les frais d'équipement en appareils de lecture et de reproduction). Economie de temps (rapidité de reproduction plus grande), possibilité de multiplier les postes de consultation de catalogues sans grands frais et sans pertes de place dans les salles spécialisées, suppression du fastidieux travail d'intercalation, économie de déplacements du personnel vers les fichiers. Les recherches des lecteurs sont également facilitées et accélérées. Il faut ajouter cependant que, dans une bibliothèque dont les deux tiers des fonds sont en accès libre, les catalogues sont beaucoup moins consultés par les lecteurs que dans une bibliothèque de type classique.

    A Berlin, à la Staatbibliothek Preussischer Kulturbesitz, le Service d'études pour les techniques de bibliothèques poursuit entre autres la mise au point d'un tel système, ainsi que des autres problèmes d'automatisation, comme par exemple le catalogage partagé.

    Si la B.U. de Ratisbonne n'est pas encore entièrement automatisée, celle de Dusseldorf, actuellement en construction, devrait l'être, de même que les cinq futures bibliothèques-soeurs en Nord-Rhénanie-Westphalie (Système BIKAS de Bielefeld).

    Mais dans les plus anciennes, ce sont encore les techniques traditionnelles qui dominent : seul le catalogue automatisé des périodiques est en voie de se généraliser.

    En revanche, la documentation scientifique automatisée se développe, dans le domaine médical et hospitalier : à Dusseldorf, le Deutsches Krankenhaus Institut (Institut des techniques hospitalières) est une association qui fonctionne en collaboration avec l'Université de Dusseldorf à laquelle il est rattaché et avec l'Université technique de Berlin. Il traite environ 4.000 données bibliographiques par an concernant la pratique des services hospitaliers, les constructions et l'équipement des hôpitaux, le management et les questions d'administration hospitalière. Il a publié un thesaurus, et depuis 1973 il peut accéder par terminal au réseau international de banques de données. Déjà connecté aux réseaux suisse et autrichien, il le sera bientôt aux réseaux français (Centre national de l'équipement hospitalier), néerlandais et belge. Il traite environ 100 à 120 questions chaque mois. Des échanges de bandes magnétiques complètent cette organisation, et en outre on y constitue systématiquement une bibliothèque sur microfilms depuis janvier 1973. Ici encore, c'est le traitement à façon par des firmes privées qui est considéré comme plus économique.

    Les deux bibliothèques de Facultés de médecine que j'ai visitées à Hanovre et Berlin-Steglitz sont toutes deux reliées à la bibliothèque centrale médicale de Cologne et au réseau D.I.M.D.I., mais depuis peu de temps ; à Hanovre, où la bibliothèque est remarquablement organisée, il n'y a pas de terminal pour le moment et les questions reformulées par la bibliothécaire spécialisée sont transmises à Cologne par écrit, sur formulaires spéciaux, par courrier postal.

    A Berlin-Steglitz au contraire, où la bibliothèque est encore très petitement installée dans des locaux provisoires, elle dispose d'un terminal (A noter aussi l'effort fait dès maintenant par la bibliothèque pour promouvoir un service de documents audiovisuels). Ici encore on achète les livres, on met au point l'utilisation des nouvelles techniques pendant que la commission de planification prépare le programme de construction. Enfin c'est à la même Université libre de Berlin que l'Institut de statistique médicale et de documentation (en collaboration avec l'Institut d'analyse des fonctions de la planification des hôpitaux de Copenhague) a fait appel à l'informatique pour programmer également la construction de la future Faculté de médecine de Ratisbonne.

    J'ai été étonnée en revanche de voir qu'une organisation aussi impressionnante que la H.W.W.A., ou Institut de recherche économique de Hambourg, n'était pas automatisée et ne travaillait qu'avec les techniques classiques tout en assurant un rendement considérable. Mais avant de conclure, parlons-en un peu en détail.

    En dehors de très importantes activités de recherche, il comprend trois départements qui travaillent en complète symbiose :

    • la bibliothèque, qui comprend 700.000 volumes et 3.600 périodiques et 9.000 publications annuelles, ainsi que tous les recueils de statistiques nationales et internationales, et les publications de l'O.N.U., de la F.A.O., du G.A.T.T. et des communautés européennes dont elle est dépositaire. Elle dépouille environ 15.000 articles par an, à partir de 150 périodiques, plutôt théoriques, et publie la Bibliographie der Wirtschaftspresse qui donne mensuellement environ 350 notices. Elle emploie une cinquantaine de personnes.
    • le département des archives et extraits de presse, dont la création remonte déjà à 1908, et qui, produisant 1.300 extraits de presse par jour, à partir de 150 journaux de 40 nationalités différentes, a accumulé près de 13 millions de coupures de presse avec un accroissement annuel de 28.000 unités (dont 4 millions déjà sur microfiches). Il emploie trente personnes et six auxiliaires.
    • le département de la documentation qui, lui, assure un travail beaucoup plus sélectif, et fournit des informations documentaires à la demande comme des profils sur abonnements (très coûteux, de 250 à 4.000 DM par mois). Il emploie vingt personnes et sept auxiliaires.

    Enfin la H.W.W.A. est son propre éditeur, et publie cinq périodiques, plus des listes d'acquisitions gratuites.

    CONCLUSION

    Visiter une douzaine de bibliothèques très différentes dans leurs objectifs comme dans leur conception et leur fonctionnement ne peut évidemment conduire à des observations autres que superficielles. En dehors de Ratisbonne, il y a encore bien d'autres nouveaux établissements qui sont des prototypes, et qu'il faudrait avoir visités pour une vue plus complète des recherches menées par nos collègues d'Outre-Rhin : Bochum, Bielefeld, Brême, Munster, Constance, etc. Pourtant ces brillantes réalisations ne doivent pas faire négliger les problèmes sans doute graves que rencontrent les bibliothèques des anciennes universités souvent prestigieuses, problèmes qui nous les rendent presque plus familières parce qu'ils se rapprochent souvent - toutes proportions gardées - des nôtres. Mais la volonté de coopération et de planification sans cesse entretenue par des interventions aussi puissantes que celles de la Deutsche Forschungsgemeinschaft et de la Deutsche Bibliothekskonferenz sont un gage de grand espoir pour l'avenir de tout le système des bibliothèques allemandes.

    Suzanne Delrieu, Conservateur en chef de la B.I.U. de Montpellier.

    REFERENCES

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    1. En allemand : Regensburg. retour au texte